LA SEINE COMME METAPHORE
L'ancienne "Auberge du Vieux Garçon". Située à
Morsang sur Seine et qui inspira Simenon qui y résida plusieurs fois...
Pour Christèle D...
Dont la vie est étroitement liée à la présence du fleuve….
MAIGRET SUR SEINE
1931 : Un journaliste et écrivain Belge amarre son Cotre Fécampois à Morsang-sur-Seine (Seine et Oise), une coquette station de villégiature située sur la rive droite de la Seine en amont de Corbeil, à trente-cinq kilomètres au Sud-est de la Capitale.
Il s’appelle Georges Simenon, il est né en 1903 à Liège et il ignore alors qu’il ne va pas tarder à devenir un des écrivains francophones les plus lus de la planète, avec plus de 500 millions d’exemplaires vendus dont une grande partie des romans seront adaptés à la Télévision comme au cinéma……
Un de ses premiers admirateurs n’est autre qu’André Gide, Prix Nobel de Littérature avec lequel il entretiendra une longue et fructueuse correspondance épistolaire et qui voit en lui un « narrateur » hors pair en l’intronisant comme valeur sûre de la galaxie littéraire….
Au cours de l’année écoulée, il a sillonné la plupart des canaux depuis le nord de l’Europe, en compagnie de la photographe Germaine Krull et de son éditeur et le trio est sur le point de publier un roman-photo : « La Folle d’Itteville » dont l’action se situe dans cette petite commune rurale près de la Ferté-Alais, au confluent de la Juine et de l’Essonne….
Il s’agit du premier opus d’une longue série d’ouvrages du même type mais qui ne verront pas le jour faute d’avoir trouvé un public pour le premier….
Cette région du sud de l’Ile de France, située entre Corbeil et Saint-Fargeau Ponthierry via Morsang sur Seine va beaucoup inspirer Simenon puisque l’action de plusieurs de ses romans aura pour cadre cette contrée et ses bords de Seine.
C’est également à cette époque que va naître un personnage sorti de l’imagination du romancier (bien que probablement inspiré de la vie d’un ancien « grand flic » du quai des Orfèvres) : celui du Commissaire Maigret….
Ah, Maigret !…le flic le plus célèbre de France qui continue à « faire des planques » bien que Divisionnaire ou à « passer des nuits blanches au 36 » est né dans le nord de l’Allier, au château de Saint-Fiacre où son père était régisseur. Il effectue alors ses études secondaires au Lycée de Moulins.
Orphelin de père et de mère, il part vivre chez un oncle boulanger à Nantes où il entame des études de médecine qu’il ne termine pas. Il monte ensuite à Paris et s’engage dans la Police, gravissant un à un tous les échelons jusqu’à devenir le Chef de la Brigade Criminelle avec les faits d’armes que l’on connait….
Simenon écrira plus de 85 « Maigret » entre 1931 et 1972 dont « La Guinguette à deux sous », dans laquelle le célèbre commissaire est dépêché de Paris pour y mener une nouvelle enquête, prenant une chambre au « Vieux Garçon » un hôtel restaurant situé à Morsang qui a vraiment existé et que l’auteur de « Maigret » a également fréquenté….
Toute une ambiance, le paradis des pêcheurs à la ligne, du farniente au bord de l’eau, du Muscadet (« fine à l’eau » pour le Commissaire) et du saucisson sec comme pique-nique au bord de l’eau ou des voiliers sont parfois tangués par le passage des péniches. Les bords de Seine, à l’instar de la Marne constituent alors un véritable eldorado du dimanche, où le prolo côtoie le bourgeois qui possède de belles villas cossues surplombant le fleuve….
Mais curieusement, l’ouvrage sera écrit à Ouistreham, station balnéaire du Calvados à plus de 250 km de Morsang sur Seine… En revanche, trois autres « enquêtes » seront y seront rédigées (l’auteur les écrivant en moins d’une semaine et vivant en total huis clos) : « Le pendu de Saint-Pholien », « Au rendez-vous des Terre-Neuvas » et « Monsieur Gallet, décédé » ….
Comme beaucoup de Parisiens, Jules Maigret aime venir passer le dimanche à Morsang avec son épouse, Madame Maigret, (son épouse attentionnée qui sait lui mitonner de bons petits plats à la maison : Blanquette de veau, bœuf miroton) mais là, le couple profite du bon air de la campagne et des plaisirs de la table….
Le célèbre Commissaire divisionnaire quittera le Quai des Orfèvres après plus de trente ans de bons et loyaux services, auréolé d’une gloire qui dépasse le simple cadre de l’Hexagone puisqu’il a sa statue à Delfzijl (Pays-Bas) mais il ne choisit pas les Bords de Seine pour terminer son existence, il prendra finalement sa retraite à Meung-sur-Loire (Loiret) où il pourra s’adonner à sa passion de la pêche non loin de la statue du poète Beauceron Gaston Couté, « l’enfant perdu de la révolte »…..
