LA ROUTE DE COMPOSTELLE
Le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle est un pèlerinage catholique dont le but est d'atteindre le tombeau attribué à l'apôtre Saint Jacques le Majeur, situé dans la crypte de la Cathédrale de Saint Jacques de Compostelle en Galice (Nord-Ouest de l’Espagne).
D'après une tradition, l'apôtre Jacques aurait quitté le Proche-Orient au 1er Siècle après JC, avec pour mission de prêcher la parole du Christ en Occident jusque dans la Péninsule Ibérique. De retour en Palestine, il aurait été décapité sur ordre du roi Hérode Agripa et sa dépouille, recueillie par ses compagnons, portée dans une embarcation.
« Guidé par un ange », l'esquif franchit le Détroit de Gibraltar avant de s'échouer sur les côtes de Galice. L'emplacement du tombeau aurait été perdu jusqu'au ixe siècle.,
Le pèlerinage de Compostelle devient à partir du xie siècle un grand pèlerinage de la Chrétienté médiévale.
Mais c'est seulement après la prise de Grenade en 1492 sous le règne Ferndinand d'Aragon et d'Isabelle la Catholique que Saint Jacques de Compostelle devient l'un des « trois grands pèlerinages de la Chrétienté », avec ceux de Jérusalem et de Rome.
Les Chemins de Compostelle, qui correspondent à plusieurs itinéraires en Espagne et en France, ont été déclarés en 1987 « Premier itinéraire culturel» par le Conseil de l'Europe. Depuis 2013, ils attirent plus de 200 000 pèlerins chaque année, avec un taux de croissance de plus de 10% par an. Les pèlerins viennent essentiellement à pied, et souvent de villes proches (demandant peu de jours de marche pour atteindre Santiago).
S'il est parcouru depuis le IX ème siècle par des chrétiens faisant étape dans des monastères, le pèlerinage de Saint-Jacques est également devenu une randonnée pédèstre célèbre, où les marcheurs croisent les amateurs d'Art Roman....
Un chemin de Compostelle est bien identifié en Espagne : le Camino Francès qui a été la voie de communication du Nord de l'Espagne très fréquentée après la Reconquista pour favoriser le repeuplement des royaumes du Nord.
Cette voie conduisait à Compostelle mais tous ceux qui l'ont empruntée ne sont sans doute pas allés jusqu'en Galice. Des chemins de Saint-Jacques ont été tracés par la Fédération Française de Randonnée Pédèstre à partir du début des années 1970.
Certains pèlerins réalisent parfois le chemin inverse, après avoir atteint la Cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle, tandis que d'autres vont à Padron voir l'amarrage de la barque du saint, au Cap Finisterre considéré au Moyen Âge comme le bout du monde, voire à Fatima au Portugal.
Les mots les plus fréquemment échangés par les pèlerins sont hola (« bonjour »), buen camino (« bon chemin
Le Camino Francès rassemble les 2/3 des marcheurs, mais les autres chemins « mineurs » connaissent une croissance de leur fréquentation supérieure au chemin traditionnel. Les mois d'été sont les plus fréquentés par les pèlerins, et les pèlerins espagnols y sont majoritaires (les pèlerins d'origine étrangère dominent le reste de l'année).
EPISODE 1
AVANT-PROPOS
Fin 2009, début 2010, je me suis rendue compte que ma vie était vide de sens. Un fils grandissant qui n’avait plus autant besoin de moi, toujours pas d’homme à mes côtés et un travail prenant me laissant peu de temps de loisirs.
J’avais besoin de faire le point. J’aurai pu partir dans un Club au soleil, seule pour mieux réfléchir mais j’ai ressenti l’appel du Chemin.
C’était comme une évidence je devais tenter ce pèlerinage vers Saint Jacques de Compostelle dont tout le monde parlait et me rendre compte de ce que cela « m’apporterait ».
Pendant quelques mois, je me suis documentée pour choisir un itinéraire (Via Podiensis), j’ai rassemblé le matériel quelques fois emprunté (sac à dos, lampe frontale, couverts de camping) et pour finir j’ai arrêté la date du départ.
