ETRECHY UNE VILLE A LA CAMPAGNE

L'église vue de la rue de la Cité.

 

             AVANT PROPOS

 

« On devrait construire les villes à la campagne car l’air y est plus pur ».

Ce bon mot est attribué au célèbre humoriste Alphonse Allais (1854-1905) et pourrait bien s’appliquer à Etréchy (Essonne).

Cette grosse bourgade de 6.500 habitants, située à 42 kilomètres au sud de Paris Notre Dame, au cœur de la riante vallée de la Juine et dans les premiers contreforts du vaste plateau beauceron a su conserver un délicieux aspect bucolique … malgré une expansion démographique sensible opérée à la fin des années 60.

Située à 6 kilomètres au nord  des faubourgs d’Etampes, capitale du Sud-Essonne dont elle est étroitement liée tant au niveau historique qu’économique, la commune d’Etréchy a cependant su cultiver son originalité et ses particularismes….

 

EN ROUTE VERS LE SUD OUEST

 

Située sur RN20 entre Paris et Orléans, desservie par la ligne C du RER (Saint Quentin en Yvelines/Saint Martin d’Etampes, Etréchy n’est pas une localité excentrée comme peut l’être Méréville dont nous avons récemment consacré un dossier.

Son étymologie fait référence au « chemin », au lieu de « passage obligé » vers le sud-ouest qui peut mener jusqu’à la frontière espagnole.

Cette bonne desserte routière et ferroviaire a certainement favorisé son expansion urbaine dès le milieu du XIX -ème siècle. L’ouverture de la ligne Juvisy-Orléans en 1843 a permis un premier développement urbain lent mais certain.

Etréchy sera également une des premières villes déviées sur la Nationale 20 en 1962, mettant fin à d’interminables « bouchons » qui congestionnaient le centre du bourg….

Etréchy a surtout connu une augmentation sensible de sa population dans le milieu des années 60, avec le développement du lotissement de la Plaine du Roussay en 1962, accompagné de deux petits immeubles et poursuivi par le quartier du Vintué (1966) et enfin le vaste Domaine du Roussay à l’orée des années 70 qui avec ses 500 lots va porter sur les fonts baptismaux le « nouvel Etréchy » au grand dam des Strépiniacois de souche….

Malgré ses bouleversements, la commune garde de nos jours, une physionomie rurale notable, près de 80 % de son territoire qui est encore constitué d’espaces agricoles contre 16 % seulement d’urbanisé.

 

1967-2015 : CHEF-LIEU DE CANTON DE L'ESSONNE

 

Depuis 1800, Etréchy était une des composantes du canton d’Etampes, sous-préfecture de Seine et Oise jusqu’en 1926. L’arrondissement avait été supprimé comme beaucoup d’autres à l’époque pour des raisons d’économie (déjà) pour être rattaché à celui de Rambouillet.

En 1966, l’arrondissement d’Etampes est recrée pour intégrer le futur département de l’Essonne qui prendra son autonomie administrative au 1er janvier 1968.

En septembre 1967 sont organisées les premières élections cantonales : 27 cantons ont été créés dont celui d’Etréchy. 12 communes vont intégrer cette parcelle de territoire : Auvers Saint Georges, Bouray sur Juine, Chamarande, Chauffour les Etréchy, Etréchy, Janville sur Juine, Lardy, Mauchamps, Souzy la Briche, Torfou, Villeconin, et Villeneuve sur Auvers.

Une grande partie de ces communes essentiellement rurale étaient naguère situées dans l’ancien canton de la Ferté-Alais, quant à lui situé dans l’ex-arrondissement de Corbeil-Essonnes, supprimé et transféré à Evry. Certaines communes comme Lardy s’opposeront longtemps à ce nouveau partage territorial, se présentant comme rivale au nouveau chef-lieu de canton.

Ce canton d’Etréchy présente donc la physionomie d’un territoire essentiellement agricole mais appelé à connaître un essor démographique notable, notamment par le lancement de nombreuses zones pavillonnaires qui vont éclore au fil des années.

A sa création, il compte un peu plus de 9 000 habitants (dont 2876 pour Etréchy), hormis Lardy, l’ensemble des communes sont largement sous la barre des 1000 habitants, voire ayant moins de 100 habitants comme Chauffour les Etréchy….

L’arrondissement d’Etampes avec 66 000 habitants qui compose plus de la moitié de la superficie du département contraste fortement avec les deux autres arrondissements : Palaiseau et Evry qui totalisent plus de 400.000 habitants et dont la croissance démographique sera la plus forte des nouveaux départements franciliens….

Durant ses 48 ans d’existence, le canton d’Etréchy ne connaitra que deux conseillers généraux : Lucien Sergent, maire d’Etréchy, élu de 1967 à 1998 et Claire-Lise Campion, maire de Bouray sur Juine qui lui succède jusqu’à la suppression du canton, dans le cadre de la réforme territoriale opérée sous le quinquennat Hollande.

 

LE GRAND REVE DES ANNEES 70 : LA MAISON INDIVIDUELLE

 

L’essor démographique véritable d’Etréchy remonte à 1968. Cette année-là, un arrêté préfectoral autorise le lancement d’un vaste projet immobilier situé au lit-dit « le Roussay », situé un peu à l’écart du centre du bourg (2 kilomètres).

500 lots sont à vendre qui sont situés sur des champs de blés ceinturés par les bois environnants. Une ferme tenue par la famille Lucas domine l’endroit ainsi qu’une vaste propriété appelée pompeusement « château du Roussay » appartenant à un parfumeur, Mr Laserson.

Entre 1962 et 1968, avec l’apport du Vintué notamment, Etréchy a déjà gagné 400 nouveaux habitants, passant de 2 400 à 2800 habitants. Cet accroissement sensible de population nouvelle implique forcément un besoin d’infrastructures de toute sorte : stade, écoles, commerces….

Etréchy est à cette époque un gros bourg commerçant dont la majeure partie de l’activité est concentrée sur la Grande Rue, « décongestionnée » de la circulation automobile depuis la création de la déviation de la RN20.

Etréchy comme le reste de la nouvelle Essonne est confronté à l’inexorable explosion démographique provoquée en partie par le dépeuplement de la Capitale au profit de sa périphérie mais également d’autres régions françaises attirées par l’ogre Francilien, synonyme de prospérité économique assurée…

A l’époque, le maire s’appelle Lucien Sergent. Né en 1918 (il est aujourd’hui centenaire), cet inspecteur des finances, fervent européen, dirige la commune depuis 1947. Sa famille est établie ici depuis plusieurs générations. Parisien la semaine, notre édile possède alors une maison familiale située route de Vaucelas.

