POUR TOUT L’OR DU MONDIAL
LA CHANSON DE ROLAND
12 juillet 1998- Stade de France : Saint Denis (93).
Ah, Putain, Ah, la vache !, Ah, quel pied ! s’exclama dès le coup de sifflet final, le commentateur Foot préféré des Français : Thierry Roland (1937-2014) sous l'oeil amusé de son vieux complice, l'ex Footballeur Jean-Michel Larqué .
Sans nul doute, le journaliste sportif a connu à ce moment présent le plus beau jour de sa carrière. Lui qui avait commenté tant de matches de Coupe du Monde dans lesquelles la France avait jusqu’à présent toujours échouée.
Enfin, il tenait sa revanche sur les désillusions de 1982 avec le pitoyable épisode de Séville (l’agression du gardien Allemand Schumacher sur le Français Patrick Battiston et qui ne fut aucunement sanctionnée par l’arbitre) et la fébrilité de la Bande à Platini qui l’empêcha de se hisser en finale pour la première fois de son histoire… Sans oublier 1986 ou le Onze tricolore trébucha une fois de plus contre la Mannschaft en demi-finale et confirmer ce fameux adage : « à la fin, c’est toujours l’Allemagne qui gagne ».
1993 : Un club Français, remporte la coupe de l’UEFA pour la première (et pour l’instant, unique) fois de son histoire : en effet, l’Olympique de Marseille bat le Milan A.C : 1-0, grâce à un but de Basile Boli. Tapie versus Berlusconi.
Mais la même année, l’Equipe de France entrainée par Gérard Houiller ruine ses espoirs de participation à la Coupe du Monde 1994, en prenant un but dans les dernières secondes du match. Le coup fatal est assené par le joueur bulgare Konstandinov….
C’est alors l’effroi dans tout le pays. Mais la France n’est pas la seule nation à rester à la maison : L’Angleterre, le Danemark pourtant champion d’Europe ou l’Uruguay ne participeront pas non plus au tournoi tant convoité….
La Coupe du Monde organisée par les Etats-Unis, verra la victoire du Brésil sur l’Italie. Grande première pour une finale remportée par la Seleção aux tirs au but : 3-2.
Consolation pour la France, elle est qualifiée d’office pour le Mondial 1998 car elle a été choisie comme pays organisateur dès 1992 avec obligation notamment de construire un stade d’une capacité de 80 000 places, le Parc des Princes étant trop petit pour ce type de compétition….
MIEUX QUE MARACANA
Initialement prévu à Sénart (entre Tigery et Saint-Pierre du Perray, Essonne) mais le projet fut abandonné, jugé trop excentré de Paris, c’est finalement le site de La Plaine St Denis qui est retenu. Il sera inauguré en janvier 1998 par Jacques Chirac, qui ignore alors que sept mois plus tard, l’Equipe de France victorieuse lèvera son trophée dans l’enceinte même du Stade….
Jacques Vendroux, chef du service des sports de Radio-France, co-fondateur avec son copain Thierry Roland du Variety-Club de France et surtout personnage influent du PFF (Paysage Footballistique Français) lance auprès des auditeurs une consultation pour trouver un nom au Stade. Lui, pense à le nommer Platini, co-organisateur de la compétition (avec Fernand Sastre, décédé quelques mois plus tôt) comme pour rendre hommage à son idole et ami. Mais son vœu n’est pas exaucé, c’est finalement le nom « Stade de France » qui l’emporte, mèlant une allusion à la Nation et également à la Plaine de France, toute proche….