Mon premier jour de marche serait le jour de la fête Dieu : 6 juin 2010 après la bénédiction des pèlerins dans la Cathédrale du Puy en Velay.
Bonne randonneuse mais randonneuse du dimanche quand même, je ne savais pas si je serais capable de marcher plusieurs jours de suite avec toutes mes affaires sur le dos.....
Le premier jour, on est en forme et galvanisée par l’idée de partir.
C’est le troisième jour le plus difficile parce que le corps se manifeste, il réagit à l’effort qu’on lui demande : mon conseil prévoir une petite étape (si possible).
Ecouter son corps et en prendre soin : s’hydrater de l’intérieur comme de l’extérieur, manger varié, ne pas hésiter à faire des pauses détente.
En rentrant de mes 10 jours de marche, j’avais perdu 2 kilos mais je m’étais surtout allégée d’un poids sur ma poitrine. Je voyais le monde sous un jour différent. Toutes les histoires des autres pèlerins résonnaient dans ma tête, en partant nous voulions tous que quelque chose change dans notre vie.
Ces 10 jours n’ont pas été suffisants, il fallait que je reparte.
LE DEBUT DU PELERINAGE
Départ de la Cathédrale du Puy en Velay au matin du 6 juin 2010 où je viens de récupérer ma Créanciale. J'ai bien sur quelques doutes puisque je me mets en route pour 1.575 km.
La sortie de la Cathédrale par l'escalier creusé
à même le sol nous donne l'impression de survoler la ville.
Et c'est parti pour une randonnée de 20 de km jusqu'à Saint Privat d'Allier. Tout le monde se côtoie dans une bonne ambiance, jeunes, moins
jeunes, couples, familles, petits groupes d'amis et beaucoup de solitaires.
Je suis galvanisée par cette "aventure" humaine mais assez vite malgré un peu d'entraînement mon sac à dos pèse sur mon dos, la pente devient de plus en plus raide.
Par confort, mon premier hébergement sera une petite auberge avec formule 1/2 pension. Par la suite, je vais pouvoir tester d'autres
types d'hébergement ou d'accueil : chambres d'hôtes, chambres chez des hospitaliers, gites d'étapes communaux, haltes religieuses et même camping.
Autant de possibilités que d'opportunités de faire
des rencontres ou de nouer des amitiés.
Trois jours de montée en passant par le pays de la bête du Gévaudan pour atteindre le plateau de l'Aubrac. Un tapis de d'herbe d'un vert féérique parsemé de fleurs sauvages et de rochers gris : un paysage quasi Irlandais.
Tout le monde dit que cette partie est la plus belle. Je pense que c'est surtout la plus sauvage et qu'après quelques jours le pèlerin est plongé dans une sorte de transe. Le corps fournit un effort répété et permet à l'esprit de se libérer. Plus de contraintes du quotidien : tout est simple. Les sens s'éveillent, j'étais plus sensible aux paysages, aux odeurs, etc. ... je me suis sentie en communion avec la nature.
Après l'Aubrac, on arrive en Aveyron où les petites villes conservent des superbes vestiges du Pèlerinage. Dans les villes historiques et dans les zones rurales, l'accueil est chaleureux. Il y a même un certain respect pour ma démarche. Espalion est l'une de ces villes.
La dernière étape sera Conques.
EPISODE 2: CONQUES-MOISSAC
En consultant mon topo guide, je me rends compte que les prochaines étapes seront vallonnées, en effet j'arrive sur le plateau du Quercy.
Maintenant, je suis plus expérimentée.
Je prépare mes étapes la veille en fonction de ma forme physique.
Tous les soirs, en arrivant, il y a un petit rituel : on cherche son lit pour s'installer, on prend sa douche et on lave son linge.
C'est seulement ensuite que je pense à prendre du repos ou même à manger quelque chose si l'heure du dîner est un peu loin.
Aujourd'hui sur le Chemin j'ai rencontré une jeune Norvégienne : Camilla
Sur le plateau le GR emprunte une ancienne voie ferrée rempierrée de cailloux blancs qui renvoient une clarté particulière en soirée. C'est une partie toute droite et toute plate, assez pour être souligné.