Il est partisan d’un développement équilibré de la commune, certainement conscient des risques que comporte une croissance exponentielle des villages transformés en ville-champignon : l’avenir a montré que les résultats n’ont pas été toujours positifs.

En effet, si à l’origine les intentions étaient bonnes : palliatif à la crise du logement du début des années 60, arrivée massive de rapatriés d’Afrique du Nord (« les pieds-noirs ») ou volonté de modeler l’habitat à l’air du temps servi par la période bénie des « Trente glorieuses » : logements spacieux, idéaux pour les familles du « baby-boom, air pur et proximité (ici relative) de la Capitale.

Le maire d’Etrechy plutôt opter pour le « tout pavillonnaire », influencé probablement par le développement des « Chalandonnettes », du nom du ministre de l’Equipement de Georges Pompidou, Albin Chalandon qui prônera un développement massif des maisons individuelles entre 1968 et 1972…

C’est vrai les « appels du pied » des promoteurs auront pourtant été nombreux pour développer un vaste programme d’immeubles qui aurait pu amener la commune vers une population avoisinant les 15.000 habitants, synonyme de développement économique assuré, du moins sur le papier….

L’option retenue est plutôt celle d’un concept nouveau : sur une superficie de 60 hectares, 500 lots avec 21 constructeurs différents qui adoptent ainsi le principe du « terrain à bâtir ».

Un village expo à l’instar de ceux existant à Saint Michel sur Orge ou la Ville du Bois sera créé afin d’appâter le « futur acquéreur ». En amont du projet, une vaste campagne de promotion est orchestrée vantant les avantages d’une telle acquisition pour le futur acquéreur : une solution « clé en main » lui est proposée : viabilisation du terrain, tout à l’égout, branchements électriques, etc….

A posteriori, cette « nouvelle ville dans la ville » dont le déploiement de réalisation se fera sur plusieurs années devrait engendrer la construction de nouveaux établissements scolaires (écoles, collège) mais également un centre commercial animer ce nouveau « cœur de ville ». On parle même d’un lycée et d’une piscine……

 

LES ENVAHISSEURS

 

L’arrivée de ce lotissement important suscite plus d’enthousiasme chez ses futurs habitants que chez les anciens issus du vieux bourg.   L’apparition des tractopelles qui défigurent subitement un environnement qui était figé depuis des siècles suscitent souvent de l’inquiétude voire la crainte de côtoyer de nouveaux habitants qui sont considérés comme des intrus, des citadins susceptibles de « vampiriser » un espace dont ils ignorent tout » …

Pour les élus au contraire, ce lotissement va permettre de doubler la population de la commune et surtout de l’enrichir d’une population issue en général de la classe moyenne qui va revitaliser, grâce à son pouvoir d’achat, le commerce local et apporter de nouvelles infrastructures indispensables (écoles, collège, loisirs et culture) …

Malgré un relatif éloignement de la Capitale, le nouveau chef-lieu de canton est bien desservi par le rail : plus de 56 navettes quotidiennes affluent ou reviennent de la capitale dont le terminus Sncf est situé à la Gare d’Orsay. A l’époque pas encore de RER C ni de Pass Navigo, ni son ancêtre la carte Orange….

La volonté n’est pas de faire d’Etréchy une énième « ville-dortoir », le projet de développer une zone industrielle de l’autre côté de la voie de chemin de fer ( au-delà du quartier des Basses et Hautes Prasles, qui devra s’étirer jusqu’aux portes de Chamarande » a été lancé mais ne verra finalement jamais le jour…

Comme nous l’avons dit, la commune profite également de la proximité d’Etampes, ville de 16 000 habitants qui a entamé son essor démographique et économique sous la mandature du maire le Docteur Barrière : développement du plateau de Guinette, du quartier de la Croix de Vernailles, de la zone industrielle de Brières les Scellés même si elle est à l’époque enclavée…. Et dans le carton de projet : la base de loisirs qui verra le jour à la fin des années 70.

Situé à 25 kilomètres au nord, Evry, le nouveau chef-lieu ne compte encore que 7 200 habitants et qui n’est encore qu’au balbutiement de son développement avec le lancement d’Evry 1, embryon de la ville nouvelle qui sort de terre.

En fait, l’Essonne du nord au sud constitue un « vaste chantier » et Etréchy n’échappe pas à la règle. 

Au recensement de 1975, Etréchy compte 5 000 habitants et sa physionomie a changé : le domaine du Roussay est pratiquement achevé, seuls quelques lots sont encore à vendre. Composée d’un gigantesque rond-point qui constitue le cœur du lotissement, auxquelles sont greffées un certain nombre de rues et d’impasses qui pourrait penser, vue d’avion, à une vaste « ruche » dans lesquelles les néo-strépiniacois butinent…

Les rues portent des noms de personnages illustres du passé : Balzac, la Bruyère, Utrillo ou encore de Lattre de Tassigny, comme du présent : Les frères Kennedy, John et Bob, assassinés tous les deux. La touche locale est apportée par les rues de la Vallée Barbot ou de la Voie Bossène, désignant des lieux dits environnants.

Les impasses s’appellent des « villas », sorte de coquetterie que l’on peut trouver dans certaines communes huppées (le Raincy, Le Vésinet).

Les longues rues fraîchement bitumées sont parsemées de lampadaires longilignes qui toisent les barrières de propriété déjà chatouillées par des haies de tuyas adolescentes. Une population composée de foyers dominés par « les trentenaires » et les « quadragénaires » savourent leur nouvel havre de paix. Leurs enfants gambadent dans les  bois environnants et les « espaces communs » conçus pour pratiquer des activités ludiques dans un lieu encore champêtre.

A la rentrée 1972, le groupe scolaire Schuman (Robert, un des pères de « L’Europe unifiée de l’après-guerre, ndlr) ouvre ses portes, composée d’une école maternelle et primaire.

La végétation a remplacé les terrains boueux et les jardins prennent forme. « En ville » les anciens accusent les « nouveaux » de pomper les réserves en eau de la commune à leur dépens afin de bien verdir leur pelouse prépubère.  L’animosité apparaît au grand « jour » : « les parigots » sont bien venus narguer « les pequenots ».