D’autres stades à travers l’Hexagone accueilleront également des matches : Le Stade Vélodrome de Marseille (8e arrdt), Gerland à Lyon (7e arrdt), Geoffroy Guichard à Saint-Etienne, Bollaert à Lens, La Mosson à Montpellier, Stadium de Toulouse, Parc Lescure à Bordeaux, La Beaujoire à Nantes et Le Parc des Princes à Paris…
JACQUET LE MAL AIME
Il y aura 32 participants sélectionnés pour l’évènement. Le grand favori est bien sûr le Brésil, tenant du titre. A noter l’absence du Portugal, en effet l’équipe de Figo n’a pas réussi à se qualifier…
Quant à l’équipe de France, les observateurs croient peu en ses chances et les médias enfoncent le clou en torpillant l’entraineur Aimé Jacquet, qui avait succédé à Gérard Houiller, après le fiasco de 1993. Jusqu’alors adjoint du sélectionneur, l’ancien joueur a d’abord été nommé de façon provisoire puis définitive. Malgré une bonne performance lors de l’Euro 1996, la presse dont surtout « L’Equipe » pense que le sélectionneur n’est pas à la hauteur de la tâche à accomplir et croit peu aux chances de succès des « Bleus ».
A défaut d’une certaine presse, le natif de la Loire est estimé par son équipe malgré certains de ses choix, concernant notamment la non-sélection d’Éric Cantona ou de David Ginola… Le capitaine de l’Equipe sera Didier Deschamps. La liste des sélectionnés sera communiquée à la fin mai 1998.
22, V’LA L’EQUIPE DE France
Aimé Jacquet communique la liste définitive des 22 joueurs sélectionnés lors d’une conférence de presse à Clairefontaine (Yvelines).
Outre les trois gardiens de but sélectionnés : Bernard Lama, Lionel Charbonnier et Fabien Barthez (seul ce dernier jouera lors de la compétition), la défense est composée de : Lilian Thuram, Marcel Desailly, Bixente Lizarazu, Franck Leboeuf, Vincent Candela et Laurent Blanc tandis que parmi les milieux de terrain figurent : Emmanuel Petit, Robert Pirès, Alain Boghossian, Christian Karembeu, Patrick Viera, Youri Djorkaeff, Zinedine Zidane et bien sûr Didier Deschamps, le capitaine de l’Equipe.
La ligne d’attaquants sera composée de Stéphane Guivarc’h, Christophe Dugarry, David Trezeguet Bernard Diomède et Thierry Henry qui sera le meilleur buteur Français de la compétition avec 3 buts marqués……
Au préalable, 26 joueurs avaient été présélectionnés puis finalement écartés (dont le jeune Nicolas Anelka, 19 ans), ce qui provoque les foudres d’une certaine presse sportive (dont l’Equipe qui fustige les hésitations du sélectionneur).
Les rapports difficiles établis entre Aimé Jacquet et la presse, cette dernière se montrant très dubitative sur les qualités intrinsèques du sélectionneur de pouvoir mener les Bleus très loin dans la compétition laisseront des traces jusqu’au dénouement heureux qui verra un Aimé Jacquet envoyer des piques assassines « aux scribouillards à qui ils ne pardonnera jamais ».
JULES ET FOOTIX
C’était le nom des deux mascottes : l’une officielle du Mondial, appelé de façon originale Footix et l’autre accompagnant l’Equipe de France prénommée Jules, comme le prénom du fondateur de la coupe du Monde, Jules Rimet. Ce qui ne sera pas du goût des héritiers de celui-ci, accusant les organisateurs de « ridiculiser » leur ancêtre. Mais la polémique, sport national Français rentre vite au vestiaire pour laisser la place au début d’une compétition qui s’annonce pleine d’incertitude pour nos « Bleus » …
AH, SI VOUS CONNAISSIEZ MA POULE
La France absente des compétitions en 1990 et 1994 et finalement « qualifiée » d’office car pays organisateur a encore en tête le traumatisme de ses précédentes éliminations en demi-finale en 1982 et 1986 et toujours face au même adversaire : L’Allemagne (cette fois-ci réunifiée). Comme dit Gary Lineker, entraîneur Anglais : « A la fin, c’est toujours l’Allemagne qui gagne ».
