Philippe DUPONT.

Editorial du 24 novembre.

C’est une presqu’ile située au sud du Golfe Persique de la taille d’un département comme la Gironde et qui a tendance à l’heure actuelle à voler la vedette à l’Ukraine en matière d’actualité et pour cause : ce petit territoire aux portes du désert est le pays organisateur de la XXIIème Coupe du Monde de Football qui a débuté en début de semaine…

Une Coupe du Monde qui innove car étant la première à se dérouler à l’orée de l’hiver, pour cause de température trop élevée en été, date à laquelle la coupe Jules-Simon est traditionnellement organisée depuis 1930.…

Ce pays organisateur, c’est bien sûr  le Qatar, cet Emirat qui espère bien rayonner sur l’ensemble de la planète malgré sa modeste superficie mais qui a connu un grand bouleversement depuis le temps où il n’était qu’une terre désolée dont l’unique ressource était la pêche aux perles…

Longtemps parent « pauvre » de cette région des émirats arabes unis dont il était souvent la risée, il a  connu une spectaculaire métamorphose depuis son indépendance en 1971 (ancienne colonie britannique) en devenant un pays dont le PIB par habitant est un des plus élevés du monde , profitant de ses richesses naturelles (le pétrole et bien sûr le gaz naturel, dont il est le 5^ème producteur mondial ).

Avec 2 600 000 habitants (soit la taille de Paris et Lyon réunis), ce petit pays compte près de 80 % d’étrangers (de quoi effrayer Mr Zemmour et sa théorie du grand remplacement), dont la grande majorité viennent du vaste sous-continent Indien et de ses voisins, sans oublier une partie provenant de l’Afrique Francophone et qui sont venus bâtir à grande vitesse ce pays naguère balayé par les sables du désert et essentiellement traversé par les bédouins….

Des étrangers venus chercher du travail, persuadés au départ d’avoir trouvé l’eldorado et dont un très grand nombre s’est retrouvé dans un état proche de l’esclavage, « prisonnier » de leur employeur et contraint d’effectuer des charges de travail harassantes sous un soleil de plomb comme ce fut notamment le cas pour le gigantesque chantier de la Coupe du Monde de Football….

Allié naturel des Etats-Unis et gros investisseur à travers l’Europe, ce pays musulman (tendance Wahabite), dirigé par la même famille depuis l’indépendance,  a su placer ses pions sur l’échiquier international, servant souvent d’intermédiaire entre les plus radicaux de la sphère islamique et le monde occidental…

En France, son nom est étroitement lié au club de Foot du Paris Saint Germain qu’il possède et dont certains des joueurs vedettes foulent à présent les pelouses (très arrosées) des stades non moins ultra-climatisées (M’Bappé, Messi, Neymar, etc… d’un pays à la tradition Footeuse très incertaine…

On ne reviendra pas sur l’attribution jugée opaque (doux euphémisme) de la Coupe du Monde, où la FIFA a été montrée (une fois de plus) du doigt sans compter les forts soupçons d’implication de certains de nos illustres compatriotes sur l’influence des votes pour faire pencher la balance en faveur de ce petit pays à la tradition footballistique totalement inexistante, moyennant éventuel retour sur investissement…

Outre les accusations présumées de corruption, d’achats de votes, de dénonciations de conditions de travail inhumaines, sans oublier une lecture oblique des droits de l’homme et des libertés individuelles, c’est également l’aberration écologique qui a été au cœur de tous les débats ou autres vives polémiques dans ce territoire désertique dont les habitants sont jugés les plus énergétivores de la planète, en témoigne le taux de C02 par tête dans l’atmosphère sensiblement plus élevés que la moyenne des nations riches…

Pour rappel, 60 % de la consommation d’électricité est grignotée par la seule climatisation (y compris en cette période jugée plus clémente, d’où l’organisation de la compétition), n’oublions pas non plus la forte extraction d’hydrocarbures, certes en baisse mais qui reste des plus gourmandes au niveau énergétique mais surtout l’inégale répartition démographique : en effet, 95 % de la population n’occupe que 10 % du territoire, concentrée autour de la Capitale Doha et de sa banlieue et dont les audacieuses et non moins mégalomanes constructions poussent toujours plus comme pour mieux narguer le désert, rappelant un peu le jeu de gestion bien connu sur PC : « Sim City » où partir de rien, on pouvait bâtir une ville gigantesque  mais où il faut également prendre en compte que 90 % des besoins alimentaires du pays sont des produits d’importation !

Les différents appels au boycott de l’organisation de la Coupe du Monde ont été aussi nombreux que vains, notamment en France où certains ont menacé de ne regarder aucun match de la compétition, y compris ceux de l’Equipe de France mais à condition toutefois qu’elle soit rapidement éliminée, subissant la malédiction du « champion sortant » comme on a pu le voir dans les précédentes éditions…

Le premier match largement remporté a relancé l’engouement pour une équipe un peu affaiblie par l’absence de joueurs cruciaux mais qui a curieusement ressuscité d’autres que l’on n’attendait plus confirmant que le Football n’est pas une science exacte comme ne le sont pas toujours la Géopolitique et l’Ecologie….sans être forcément des mirages, comme on peut en voir dans cet étrange pays hôte….

A suivre…