Mais Clochemerle, c’était hier. « Les envahisseurs » du Roussay finiront par faire partie du décor local. Deux d’entre eux deviendront même maires d’Etréchy : Julien Bourgeois et Elisabeth Dailly……

 

QUAND PAISSENT LES MOUTONS

 

Le vaste rond-point du Roussay est encore pour partie un vaste champ de luzerne et d’herbes folles où viennent paître les moutons. Cette image bucolique pourrait faire penser au départ d’une transhumance vers le plateau beauceron comme le firent jadis les moutons mérinos qui quittèrent l’Espagne profonde pour rejoindre nos contrées. Mais non, il s’agit d’un « ersatz » d’élevage ovin qui va bientôt disparaître au profit d’une nouvelle zone pavillonnaire.

Mais le problème majeur que connaissent les « pionniers » du Roussay, c’est une mauvaise réception de la télévision. En effet, l’absence d’un réémetteur et la proximité des bois touffus font des lieux une zone « d’ombre » comme d’autres localités du sud Essonne : Saint Chéron et Méréville, alors qu’Etampes reçoit parfaitement grâce à son réémetteur de Guinette en parfaite liaison avec la Tour Eiffel.

Pour pallier ce problème technique, on vit l’apparition d’antenne non plus « râteau » mais « échasse », en effet des mats coiffaient les toits. Le problème disparaîtra avec la construction du réémetteur de la Butte Saint Martin au début des années 80.

Mais Etréchy continue à développer ces infrastructures scolaires : outre le Groupe Scolaire du Roussay, le Vintué a également inauguré son école « Saint Exupéry ». Le Groupe scolaire des Lavandières ouvert depuis 1953, abrite également au début des années 70, un C.E.G (Collège d’Enseignement général, que les mauvaises langues peuvent appeler « le collège du pauvre ») doublé d’un ensemble d’ALGECO pour accueillir les élèves qui viennent de tout le canton : à la rentrée 1973, on ne recense pas moins de 11 classes de 6 -ème ! La salle des fêtes (future Jean Monnet) qui servira de gymnase).

En 1975, le collège est nationalisé et transféré au Roussay. Un gymnase COSEC est construit pour accueillir les activités sportives du collège mais également celles de la commune.

C’est aussi l’ouverture du centre commercial qui finalement se trouve en « périphérie du lotissement », plusieurs boutiques s’installent : Un « Codec », le premier supermarché de la commune qui est inauguré et qui risque de concurrencer très sérieusement la supérette existante « Franprix » située dans la Grande Rue. D’autres commerces voient le jour : une mercerie, une boulangerie, un marchand de cycles, un marchand de chaussures ou encore un vendeur de disques et réparateur hifi. Aujourd’hui, il ne reste plus que la boulangerie, les autres enseignes ayant disparu depuis bien longtemps…La loi du marché en somme

 

 

 

WESTERN SUR LA BUTTE

 

Elle surplombe la commune à une altitude avoisinant les 130 mètres. Cette ancienne carrière d’exploitation de grès employait au XIX -ème siècle plus de 15 % de la population active de la commune. Aujourd’hui, la Butte Saint Martin est une paisible « mer de Sable » paradis pour les promeneurs et les enfants, au cœur de la forêt régionale du Roussay.

En 1966, elle fut décor d’un court métrage (muet) diffusé au journal télévisé de l’ORTF : « Etrechy Ranch River », une sorte de Western estival » que l’on peut revoir sur les archives de l’INA.

 

Elle fut aussi le paradis des « moto-cross » avant qu’elles ne soient chassées des lieux (« opération moto verte dans le vallon des Vaugibourgs »). Elle fut parfois une décharge, un cimetière de voitures puis elle est redevenue clean.

Elle fut également un lieu de prédilection pour les géologues, ce promontoire parsemé de rochers fut probablement une ile jouissant au climat tropical lorsque la mer Stampienne submergeait notre région, il y a plus de 30 millions d’années.

Le deuxième calvaire d’Etréchy (après celui surnommé « la Croix Boissée » qui domine le bourg d’Etréchy), niché dans les bois de la Butte a été offert par une habitante de la commune pour remercier la providence d’avoir ramené son époux de captivité durant la seconde guerre mondiale.

 

LE STUDIO SAINT JUST

 

C’était une époque où les petites communes avaient leur salle de cinéma : Pussay, Méréville, Milly La Forêt, Montlhéry ou encore Méréville…

Etréchy avait également sa salle…C’était le Studio Saint Just….

Situé rue du Gord, ce cinéma de quartier a disparu depuis plus de 25 ans. Pourtant, dans la mémoire des Strépiniacois, il rappelle un rendez vous incontournable d’une population qui évoluait alors à des années-lumière des téléchargements sur Internet. Pour beaucoup, c’était la sortie du samedi soir : à 21h00 : le film familial, à 23h00 : le film interdit au moins de 18 ans….

Il fut même un Cinéma d’Art de d’Essai au début des années 70, l’exploitant y passait des films en Version originale comme on pouvait en voir dans les cinoches du quartier Latin, mais la clientèle n’était pas la même qu’à Paris, ainsi l’expérience a tourné court. ….

 

LE CADET’S CIRCUS

 

S’il y a une institution à Etréchy, c’est bien le « Cadet’s Circus » qui a fêté ses 90 ans en 2017. En effet, c’est en 1927 qu’est né le « premier cirque amateur de France ». Créé par la volonté d’un prêtre dynamique, le Révérend Père Regnault qui avait créé auparavant les « Cadets de la Juine » en 1921, date à laquelle il avait pris ses fonctions au sein de la Paroisse et où il restera jusqu’à sa mort en 1952, le Cadet’s Circus ne souffre pas de l’usure du temps et continue d’attirer toutes les générations de Strépiniacois.

Les médias (Radio et télévision) ont plusieurs fois évoqué l’existence de ce cirque municipal unique en France, Pierre Etaix et Annie Fratellini étaient même venu adouber cette institution dans les années 70.

Aujourd’hui, doté d’un chapiteau dont la capacité est de plus de 1000 places et qui affiche complet lors des représentations de juin, avec un local d’entrainement situé avenue du Général Leclerc à l’entrée nord d’Etréchy.

Avec un renouvellement des numéros présentés, une logistique impeccable, nul doute que le Cadet’s Circus fêtera allègrement ses cent ans…en 2027.

 

VOL AU DESSUS D’UN NID DE COCUS ….

 

Etréchy continue de fêter ses cocus poursuivant une tradition entamée depuis plus de six siècles. Les frères Seignolle, auteur du « Folklore du Hurepoix » mentionnent l’évènement qui a lieu au début juin dans la commune, la seule en France à perpétuer la tradition, abandonnée depuis longtemps par St Sulpice de Favières, située à 9 km.

La « Fête des Cocus » naguère également appelée « La fête des hommes mariés » (comprenne qui voudra…) reprend la grande tradition des cavalcades de la région, avec ses défilés allégoriques.