Enfin presque, en 1994, c’est le Brésil qui l’a emporté face à L’Italie (comme en 1970 !), accrochant à son maillot sa 4 -ème étoile (la première en 1958, les suivantes en 1962 et en 1970, avec le roi Pelé).
Au palmarès, elle devance l’Allemagne avec 3 étoiles (1954,1974 et 1990), ex-aequo avec l’Italie (1934, 1938 et 1982). Deux étoilés suivent : l’Uruguay (1930, 1950) et l’Argentine (1978, 1986), tandis que l’unique étoile est accrochée au maillot des Anglais (1966), ce dernier pays étant organisateur à l’époque. De quoi donner quelque espoir à une équipe de France qui en a besoin.
Mais elle sait que la tâche est titanesque : malgré la poussée d’adrénaline que représente une « compétition à la maison », le fait d’affronter les mastodontes cités plus haut paraît relever de l’exploit, même si le Brésil, grandissime favori a plusieurs fois trébuché face aux Bleus (1982 et 1986). On ne parle pas non plus de la Mannschaft, véritable bourreau de nos Onze….
Mais l’Equipe de France aspire à changer de statut, sortir de celui de looser ou malchanceux, à l’instar des Pays-Bas (3 finales perdues) ou de l’Espagne et du Portugal dont le palmarès est vierge….
Lors de ce premier tour, elle va tomber sur une poule relativement favorable dans laquelle elle va rencontrer : l’Arabie Saoudite et l’Afrique du Sud qui ne sont pas des grandes nations de Football a contrario du Danemark qui peut s’avérer être un adversaire plus coriace….
Dix sites ont été choisis pour le déroulement des compétitions : Paris (Le Parc des Princes), Saint-Denis (le nouveau Stade de France), Lens (Stade Bollaert), Lyon (Gerland), Saint-Etienne (Geoffroy Guichard), Marseille (Stade Vélodrome), Nantes (La Beaujoire), Montpellier (La Mosson), Bordeaux (Lescure) et Toulouse (Stadium).
La France entame son premier match contre l’Afrique du Sud et l’emporte assez facilement 3 à 0. Le deuxième contre l’Arabie Saoudite est remporté encore plus facilement 4-0 et voit un Zinedine Zidane prendre un carton rouge après « s’être essuyé les pieds sur un joueur Saoudien » et se voir privé du prochain match contre le Danemark, provoquant la colère d’Aimé Jacquet sur ce « geste impardonnable » …
Malgré cet épisode regrettable (mais heureusement pas aussi fatal que le geste du même Zidane lors de la finale de 2006 face à l’Italie), les Onze se retrouvent en tête de leur poule et se qualifient pour les huitièmes de finale, même si le dernier match contre le Danemark (2-1) ne sera pas une promenade comme les précédents matches…
ASUNCION EN DOULEUR (1/8e)
Joué au Stade Bollaert à Lens, ce fameux match contre le Paraguay ne sera pas une promenade de santé pour nos Bleus qui se qualifieront dans la douleur face à ce petit pays d’Amérique du Sud, ne l’emportant qu’un but à zéro, grâce à la passe décisive de Trezeguet à un Laurent Blanc qui libère son équipe à la 113 -ème minute !
Malgré l’absence de Zidane, toujours suspendu depuis le match contre les Saoudiens, nos Bleus n’ont pas tremblé et ont su gérer leur mental, comme disent les journalistes sportifs.
Voilà une équipe de France qui renoue ainsi avec le succès en se qualifiant pour les quarts de finale, comme en 1982 et 1986. C’est là que commence la ferveur dans un pays qui se remet à rêver, le scepticisme du début fait place à un enthousiasme grandissant.
Mais la prudence doit rester de mise : nos « Bleus » vont croiser sur leur route la « Squadra Azzura » auréolée de ses trois titres de Champions du Monde et qui risque d’être un adversaire bien plus redoutable encore que les valeureux Paraguayens.