L’Essonne inspirera également Simenon avec « La nuit du Carrefour » dont l’action se déroule à Avrainville, non loin d’Arpajon, au lieu-dit « la voie creuse ». En fait, l’écrivain séjournait souvent chez plusieurs de ses amis éditeurs : à Guigneville-sur-Essonne (près de la Ferté-Alais) et au « Château » d’Avrainville. Il a notamment écrit le célèbre « Chien Jaune » à la Ferté-Alais….
UBU AU PHALANSTERE
En 1897, Alfred Jarry, accompagné d’un couple d’amis, les Valette, s’installe à Corbeil, dont la région est un lieu de villégiature fort apprécié des Parisiens…mais également de la Bohème littéraire, ce qui a certainement incité l’auteur de « Ubu roi » à venir s’y installer : Alphonse Daudet réside avec son épouse à Champrosay, écart de la commune de Draveil, située sur la rive droite du fleuve et qui reçoivent les frères Goncourt qui eux ont une résidence à Barbizon (Seine et Marne)….
Le trio s’installe dans une maison (qui existe toujours) située quai de l’Apport Paris, non loin des Grands Moulins avec le dessein d’y créer une « communauté », d’ailleurs la maison est d’emblée baptisée « le Phalanstère ».
A cette époque, Jarry est déjà une sommité dans la République des Lettres, il a créé le personnage d’Ubu, inspiré d’un de ses professeurs souffre-douleur au lycée de Rennes où il effectuera sa scolarité secondaire avant d’échouer le reste de ses études supérieures (il rate plusieurs fois le concours d’entrée à Normale Sup et la licence ès lettres).
Né à Laval (Mayenne) en 1873 et mort à Paris en 1907 de la tuberculose, celui qui fut un esprit brillant mais rebelle, aimant la provocation et le loufoque, notamment lorsqu’il énonça son « Traité de Pataphysique », science des « solutions imaginaires » et qui fera des émules un demi-siècle après en la personne de Raymond Queneau ou Boris Vian qui créèrent même un « Collège de Pataphysique » ….
Jarry est certainement un « punk » avant l’heure, sa devise pourrait bien avoir été « no future » sachant que son existence serait de courte durée, au vu de ses nombreux excès, dont une consommation excessive de l’Absinthe, « la boisson qui rendait fou ».
Entre temps, Il côtoie Franc-Nohain, ancien cadre de la Préfectorale, parolier et chansonnier réputé et père de l’animateur Jean Nohain (« trente-six chandelles ») et de l’acteur Claude Dauphin (qui voit le jour dans la ville des Grands Moulins en 1903) qui vient passer des vacances dans la sous-préfecture de Seine et Oise.
Amateur de bicyclette, de pêche et de tir aux oiseaux, il ne tarda pas à devenir « l’homme par qui le scandale arrive » s’attira les foudres du voisinage et des autorités compétentes qui l’obligeront à quitter les lieux au début du XXe siècle pour créer une nouvelle « communauté » à la Frette sur Seine (Val d’Oise).
Visiblement nostalgique des lieux, l’auteur d’Ubu y reviendra pour tenter d’acheter une propriété à Corbeil mais sa mort prématurée, à l’âge de 34 ans mettra un terme à ce projet…….
CHAMPROSAY
À Champrosay, ces gens-là étaient très heureux. J’avais leur basse-cour juste sous mes fenêtres et, pendant six mois de l’année, leur existence se trouvait un peu mêlée à la mienne.Bien avant le jour, j’entendais l’homme entrer dans l’écurie, atteler sa charrette et partir pour Corbeil, où il allait vendre ses légumes ; puis la femme se levait, habillait les enfants, appelait les poules, trayait la vache et, toute la matinée, c’était une dégringolade de gros et de petits sabots dans l’escalier de bois. L’après-midi, tout se taisait. Le père était aux champs, les enfants à l’école, la mère occupée silencieusement dans la cour à étendre du linge ou à coudre devant sa porte en surveillant le tout petit… De temps en temps, quelqu’un passait dans le chemin, et on causait en tirant l’aiguille…
Alphonse Daudet : « Les Paysans à Paris »
Extrait des « Contes du Lundi ».
De nos jours, la physionomie de Champrosay, quartier excentré de Draveil a très peu changé depuis le XIX e siècle où cet endroit surplombant la Seine était prisé par les écrivains ou les peintres.