On se souvient d’un article du « Républicain » : « Fête des Cocus, Monsieur le Maire donne l’exemple » rédigé à la fin des années 70 par le journaliste Jean-Luc Michaut qui commentait le char du maire de l’époque, Jean-Marie Rouquier qui s’était prêté au jeu….

 

LES HESPERIDES : OBJECTIF NU

 

Ouvert dès 1958, ce camping-caravaning naturiste a certainement été un des premiers ouverts en Ile de France. Niché dans le vallon des Vaugibourgs, à l’abri des regards indiscrets, il continue son activité proposant même des « Pass » journée comme des journées de longue durée.

La région a toujours été propice a une telle activité, non loin de là, à Saint Chéron, un autre camp naturiste Hélio monde a été ouvert dès 1961 et poursuit également toujours son activité. Mais c’est en 1903, au Bois-Fourgon, hameau de la commune de Villeconin à moins de 5 kilomètres d’Etréchy que le premier camp naturiste a été ouvert en France.

Comme quoi, dans la région, on aime bien être à découvert…..

 

 

LA MORT DU GARDIEN DE BUT

 

Il s’appelait Ernest Yao Koffi, il était gardien de but à Etréchy. Ce jeune joueur d’origine africaine a pris un violent coup de pied à la tête et est mort de ses blessures. C’était en 1967. Il n’avait que 24 ans. Pour lui rendre hommage, le stade d’Etréchy porte son nom. Le nom de Roger Carenton, directeur d’école bien connu à Etréchy et président du club de Foot lui est depuis associé.

 

 

LA FETE DES MAIRES :

 

Lucien Henri Sergent, une certaine idée de l’Europe

 

Lorsqu’il est élu maire d’Etréchy en 1947, Lucien Henri Sergent n’a alors que 29 ans. A l’époque ce gros bourg de Seine et Oise compte 1 800 habitants et garde une physionomie essentiellement rurale.

Issu d’une famille établie dans la région depuis plusieurs générations, il a fait ses études à Paris, faisant d’ailleurs partie de ces étudiants qui iront au péril de leur vie, fleurir la tombe du Soldat inconnu le 11 Novembre 1940….

Cet inspecteur des finances est un fervent européen, il a même participé à la création du Conseil des Communes d’Europe. La commune d’Etréchy a d’ailleurs rendu hommage à plusieurs grands artisans de l’union Européenne en donnant leurs noms à certains édifices municipaux : salle Jean Monnet ou encore les écoles Robert Schuman sans oublier le Parc de l’Europe, face à la mairie, avec sa stèle honorant les artisans français, britanniques et allemands des jumelages .

Il sera pendant 30 ans l’acteur majeur du développement maîtrisé d’Etréchy. Sous sa mandature, la population sera multipliée par 3, avec plusieurs phases de développement, dont l’apogée se situe dans les années 60-70 avec l’apport de nouveaux habitants des récents lotissements de la commune (La plaine du Roussay, Le Vintué, Château et Clos Morin et bien sûr le Domaine du Roussay qui va doubler la population entre 1968 et 1975).

Il ne cèdera pas aux sirènes des promoteurs en quête de terrains à bâtir qui pullulent dans l’Essonne de l’époque, préférant opter pour un habitat pavillonnaire principalement constitué de classes moyennes.

C’est sous sa mandature que sont inaugurés plusieurs édifices : le groupe scolaire des Lavandières (en 1953), puis suivront ceux de Saint-Exupéry (années 60) puis du Roussay (1972). La PMI (Protection maternelle Infantile), le « Mille Clubs » réservé aux associations et aux jeunes (années 70) ou encore le Collège du Roussay en 1975.

Au niveau économique, le lancement de la Zone industrielle initialement prévu au début des années 60, ne verra finalement pas le jour, restant à l’état de friche…avant de redémarrer mais dans les années 85-90.

Lucien Sergent, c’est aussi un des pionniers en matière de jumelage, dès les années 60, notamment avec l’Allemagne de l’Ouest, n’oublions pas que l’idée sous-jacente était d’entamer la réconciliation Franco-Allemande, rendue compliquée par le traumatisme qu’avait engendré la Seconde Guerre Mondiale et surtout la période concernant l’Occupation…

Le choix se porte sur la commune d’Ostrach, dont la population est semblable à celle d’Etréchy, se situe dans le Bade-Wurtemberg, au sud de l’Allemagne, non loin du lac de Constance.

Le comité de jumelage est alors piloté par Jacques Gallerand et Jean de Iribar. Monique Sergent, la femme du maire sera également très active dans les prises de contact avec les homologues allemands puis britanniques.

Outre, l’Allemagne de l’Ouest, l’Angleterre avec la commune de Lydd, située dans le Kent, au sud-est du pays devient la deuxième commune jumelée… L’apport de Merryl Doguet, conseillère municipale d’origine Britannique favorisera la concrétisation de l’opération….

Au fil du temps, les échanges entre les communes jumelées s’enrichissent, les collégiens Strépiniacois séjournent au collège de New Romney et vice versa pour les Anglais à Etréchy, le Cadet’s Circus donnent des représentations à Lydd et Ostrach. On n’oublie pas les fanfares qui se produisent lors des fêtes organisées par les communes……

 

 

Comment le situer politiquement ?

 

Elu conseiller général du nouveau canton d’Etréchy en septembre 1967, il s’affiche d’abord sous les couleurs de la FGDS (Fédération de la Gauche Démocrate Socialiste), dont le leader n’est autre que François Mitterrand et qui sera l’antichambre du futur parti Socialiste. Peut-il être classé à gauche pour autant, rien n’est moins sûr….

La majorité du conseil général de l’époque qui prend officiellement ses fonctions le 1er Janvier 1968 dans ses locaux de la Rue Lafayette à Corbeil-Essonnes est composée majoritairement de « modérés », au nombre de 16, ce que l’on pourrait assimiler de nos jours au Centre Droit. Le président élu de l’assemblée, Pierre Prost, maire de Brunoy n’appartient à aucun parti politique…

Le parti communiste est alors la première force d’opposition avec 10 élus (dont Roger Combrisson, Jean Ooghe et Robert Vizet). Mais Lucien Sergent votera avec la nouvelle majorité. Il rejoindra par la suite, l’Union pour la Démocratie Française (L’UDF), « machine de guerre » électorale créée sous la houlette de Valéry Giscard d’Estaing...

Les gaullistes sont minoritaires dans cette nouvelle terre d’élections : ils ne sont que 6 (dont Michel Boscher, Jean-Jacques Robert ou Xavier Pidoux de la Maduère).

