LE DIABLE DANS LA BOITE
DU COTE DE TOURS
Ah, le Congrès de Tours… 91 ans après celui qui provoqua la scission de la SFIO en deux : d’un côté une gauche socialiste et de l’autre voyant l’émergence de la SFIC, embryon du futur parti Communiste.
Parlons-en du Parti Communiste qui fut le mouvement politique leader de la gauche jusqu’en 1981 avant de connaître un long mais inexorable déclin qui peut s’expliquer de différentes façons : le coup politique génial de François Mitterrand qui fut l’artisan majeur d’une Union de la Gauche susceptible de faire vaciller l’inamovible pouvoir de droite tout en donnant une image de modernité avec un parti à la Rose, porteur de renouveau politique et séduisant une classe moyenne, avide de changement …
Tout le contraire d’un parti à la « faucille et le marteau » qui a tardivement abandonné la « dictature du prolétariat » et est resté aveugle face à l’effondrement inévitable du grand frère Soviétique, sans oublier la désindustrialisation de la France, réduisant considérablement une classe ouvrière prompte à voter pour le parti de la Place du Colonel Fabien….
Mais une classe ouvrière qui existe toujours et qui va se détourner du parti déclinant pour être sensible aux sirènes d’un Front National qui compte bien récupérer cet électorat populaire souvent situé dans les territoires sinistrés de la République.
DEMANDEZ LE PROGRAMME
Fraîchement élue, Marine le Pen veut définitivement imprimer sa griffe sur le mouvement co-fondé par Papa mais en tentant de gommer les côtés les moins reluisants qui nuisent à l’essor du parti : exit les calembours douteux et autres dérapages du géniteur et de développer une vaste stratégie de « dédiabolisation » d’un mouvement qui fait toujours peur à la majorité des électeurs….
Pour percer en politique, il faut surtout utiliser les médias et pas toujours avec modération surtout quand le succès est au « rendez-vous » lors des prestations télévisées. A tel point, que les sondages pour la Présidentielle de 2012 qui annoncent un score de 24 % des intentions de vote au premier tour plaçant même le FN en pole position. Du jamais vu….
Puis dérouler un programme contenant des mesures chocs : d’abord fustiger le libéralisme et le mondialisme, doctrines selon elle qui conduisent des pays comme la France à la ruine mais plutôt de prôner le retour à l’indépendance de notre beau et vieux pays, tant au niveau économique, monétaire et bien sûr institutionnel. En bref, couper le cordon ombilical avec Bruxelles et ses fameux diktats….
Le grand dada du Front National, outre la réduction de l’immigration et l’exclusion systématique de tous les clandestins, c’est également la sortie de l’Euro et le retour au bon vieux Franc…Une augmentation des budgets de l’Etat et surtout du SMIC sans oublier la défense de la ruralité sont à l’ordre du jour.
Un programme économique et social autant alléchant qu’irréaliste pour une frange non négligeable d’un électorat déboussolé vivant les territoires oubliés de la république, ceux que l’on va surnommer la « France périphérique ».
Mais Marine Le Pen frappe ou ça fait mal, se posant en recours face à ce qu’elle appelle : « la bande des quatre » qui se réduira par la suite à « L’UMPS », en clair l’UMP et le PS co-responsables selon elle de tous les maux qui rongent la France depuis trois décennies : chômage endémique, immigration de masse et insécurité », perte de souveraineté de l’Hexagone….
MEDAILLE DE BRONZE
A l’orée de la campagne présidentielle qui s’annonçait très favorable à l’héritière du mouvement frontiste, voila que celle-ci se plaint de peiner à obtenir les fameuses 500 signatures d’élus, sésame indispensable pour espérer conquérir à la magistrature suprême. Info ou intox, toujours est-il que MLP fait durer le suspense et pointe du doigt certaines personnes très haut placées pour l’empêcher d’arriver à ses fins….