Camilla et moi nous sympathisons. Elle s'arrête également à Figeac pour la nuit.....
La descente sur Figeac est magnifique. L'arrivée en ville est la promesse de trouver des magasins, de pouvoir aller au marché pour dénicher des produits locaux : quel régal !
Pour prolonger notre belle journée et "fêter" notre rencontre, Camilla souhaite m'offrir un verre. Demain, c'est décidé, nous continuons ensemble.
A cet endroit, il y a une variante possible plus au nord en suivant le Célé par le GR 655.
Ce plateau de pierre blanche offre une vue plongeante sur le Lot. Le long du fleuve il y a des falaises immenses souvent dominées par des châteaux. Que de beautés dans cette région.
Le relief lui s'accentue et il reste encore deux jours de marche jusqu'à Cahors. La ville est lovée dans une boucle du Lot.
Nous cherchons un restaurant, il n'y a que l'embarras du choix. Il est au bord de l'eau avec une terrasse presque au pied du Pont Valentré.
Au petit matin, pour sortir de Cahors, il faut traverser le Pont. Une sensation bizarre m’envahit : j’imagine tous ceux qui ont déjà fait cette route à pied et l’émotion me submerge. Mais il faut tout de suite rejoindre le plateau par un escalier taillé dans la roche.
Les trois jours d’après les étapes s’enchaînent sur des chemins tantôt ensoleillés, tantôt ombragés. Tous les villages étapes sont perchés sur des grosses collines et le finish est parfois difficile (comme à Lauzerte).
Enfin c’est Moissac. Une ville du Tarn et Garonne où les accents du sud-ouest chantent dans les bouches et sur les papilles. C’est une ville atypique mais à visiter : surtout son abbatiale Saint Pierre qui abrite le plus ancien cloître connu à ce jour dans le monde. »
EPISODE 3 - Moissac à Pampelune
En 2012 au printemps : retour dans le Tarn et Garonne (82) à Moissac pour reprendre mon Chemin.
Au départ de Moissac, le tracé du Chemin s’infléchit radicalement au sud-ouest. Je vais randonner sur 4 départements en 12 jours. C’est fou comme ces petits détails ont leur importance lorsque l’on est piéton.
Comme la chasse aux grammes superflus dans le sac à dos particulièrement sur les étapes de montagne à venir.
Que deux jours de marche et je suis déjà dans le Gers (32). Il faut bien reconnaitre qu’il y a des sites magnifiques à visiter ou à photographier. Cette région est un berceau de l’Histoire.
Par ailleurs, le Gers est connu pour ses merveilleux produits régionaux. En passant, dans les villages comme celui d’Eauze (Elusa en latin) je suis motivée par l’économie du poids de la nourriture et par les odeurs, je m’arrête pour une pause gastronomique aux prix tout à fait raisonnables.
Cinq jours plus tard, entrée dans les Landes (40) à Aire sur l’Adour mais le lendemain on arrive déjà dans les Pyrénées Atlantiques (64). Comme son nom l’indique, les reliefs s’accentuent progressivement : on se rapproche des montagnes mais aussi de la Frontière avec l’Espagne. Témoignages défensifs avec les vestiges de la première forteresse défendant l'accès à Navarrenx bâtie avant 1289 : il s'agit de la Casterasse dont il ne persiste que des pierres en dehors des remparts actuels. Ce village est une étape importante sur la voie du Puy au carrefour des chemins conduisant au col du Somport à l'Est et de Roncevaux à l'Ouest.
Il me faut malheureusement déjà rentrer. Je garde en mémoire la qualité des professionnels : les restaurateurs dont je reconnais l’empathie lorsque trempée ils vous offrent de faire sécher votre vêtement près de la chaudière ou lorsqu’ils proposent une assiette de garbure à 15h00, idem pour les hébergeurs qui accueillent chaleureusement. Les échanges entre pèlerins : des astuces de marcheurs, le partage d’un casse-croute, un mot d’encouragement mais les belles rencontres lors de la veillée lors desquelles nous partons dans des discussions interminables.