Le plus célèbre habitant des lieux fut bien sûr Alphonse Daudet (1840-97), auteur très populaire au XIXe siècle et qui est passé à la postérité grâce à plusieurs de ses romans étudiés dans les écoles et collèges : le plus célèbre est bien sûr « Les Lettres de mon moulin » qu’il n’a jamais écrit dans le fameux moulin de Fontvieille (Bouches du Rhône) où il n’a jamais habité non plus, résidant cependant au Château de Montauban tout proche….
Alphonse Daudet sera donc l’auteur de nombreux autres classiques : « Le Petit Chose », « Sapho », sa pièce « L’Arlésienne », la série des « Tartarin » et bien sûr « Les Contes du Lundi ».
Un de ses illustres voisins n’est autre que le peintre Eugène Delacroix, qui a hérité comme lui d'une santé fragile et que le bon air pur de cette localité en bordure de la forêt de Sénart lui permet de se ressourcer et de gagner en inspiration, n’hésitant pas à emmener palette et pinceaux au cœur de cet environnement bucolique…
Mais Champrosay sera également une sorte d’inspiration pour Pierre-Auguste Renoir (1841-1919) qui déserte quelque temps les rives de Seine de Chatou et de Bougival pour celle de Draveil ou il signe notamment ce tableau aujourd’hui exposé au Musée d’Orsay à Paris …
L’artiste figurative Marie Laurencin (1885-1966) achètera une maison à Champrosay toute comme le pionnier de la Photographie Félix Tournachon, dit « Nadar », auteur notamment des portraits d’Alphonse Daudet et d’Alexandre Dumas qui prit domicile dans une des dépendances de l’Ermitage de Sénart……
A quelques kilomètres de là, en amont de la Seine, le peintre Jean-Baptiste Camille Corot, peintre réaliste contemporain de « L’Ecole de Barbizon » qui a trouvé plusieurs sources d’inspiration à Ville d’Avray et près de Chantilly y finit par poser ses pinceaux à Saintry, aux portes de Corbeil.
La ville de Saintry-sur Seine lui a d'ailleurs été reconnaissante, donnant son nom à la Salle Municipale des Fêtes (Salle Camille Corot ») tandis que l’ancienne annexe du Lycée Lakanal de Sceaux, située à Savigny sur Orge devient le Lycée Jean-Baptiste Corot au milieu des années 50…….
ABELARD, HELOISE ET BOURGOIN
Pierre Abélard (1079-1142) est un philosophe et théologien issu d’une famille de la petite noblesse poitevine. Après une solide formation autant intellectuelle que militaire, il décide finalement de se tourner vers l’enseignement.
Ecolâtre, en fait Professeur de dialectique d’abord à Melun, il enseigne également à Corbeil à partir de 1104 et où il restera cinq ans et qui seront les années les plus bénéfiques de sa carrière d’enseignant….
Il est également connu pour sa liaison avec une de ses élèves, Héloïse, nièce du chanoine de Paris, Fulbert. Ils vivront une passion autant spirituelle que charnelle, auront un fils : Astrolabe.
Mais l’Abbé Fulbert, oncle d’Héloïse ne toléra pas cette liaison qu’il jugeait contraire à la morale Chrétienne et soudoya quelques sbires pour émasculer le malheureux Abélard…
Ce dernier termina son existence son existence à l’Abbaye de Saint-Denis tandis que son ancienne dulcinée devint nonne à celle d’Argenteuil….
Au XVIIe siècle, l’ancien militaire au service d’Henri IV puis de Louis XIII, Jacques Bourgoin (1585-1661) devient Gouverneur de Corbeil, sa ville natale en 1652, afin d’y combattre la Fronde qui sévit dans la ville comme dans beaucoup d’autres endroits en France pour protester contre l’autoritarisme grandissant de la monarchie absolue….
Soucieux de donner de l’instruction à ses ouailles, le Gouverneur décide de créer un Collège situé sur la rive droite du fleuve mais qui sera supprimé à la Révolution Française pour être ensuite transformée en Ecole Primaire (qui existe toujours).
Ce bienfaiteur local léguera tous ses biens à sa ville natale et finira par être inhumé au sein de la future Cathédrale Saint-Spire……
LE CORBILLARD
Elle est considérée comme la « première pandémie », du moins celle relatée par les différents chroniqueurs au fil du temps, mais elle ne sera malheureusement pas la dernière….
Entre 1347 et 1352, une terrible épidémie va ravager la majeure partie de l’Europe, du Proche-Orient et le nord de l’Afrique : celle de la « peste noire » qui anéantira près de la moitié de la population européenne, faisant près de 25 millions de victimes.
Il s’agissait d’une variété de la peste bubonique, très contagieuse qui aurait fait son apparition en France sur le port de Marseille, probablement importée par quelques voyageurs en transit dans la cité Phocéenne et qui auraient propagé ce mal contagieux, d’une lointaine contrée extrême-orientale : La Chine (déjà…) ou peut-être l’Inde…….