LA BOTTE SUR LE FIL (1/4)
Tout un symbole cette rencontre entre le triple champion du monde et deux fois finaliste et une équipe de France auréolée d’un seul titre de champion d’Europe : plusieurs des bleus évoluent alors dans le championnat Italien : Zidane, Deschamps, DJorkaeff ou encore Boghossian qui vont affronter les Cannavaro, Del Piero ou encore Maldini qu’ils côtoient sur les terrains transalpins tout le long de l’année.
Et le match s’avère encore plus compliqué que contre le Paraguay. A l’issue du temps réglementaire, toujours 0-0, les deux prolongations amènent au même résultat et arrivent alors ce que redoutent tout le monde : la séance des tirs aux buts : épreuve souvent mêlée de chance, de regrets et d’injustice.
Le suspense durera jusqu’à ce score final 4 buts à 3 qui propulse nos bleus en demi-finale brisant ainsi le rêve des hommes de la « Squadra » ….
La France retrouve donc le chemin du succès provoquant une nouvelle poussée de ferveur à travers un pays qui voit poindre l’opportunité de pouvoir enfin se hisser sur la plus haute marche du podium…
Les politiques deviennent des supporters inconditionnels des Bleus, à commencer par le Chef de l’Etat, Jacques Chirac, peu connu pourtant pour sa passion pour le Foot. Très affaibli depuis le ratage de la dissolution l’an passé, ce succès du onze tricolore va lui porter chance, laissant même dans l’ombre son « premier ministre de cohabitation », Lionel Jospin, pourtant promis, si l’on en croit les circonstances de lui succéder en 2002… Mais dans le sport comme en politique, il y a toujours des outsiders…….
Côté Show-biz, les artistes s’en mêlent (comme il le fera d’ailleurs en 2018), citons notre Johnny national à qui on demande quel joueur de l’équipe de France, il connait, il réponse du tac au tac « je connais Zazie », on aura compris qu’il faisait allusion à « Zizou » ……
NOS AMIS CROATES (1/2)
Ça devient du sérieux en demi-finale, la France va rencontrer la Croatie…. Ce petit pays des Balkans est venu à bout de la puissante Mannschaft qui ne sera pas le nouveau cauchemar de nos bleus. Mais il ne faut pas sous-estimer la coriacité des Croates et le chemin de la finale n’est pas gagné d’avance.
Jouée au stade de France, cette demi-finale va tourner à l’avantage des Bleus et faire d’un défenseur, le héros du match : Lilian Thuram va marquer les deux buts de la rencontre qui vont hisser les Français en finale, pour la première fois de leur histoire !
Les Français encaisseront un but mais le rêve est au bout des doigts. La seconde demi-finale oppose le favori Brésilien au Onze néerlandais et le match sera bien plus incertain que le précédent. Il faudra attendre la cruelle séance des tirs au but pour voir l’équipe de Ronaldo l’emporter : 4 buts contre 2.
La France rencontrera donc le Brésil en finale et espère bien venger la légendaire équipe des Kopa et Fontaine qui avait échoué aux portes de la finale en 1958 !
L’hexagone vit comme dans un rêve. La ferveur a touché toutes les couches de la population et dans un pays généralement connu pour son défaitisme en matière sportive et patriotique bien que toujours chauvin, le coefficient d’excitation est au plus haut. On parle de la « génération Black-Blanc-Beur » et les Zidane, Deschamps, Thuram, DJorkaeff, Karembeu et tous les autres deviennent des héros, sans parler de leur entraîneur, Aimé Jacquet qui troque son costume de looser en winner ……
Dans les médias, « L’Equipe » change sa ligne éditoriale, sur les ondes d’Europe 1, le truculent Eugène Sacco Mano s’enflamme devant les performances de nos bleus aux portes d’un sacre aussi inattendu que mérité !