Les « modérés » resteront aux manettes du département jusqu’en 1976. L’expansion démographique a vu la création de 8 nouveaux cantons, faisant passer les conseillers généraux de 27 à 35.

A noter qu’aucun des nouveaux cantons ne sera remporté par la majorité sortante, permettant à « l’Union de la Gauche » PC-PS de l’emporter au second tour avec 20 sièges sur 35. Elle élit le Communiste Robert Lakota, élu de Vigneux-sur-Seine, Président du Conseil Général.

Lucien Sergent, malgré la défaite de son potentiel successeur, le Docteur Negellen (père) aux municipales de 1977 à Etréchy, est cependant réélu Conseiller général en 1979. Il entame une cure d’opposition jusqu’en 1982, date du rebasculement à droite du Conseil général……

Il deviendra ultérieurement vice-président du conseil général, en charge des finances jusqu’à son départ de l’Hôtel du Département, cette fois-ci situé à Evry en Mars 1998.

Constamment réélu : en 1973, 1979, 1985 et 1992, il s’impose également dans les communes qui ne lui sont pas forcément favorable : comme Lardy ou Bouray-sur-Juine. Prudent et conscient qu’il faille savoir passer la main, il ne sollicite pas de nouveau mandat après 31 ans de règne sur le canton….

Pour les 50 ans du Conseil Général en 2017, Lucien Sergent était présent à la cérémonie anniversaire et certainement un des derniers témoins de cette époque pionnière….

 

 

Jean-Marie Rouquier

A gauche, toute !

 

En mars 1977, la liste d’union de la Gauche menée par Jean Marie Rouquier reporte les élections municipales à Etréchy face à celle du Docteur Negellen (père), dont étaient issus d’anciens membres de l’équipe Sergent, ce dernier ne se représentant pas après 30 ans de mandat…

Le nouveau maire d’Etréchy, âgé de 48 ans, professeur de lettres au lycée Geoffroy Saint Hilaire d’Etampes, puis au Collège de Guinette, militant socialiste proche du PC et catholique pratiquant (il joue même de l’harmonium à l’église) était déjà membre du conseil municipal sortant. Lors de la précédente mandature, Lucien Sergent lui avait même confié la rédaction du premier bulletin municipal en 1971.

Frère du peintre Jacques Rouquier, issu d’une famille établie à Etréchy avant la seconde guerre mondiale, Jean Marie Rouquier a certainement bénéficié de cette période propice à l’expansion des partis de gauche (PC et PS) face à une droite au pouvoir sans interruption depuis 1958…

Cette année 1977 est un grand cru pour la Gauche qui fait mordre la poussière au pouvoir Giscardien en indélicatesse avec son frère ennemi, le RPR de Jacques Chirac, né en fin 1976….

Au niveau national, la droite perd un grand nombre de municipalités : Montpellier, Rennes, Poitiers, Créteil, Angers, la Roche sur Yon, Saint-Etienne, Reims ou encore Brest…

Exception notable, la ville de Paris qui a décidé d’avoir son « maire » le trouve en la personne de ...Jacques Chirac, qui restera cependant Député de Corrèze...

En Essonne, département qui a connu une croissance démographique exponentielle, l’abord de nouveaux habitants a également fait vaciller des fiefs de droite : à Evry, Michel Boscher trébuche face à Claude Jeanlin, à Etampes : le Communiste Gérard Lefranc, fils de Serge, s’empare d’une ville modérée profitant du départ de son prédécesseur, le Docteur Barrière, à Montgeron, le socialiste jean Hardouin remplace Armand Cachat en poste depuis la libération. A Chilly-Mazarin, Gérard Funès prend une mairie qu’il gardera plus de 35 ans….

Une nouvelle ville a vu le jour cette année-là, il s’agit des Ulis, émanation des communes de Bures sur Yvette et d’Orsay qui élit le premier maire de sa jeune histoire …le socialiste Paul Loridant, futur sénateur.

Les fiefs de gauche le restent : Corbeil-Essonnes, Grigny, Massy, Sainte-Geneviève des Bois, Morsang sur Orge ou encore Saint Michel sur Orge….

La nouvelle équipe municipale d’Etréchy ne fera cependant qu’un seul mandat. Elle poursuit l’action engagée par l’équipe précédente en matière de maîtrise d’un développement urbain maîtrisé. Le volet économique reste faible comme dans le passé et le passage à gauche d’Evry, appelé à devenir le premier pôle économique du département ne l’incite pas à développer ardemment ce secteur d’activité.

Etréchy est promise comme beaucoup de communes de la grande couronne à devenir des « communes-dortoirs », sujette à des migrations quotidiennes de ses actifs vers la capitale ou les zones industrielles du nord du département notamment….

A cette époque, on parle même d’ouvrir un hypermarché sur la commune. Un référendum municipal sera même organisé pour connaître le ressenti de la population sur le sujet. Le « oui » l’emportera mais pour finir, il n’y aura pas de suite, le ministre du commerce et de l’artisanat, Maurice Charretier préférant le site d’Etampes pour implanter un tel établissement commercial……

La fibre « européenne » de Lucien Sergent est remplacée par « le témoignage des valeurs de gauche », on baptise une avenue Salvador Allende, ancien président du Chili au destin tragique (artère sans habitants, ndlr), l’Avenue d’Orléans est éphémèrement appelée, avenue Pierre Mendès France, grande conscience de la gauche, mais n’ayant pas eu l’assentiment des riverains trouvera finalement une rue plus modeste au pied de la Butte Saint Martin).

Une tentative de jumelage avec une commune du Québec a été en pourparlers mais n’a pas vu le jour. L’expérience aurait pu être intéressante avec nos « cousins de la Nouvelle-France » dont une petite poignée était originaire d’Etréchy et de ses environs…

Battu aux municipales de 1983 par son adversaire centriste Claude Casagrande, Jean-Marie Rouquier demeure conseiller municipal (d’opposition) grâce au nouveau mode de scrutin qui distille une petite dose de proportionnelle au cœur d’un scrutin majoritaire….

Retiré par la suite de la vie professionnelle et politique, Jean-Marie Rouquier restera un fin lettré, avec son look qui pourrait rappeler Paul Léautaud (parfois sujet à des moqueries) et finira par « cultiver son jardin » comme pour faire un clin d’œil à ce bon vieux Voltaire….

 

Claude CASAGRANDE

 

Une nouvelle forme de « management municipal ».