A Paris, c’est vite l’hécatombe, la ville, moins étendue qu’aujourd’hui est alors peuplée d’un peu plus de 200 000 habitants perdra un peu plus d’un tiers d’entre eux décimés par la pandémie….
Cette poussée exponentielle des victimes que l’on arrivera même plus à inhumer incitera alors les autorités à déplacer les corps vers des contrées un peu plus éloignées et le meilleur moyen de le faire sera la voie fluviale….
Corbeil est située à une trentaine de kilomètres en amont de la Capitale qu’elle approvisionne en blé à l’aide de ses bateaux appelés les Corbeillats. On surnomme la petite cité en plein essor économique, fief des Comtes de Corbeil : « Le Grenier de Paris » mais lors du tragique épisode pandémique, les bateaux déchargés ne « redescendent pas à vide » se transformant en « navette funéraire » avec le rapatriement du nombre pléthorique de malheureuses victimes que l’on enterra finalement dans de « vastes fosses communes » ……
L’AFFICHE ROUGE
Missak Manouchian était né en 1906 dans cette partie du Proche-Orient que l’on appelait alors l’Empire Ottoman et qui se disloqua après la Première Guerre Mondiale. Une partie de sa famille, dont son père qui sera massacré par l’autorité Turque durant le Génocide Arménien…
Arrivé en France en 1925, il s’y installera définitivement. Menuisier de formation, il est également Poète. Il vit à Paris et se lie intimement à la famille Aznavourian….
Il adhère au Communisme par antifascisme lors des évènements de 1934.
Il entrera en Résistance en rejoignant les FTP-MOI.
La MOI (Main d’œuvre Etrangère) est composée de nombreux travailleurs issus d’Espagne, de Pologne ou d’Italie, beaucoup d’entre eux choisissent de rentrer en Résistance, Missak « Michel » Manouchian fait partie de ceux-là, à l’instar d’Henri Krasucki, futur leader de la CGT….
Vivant dans la clandestinité, il monte rapidement les échelons de l’organisation en devenant le directeur politique….
Se sachant traqué, il songe à « mettre en sommeil » le réseau. Le 21 novembre 1943, il a rendez-vous avec Joseph Epstein, responsable des FTP de la Région Parisienne pour en discuter…
Il descend à la Gare d’Evry-Petit-Bourg mais il y sera arrêté par la Police de Vichy qui le pistait depuis son départ ainsi que son camarade Epstein. Mélinée, l’épouse de Manouchian parviendra à s’échapper.
Le réseau sera ainsi démantelé, Manouchian comme Epstein sera exécuté au Mont-Valérien en 1944. On se souvient de « L’Affiche Rouge » qui sera placardée par l’occupant qui dénoncera alors « l’armée du Crime » composés de terroristes qui seront tous fusillés… Aragon en fera un poème, Léo Ferré le mettra en musique…
En 2007, la municipalité d’Evry présidée par Manuel Valls décide d’honorer la mémoire de Manouchian et de ses frères d’armes en inaugurant un mémorial sur les bords de Seine à l’endroit même où le Résistant fut arrêté en 1943.
LA VILLE USINE
A la création de l’Essonne, le 1er Janvier 1968, le département est le moins industrialisé d’Ile de France. Paradoxalement, sa ville principale, Corbeil-Essonnes est la commune la plus industrielle de la même région parisienne avec Gennevilliers (Hauts-de-Seine) ….
Cette tradition manufacturière remonte au Moyen-Age, la cité des Comtes de Corbeil est déjà en plein essor jouissant de sa promiscuité avec la Seine et ses affluents, profitant de la « force hydraulique » pour développer la minoterie. Mais c’est surtout le XIXe siècle et la « Révolution industrielle du Second Empire » qui vont faire des deux cités de Corbeil et d’Essonnes des fiefs industriels de premier ordre……
C’est l’émergence de grandes familles industrielles qui vont régner près d’un siècle sur la région, certaines d’entre elles appartiendront même aux « deux cents familles », ces grandes fortunes qui dominèrent la France de Napoléon III puis de la III è République……
Une des plus emblématiques est la famille Darblay : deux frères Rodolphe et Stanislas, tous deux originaires de la région d’Etampes (l’un est maitre de Poste à Etréchy, et leur père fut maire du village voisin d’Auvers-Saint-Georges).
Ils deviennent des marchands de grains prospères qui s’installent autour de Corbeil au milieu du XIXe siècle reprenant les Grands Moulins et surtout développant une vaste papèterie sur les bords de l’Essonne, dans le quartier Robinson ainsi qu’a Villabé et qui connaitront une grande prospérité, employant jusqu’à 4 000 ouvriers sur ses différents sites avant de connaitre d’abord les premiers signes inquiétants de déclin : d’abord avec la décentralisation imposée par l’Etat : transfert de l’unité qui fabriquait le « Sopalin » vers celle de la région Rouennaise puis de la montée d’une concurrence internationale frénétique (ancêtre de la mondialisation)….
