FRANCK MARLIN, L'ETERNEL VAINQUEUR

1995-2017 : 22 ans séparent la première conquête électorale de la dernière pour Franck Marlin. A 53 ans, ce dernier a indéniablement le virus de la « gagne ».

Il vient de   réussir son pari en « installant » à sa place, le fidèle Jean-Pierre Colombani à la tête de la ville Royale lors des élections municipales partielles du 13 novembre 2017.

Pourtant, c’est à contre-cœur que Franck Marlin a dû céder sa place, suite à la réforme sur le cumul des mandats, votée sous François Hollande.

La démission et le décès de plusieurs élus avaient également provoqué cette nouvelle élection qui se caractérise par une large victoire de la majorité sortante (64 %) mais également par un taux de participation modeste (35 %), ce qui permet de relativiser ce succès électoral…. 

Le faible taux de participation est caractéristique des élections partielles et s’explique également par un calendrier électoral très lourd et surtout riche en bouleversements politiques en 2017…

Des bouleversements politiques qui n’ont en rien affecté l’inamovible Franck Marlin qui a réussi à surfer sur le tsunami « En marche » dans sa propre circonscription (Etampes-Mennecy) en battant largement son adversaire issue de ce néo-mouvement. (54 %).

Ce qui fait de lui le doyen des députés de l’Essonne. En effet, il est élu sans interruption depuis...1995, année décidément faste pour lui.

Après avoir mis fin à 18 ans de communisme municipal à Etampes en balayant le maire sortant Gérard Lefranc qui ne l’avait pas vu venir : alors que le notable Rouge pantouflait dans son bureau, le petit Franck avait arpenté les moindres recoins de la cité Beauceronne pour l’emporter haut la main….

 

Cette même année, Corbeil-Essonnes la Rouge tombait dans les bras du milliardaire Dassault tandis que Massy la Socialiste portait au pouvoir le Centriste Delahaye……

La spirale du succès était enclanchée, le nouveau maire d’Etampes remporta donc dans la foulée la deuxième circonscription de l’Essonne, à la suite de l’élection au sénat de son ancien mentor, Xavier Dugoin et contre l’aval de l’état-major qui lui préférait un autre candidat……

Depuis, la roue de la fortune a continué de tourner. La question que l’on peut se poser dans une période ou l’électorat est si volatile : comment fait-il ?

La réponse vient dans le fait que Franck Marlin est un véritable professionnel de la politique, qu’il a pratiquement toujours exercée et dont il connait toutes les ficelles à n’en point douter…

 

Il faut remonter à l’origine, lorsque sa route croise celle de Xavier Dugoin, figure montante du département, fraîchement élu Député de l’Essonne en 1986, qui deviendra d’ailleurs Président du Conseil général en 1988.

Les deux hommes sympathisent et le jeune Franck Marlin est intronisé chef puis directeur de cabinet entre 1986 et 1991.

On connait l’irrésistible ascension de Xavier Dugoin qui sera proportionnelle à sa chute. Empêtré dans des affaires d’emplois fictifs qui le mèneront finalement en prison, il stoppera net sa carrière politique pourtant prometteuse.

Alors qu’il se voyait déjà ministre de la Francophonie, il devra se contenter de sa mairie de Mennecy (après avoir échoué à Etampes, contrairement à son poulain) et surtout du conseil général qu’il finira par quitter par la petite porte.

 

Le futur maire d’Etampes aurait   pu suivre la même trajectoire, en ayant également « croqué » comme son mentor : lui-même sera impliqué dans une affaire personnelle d’emploi fictif ainsi que sa belle-mère de l’époque…

Il sera finalement condamné à payer une lourde amende qu’il remboursera……mais évitera la case prison….

 

Il se brouillera avec son mentor et se refera une virginité politique, Passé ce mauvais feuilleton judiciaire, Franck Marlin pourra continuer son bonhomme de chemin politique, réussissant à faire oublier cet encombrant passé judiciaire….

Constamment réélu maire et député de façon magistrale : tant au niveau municipal (ou une opposition de gauche divisée et surtout inaudible), qui demeure visiblement toujours sonnée par la défaite de 1995 dont elle ne s’est jamais vraiment remise… que législatif où il n’a comme adversaire qu’un candidat du Front National, la plupart du temps….

Mais Franck Marlin continue à avoir un appétit de conquête, en témoigne son élection dans le canton de Méréville dans laquelle il terrasse le sortant Philippe Allaire en 2004.  Mais son parcours au département sera éphémère pour cause de cumul des mandants. Il devra ainsi rendre son tablier en 2005.

Peu présent à l’assemblée nationale, notamment en 2010, obtenant même le bonnet d’âne en matière de présence dans l’hémicycle et aux commissions….

Hormis son manque d’assiduité, le chantre du « Sud-Essonne aime tenir le rôle du Franc-Tireur au sein de son parti (ndlr : RPR-UMP puis LR), jouant souvent une autre partition que celle de l’état-major Parisien….

Citons pour mémoire quelques mesures chocs concernant la suppression d’allocations pour les parents d’enfants délinquants, la mise en place d’un couvre-feu pour les mineurs, ou encore une action remarquée sur le terrain : lors des mouvements sociaux à Faurecia ou encore fermeture du conseil des prud’hommes (il passa la nuit avec des syndicalistes pour protester), etc……

Le temps a passé, une page s’est tournée avec la mairie d’Etampes, Franck Marlin reste à présent un des « vétérans » de la vie politique Essonnienne, comme son homologue le trublion Dupont-Aignan ou Manuel Valls.

Il n’a pas pu se forger un destin national pour des raisons diverses et variées a contrario de plusieurs élus essonniens, mais il est toujours là, au cœur d’une circonscription s’étendant des portes de Corbeil-Essonnes aux confins du Loiret ou de la Seine et Marne.

Pour combien de temps encore ? Nul ne le sait, mais il peut continuer à savourer une longévité qui devient une espèce en voie de disparition……

 

Publié le 06/12/2017