Le principal responsable de cette obstruction ne serait autre que : Nicolas Sarkozy, président sortant menacé de non réélection parce que les sondages la donne perdante face à un François Hollande, naguère outsider et qui a bénéficié de la disgrâce du favori de la gauche, Dominique Strauss-Kahn pour s’imposer lors de la primaire socialiste et qui mise tout sur « l’anti-sarkozysme viscéral » et sur « l’ennemi à combattre qu’est le monde de la finance ».
Finalement, Marine Le Pen obtient ses signatures mais ne terminera qu’en troisième position à l’issue du premier tour avec un peu plus de 18 %, un score décevant pour elle mais cependant meilleur que celui de son père qui s’était cependant hissé au 2 -ème tour en 2012.
Elle ne donne pas de consigne de vote, préconisant le vote blanc. Même si une petite majorité porte leurs suffrages sur Sarkozy, celui échoue cependant face à François Hollande….
LE PLAFOND DE VERRE
Mais Marine Le Pen repart à l’assaut des législatives et surtout de la 14ème circonscription du Pas-de-Calais, celle d’Hénin-Beaumont, devenu son fief électoral qu’elle compte bien ravir au parti socialiste.
Elle va trouver sur sa route, outre le socialiste Philippe Kemel, une vieille connaissance en la personne de Jean-Luc Mélenchon, alors député Européen et leader du parti de Gauche, qui s’auto-parachute sur cette terre ancrée à gauche pour être prêt à en découdre avec sa meilleure ennemie….
Mais le futur leader de la France Insoumise trébuche dès le premier, ses talents d’orateur n’ont pas convaincu les habitants d’Hénin-Beaumont qui ne lui accordent que 11% des suffrages exprimés laissant sa rivale, arrivée en tête, affronter le candidat socialiste……
Mais une fois de plus, Marine Le Pen est victime du « plafond de verre », cette fusion des voix venues d’électeurs d’horizon politique différente qui l’empêche de l’emporter mais avec un score qui chatouille les 50 %….
LE DUO
Battue mais confiante pour l’avenir, elle peut se réjouir (ou pas) de voir de deux ses candidats se faire élire : d’abord Gilbert Collard dans le Gard. En effet, le célèbre avocat Marseillais s’est fait élire dans la circonscription de Saint-Gilles du Gard mais sous l’étiquette « Rassemblement Bleu Marine » un nouveau mouvement connexe au Front National qui abrite les déçus de la droite classique avec pour dessein d’élargir le spectre frontiste trop étroit. L’avocat médiatique atterrit dans un mouvement proche de la droite extrême, lui qui avait commencé au Parti Socialiste, puis voguer vers l’UDF et les divers droites….
La deuxième candidate est elle encartée au Front National, c’est une étudiante de 22 ans qui se fait élire dans le Vaucluse, surtout grâce au maintien d’une candidate socialiste qui avait refusé de se retirer à l’issue du premier. Elle s’appelle Marion Maréchal Le Pen, qui n’est autre que la nièce de la patronne du Front et bien sûr la petite-fille de l’ancien chef, Jean-Marie.
Cette ravissante jeune femme est la fille de Yann Le Pen, la plus discrète des filles Le Pen et de Samuel Maréchal, valeur montante du FN dans les années 90. On apprendra par la suite que Marion est la fille naturelle de Roger Auque, journaliste à RTL et ancien otage au Liban….
La novice en politique, à la vocation peu affirmée va rapidement se transformer en rivale de sa Tata, ne tardant pas à regrouper autour d’elle un réseau de partisans conséquents pour l’emmener à briguer la présidence de la région Paca en 1995.
Deux député(es) c’est bien peu, tellement peu que ces deux derniers doivent s’inscrire chez les non-inscrits, c’est-à-dire chez les obscurs, les sans-grades, comme diraient d’autres. On est loin des 35 députés de 1986 lorsque le scrutin était à la proportionnelle, seul moyen pour le FN de pouvoir peser sur l’échiquier politique.