Paul Decauville, fils d’un fermier de Courcouronnes (il possède la ferme du Bois-Briard) et s’installe d’abord sur les bords de seine dans la ville où il a été élu Maire d’une commune qu’il a lui-même rebaptisé « Evry-Petit-Bourg » puis pour cause d’exiguïté de ses locaux, il déménage dans la ville voisine d’Essonnes… A la fois Industriel et Agriculteur à la tête d’une puissante distillerie, il fera fortune dans la commercialisation des chemins de fer à voie étroite qui portent son nom tout en se diversifiant dans les activités de BTP….
Mais l’agglomération de Corbeil-Essonnes comptera également d’autres capitaines d’industries dans des secteurs aussi variés que le Textile : Christophe Oberkampf, déjà établi à Jouy en Josas installe ici une filature tout comme son gendre Ernest Féray, les Crêté fondent une vaste imprimerie employant jusqu’à deux mille ouvriers (ancêtre d’Hélio-Corbeil), les Doittau et leur féculerie, les Gilardoni et les tuileries des Bas-Tarterêts, la Chapellerie avec les Cassé¸ les Balances Testut, les biscottes Exona.....
Mais toute cette industrie manufacturière aussi diversifiée soit-elle et génératrice de nombreux emplois va voir poindre à l’horizon les nuages inquiétants annonçant la fin d’un cycle industriel peu à peu remplacé par celui du tertiaire. Dès 1941, l’entreprise américaine IBM installe un atelier dans la ville après avoir quitté Vincennes pour construire une nouvelle usine au Plessis-Chenet, entre Corbeil et le Coudray Montceaux (dont la gare sera surnommée « IBM ») qui emploiera jusqu’à 4 000 personnes, avant de connaitre des délocalisations vers Orléans et Montpellier….
La construction de l’édifice a été confié à Francis Bouygues, futur magnat du BTP qui signera ici un de ses premiers gros chantiers après avoir déjà fait ses premières armes quelques années auparavant ici même en reconstruisant la Féculerie Doittau ou la Papeterie Darblay, endommagés lors des bombardements….
En 1966, la Snecma installe également une vaste usine qui emploiera jusqu’à 5 000 personnes, en plein champ, sur les deux villes de Corbeil et d’Evry, annonçant pour cette dernière de grands bouleversements économiques et démographiques….
Que l’industrie soit manufacturière ou tertiaire, le patronat local pratiqua un paternalisme affirmé comme dans beaucoup de bassins industriels : plusieurs générations d’employés et d’ouvriers auront fait toutes leurs carrières dans les mêmes usines : il y avait des « Ecoles-Maison », on jouait dans l’équipe de foot-Maison, on était parfois hébergé par l’employeur, etc…etc… avec certainement le désir subconscient de pouvoir acheter la « paix sociale » à une époque de plein-emploi mais ou les conditions de travail et le ressenti de « luttes des classes » étaient encore plus fort qu’aujourd’hui…..
LE SANG DES CARRIERES
Clémenceau, « Briseur de grèves » ….
Manuel Valls, ancien Député-Maire d’Evry aime à dire que Georges Clémenceau est son modèle en politique. « Le Tigre » l’est-il en tant qu’ancien « 1er Flic de France ou comme « Père la victoire » en 1918 ?
Au milieu du XIXe siècle, une importante industrie d’extraction de sable (avec de nombreuses carrières) s’était développée entre Villeneuve-Saint-Georges et Draveil-Vigneux, grâce à un terrain particulièrement favorable.
Sous le Second Empire vers 1865, de nombreuses entreprises se partageaient ce « filon », notamment les frères Piketty, les Morillon ou encore les Charvet….
Le sable était acheminé en péniche vers la Capitale afin de procéder à de nombreux travaux d’aménagement, dont le pharaonique projet de construction du Métropolitain Parisien à l’orée du XXe siècle. Mais les navettes ne redescendaient jamais « à vide », ramenant le remblai des galeries du métro pour reboucher les galeries de la région….
Le travail dans les carrières est particulièrement pénible : les ouvriers subissent des journées interminables (plus de 12 heures par jour) et en plus sept jours sur sept avec un salaire de misère : environ cinquante centimes de l’heure !...
Plus de 700 ouvriers souvent issus de l’exode rural commencée dans les campagnes françaises dès le milieu du XIX -ème siècle ou encore de certaines régions d’Italie se sont installés dans la région et travaillent donc sur les différents sites…
Une personnalité influente de Draveil, Paul Lafargue, auteur de l’ouvrage « le Droit à la Paresse » et qui n’est autre que le Gendre de Karl Marx, décide de venir en aide à ces « nouveaux prolétaires » exploités en créant une section de la SFIO, l’ancêtre du Parti Socialiste…….
