GERARD LARCHER OU COMMENT CONSOMMER LE POUVOIR AVEC MODERATION
« La droite va gagner les élections et Gérard Larcher sera président du sénat ». Cette phrase catégorique n’a pas été prononcée par un membre de LR (Les Républicains) mais par Didier Guillaume, l’actuel président du groupe PS de l’honorable institution….
On peut lui donner raison sans prendre trop de risques tant ce type d’élection au suffrage indirect réserve peu de surprises. Ce sont les grands électeurs qui font le scrutin, et ceux-ci sont issus des élections municipales et départementales qui ont été très favorables à la droite…
Donc, il est fort probable que Monsieur Larcher reste le deuxième personnage de l’Etat à l’orée d’un automne qui s’annonce très chaud….
Ce personnage tout en rondeur qui pourrait ressembler à un notable repu de la troisième république ne sied guère à ce type de caricature facile. Pourtant issu de « l’ancien monde » (celui d’avant le printemps 2017, cet homme de réseaux appartient à une Droite que l’on appellera sociale et toujours en recherche de consensus : il n’est nul doute qu’il se fondera dans le moule de l’actuel régime sans pour autant renier ses convictions….
Il est vrai que ce « Terrien » issu de la Normandie Intérieure a labouré depuis de nombreuses années le vaste champ politique. La fibre politique comme sa vocation de vétérinaire lui viennent probablement de son père Philippe, industriel et éleveur de chevaux et maire d’un village de la région de Flers (Orne).
Après l’Ecole Vétérinaire de Lyon, il opte pour la spécialité équine et devient même le « véto » de la fédération française d’Hippisme. Il restera vétérinaire durant 14 ans avant de se lancer dans une carrière politique au cours des années 80….
Il ne choisit pas l’Orne comme terre d’élection mais plutôt Rambouillet, coquette sous-préfecture des Yvelines (qui possède d’ailleurs un hippodrome…). Il espère succéder à l’inamovible Jacqueline Thôme Patenôtre, riche héritière à la fibre rad-soc’ qui règne sur les lieux depuis 1947 !
Il sera élu Maire RPR de Rambouillet au printemps 1983, non sans avoir été obligé de composer avec l’ancienne maire d’Auffargis et conseillère générale, la Barriste Christine Boutin. Cette dernière deviendra même son adjointe…….
Rapidement, Gérard Larcher va s’imposer dans sa ville dont il restera maire pendant près d’un quart de siècle, se faisant réélire très largement à chaque scrutin. Il veut une ville de « propriétaires », avec un taux de cadres qui est supérieur à la moyenne nationale mais avec plus de 25 % de logements sociaux…..
Très présent dans sa ville, au contact facile et chaleureux, il saura garder durant tout son mandat une image de « bon vivant » avec un bon coup de fourchette (il faut l’avoir vu « grignoter » à l’inauguration de la foire de Rambouillet, ndlr) ou ne pas avoir besoin de micro pour adouber « la reine du muguet » ou encore provoquer la ferveur du public Rambolitain lors de l’inoubliable 14 juillet 1998 : « et un, et deux et trois zéro »…..en référence à une équipe de France, vainqueur du Mondial…..
Il ne voudra ni du RER ni d’un Mac Do, craignant probablement l’émergence d’une ghettoïsation qui a pu se concrétiser dans ce type d’agglomération francilienne éloignée de paris (50 km).
Grâce à la loi Borloo sur la rénovation urbaine, il procédera à la refonte du quartier dit « sensible » de la Louvière, en scindant en plusieurs éléments la fameuse « barre » d’immeuble, symbole d’un urbanisme de nécessité des années 60 ou en rénovant le quartier de Groussay, également construit dans l’urgence à la même époque.
Le développement de plusieurs zones industrielles et l’apport de l’IUT atténueront le sempiternel sentiment de « cité-dortoir » qui habite tant de communes franciliennes….
Elu Sénateur en 1986, il n’a que 37 ans, soit deux ans de plus que le benjamin de l’assemblée, Jean Luc Mélenchon.
Il n’a jamais vraiment quitté la Chambre Haute jusqu’à gravir le perchoir tant convoité, succédant alors à Christian Poncelet en 2008…
Mais la notoriété de Gérard Larcher, va se développer avec son portefeuille de ministre des affaires sociales sous les gouvernements Villepin et Raffarin ou il se « révèlera » un fin négociateur doublé d’un « politique » qui sait écouter les partenaires sociaux.
Cette notoriété qui va le pousser à devenir Président du Sénat et durant 3 ans, il va dépoussiérer cette vieille dame qui en avait tant besoin (rajeunissement des élus, modification du code électoral, émergence d’une plus grande réactivité face à l’Assemblée nationale).
Mais en 2011, pour la première fois depuis la fin de la seconde guerre mondiale, ce même Sénat va « basculer » à gauche, créant un véritable cataclysme politique, donnant au passage tous les pouvoirs à un François Hollande en 2012.
Mais l’élection de son successeur, le très effacé Jean Pierre Bel, ne sera qu’une parenthèse puisque l’ancien Maire de Rambouillet récupèrera son trône dès 2014.
Dans l’attente d’une très probable reconduite, Gérard Larcher, continue de cultiver le pouvoir avec modération, restant en « réserve » de la République. Qui sait, le pouvoir réserve parfois des surprises…
Publié le 21/09/2017