LE CONSEILLER DE MADAME
Mais la nouvelle patronne du FN ne se décourage pas, elle est bien décidée à continuer la dédiabolisation du parti. Son nouveau conseiller est Florian Philippot, un trentenaire, énarque et HEC, qui a fait ses classes avec Jean-Pierre Chevènement période souverainiste et qui va souffler à sa patronne les bonnes recettes pour séduire un électorat élargi, c’est-à-dire issu des traditionnels bataillons frontistes….
Et la mayonnaise va prendre, malgré des réticences en interne, quand les vieux briscards du parti ne voient pas forcément d’un bon œil la nouvelle ligne directrice qui remet en question certains des fondamentaux de la « doctrine Le Peniste » … Certes l’immigration et l’insécurité restent des thèmes majeurs mais d’autres font leur apparition comme la sortie de l’Euro, responsable de l’appauvrissement des classes populaires, ou encore de l’anti-mondialisme et surtout la défense des territoires en déshérence. Le Front National nouvelle version veut devenir un parti comme les autres mais avec les vertus en plus, mettant en avant les dérives démocratiques de l’UMP-PS, plombées par les « affaires ».
Le tandem MLP-PHILIPPOT veut accéder au pouvoir et non le snober comme voulait le faire Jean Marie Le Pen. Mais pour arriver à ses fins, il faut des alliés sinon point de salut…Le duo joue la carte de la communication, en multipliant les apparitions télévisées, surtout le conseiller Philippot, omniprésent sur les chaînes qui devient le meilleur VRP de son parti…
Bon client pour les chaînes, ayant toujours réponse à tout en bon énarque qu’il est, dénonçant à volo l’incurie des gouvernants qui ont mené le pays à la ruine depuis 30 ans, selon lui. L’année 2014 va constituer un grand cru pour le Front National, c’est l’année des élections municipales et celle des régionales. Ces consultations électorales intermédiaires ont souvent la particularité de sanctionner le pouvoir en place.
Le tandem Hollande-Ayrault connait des difficultés croissantes, doublé d’une grogne au sein de la majorité et d’une impopularité record pour le chef de l’état. Les belles promesses du discours du Bourget ne sont plus que de lointains souvenirs pour un électorat traditionnel de gauche pour laisser la place à une dure réalité du terrain….
QUATORZE ECHARPES TRICOLORES
Et la sanction tombe : une débâcle pour la gauche à ces municipales ou elle perd plusieurs de ses bastions au profit de la Droite (UMP et UDI) qui prend sa revanche sur 2012 en s’affichant comme grand vainqueur de la consultation : outre la récupération des grandes villes perdues en 2008 (Amiens, Caen, Reims, Toulouse, Saint-Etienne ou Argenteuil), elle conquiert Tours, Limoges pourtant socialiste depuis un siècle ou Tourcoing et Roubaix. Cependant, elle échoue à prendre Paris, où Anne Hidalgo succède à Bertrand Delanoë et bat la parachutée essonnienne Nathalie Kosciuszko-Morizet et Lyon ou Gérard Collomb triomphe. Marseille est conservée par Jean-Claude Gaudin ainsi que Bordeaux avec Alain Juppé.
Mais le triomphe de la Droite concerne surtout les petites et villes moyennes. Il en ravit 155 de plus de 9 000 habitants à la Gauche ! Le FN lui qui avait misé sur la conquête d’une quinzaine de villes gagnables réussit son pari. D’abord, à Hénin-Beaumont, le fidèle Steeve Briois est récompensé de ses années de terrain en prenant la ville dès le 1er tour.