La fibre revendicative est alors en marche et les carriers des Sablières de Draveil déclenchent une première grève durant l’été 1907 qui va porter ses fruits : ils obtiennent une augmentation de salaire de 50 centimes mais exigent un véritable contrat de travail pour renforcer un statut social des plus précaires.
Une nouvelle grève est déclenchée en novembre 1907 provoquant la création d’un Syndicat de Carriers. Les revendications arrivent très vite concernant la réduction du temps de travail (à 10 heures par jour tout de même et un repos hebdomadaire) ….
Une loi votée par le parlement accorde le repos hebdomadaire aux ouvriers mais très rapidement les dirigeants des Compagnies se fédèrent pour contrer les ardeurs de leurs employés… Certains ont même recours à des « Renards » des employés chargés de s’infiltrer au cœur du mouvement de « grogne » afin de mieux pouvoir le briser.
A l’origine pacifiste, le mouvement va prendre une tournure plus violente. En 1908, deux grévistes ont été tués à Vigneux, certains députés à l’instar d’Edouard Vaillant fustigent la politique répressive de Clémenceau qui mène au meurtre, mais le ministre de l’Intérieur invoque l’ordre légal contre le désordre révolutionnaire, il sera suivi par une majorité de parlementaires….
On assistera à un accroissement de la violence policière, le pire sous la IIIe République lorsque les forces de l’ordre débordée tirent à bout portant sur des manifestants non armés…
La Guerre des Gendres aura lieu
Le gendre de Karl Marx, Paul Lafargue accuse le Sous-Préfet de Corbeil, Emery, par ailleurs gendre de Paul Doumer, de « chauffer les gendarmes » et d’être de facto « le commanditaire » des crimes perpétués avec la complicité des autorités de la Région : magistrats, notables ou grands patrons Corbeil-Essonnois….
Attaqué de toutes parts, Clémenceau finit par condamner les violences et le « zèle » des Gendarmes, il reconnaitra la légitimité de la Grève tout en condamnant les « meneurs » qui menacent les « non-grévistes » ….
Mais le conflit ne s’achèvera pas de sitôt, connaissant encore quelques journées sanglantes et l’intervention très réprimée des Forces de l’Ordre. La CGT, meneuse du conflit sera « décapitée » avec l’arrestation de ses principaux leaders, dont Victor Griffuelhes et l’ordre sera peu a peu rétabli mais laissant de profondes séquelles dans l’histoire du mouvement social et ouvrier français….
LES PORTS
Viry et Châtillon étaient à l’origine deux communes distinctes (comme Ris et Orangis, Athis et Mons ou Corbeil et Essonnes). Il y a trois siècles, Châtillon situé en bords de Seine était déjà un port important spécialisé dans le transport des Céréales pour approvisionner la Capitale.
Au milieu du XIX -ème Siècle son activité sera renforcée par l’installation de la Société Piketty Frères (ancêtres du célèbre économiste Thomas Piketty) dont l’activité principale est l’extraction de la pierre Meulière dans les carrières des environs : notamment Viry, Grigny et Morsang sur Orge.
Cette pierre meulière qui permettra la construction d’innombrables pavillons de banlieue et d’ailleurs est ensuite acheminée par péniche au-delà du nord de l’Ile de France, via les canaux….
Le port de Châtillon attire de nombreux autres industriels de la région et devient également un haut-lieu de la batellerie et de la construction navale……
Après la « Grande Guerre » Octave Longuet y fonde une usine de matériaux de construction qui utilise beaucoup de sable. Dans les années30, avec son frère cadet Henri, il crée « Port Longuet » qui devient un port fluvial majeur dans la région.
Mais Octave Longuet connaitra un destin tragique : il sera assassiné par l’occupant Nazi en 1944, son frère Henri reprend seul l’entreprise familiale, développant de façon importante dans l’entreprise qui va employer plus de 200 ouvriers.
La société se spécialise dans le transport des livraisons de charbon, de métal ou de latex avec un trafic journalier dépassant les 3000 tonnes.
Le chef d’entreprise Henri Longuet entame également une carrière politique marquante : il sera maire de Viry-Châtillon de 1953 à 1989, Conseiller général de Seine et Oise puis de l’Essonne entre 1958 et 1982 et sera également député de Seine et Oise entre 1958 et 1962. Politiquement, on peut l’assimiler au centre droit (ancêtre de l’UDF). C’est son bras droit, Jacques Chastel qui prendra sa succession à la mairie et au conseil général….
Au début de la décennie 70 qui annonce la fin des trente glorieuses et des industries manufacturières, le trafic fluvial amorce un long mais inexorable déclin : dix ans après, Port Longuet arrête son activité….