Cette chaleur humaine me manque. Aussi, je décide de consacrer plus de jours à cette aventure et je prévois de repartir à l’automne.
Fin septembre, me voici de nouveau dans le sud-ouest de la France. En trois jours, j’arrive à Saint Jean Pied de Port, une autre ville fortifiée où l’on entre par la porte de France. Le Pays basque est une région envoutante aux origines mystérieuses et sa langue à nulle autre pareille.
Pour mon ascension des Pyrénées vers Roncevaux, les prévisions météo sont favorables : un vent fort mais un beau ciel bleu. Il est très important de partir avec de bonnes conditions météo car cette étape est assez difficile, longue mais surtout physique. Ne pas négliger le fait que l’on marche en montagne et que le col du Lepoeder se trouve à 1.429 m d’altitude (dénivelés : Positif 1.240 m - Négatif 469 m). J’ai vécu cette journée comme une quête : la quête de la récompense suprême. A la vérité, on passe la Frontière, c’est la dernière étape de la partie française du Chemin et on atteint le point de départ du Camino Frances : Roncevaux.
Lorsque j’arrive enfin à Roncevaux, le ciel est sombre et il pleut. Heureusement, un lit m’attend dans un dortoir de la Collégiale. Tout est bien organisé : un accueil multilingues, de grandes infrastructures propres et modernes.
Evidemment, je n’ai pas de duvet puisqu’en France tous les hébergements ont des couettes ou a minima des couvertures. Je peux en acheter un sur place mais ce sera 750 /800 grammes de plus dans mon sac à porter tous les jours. En contrepartie, c’est l’assurance d’une bonne nuit au chaud.
Plus que deux jours de marche que de la descente. Beaucoup pensent que c’est mieux, moins fatiguant et bien ce n’est pas vrai pour tout le monde ! L’arrivée à Pampelune est interminable, plusieurs kilomètres à travers Burlada… et enfin la très belle cité de Navarre. Un régal pour les yeux : la cathédrale Sainte Marie, des églises, des places dont la Plaza del Castillo.
EPISODE 4 - Pampelune à Burgos
EPISODE 5 – de BURGOS A ASTORGA
Les étapes qui m'attendent sont souvent zappées par certains marcheurs. Je dois décider si je vais les imiter ou non.
Je me renseigne sur les étapes c'est très plat, je me dis que je vais pouvoir faire beaucoup plus de kilomètres. Je prends donc un bus pour Burgos, direction la province de Castille et Leon.
A Burgos je visite et je photographie la cathédrale magnifique : un édifice remarquable inscrit au patrimoine de l'Unesco. Sa construction s'est déroulée sur 300 ans. Je profite de l'ambiance du centre-ville où l'on sent encore un peu l'empreinte de Franco.
Le jour suivant c'est parti pour 225 km environ à travers une région assez peu peuplée. Première étape à San Bol, un petit refuge religieux tenu par des hospitaliers. Un accueil chaleureux, une bâtisse atypique : une pause hors du temps. Je reprends mon chemin, gonflée à bloc.
Le chemin est parallèle à une nationale, il traverse des champs à perte de vue et cette nature invite à la réflexion, la méditation. On voit souvent des photos d'étendues brûlées par le soleil comme désertique mais au printemps c'est bucolique et envoûtant. Les villages traversés sont petits, mais authentiques. On a l'impression que la vie s'est arrêtée il y a déjà quelques années.
Mais à Ledigos, il règne un esprit de partage et de communion avec les deux frères qui tiennent l'albergue municipal qui est en donativo.
Trois jours plus tard j'arrive à Leon. Une grande ville où je vais pouvoir faire le plein de choses qui manquent et aussi où on peut goûter des spécialités régionales.
A Leon, on sent l'influence de Gaudi dans l'architecture. Cette ville vaut qu'on s'y attarde. J'ai prévu de visiter la cathédrale et le centre-ville. Déambuler dans les ruelles, boire un petit verre de cidre ou de vin dans les bodegas en grignotant de pinchos ou des bocadillos.
A la terrasse d'un café, je retrouve des français. Nous en profitons pour échanger nos impressions et tous nous sommes tombés en admiration pour ces étapes délaissées par la foule. Quel bonheur !
