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L’ERE DES GRANDS TRAVAUX

 

Il est bon de rappeler que, depuis l’entre-deux-guerre,  Paris intra-Muros connaissait une baisse notable de sa population: de 3 millions d’habitants en 1936, elle était passée sous la barre des 2 millions. Cette hémorragie démographique s’expliquait par un exode massif vers les banlieues proches…

Le développement de grandes zones pavillonnaires dans la future Essonne avait débuté dès la fin des années 20, notamment à Savigny-sur-Orge, Juvisy sur Orge, Ste Geneviève des Bois, Morsang sur Orge,  Draveil, Viry-Châtillon ou Athis-Mons qui constituaient alors un premier noyau urbain au sud de  Paris-Intra-Muros...

Bien desservi par le train et permettant d’accéder rapidement à la Capitale notamment grâce au nœud ferroviaire de Juvisy et par la Route avec les Nationale 6 et 7, ces anciens villages au cœur de zones agricoles fertiles et de domaines privés avaient attiré les convoitises des promoteurs qui lancèrent de grandes opérations foncières sur ces territoires…

D'interminables lotissements fleurirent dans la vallée de l’Orge mais également autour de la Seine et la Forêt de Sénart, autour de Montgeron, Brunoy et Yerres faisant augmenter de façon vertigineuse la population de toutes les communes précédemment citées…

La plupart des nouveaux arrivants étaient surtout composés de ménages appartenant plutôt à la classe ouvrière et aux employés qui affluaient chaque jour vers la Capitale pour venir y travailler…

L’idée majeure qui était de redéployer des ressources vers la périphérie avait fini par germer : Il fallait générer de nouvelles richesses   économiques, industrielles ou universitaires sur ces territoires pour mieux les faire vivre et surtout de ne pas les cantonner au rôle peu enviable de « zones-dortoir »

La nomination de Paul Delouvrier et la création du Schéma directeur de la région Parisienne en 1961 iront dans ce sens.  Il s’agissait bien de corriger les disparités spatiales et économiques de la région, d’améliorer les transports mais également de préserver les zones rurales  situées dans la partie méridionale de l'Ile de France...

Au niveau départemental, la Seine et Oise, dont la croissance démographique était galopante vécut alors ses dernières années pour éclater ensuite en plusieurs nouveaux départements plus petits mais bien plus homogènes.

Il en sera de même pour la Seine qui se scindera en trois nouveaux départements qui constitueront sa « petite couronne ».. Son chef-lieu Paris continuait à souffrir de nombreux maux : outre la crise du logement, c’était également celui d'une congestion automobile persistante qui devenait primordial, d’où le lancement des travaux d’un boulevard périphérique pour rendre plus fluide la circulation….

On projette également dès 1960 de transférer le « ventre de Paris », les Halles, menacé d’asphyxie et de problèmes d’hygiène vers le village de Rungis, à une dizaine de kilomètres au sud mais le projet ne prendra forme qu’en 1969…

A l’ouest, le quartier d’affaires de la Défense sort de terre, avec son fameux CNIT qui est inauguré dès 1958   laissant pousser à ses côtés des gratte-ciels qui constituent un  clin d’œil à une Amérique triomphante qui fascine…

C’était également le temps des grands travaux dans le sud de l’Ile de France : celui de l’autoroute du Sud, envisagé avant la guerre et débuté en 1955 pour arriver au sud de Corbeil-Essonnes , au Coudray-Montceaux dès 1960.

En amont, le tronçon de Chilly Mazarin à Savigny sur Orge sera sujet à de nombreux conflits en matière d’expropriation des zones pavillonnaires existantes  ou de problèmes de tracés routiers qui verront la disparition de certains châteaux dont celui de Grand Vaux à Savigny sur Orge (remplacé par une vaste cité où logeront d’ailleurs de nombreux rapatriés d’Algérie)….

L’ouverture du nouvel aéroport d’Orly, dont une grande partie se trouve à Paray-Vieille Poste est inauguré en 1961 ou encore l’extension du Campus scientifique d’Orsay, le premier de son genre en banlieue sans oublier la création de la zone d’activités de Courtabœuf, entre Bures sur Yvette et Orsay à la même époque…

Mais le problème crucial du début des années 60, c’est surtout la crise du logement. Eh, oui le problème des mal-logés est une histoire ancienne, d’où le projet de grands ensembles collectifs immobiliers : le plus symbolique  Sarcelles situé au nord de Paris, deviendra le synonyme de la ville-champignon, accueillant bon nombre de nouveaux habitants en quête d’un logement décent….

L’apport de ces populations nouvelles implique la construction d’autres infrastructures : scolaires, sportives, culturelles, commerciales ou encore industrielles….

Les grues n’ont pas fini de hanter le sol de la future Essonne……

Dès 1955, un grand ensemble voit également le jour au sud de Paris, à cheval entre Antony (Seine) et Massy (Seine et Oise). Cette dernière commune voit sa population tripler en moins de dix ans et accueillera également beaucoup de rapatriés d’Afrique du Nord….mais n’empêche pas de voir s’édifier un vaste bidonville de près de 10 000 habitants  composé des premières générations de travailleurs d’origine étrangère (maghrébins, espagnols et portugais en majorité).