CARTE BLANCHE A MICHEL MULMANN
Michel Mulmann est né en 1963. Auteur de chansons et d'une pièce de Théâtre ("le Glaive et la Vertu", Editions du Soleil Natal), il est également passionné de Football depuis sa plus tendre enfance, il nous fait partager avec les lignes qui suivent une certaine nostalgie de ses souvenirs éclairés de l'histoire de la"Coupe du Monde".
NOUS ÉMOUVOIR OU NOUS HANTER ENCORE
Tous les quatre ans, à chaque nouvelle Coupe du Monde, une foule de souvenirs étranges mêlée de noms, d’images, de dates, revient nous fasciner, nous émouvoir ou nous hanter encore....
C’est Pelé, bien sûr, même si on ne l’a jamais vu jouer... C’est Johan Cruijff le 7 juillet 1974, Zico, Ronaldo (le brésilien), Maradona... Zidane pour le meilleur et pour le pire... Paolo Rossi... Marius Trésor, Alain Giresse, Michel Platini... Roger Milla, Emmanuel Sanon, Toto Schillaci... Oleg Salenko et ses cinq buts dans le même match...La Main de Dieu...
Patrick Battiston gisant sur la pelouse de Séville et l’indifférence hautaine de Schumacher... L’Émir du Koweït descendu des tribunes en habit de bédouin pour aller faire annuler un but... Les pénaltys de Neeskens... Le Cameroun... Joël Bats courant après Rudi Völler qui s’en va marquer dans le but vide...
L’Équipe de France jouant en 1978 son troisième match de poule avec le maillot à rayures verticales vertes et blanches d’un club local... Luis Fernandez, « Allez mon petit bonhomme !», soutenu de toute son âme par Thierry Roland pendant une séance de tirs au but inoubliable face au le Brésil... Une grève, un bus et un chrono qui vole... Les papelitos d’Argentine, la Ola au Mexique... Guadalajara, Séville, Mar Del Plata... Et, naturellement, le glorieux 12 juillet 1998.
Nul n’oubliera jamais la réaction épidermique de Zidane contre Materazzi, mais qui se souvient qu’un soir de Juin 74 un arbitre reçut un coup de pied au derrière ? C’est plus drôle, certes, mais ce n’est pas mieux. C’était au cours de la rencontre Yougoslavie/Zaïre remportée 9 à 0 par les yougoslaves.
Ça ne remonte pas à hier et pourtant je me souviens de ce match parce que c’était la première fois que je voyais autant de buts marqués dans une rencontre. Le score était déjà important lorsque, après un nouveau but encaissé, un zaïrois très en colère se précipita vers l’arbitre et lui flanqua un coup de pied au derrière ! Paf ! Dans la confusion qui s’ensuivit, l’arbitre, incapable de reconnaitre son agresseur, décida de mettre un terme aux palabres et de laver l’affront tout à fait... arbitrairement. Ne voulant plus rien savoir, il désigna un joueur au hasard.
Pour ceux qui sont superstitieux, le joueur qui reçut le carton rouge portait le numéro 13. Il sortit en secouant la tête de dépit et de frustration, ne sachant peut-être pas non plus lequel de ses coéquipiers avait botté l’arrière-train de l’arbitre et ne s’était pas dénoncé.
Cette année-là, l’arbitrage vidéo n’existait pas. Le joueur expulsé s’appelait Ndaye Mulamba. Il ne participa pas à la troisième rencontre de son pays dans le WM74 et ne rejoua plus jamais de match en Coupe du Monde.
Que les superstitieux ne m’en veulent pas. Un autre numéro 13 eut cette année-là un destin plus heureux. Gerd Müller, l’avant-centre de la RFA, marqua en fin de première mi-temps un but qui donna aux allemands une seconde victoire en Coupe du Monde. Comme quoi !... Il n’existe pas de fatalité, il n’y a que des mauvais jours.
Michel MULMANN