D’autres villes suivent au nord comme au sud : A Villers-Cotterêts, Beaucaire, Fréjus ou le jeune David Rachline profite de la division de la droite pour s’emparer de l’ancien fief de la famille Léotard, à Béziers, soutenu par le FN sans y appartenir, Robert Ménard, fondateur de Reporters sans frontières, ancien militant gauchiste y est largement élu. Citons encore Le Pontet, Cogolin ou Le Luc (Var) ou encore Hayange (Moselle) ou l’ancien militant CGT Florent Engelmann remporte l’ancienne cité sidérurgique.
Mantes-la-Ville est la seule ville Francilienne a tomber sous les griffes du parti Frontiste avec Cyril Nauth. Le bilan est donc positif pour un parti traditionnellement hermétique au scrutin majoritaire même si la moisson reste modeste.
LE TRIOMPHE EUROPEEN D’UN PARTI ANTI EUROPE
Mais le Front National connait son heure de gloire lors des Elections européennes de cette année 2014 en obtenant le meilleur score de son histoire avec 25 % des suffrages exprimés, le plaçant en tête devant l’UMP avec 21 % et surtout le PS-MRG avec 14 % qui signe là sa plus mauvaise performance. « Nous sommes devenus le premier parti de France » claironne Marine Le Pen, à l’annonce des résultats qui vont lui permettre d’envoyer à Strasbourg pas moins de 24 députés, contre 20 à l’UMP qui ne consolide pas son triomphe des municipales et 13 à un PS qui fait son score le plus faible depuis 1984. Le reste des sièges se répartit entre les centristes de l’UDI et du Modem, du Parti Communiste ou Europe Ecologie les Verts…
Le taux de participation reste faible avec 42 % des inscrits, ce qui est classique pour ce type d’élection sans véritable enjeu, d’ailleurs le FN qui se targue d’être devenu leader ne sera pas dans un premier temps enclin à former un groupe regroupant les principales composantes de la droite extrême …. Elle le fera a posteriori mais verra cependant plusieurs de ses membres faire sécession, pas moins de six….
Marine Le Pen qui quittera Strasbourg en 2017 pour rejoindre l’Assemblée nationale, son compagnon Louis Alliot qui fera de même, Bruno Gollnisch, Jean-Marie Le Pen, Florian Philippot ou encore Marie-Christine Arnautu sont les élu(e)s du moment et affichent pour certains une unité qui n’est que de façade…..
LE REVE BRISE DES REGIONALES
Le vent en poupe : la navigatrice Marine Le Pen, épaulé par le tacticien Florian Philippot continue de surfer sur la vague de mécontentement général concernant l’action du pouvoir en place. Jean Marc Ayrault a été évincé à la suite des revers électoraux pour céder la place à l’ambitieux mais très minoritaire (dans son parti) Manuel Valls.
Boostée par des sondages flatteurs la plaçant en tête pour la future présidentielle, l’héritière continue de ratisser ce qui est devenu un terrain vague : le paysage politique français…… C’est clair la présidente du FN a l’ambition d’être au second tour de l’élection présidentielle et de remporter cette-ci. D’abord en attirant vers elle la frange la plus conservatrice de la droite et de récupérer tous les déçus de la gauche.
Son stratagème fondé sur la fin de l’hégémonie de l’UMPS s’affine au fil du temps, jouant sur la lassitude des électeurs, sur l’envie de renouveau politique, sur les craintes voire les peurs générées par la mondialisation qui met à mal, selon elle, le modèle Français.
Haro sur l’Europe de Bruxelles, retour à la Nation et à l’indépendance nationale, éradication de l’immigration clandestine, renforcement de la sécurité, sortie de l’euro, mise en place d’un Frexit sont les thèmes qui sont rabâchés lors des interventions télévisées de la leader du parti ou de son fidèle et devenu indispensable Florian Philippot.
A défaut de gagner des sièges à l’assemblée nationale, la conquête des territoires parait bien plus plausible. Les sondages prédisent au FN la possibilité de rafler au moins 5 des 13 nouvelles régions françaises à la suite de la réforme territoriale de 2014.