Le Maire Henri Longuet fait racheter les sablières par la commune qui retrouveront un second souffle : création d’un lac artificiel dédié aux sports nautiques et construction de nombreux logements….
Mais d'autres silos ont été (re)construits plus loin, rappelant le rôle important du transport fluvial de céréales de la Seine « essonnienne ». Avec le nouveau port de Corbeil-Essonnes, ce sont 500 à 600 000 t de céréales qui seront acheminées chaque année par le fleuve. Ce qui fait de Corbeil le premier port public d'Île-de-France
LES CHATEAUX
Les bords de Seine ont très vite attiré la convoitise des personnages puissants qui s’y sont fait construire des châteaux, des manoirs ou de grandes maisons bourgeoises …
Le cadre bucolique propice à la villégiature ou au plaisir de la chasse et la relative proximité de Paris ont été des facteurs de leur expansion….
De nos jours, qui peut imaginer que l’actuel Chef-lieu de l’Essonne, que beaucoup assimilent à une ex-ville nouvelle sans passé n’abrita pas moins de neuf châteaux sur son territoire…Certes seuls deux d’entre eux existent encore : le Château-Bataille (récemment restauré alors qu’il tombait en ruine) et le Château de Beauvoir…. Tous les autres ont disparu, du fait des guerres ou de la forte poussée urbaine……
Les bords de Seine ont donc toujours attiré dès le XVII -ème siècle, les personnages puissants et influents : le Duc d’Antin, fils de la Marquise de Montespan hérite de sa mère du Château de Petit-Bourg situé sur les bords de Seine. Il y invitera même le Roi Louis XIV……
C’est en 1830 que le banquier d’origine Espagnole, Alexandre Aguado rachète le château de Petit-Bourg….
Ce mécène, protecteur notamment du Compositeur Italien Rossini (qui aurait écrit « Guillaume Tell » lors d’un séjour au Château) est également un des hommes les plus riches de son temps et un bienfaiteur adulé dans la commune, y installant notamment une école (qui deviendra ensuite la première mairie d’Evry, située sur le boulevard qui porte désormais son nom) et en faisant preuve d’une philanthropie peu commune…
Naturalisé Français, il deviendra Maire d’Evry-sur-Seine en 1831, soit 170 ans avant un autre Espagnol naturalisé, Manuel Valls……
Mais le Domaine de Petit-Bourg va connaître un grand bouleversement en 1840 : le projet de la ligne de Chemin de fer Paris-Corbeil qui va amputer le Parc du château au grand dam de son propriétaire ….
Ce dernier emploiera tous les recours possibles pour empêcher ce projet, proposant même de financer une déviation du tracé sur la rive droite à la hauteur de Soisy pour ensuite rejoindre Corbeil un peu plus loin sur la rive gauche mais en vain, il finira par quitter Evry sur Seine, démissionnant de son mandat de maire et laissant orphelins de nombreux habitants habitués aux largesses de leur bienfaiteur municipal….
Passé entre multiples mains, Petit-Bourg deviendra même au milieu du XIX e siècle une Colonie pénitentiaire pour de jeunes délinquants. En 1940, il est réquisitionné par l’occupant Nazi pour y installer la Gestapo locale. Après la débâcle allemande de 1944, les occupants en fuite l’incendient. L’édifice ne sera jamais reconstruit et sera remplacé par une longue barre d’immeuble, surnommé le « Building » en 1959, afin d’y abriter le personnel d’Air France et d’IBM….
Alexandre Aguado, Marquis de Las Marismas retrouva également à Evry, son ancien compagnon d’Armes l’Argentin José de San Martin, surnommé « El Libertador », véritable héros national dans son pays (à égalité avec Maradona), chantre de l’émancipation des peuples d’Amérique Latine face au colonisateur Espagnol) …
Les autres châteaux Evryens furent habités par les quelques grandes familles de la région : les Pastré, issus d’une famille d’armateurs Marseillais et surtout propriétaires de la plupart des terrains agricoles du plateau d’Evry qui possédèrent d’abord Beauvoir puis le Château des Tourelles (incendié également en 1944), en face du château de Beauvoir et qui appartenait auparavant aux Decauville….
La famille Cochin possédait le Château de Mousseau qui surplombait la Seine : transformé en Ecole Religieuse, il sera démoli au milieu des années 60 pour laisser la place à un vaste complexe immobilier…
Plus en amont, d’autres châteaux furent construits : citons, celui d’Athis-Mons, construit au XVIIe siècle, fief de plusieurs familles aristocratiques au cours des siècles : des Bourbon aux Chodron de Courcel (famille de Bernadette Chirac) pour devenir la fameuse Ecole Privée Saint Charles, au lendemain de la seconde guerre mondiale….