Je passe la nuit chez des sœurs juste derrière la cathédrale et je repars le lendemain pour moins de 10 km. Dans les petits villages j'adore arriver au café pour me restaurer. Je suis complètement à l'heure espagnole : déjeuner vers 13h ou 14h lorsque j'arrive. En général les magasins sont fermés et je ne porte pas grand-chose dans mon sac c'est donc le meilleur moyen de s'immerger dans la vie locale.
Ma prochaine étape me conduit à Hospital de Orbigo, un village qui possède un pont magnifique et organise chaque année une très grande et belle fête médiévale. Il y a des gens en costumes et de véritables joutes équestres. Le patrimoine historique et architectural est surprenant. Demain j'arriverai à Astorga.
Cette petite ville marque la limite la Castille et Leon. On y retrouve les influences de Gaudi sous les traits du Palais épiscopal. Pas le temps de visiter car mon bus part de la gare routière vers 20h. J'ai juste le temps de prendre une douche dans une albergue moyennant quelques euros.
EPISODE 6 – d’ASTORGA à SANTIAGO DE COMPOSTELA
Cette fois-ci c’est la fin. Je me mets en route pour l’ultime portion de mon Chemin vers Saint Jacques de Compostelle (en Espagnol Santiago de Compostela : Champs d’étoiles).
Je profite d’une arrivée plutôt matinale par le bus à Astorga pour visiter la ville. Sur les conseils d’un patron de café rencontré l’année précédente, je me régale d’une des spécialité locale : Cocido maragato, sorte de soupe à base de choux et un assortiment de plusieurs viandes.
De quoi me clouer à table et m’ôter l’envie de marcher ! Point du tout.
Je pars tranquillement pour 9 / 10 km une sorte de mise en jambe puisque ce sont 260 km sur 13 jours qui m’attendent.
Les étapes qui se succèdent ensuite ne sont pas très longues car le relief se dresse devant moi les monts de León, qui surgissent entre Astorga et Ponferrada. Depuis mille ans, le chemin file par des pentes raides vers le mont Irago (Puerto Irago), point culminant du chemin avec ses 1504 mètres d’altitude, et sa mythique Cruz de Ferro.
C’est une région un peu perdue où les petites villes ou villages sont peuplés de gens au grand cœur comme à Foncebadon. Restent d’épais murs en ruines, dont les pierres sèches reflètent un passé étroitement lié à la route de pèlerinage: vestiges d’hospice et d’abbaye dont se dégage une émouvante atmosphère de recueillement dans la solitude. On est pris d’un pincement au cœur en pensant aux rudes paysans qui habitaient ces lieux, et qui accueillaient (ou maltraitaient ?) les pèlerins de passage…
Les ruines désolées de ce village de montagne abritent une histoire que pourraient lui envier bien des villes plus importantes: au Xe siècle, le roi Ramiro II convoque un concile à Foncebadón. Un siècle plus tard, l’ermite Gaucelmo, l’un de ces saints moines qui ont « ouvert le Chemin », obtient du roi Alphonse VI l’autorisation d’y fonder un hôpital puis une église. Jusqu’à sa mort en 1123, Gaucelmo améliore le Chemin depuis Rabanal del Camino, avec l’aide de ses compagnons, ouvrant ainsi un tronçon du Camino entre Astorga et Ponferrada à travers les montagnes de León. Grâce à Gaucelmo et à ses successeurs, des millions de jacquets sont passés par Foncebadón, qui était l’une des étapes les plus appréciées du Camino, juste avant la montée au Puerto Irago.
Grâce aux marcheurs qui reprennent de plus en plus nombreux la vieille route du Camino francés, le village semble se ranimer peu à peu : une nouvelle taverne a été ouverte en 2001, et l’ancienne église a repris du service depuis quelques années en se transformant en refuge… Comme on se sent bien ici ! Il faut avoir goûté le calme profond de Foncebadón avant de découvrir, tout près, l’un des lieux les plus emblématiques du Camino : la Cruz de Ferro, croix de fer plantée sur sa montagne de cailloux…
En descendant, j’arrive à Ponferrada. Le château des templiers est une construction magnifique. Il est occupé par la bibliothèque des templiers et centre de recherche et d'études historiques de Ponferrada, qui contient près de 1 400 ouvrages, dont plusieurs fac-similés d'œuvres de Léonard de Vinci. Ce qui n'était à l'origine qu'une ville fortifiée devint ensuite une citadelle romaine.