 

Claude Casagrande a 37 ans lorsqu’il devient maire d’Etréchy, mettant fin à la courte parenthèse socialo-communiste. Il bénéficie certainement de la « vague bleue » de cette année-là, comme il y avait une « vague rose-rouge » six ans plus tôt.

En effet, la Droite profite du désamour des électeurs pour le pouvoir socialiste arrivé en 1981 après une longue cure d’opposition et qui a déçu lors des deux premières années de son exercice. Plusieurs municipalités basculent ou rebasculent à droite : Reims, Saint-Etienne, Brest, Nîmes, Aix-en-Provence ou encore Grenoble, pourtant « laboratoire social exemplaire » qui voit le sortant socialiste Hubert Dubebout trébucher dès le premier tour face au jeune RPR Alain Carignon.

On constate plusieurs cas de fraudes qui ont permis à des municipalités communistes de se maintenir mais bon nombre d’entre elles verront le scrutin annulé et de basculer finalement dans le camp de la droite : Aulnay-Sous-Bois, Brétigny sur Orge, Antony, Savigny sur Orge ou encore Sarcelles. Deux exceptions notables cependant : le P.C sauve ses fiefs de Trappes et d’Etampes, où Gérard Lefranc réussit à battre Xavier Dugoin, pourtant donné favori …

Donc la Droite et le Centre ou le « vent en poupe », Claude Casagrande lui se situe dans la mouvance « démocrate-chrétienne », catholique pratiquant comme son prédécesseur, fils d’un entrepreneur en maçonnerie, c’est un enfant d’Etréchy, impliqué dans la vie de la commune (il fut le clown « Claudio » au Cadet’s Circus avec son vieux complice Collinet, et amateur de danse folklorique, qui ne l’a pas vu danser sur le « saut du lapin » ?).

Le jeune maire décide de transformer en profondeur « l’image de marque de la commune ». Finie l’époque du « maire notable qui inaugure les chrysanthèmes » (ce qui n’était pas le cas de ces prédécesseurs), place au « management municipal ».

Avec ses faux airs « à la Giscard », il travaille sa communication et obtient une solide réputation de « connaisseur des rouages (complexes) de l’Union Européenne et de ce qui va devenir « le management municipal ».

Durant son mandat municipal qui s’étendra de 1983 à 1997, Claude Casagrande va favoriser le développement de la zone industrielle des Gravelles, créer un  jumelage avec Dano, au Burkina Faso, un des premiers lancés avec des pays d’Afrique, lançant même un « Strepithon » pour favoriser des projets de développement. Par contre le projet avec Sant Carles de la Rapita, station balnéaire en Catalogne Espagnole ne verra pas le jour.

L’accent est également mis sur l’emploi avec la création d’une structure d’aide située dans l’ancien mille club. Côté vie culturelle, l’ancienne Auberge du Parc située face à la gare d’Etréchy devient un centre culturel et conservatoire de musique que l’on baptise Jean Cocteau, dont l’empreinte laissée affecte plus Milly la Forêt qu’Etréchy…

 

Facilement réélu en 1989 face à une liste d’union de la Gauche menée par l’ancien maire-adjoint socialiste Denis Lefebvre, Claude Casagrande. Les deux hommes qui se connaissent depuis l’enfance, s’affrontent lors d’un débat sur les ondes de « Sweet Fm » radio libre d’Etampes fondée par Dominique Chanon et qui est très écoutée à l’époque….

Mais Claude Casagrande ne veut pas se contenter de rester simple « maire d’Etrechy », il aspire à monter plus haut : en effet, il devient le suppléant de Jean de Boishue, Maire de Brétigny sur Orge, lors des législatives anticipées de 1988, dans la nouvelle 3 -ème circonscription de l’Essonne (Brétigny-Dourdan) mais ils échouent face à Yves Tavernier, déjà député depuis 1981.

Le Démocrate-Chrétien qu’est le maire d’Etréchy prend également la présidence départementale du CDS (Centre des Démocrates Sociaux), ce parti centriste créé en 1976 par Jean Lecanuet et qui est devenu une des composantes de l’UDF qui s’avère être le « poil à gratter » du RPR …..

Ce qui aurait dû propulser l’ascension politique du Strépiniacois va se transformer en échec politique. Le maire d’Etréchy avait les qualités pour devenir parlementaire ou président du conseil général, mais un évident manque de flair politique va lui faire rater les marches du succès. Président du CDS, il soutient Bernard Bosson contre François Bayrou, qui prendra le leadership au Centre. Rappelé par De Boishue pour retenter l’aventure des législatives en 1993, il décline : dommage car devenu ministre, il serait devenu député, siège qui reviendra finalement à Geneviève Colot.

L’année précédente, aux élections cantonales, il s’oppose à Lucien Sergent qui décide de rester et d’être réélu très largement face à l’écologiste Francis Chalot…

En 1994, certains membres de son conseil municipal s’opposent à lui et menacent de présenter une liste dissidente aux municipales de 1995. Le meneur est celui que l’on surnomme son dauphin, Julien Bourgeois. Ce chef d’entreprise qui emmène avec lui plusieurs conseillers municipaux va en effet déclencher une guerre fratricide au sein de la droite et du centre……

 

TRIANGULAIRE, QUADRANGULAIRE : LE NOUVEAU PASTIS ELECTORAL STREPINIACOIS

 

1995 marque le début de cette nouvelle spécialité locale qui s’est perpétuée jusqu’aux dernières municipales de 2014 : fini le traditionnel duel droite-gauche, voici le droite-droite-gauche-parfois inclassable, fruit de rivalité politique irréconciable saupoudrée d’une dose de Clochemerle assumée….

Ces élections municipales de mars sont marquées par la présence de deux listes issues à l’origine de la majorité sortante : l’une menée par le maire, Claude Casagrande et l’autre par son ex-adjoint, Julien Bourgeois. La campagne est très tendue, tant les rancœurs sont grandes et avec les risques que comportent les combats fratricides.

Finalement, c’est le maire sortant Claude Casagrande l’emporte de quelques voix. Dans pareil cas, la tentation du recours est grande tant l’incertitude de la fiabilité du scrutin est forte. La liste adverse battue pose un recours auprès du tribunal administratif et en 1996, c’est finalement Julien Bourgeois qui devient maire, après recomptage de voix. Une seule de majorité le font asseoir sur le fauteuil de maire.

A 55 ans, Julien Bourgeois, chef d’entreprise devient le premier magistrat municipal issu du Roussay. Les « envahisseurs » tels qu’on les surnommaient dans les années 70 prennent le pouvoir dans la commune !