RIO NE REPOND PLUS
Les jours qui vont suivre vont plonger tout le pays dans un état de fébrilité incomparable. L’équipe de France de Football sait qu’elle a un rendez-vous avec l’histoire qu’elle ne peut pas manquer même si elle affronte la Seleção, plus habituée qu’elle a disputer des finales de coupes du monde : elle va entamera le 12 juillet, la sixième finale de son histoire (dont quatre se sont soldées par des victoires) !
Malgré son accession inédite en finale et l’enthousiasme suscité par cet exploit, l’équipe de France et son entraîneur ne sont pas épargnés par les critiques concernant la faiblesse de son côté offensif et de la difficulté à gravir les échelons de la compétition : poule de qualification facile, match contre l’Italie au tir au but, douloureuse victoire contre le Paraguay et enfin match très disputé contre la vaillante Croatie ne font pas forcément des Onze les favoris de cette finale.
La non-participation de Laurent Blanc, à la suite de son carton rouge contre la Croatie renforce le doute quant à la capacité réelle de la France à ébranler la citadelle Brésilienne. Cependant, le futur sélectionneur de l’équipe de France embrassera le front du gardien de but Barthez en signe de porte-bonheur comme il l’a fait dans les tours précédents.
Ce dimanche 12 juillet 1998 en début de soirée, l’enceinte du Stade de France accueille 80 000 supporters, soit l’équivalent de la population d’une ville comme Poitiers ou Pau, prêts à faire la « Ola » à n’importe quel moment de ce match historique….
Les Brésiliens, dirigé par Zagallo qui peut se targuer alors d’être le seul avec Beckenbauer à avoir réussi le doublé champion du monde Joueur-Entraîneur (Didier Deschamps les a rejoint en 2018), il aligne ses joueurs vedettes : Ronaldo, Leonardo, Bebeto, Roberto Carlos, Cafu et bien sûr, le gardien Taffarel….
Côté Français, Aimé Jacquet aligne son équipe-type : Zidane, Desailly, Lizarazu, Deschamps, Djorkaeff, Karembeu, Petit, Dugarry ou encore Guivarc’h.
La partie se déroule sans une véritable domination d’une des deux équipes, chacune d’entre elles s’offrant des occasions jusqu’à la 27 -ème minute qui voit Zinedine Zidane marquer de la tête dans les cages de Taffarel. 1-0 pour la France, le stade s’enflamme mais le match est loin d’être joué, tant les Brésiliens tentent de répliquer jusqu’à la fin de la 1ère mi-temps. Peu avant le coup de sifflet, Zidane réitère un nouveau coup de tête qui transperce la cage Brésilienne. 2-0 ! Le stade est en ébullition et la France entière commence à croire en ses chances…le rêve risque de devenir réalité….
La seconde mi-temps va devenir riche en suspense insoutenable, les risques d’une « remontada » Brésilienne ne sont pas à exclure mais les joueurs de Jacquet ne sont plus dans le même cas de figure que lors des compétitions précédentes : le mental a pris le dessus sur le doute et la peur de vaincre, à la 91 -ème minute, Emmanuel Petit, parti en solitaire inscrit le 3 -ème but, celui de la victoire qui atomise les Brésiliens, une nouvelle fois victime des Français (comme en 1986 et comme plus tard en 2006).
Le coup de sifflet final de l’arbitre Marocain Mr Belqola, provoque un tsunami d’allégresse et dans le stade et dans tout le pays, ou les klaxons et les scènes de liesse populaire inondent les moindres rues des villes et villages de France….
Et Un, et Deux et Trois-Zéro !
Ce score sans appel provoque cependant le désarroi de la Seleção et de toute une nation, le Brésil. La Samba est vite remplacée par le mythique « I Will survive » de Gloria Gaynor.