Au début du XIIe siècle, les templiers prirent possession de la forteresse, la renforcèrent et l'agrandirent afin d'en faire un palais habitable et servant de protection aux pèlerins qui allaient à Saint-Jacques-de-Compostelle. L'édifice est de plan carré irrégulier. On y accède par un pont-levis surplombant un fossé. Plus avant, se trouvent deux grosses tours dont les créneaux sont réunis par un arc. Ses douze tours originales reproduisaient la forme des constellations.
Deux jours plus tard, lorsque l’on est à O Cebreiro, la vue est magnifique et laisse présager de la descente. Par ailleurs, on est en Galice, région la plus à l’ouest de l’Espagne qui marquera aussi la fin du périple. Certains choisissent de prendre un bus pour éviter la descente qui met souvent les articulations à rude épreuve. Ils éviteront ainsi 2 jours de marche. Moi je décide de marcher et j’arrive à Sarria.
Ces fameux 100 kilomètres, la distance minimum exigée pour pouvoir obtenir la Compostela, le « diplôme du pèlerin ». Il me semble que l'important c'est de pouvoir se dire « je l'ai fait » et non pas la Compostela, mais à chacun son point de vue. En marchant, je croise ce genre de randonneur ou pèlerin … je suis un peu dégoûtée ! ils ont l’air si frais, si légers avec leur petit sac à la journée. A ce moment-là, je me remémore pourquoi je me suis mise en route… et je suis fière de moi.
Plus que 4 ou 5 jours de marche, j’en ai le vertige en feuilletant mon carnet de pèlerin. Tous ces tampons, les différentes haltes, les échanges si chaleureux et les petites galères aussi !
La météo est de mon côté depuis que je suis partie le 22 septembre. Il fait un temps idéal pour marcher : sec et pas trop chaud lorsque j’arrive à Portomarin où je vais passer la nuit.
L'ancien village a été englouti par les eaux du barrage. Seule l'église a été démontée pierre par pierre et transportée sur les hauteurs avec les nouvelles habitations. On peut voir les numéros sur chaque pierres… il y a quelque chose qui me dérange dans cette ville mais je ne sais pas dire quoi. En tous cas, elle a un cachet tout à fait étonnant.
Le chemin est résolument orienté vers l’océan, le temps change. Le matin la brume est omniprésente, on peut distinguer l’odeur des embruns lorsque l’on est pas sous le charme des senteurs d’Eucalyptus.
Ces forêts brumeuses ont un air fantomatique.
Et voilà, je me suis portée la poisse puisqu’il se met à pleuvoir… je vais pouvoir tester l’étanchéité de mon matériel ! Hélas au bout de 3 heures sous une pluie battante rien ne résiste. La seule solution viable est le bon vieux sac plastique à condition qui soit neuf et pas troué.
Je m’arrête à Lavacolla pour me sécher et tenter de me réchauffer en buvant une boisson chaude. Je me dis que je vais m’arrêter là pour la nuit. Mais une allemande m’encourage et nous repartons ensemble.
Erreur ! La pluie redouble et nous arrivons à Santiago à tordre (littéralement). De plus, nous ne savons pas où dormir puisque nous n’avons rien réservé. Nous restons solidaires et finissons par trouver une petite pension tout près de la cathédrale.
Mes affaires et mon sac à dos mettront 2 jours entiers à sécher.
Je suis zen, totalement épanouie, indifférente à mon look. Je me balade en short et sandales avec une sorte de petit manteau en plastique acheté dans un magasin de souvenirs. J’ai réussi... j’ai parcouru 1 575 km sur 5 ans.
Nous partons à la recherche du bureau où obtenir la Compostela « le diplôme du pèlerin ».
L’aventure est terminée… pour cette fois !