Il restera aux manettes jusqu’en 2014, réélu en 2001 face à un Claude Casagrande, en quête de revanche sur l’épisode de 1995. La guerre entre les hommes avait trouvé son apothéose lors des cantonales de 1998 pour assurer la succession de Lucien Sergent, élu depuis la création du canton en 1967 et ce nouveau duel fratricide va surtout profiter à la candidate socialiste, Claire-Lise Campion, maire de Bouray-sur-Juine qui l’emporte assez facilement (57 %) face à un Claude Casagrande, probablement lâché par les partisans d’un Julien Bourgeois, battu au[PD1]  premier tour…

La mandature de Julien Bourgeois est surtout marquée par la création de la Communauté de Communes entre Juine et Renarde qui regroupent la quasi-totalité des communes du canton d’Etréchy, à l’exception de Lardy, rivale du chef-lieu du canton depuis sa création en 1967 et qui préfère rejoindre l’Arpajonnais, mettant à mal l’intercommunalité qu’elle avait développé auparavant avec Janville sur Juine….

Les communautés de communes imposées par le pouvoir ont pour dessein de mutualiser les ressources des villes et villages sans pour autant supprimer le nombre pléthorique de communes en France : + 36 000 ! Quatre fois que chez nos voisins Britanniques, Allemands ou Italiens….

Entre Juine et Renarde est la plus petite de ces entités territoriales en Essonne avec 13.000 habitants. D’autres communes, issues d’autres cantons comme Boissy le Cutté (La Ferté-Alais) ou Saint-Sulpice de Favières (Saint-Chéron) intègrent la communauté qui sera d’abord présidé par Julien Bourgeois.

Ironie du sort, Lardy intègrera Entre et Juine et Renarde, effrayée de voir l’Arpajonnais être avalée par le projet du Grand Evry, vieille lune des années 70 et qui le restera d’ailleurs….

Julien Bourgeois procède à un développement urbain maitrisé comme l’on fait auparavant ses prédécesseurs, la population est restée stabilisée autour des 6 500 habitants. Le développement des logements sociaux et de la maison de retraite médicalisée sont également des réalisations notables.

 

Lors des municipales de 2008, la liste sortante doit affronter une liste menée par Michel Gleyze, classée divers gauche mais dont la coloration politique est plutôt arc-en-ciel : centristes, rose pale, écolos, des notables (comme le Docteur Negellen) etc…

Certains pensent que Michel Gleyze est téléguidé par Claude Casagrande pour tenter de déloger l’équipe Bourgeois. L’ancien maire d’Etréchy ne contestera pas son soutien à cette liste qui frôle l’exploit en perdant de quelques voix l’élection….

Une élection qui d’ailleurs sera invalidée pour vice de procédure mais qui ne profitera pas au challenger qui ne saisira pas l’opportunité de prendre sa revanche. Par manque de dynamisme ?

 

ELISABETH DAILLY

 

Cette ancienne ingénieure à Thalès était l’adjointe de Julien Bourgeois et est appelée à lui succéder. C’est la première maire d’Etréchy et la deuxième originaire du Roussay. Mais son élection ressemble aux précédentes : cinq listes s’affrontent au premier tour, deux d’entre elles sont classées plus ou moins à droite, dont la liste sortante menée par Elisabeth Dailly, ainsi que celle d’Alain Saforcada tandis que celles menée par Itshaham Ishaq, héritière de la liste Gleyze et de Michel Sironi sont classées divers gauches mais avec des nuances.

La cinquième liste est Front National et dirigée par François Hélie. Cet officier de police a fait récemment son apparition dans le champ politique Strépiniacois (bien qu’il habite Villeconin). Actif au niveau de la communication, il publie une feuille de chou dans laquelle il dénonce le laxisme de la municipalité sortante notamment sur la montée de l’insécurité et l’absence de perspective économique.

Son score au premier tour sera particulièrement élevé : plus de 22 %, ce qui peut surprendre dans une commune qui n’est pas à l’évidence un vivier pour le parti Le Peniste : elle n’appartient pas à la « France périphérique », n’est pas un de ces « territoires abandonnés par la République », comptent peu de populations immigrées mais il semblerait que le « tous pourris » et les « craintes d’une population âgée sur la montée présumée de l’insécurité aient porté leurs fruits… Il se qualifie pour le second tour, tout comme bien sûr la liste sortante, tandis que les listes Ishaq et Sironi fusionnent.

Finalement, la liste Dailly l’emporte mais sans majorité absolue (46 %) devant celle d’Ishaq/Sironi (35 %) tandis que la liste Hélie obtient un score moindre qu’au premier tour avec quand même 19 %.

L’Election d’Elisabeth Dailly avec une majorité relative n’est pas forcément confortable mais la nouvelle maire d’Etréchy a su rallier à sa cause des personnalités issues de la gauche comme Julien Gautrelet qui avait des ambitions politiques dans l’autre camp six ans plus tôt !.

Les principales réalisations de la mandature en cours portent sur les différentes actions de développement au sein de la Communauté de Communes, de la déchetterie et du nouveau parc de Gravelle, du prolongement de la Zone industrielle et également du lancement de plusieurs lotissements et la continuation de la politique du logement social….

 
 

LES STREPINACOIS ILLUSTRES

 

 

Darblay, un nom qui évoque une grande dynastie industrielle Corbeil-Essonnoise. C’est effet dans l’ancienne capitale industrielle du Sud-Francilien que cette illustre famille établit une fortune colossale, en dirigeant les Grands moulins de Corbeil et surtout la Papeterie d’Essonnes qui employa plus de 4000 ouvriers. Ils appartenaient à cette caste bien connue des « maitres de la France » : « les deux cents familles », actionnaires de la Banque de France.

Mais avant d’être les Châtelains de Saint-Germain les Corbeil (jusqu’en 2000), les Darblay sont cultivateurs, aubergistes et maître de poste dans la région d’Etampes. C’est à Etréchy que naquit Aimé-Stanislas en 1794. Son père était maire d’Auvers-Saint-Georges.

Né en 1878 à Etréchy, Maurice Dormann commence sa carrière comme typographe avant de prendre la direction du « Réveil d’Etampes ». Il deviendra par la suite Conseiller général du canton de Méréville et plusieurs fois Député de Seine et Oise sous la III e République. Il sera également un éphémère ministre des pensions en 1924.

Il disparait en 1947 et est enterré au vieux-cimetière d’Etréchy dans son caveau familial. Il était le père de Geneviève Dormann, écrivain proche des « Hussards », auteur de plusieurs romans à succès (« Le Bal du dodo »).