Chez les commentateurs du match « L’Equipe de France est championne du monde » répète sans cesse Jacques Vendroux, « Extraordinaire » clame le truculent Eugène Saccomano.
Les journalistes de« L’Equipe » si sceptiques avant la compétition changent leur ligne éditoriale en encensant cette fois ci les « Bleus » malgré le cinglant « je ne leur pardonnerai jamais » que grommelle Aimé Jacquet à leur endroit. Ce qui n’empêchera le quotidien du sport de connaître un tirage historique……
MIEUX QU’A LA LIBERATION
Ce dimanche soir verra donc la France entière fêter ses héros. A Paris, les Champs-Elysées sont engloutis par une marée humaine de plus de 1 million et demi de personnes, plus qu’à la Libération en 1944 pour célébrer cette victoire historique … Partout ailleurs en France, c’est le délire, sur toutes les chaînes de télévision, c’est du « spéciale Coupe du Monde non-stop ».
Les bleus redescendront le lendemain les « Champs » à bord d’un bus impériale face à une marée humaine. C’est la deuxième fois que des footballeurs paradent sur « la plus belle avenue du monde », la première fois c’était en 1976, quand Saint-Etienne avait perdu en finale contre le Bayern. Cette idée originale était due une fois de plus à Jacques Vendroux, déjà journaliste à France Inter et homme influent dans le Football Français.
Cette fois-ci c’est une « victoire » avec encore plus de monde qu’à la Libération en 1944 (+ de 1,5 millions de personnes), quand le « vainqueur du moment », le Général de Gaulle, également grand-oncle par alliance du même Vendroux les avaient arpentés. Décidément une affaire de famille…
LA FRANCE REBOOSTEE
La nuit du 12 au 13 juillet 1998 aura été blanche pour bon nombre de Français qu’ils soient en vacances ou ailleurs. Les Bleus seront reçus à l’Elysée par Jacques Chirac qui leur remet la légion d’honneur et prononce un sympathique lapsus « Merci à cette équipe de France qui a gagné la Coupe de France…euh pardon, la Coupe du Monde » provoquant l’hilarité générale….
Une légende persistante laisse penser que l’économie Française a gagné un petit point de PIB et redonner le moral aux ménages, c’est partiellement vrai mais sacrement enjolivé. Ce qui est plus vrai cependant concerne le développement des clubs de Football suscitant une vocation pour les plus jeunes notamment des quartiers…Ah, l’effet Black-Blanc-Beur, une parenthèse enchantée pour oublier les problèmes d’intégration….
Et puis, la floraison des prénoms devenus à la mode : Lilian, Zinedine, etc….Un souvenir personnel : lors du feu d’artifice du 14 juillet, dans le parc du Château de Rambouillet, la voix puissante du Maire, Gérard Larcher qui lança à la foule : « Et un, et deux et trois-zéro » répété par les 3000 spectateurs présents….plus mon fils Loann qui tambourinait de joie dans le ventre de sa mère Magalie avant de naître un mois plus tard….
VINGT ANS APRES...
1998-2018 ! Le temps d’une génération…. Vingt ans pour accrocher une deuxième étoile au maillot de ces "Bleus" qui à l’époque n’étaient que de jeunes enfants, l’un d’entre eux n’était d'ailleurs même pas né : Killian M’Bappé, sacré champion pratiquement au même âge que Pelé soixante ans plus tôt !.
Entre temps: le rêve déçu de 2006 avec simultanément la "Panenka" de génie puis le coup de tête de Zidane sur le provocateur Matterrazi à dix minutes de la fin de la finale…, la « grosse tête » des héros de 1998 qui sont sortis dès le premier tour de la compétition en 2002, la lamentable « grève de 2010 », la période du purgatoire, du désamour des supporters français, jusqu’à la rédemption de 2014, où sous l’impulsion de Didier Deschamps, les Bleus ont retrouvé des couleurs et surtout de l’estime de leurs contemporains……
On connait la suite……