Les deux régions les plus gagnables semblent à présent être celle des Hauts de France, comprenant les anciennes régions Nord Pas de Calais et Picardie, terres propices à l’essor du Front national qui a trouvé dans ces territoires ayant subi depuis trente ans les méfaits de la désindustrialisation qui ont développé un chômage souvent supérieur à la moyenne nationale et une population en quête d’un second souffle économique….
Au Nord, terre d’élection de Marine Le Pen, le succès de remporter l’élection est très fort. Ce territoire, naguère fief indéboulonnable du Parti Socialiste est fortement menacée. Le parti présidentiel sera représenté par un bras droit de Martine Aubry, Pierre de Saintignon, lointain cousin de Philippe de Villiers et vice-président sortant de la désormais ancienne région Nord-Pas de Calais. Pour l’affronter, La Droite classique présente l’ancien ministre des Affaires Sociales, Xavier Bertrand, Député-Maire de Saint Quentin
On craint une triangulaire qui risque d’être fatale pour les partis traditionnels. A l’issue du premier tour, Marine Le Pen arrive largement en tête avec 40 % des suffrages exprimés, loin devant Xavier Bertrand avec 24 % et la Gauche sortante avec seulement 18 % est bien mal en point. Ce qui incite Pierre de Saintignon à préférer se retirer pour laisser la voie libre à Xavier Bertrand afin d’empêcher Marine Le Pen d’accéder à la Présidence de la Région.
Son sacrifice qu’il juge salutaire implique qu’il n’y aura aucun élu de gauche dans la future assemblée régionale. Une première. Au second tour, l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy l’emporte avec 57 % des suffrages, il peut remercier la Gauche qu’il promet d’associer indirectement à sa future action politique.
Au Sud, Marion Maréchal Le Pen, benjamine de l’assemblée nationale semble en bonne voie pour succéder au cacique socialiste Michel Vauzelle. Celui-ci ne se représente pas, cédant sa place à un élu des Alpes de Haute-Provence, le maire socialiste de Forcalquier : Christophe Castaner (eh oui, l’actuel Ministre de l’intérieur, futur très proche d’Emmanuel Macron) tandis que la Droite présente l’indéboulonnable maire de Nice, Christian Estrosi….
L’élection va se dérouler avec le même scénario que dans les Hauts-de-France : Marion Maréchal Le Pen arrive largement en tête avec 40 % des suffrages exprimés, loin devant Christian Estrosi avec 26 % et Christophe Castaner avec 17 %. Ce dernier décide de se retirer pour empêcher les risques d’une triangulaire qui permettrait à la Nièce de s’emparer de la Région….
Au second tour, Christian Estrosi sera élu avec 57 % des suffrages grâce à une Gauche sortante qui n’aura également aucun élu. Cruel destin, d’autant que Christian Estrosi abandonnera la Présidence pour retrouver son fauteuil de Maire de Nice et Marion Maréchal abandonnera purement et simplement la vie politique (provisoirement) tandis que Christophe Castaner quittera le PS pour rejoindre les rangs d’En Marche……
Au soir du 2 -ème tour, aucune région n’aura à sa tête Aucun élu Frontiste, les treize régions métropolitaines seront dirigées par 7 élus de Droite (Hauts-de-France, Rhône-Alpes, Normandie, Ile de France, PACA, Grand Est, Pays de la Loire) et 5 de Gauche (Centre Val de Loire, Bourgogne-Franche Comté, Occitanie, Bretagne) et 1 par les Nationalistes (Corse).
Grosse déception pour Marine Le Pen qui lorgne désormais sur la Présidentielle de 2017.
PAPA OUTE
Les calembours et autres provocations du « Menhir » ont fini par lasser la nouvelle direction du Front National. Le co-fondateur du mouvement constitue à présent un obstacle pour sa propre fille qui compte bien accéder au pouvoir et non se contenter du contre-pouvoir permanent. Avec son titre de Président d’honneur, le vieux Jean Marie pourrait se satisfaire de jouer les « sages » mais ce n’est pas dans son tempérament d’éternel provocateur.
