MANUEL VALLS, UN TORERO DANS L'ARENE POLITIQUE
Hier encore, il était Premier Ministre de la France. Après le renoncement de François Hollande (dont il fut l’un des instigateurs ?), il se voyait gravir enfin la première marche du podium, fruit d’une longue et constructive ascension…
Aujourd’hui, il espère redevenir un simple député de base dans ce qui était naguère son fief, la première circonscription de l’Essonne (Evry-Corbeil).
On sait que la tâche s’avère ardue tant les obstacles qui se présentent sur sa route sont importants. Face à l’ancien chef du gouvernement se dresse un nombre conséquent d’adversaires nuisibles : le chanteur Francis Lalanne ou encore un militant Breton qui s’est illustré en le giflant à Lamballe et qui font partie des vingt-quatre candidats pour cette circonscription !!!!!
Indéniablement, Manuel Valls vit sa première « traversée du désert ».
S’il peut retrouver un strapontin au parlement, ce sera au milieu du champ de ruines qu’est devenu le parti socialiste, dont le même Valls a annoncé la mort programmée sur différentes antennes de radio et de télévision, tout en espérant pouvoir mieux le ressusciter par la suite. …
Son ascension, nous l’avons déjà mentionnée plus haut, a été longue mais constructive avec plusieurs mentors en politique : Michel Rocard, puis Lionel Jospin, dont Valls devient le « Monsieur Communication », puis Ségolène Royal pour finir avec François Hollande….
L’art de forger son destin sans avoir forcement les fondamentaux : non issu de l’ENA (Il est titulaire d’une licence d’histoire), il cultive sa « différence » au sein des courants du PS, en optant pour une image « droitière » tout en se réclamant résolument de gauche… Son dada, c’est la sécurité, mais également la sortie de l’orthodoxie socialiste…
Homme de communication à défaut de réseau, il acquiert une notoriété grimpante dans les médias et surtout : il apprend vite….
Mais pour être élu, il faut être « assimilé » à un territoire, il choisit d’abord Argenteuil où il cultive de grandes ambitions qui s’avèrent vite contrariées. A l’époque, il a du flair, il sent le vent tourner : après 65 ans de communisme municipal, la ville bascule à droite et notre édile catalan prend le large vers d’autres contrées plus sûres…
Il profite alors d’une guerre de succession pour être parachuté à Evry, préfecture de l’Essonne qui devint rapidement son point d’ancrage où il ne cesse de labourer intensivement le terrain….
Il est élu maire en 2001 puis député l’année suivante. Son irrésistible ascension prend véritablement son envol….
Les portes du pouvoir lui sont ouvertes une première fois en 2007, repéré par le nouveau président Sarkozy qui cherche des « talents » pour mener à bien son action mais il refuse le poste….
Valls, que certains surnomment le « Sarkozy de gauche » préfère rester dans la roue d’un parti socialiste qui ne l’aime guère, en témoignent les 5 % de voix qu’il récolte lors de la primaire socialiste de 2011.
Mais son heure de gloire sonne en 2012. Il devient ministre de l’intérieur (tiens, tiens…), une fonction régalienne qui lui va comme un gant, de plus susceptible de lui attirer une sympathie de tous les bords politiques.
En témoigne notamment l’hilarant éloge de son voisin Serge Dassault qui soutient publiquement son action, lors de l’inauguration par le néo-ministre de la foire de Corbeil-Essonnes….
Tout en s’inspirant des méthodes Sarkozystes (tolérance zéro), il en condamne cependant les drastiques suppressions de postes effectuées durant le précédent quinquennat….
En 2014, il remplace un Jean-Marc Ayrault à bout de souffle et devient Premier ministre. Son « droitisme » fait fuir plusieurs membres de l’équipe gouvernementale, ceux qui appartiennent à la gauche dite « radicale»….
Pourtant, sa tentative de lancer une politique social-libérale est susceptible de lui apporter une sympathie et surtout de rebooster un pouvoir déjà très affaibli….
C’est sans compter sur la montée d’une opposition interne à la majorité actuelle, les fameux « frondeurs » qui vont lui pourrir la vie. Son caractère quelque peu impulsif face à ses prétendus alliés ainsi que les coups de butoirs de l’opposition le font sortir de ses gonds (trop) fréquemment.
François Hollande devient rapidement le président de la République le plus impopulaire de la cinquième République et il entraine inexorablement son loyal premier ministre dans sa chute…. La loi travail adopté à coup de « 49.3 », l’absence de résultat en matière économique malgré des actions louables (emplois aidés, CICE) ternissent de plus en plus l’image de l’ancien maire d’Evry…. Sans oublier, le passage au gouvernement d’un certain Emmanuel Macron, entretenant une relation " je t’aime, moi non plus" avec ce dernier ». On connaît la suite….
On le disait favori à la primaire de la Gauche, lui le seul, selon ses dires, à empêcher un second tour Fillon/Le Pen. On connaît encore la suite….
Le temps est loin où Manuel Valls claironnait avec un aplomb certain « en 2007, les français ont élu président de la République un fils d’émigré Hongrois, Maire de Neuilly. La prochaine fois, ils éliront un fils d’émigré espagnol, maire d’Evry »
Ceci est un lointain souvenir mais l’espoir n’est jamais éteint. Dans la solitude d’une campagne, l’ancien premier ministre doit savoir que ceux qui vous ont fait roi peuvent parfois vous abandonner.
Il ne lui reste plus qu’à reconquérir sa terre d’élection et se souvenir que ses illustres prédécesseurs à la mairie d’Evry, le richissime banquier Aguado (Espagnol naturalisé comme lui), pourtant bienfaiteur de sa commune d’Evry-sur-Seine, n’a pas pu résister à l’essor du chemin de fer qui coupa en deux la propriété de son château, il ne le supporta pas et partit vers d’autres terres moins hostiles ou encore le gaulliste Michel Boscher (à qui Valls a rendu un vibrant hommage lors de sa disparition), qui transforma son village natal d’Evry Petit Bourg en ville nouvelle . Ce qui provoqua son suicide politique, après 30 ans de mandat....
A méditer…