Jacques Chambaz est également né à Etréchy en 1923, il y passe sa jeunesse avant de rejoindre la Capitale pour y faire ses études. Devenu enseignant, cet intellectuel rejoint le Parti Communiste et devient député de Paris entre 1967 et 1981.

L’avocat et l’écrivain Denis Langlois, est lui né en 1940 à Etréchy et fréquente le collège Geoffroy Saint-Hilaire d’Etampes (actuel Collège Guettard) avant de monter vers son droit à Paris. Outre son métier d’avocat, notamment de la famille Seznec, l’une des plus grandes énigmes judiciaires du XX e siècle, il s’est surtout affiché comme militant de gauche, depuis la guerre d’Algérie jusqu’aux derniers drames humanitaires qui secouent la planète…

Jacques Rouquier, né en 1932, est le frère de l’ancien maire d’Etréchy, Jean-Marie Rouquier. Il quitte la région dans les années 60 pour aller s’installer non loin, dans le Pithiverais ou il va finir sa vie. Peintre apprécié et reconnu aussi bien en France qu’à l’étranger, il était présent à Barbizon et Pont-Aven ou il possédait des galeries….

André Régnault, originaire de Grandcamp-Maisy, dans le Calvados, fut curé d’Etréchy entre 1921 et 1952. Comme nous l’avons déjà mentionné, il créa le « Cadet’s Circus » et lança les colonies de vacances (dont une située dans son village natal, ndlr). On lui doit aussi la construction du Calvaire Notre Dame de Lourdes, inauguré en 1949 qui domine Etréchy….

Enfin, Raymond Josse, auteur du fameux « Etréchy, notes d’Histoire ». Né en 1914 et arrivé à Etréchy dans les années 50, cet ancien officier de l’armée de l’Air publia d’abord dans le bulletin municipal, des articles historiques sur le rôle actif d’Etréchy durant la Révolution Française avant de publier son ouvrage souvent donné comme cadeau aux futurs mariés…..

 

ETRECHY EN CHIFFRES

 

Avec une population de 6.517 habitants en 2015, Etréchy continue de gagner des habitants : depuis 2010, elle en a gagné plus de 320, soit un accroissement de 3,5 %. L’ancien chef-lieu de canton de l’Essonne connaît une croissance démographique très modérée, assez éloignée de celle qu’elle connut entre 1968 et 1975 qui vit sa population multipliée par deux.

L’ère des grands lotissements est terminée, laissant la place à des projets plus modestes (comme les chasse-lièvres 1 et 2) mais qui contribue à son développement urbain.

Les moins de 30 ans représentent plus de 31 % de la population totale tandis que les plus de 60 ans s’élèvent à plus de 28 %. Les tranches d’âge intermédiaires (30-59 ans) constituent un peu plus du dernier tiers avec 37 %. Par comparaison avec 2010, les rapports entre ces trois grandes tranches d’âge demeurent stables, avec toutefois une augmentation des plus de 45-59 ans et des plus de 75 ans et +.

Comme dans la population Française, la population masculine s’élève à 48 % contre 52 % à la féminine.

La population active de la commune est composée de 3 000 personnes, le secteur agricole n’occupe que 0.4 %, alors qu’Etréchy possède encore plusieurs exploitations (Vaucelas et Le Coudray) et que 78 % du territoire communal est essentiellement rural. Les artisans représentent 2.6 % des effectifs tandis que les cadres (11.6 %) et les professions intermédiaires (18.4 %) sont plus nombreux que les employés et les ouvriers réunis (30%).

Les retraités représentent le plus gros contingent avec 31.6 %

Le chômage Strépiniacois est inférieur   à la moyenne nationale (moins de 8 %) contre 10 %.

A noter que le taux d’activités des 25 /54 ans flirte avec les 95 % alors que celui des 55-64 ans avoisine les 66% (relativement élevé par rapport à la moyenne nationale, l’une des plus faibles d’Europe).

C’est le fameux CDI qui couvre 79 % des actifs alors que le CDD n’en intègre que 5 % et l’intérim moins de 2 %.

Les non-salariés sont 11 %, les indépendants 5 %.

68 % des actifs utilisent leur véhicule pour se rendre au travail contre 24 % en transports en commun et encore 5 % qui utilisent un autre mode (à pieds, bicyclettes, engins motorisés).

Il y a 2800 ménages recensés, dont un tiers ne compte qu’une personne (les femmes étant plus nombreuses que les hommes).

Mais 69 % des ménages constituent des familles : de couples sans enfants (30%), avec enfants (30 % également) alors que les monoparentales représentent 9 %.

Les couples mariés sont minoritaires avec 47 % contre 53 % dans le cas contraire

Les résidences principales représentent 93 % de l’habitat tandis que les secondaires représentent 1.5 % du total.

43 % des habitations ont été construites entre 1971 et 1990 contre 19 % avant 1919.

43 % d’entre elles ont + de 5 pièces…

5 % des logements sont déclarés vacants….

72 % des Strépiniacois sont propriétaires contre 25 % de locataires. 48 % possède une seule voiture et 40 %, deux ou plus.

 

25 % n’ont aucun diplôme ou le niveau du BEPC

27 % ont le niveau du CAP

Mais les Bac et Bac + représentent 47 %.

73 % sont imposés.

Les ménages fiscaux comptent 2800 personnes

Le revenu médian des ménages est de 24 425 euros ..

Le Taux de pauvreté est de : 7%

La population immigrée à Etréchy représente 7,6 % avec une augmentation notable entre 2010 et 2015.

Au niveau économique, Etréchy compte 403 établissements, dont 20 industriels, 109 commerciaux, 94 pour les particuliers et 115 concernant les services à la personne.

Il n’y a aucun hôtel mais plusieurs restaurants sont présents sur la commune depuis plusieurs années.

 

EPILOGUE

 

Etréchy reste indéniablement une « ville à la campagne » avec le paradoxe de jouir de la proximité relative de la Capitale sans en subir les inconvénients. Riche d’un patrimoine naturel préservé au fil du temps, elle a su également se développer de façon modérée et préserver ainsi un cadre de vie de qualité recherché.

Avec ses atouts nombreux (un tissu associatif riche et varié, un centre-ville préservé, le développement de sa zone d’activités, une bonne desserte routière et ferroviaire), elle joue un rôle complémentaire aux portes d’Etampes, capitale d’un Sud-Essonne, longtemps écrasé par le développement urbain du tiers-nord du département mais qui a su amorcer un virage tant économique que démographique depuis la dernière décennie……

Vue d'Etrechy

Les Corps saints

Rue Serpente

Les Vignes

Campagne noire