Lors du rassemblement du 1 er mai, il tente de « voler » la vedette à sa fille, visiblement satisfait de ne plus jouer les « has been » le temps d’une journée mais cela reste une illusion. Il est loin le temps ou le « Chef » faisait l’unanimité, à présent même s’il garde la sympathie de la vieille garde, les nouveaux militants ne reconnaissent que la légitimité de son héritière, sans parler des nouvelles têtes d’affiches du parti (Collard, Philippot) qui ne cache pas leur inimité pour le co-fondateur du Front….
Les choses ne vont pas s’arranger et Jean-Marie Le Pen va forcer le trait dans la provocation…Il ressurgit l’histoire des « Chambres à gaz, point de détail de l’histoire de la seconde guerre mondiale » qui lui a valu plusieurs condamnations devant les tribunaux et contrarie la volonté du FN de gagner ses galons de respectabilité….
La fille conseille au père d’abandonner sa carrière politique et de laisser le FN changer sa ligne politique pour enfin accéder au pouvoir, mais le « Menhir » est persuadé que sa fille est sous l’influence de Florian Philippot qui pourrait également être le nouvel « Iznogoud » comme le fut naguère Bruno Mégret pour lui-même et entend bien continuer à jouer un rôle au sein du parti qu’il a cofondé….
Lors d’une assemblée extraordinaire, il est « exclu du parti » malgré les protestations de ses fidèles et surtout de sa petite-fille, Marion Maréchal, qui avait été incitée par lui de se présenter aux législatives de 2012 dans le Vaucluse pour devenir la plus jeune députée de l’histoire de la République à 22 ans…
On connait la suite du feuilleton politico-judiciaire, Jean Marie Le Pen fait appel de cette exclusion qu’il juge illégale et finira par gagner son procès en étant « réhabilité » sans pour autant pouvoir siéger au siège de Nanterre….
Après avoir « rompu les lieux familiaux » avec sa fille aînée Marie-Caroline lors de la terrible scission entre Lepéniste et Mégrétiste, le voilà qu’il se brouille avec sa benjamine, jusqu’à ordonner qu’elle ne porte plus son nom qu’il juge Sali….
Il faudra attendre 2018 et les gros ennuis de santé du Patriarche pour que celui-ci se réconcilie avec sa progéniture, du moins en façade… C’est parfois dur de travailler en famille, comme l’évoque parfois le fameux adage….
LA GRANDE ILLUSION
Outre la brouille avec Papa, c’est également la concurrence avec sa nièce qui empoisonne la vie de la présidente du Front National. La jeune députée du Vaucluse a gagné en maturité et semble faire de l’ombre à sa tante sur le terrain des idées…
Marine Le Pen, épaulée par l’indispensable Florian Philippot continue la dédiabolisation du Front National et compte bien élargir son audience en cherchant des alliances, seule condition pour espérer l’emporter. Elle espère bien « débaucher » les éléments les plus « à droite » de la Droite. Elle pense qu’elle affrontera au deuxième tour la principale force d’opposition tant les chances de la gauche de se qualifier sont minces.
La popularité de François Hollande est au plus bas. Son changement de cap politique est aussi courageux que mortifère pour lui. Une partie non négligeable de la majorité, celle qu’on appelle les frondeurs s’opposent à lui et son premier Ministre, Manuel Valls, accusé de faire une politique « clairement à droite ». Sa rupture très médiatisée avec la bouillonnante journaliste Valérie Triel Weiller qui publie un brûlot vengeur sur son compagnon qui devient un best-seller l’affaiblit encore plus.
François Hollande a le tort d’aimer parler aux journalistes, corporation habituellement mal aimée des dirigeants politiques. En se confiant aux deux journalistes d’investigation du monde, Davet et Lhomme dans « un président ne devrait pas dire ça », il brouille encore plus son image déjà ternie....
La droite organise sa primaire fin 2016. Le grand favori est Alain Juppé, 70 ans, ancien Premier ministre de Jacques Chirac qui le considérait comme « le meilleur » au sein du RPR. Cette même droite qui aura été très présente lors de la « Manif pour tous », toujours prompte à combattre les réformes sociétales même si elle en était à l’origine (La loi Neuwirth sur la pilule abortive, la loi Veil sur l’avortement) ou encore le PACS en 1998.
Marine Le Pen reste très discrète sur ces manifestations. En fait, la présidente du FN est « gay-friendly ». En effet, plusieurs de ses proches sont ouvertement homosexuels, notamment Steeve Briois, Bruno Bilde, le transfuge de l’UMP, Sébastien Chenu ou encore Florian Philippot, bien que ce dernier ait été victime d’un « coming-out » forcé….
Florian Philippot qui continue à jouer un rôle prédominant dans le parti Frontiste, cassant quelque peu « les fondamentaux » : on le voit se recueillir sur la tombe du Général à Colombey le jour anniversaire de sa disparition, ce qui peut provoquer des boutons aux historiques des « comités Tixier-Vignancour » farouches adversaires de l’homme du 18 juin….
De nouvelles têtes apparaissent sur l’espace médiatique : notamment Nicolas Bay qui alterne sur les plateaux télé avec Florian Philippot, toujours prêts à fustiger « L’UMPS », responsables de tous les maux de la France depuis 30 ans.
Le Front National se veut une force nouvelle, la fameuse « troisième voie » qu’il faut pour la France, ni à Gauche ni à Droite, niant son appartenance à « L’extrême-droite », se targuant au contraire de représenter « les patriotes voulant redonner un sens à l’idée de nation qui a été maltraité par le diktat de Bruxelles » (sic).
Malgré un « Front Républicain » qui sévit toujours lors des élections cruciales, certains électeurs occultent de moins en moins leur « vote FN », d’autres le revendiquent même. Aux régions propices au vote FN (Nord Pas de Calais et PACA), s’ajoutent de futurs fiefs notamment dans le Grand Est et dans la plupart des zones sinistrées du territoire, celles minées par la désindustrialisation provoquant un[PD1] chômage de masse ou d’autres dans les banlieues défavorisées gangrénée par une insécurité grandissante.
Marine le Pen fait la tournée des popotes dans les fédérations pour vendre son « projet politique » le seul selon elle capable de sortir la France de son inexorable déclin. Les grands thèmes y sont incessamment abordés devant une foule de plus en plus convaincue que le grand soir peut arriver « Marine ça urge » voit-on inscrits sur certaines affiches de propagande électorale…
A la gauche et la droite qui ont vendu la « maison France » aux eurocrates de Bruxelles, elle propose de redonner du lustre « à notre cher et vieux pays », d’abord en quittant la zone Euro pour un retour au Franc dans les plus brefs délais, puis sortir de l’union européenne, prendre à bras le corps le problème de l’immigration que les adversaires politiques continuent de favoriser. « Plus de dix millions d’étrangers sont entrés sur le sol français depuis les années 60. » clame-t ’elle.
La dirigeante du Front préconise la « Préférence nationale », faisant ressurgir les vieux fantasmes xénophobes de l’entre-deux-guerres, mettant en avant le fait que nous n’avons plus les moyens d’accueillir autant de populations, souvent d’origine musulmane qui constitue un danger pour une France laïque et républicaine…
Le Front National nouvelle version, aidé par ses organisations connexes (le Rassemblement Bleu Marine) souhaite devenir le parti des « ouvriers », de la France périphérique, des « patriotes » avec une politique très axée sur un renforcement de l’outil sécuritaire……