Juvisy avait également son château qui surplombait la Seine mais le domaine sera rapidement amputé par les premiers lotissements construits dès le XIX è siècle sans oublier la construction de la ligne de chemin de fer Juvisy-Orléans en 1843, et sa « plus grande gare du monde » à l’époque. En 1944, le bombardement allié sur la ville détruira le Château de Juvisy….
Sur la rive droite de la Seine, Draveil est un lieu de villégiature à double titre : la proximité du fleuve et la Forêt de Sénart, plus grande forêt naturelle aux portes de la Capitale. Les châteaux de Villiers (en centre-ville) et surtout des Bergeries (limitrophe de Vigneux)
Toujours sur la rive droite, subsiste toujours le château de Saint Germain les Corbeil, ancienne propriété de la famille Darblay, à l’entrée du village mais dont une grande partie de l’immense parc donne sur le fleuve ….
Bon nombre de politiques et d’industriels vécurent dans des propriétés cossues à l’instar de Waldeck-Rousseau, au « Castel Joli » sur la rive droite de la Seine à Corbeil, ou encore la famille Dubonnet qui fit fortune dans les apéritifs et qui résida à Saintry tandis que son concurrent Bartissol était le propriétaire du château de Fleury-Mérogis, près de Grigny….
DES RAMES, DES BRASSES ET TOUTE UNE HISTOIRE D’EAU
Depuis 1948, les deux villes de Corbeil-Essonnes et de Melun toutes les deux arrosées par la Seine ont décidé d’organiser une course d’aviron à l’image du traditionnel match qui opposent les deux villes universitaires d’Oxford et de Cambridge, au Royaume-Uni…
Cette compétition continue à se dérouler chaque année, au cours du mois d’Octobre…Les épreuves opposent des équipes Masculines, féminines et récemment en couple….
Sur plus de 70 confrontations, Melun à un ascendant de quelques victoires sur Corbeil…….
Le Grand Plongeon
C’était bien avant l’opération « Mille Piscines » lancée sous le gouvernement de Georges Pompidou pour équiper les muncipalités en complexe nautique…
La plupart des communes en bordure de Seine avaient leur baignade municipale. Gabriel Menut (1908-1969), sapeur-pompier Corbeillois fut réellement un des instigateurs du développement de la natation en France. Il est à l’origine de la création de la Fédération Française des Maitres-Nageurs et Sauveteurs dont il fut le premier adhérent.
Gabriel Menut et sa femme Alice dirigent la baignade de Corbeil située sur la rive gauche de la Seine et apprendront à nager à la majeure partie des enfants de la ville et bien d’autres.....
Il porta également la casquette d’entraineur, puisque le mythique nageur Alfred Nakache, maints fois primé au championnat de France le désignait comme son premier formateur…
En 1967, la municipalité de Corbeil-Essonnes dirigée par Roger Combrisson inaugura en présence de Gabriel Menut le vaste stade nautique qui porte son nom et qui est toujours située sur la rive droite, dans le quartier des Bas-Coudray….
LE PORT AUX CERISES ET LES BONHEURS DU LAC
Construit sur le site des anciennes carrières de Draveil et Vigneux, Le port aux Cerises fait partie de ces bases de loisirs et de plein air décidées puis construites dans les années 70 aux quatre coins de l’Ile de France : citons celles de Moisson (Yvelines) Jablines (Seine et Marne), Etampes (Essonne). Mais celle du Port aux Cerises est la seule à avoir un accès direct sur la Seine….
Elle propose des activités de plein air, possède un port de plaisance et la pratique de la plupart des sports nautiques….
Le Lac de Viry, également à cheval sur la commune de Grigny, propose également des activités nautiques : comme la plongée sous-marine ou le ski nautique….
LES ECLUSES
Au sein de sa partie Essonnienne, la Seine compte deux écluses notables : ’Evry et le Coudray-Montceaux, en amont de la précédente…
Située à une quarantaine de kilomètres de Paris, entre Corbeil et Melun, l’écluse originelle du Coudray a été érigée au XIXe siècle à laquelle on a rajouté une nouvelle structure dans les années 60.
L’environnement n’a guère changé, insensible à la fuite du temps mais restant toujours vigilant quant aux caprices du fleuve…
Dans cette atmosphère chère au romancier Georges Simenon, la rêverie cède la place à la réalité : chaque année, plus de 13 000 péniches franchissent l’écluse en transportant plus de 5 millions de tonnes de marchandises entre Paris et Melun….
Mais l’édifice joue également le rôle de « passerelle » entre deux rives de la Seine, permettant de relier le Coudray-Montceaux à sa voisine d’en face : Morsang-sur-Seine….
En outre, la navigation fluviale ne remonte pas seulement au XIX ème siècle mais depuis les temps les plus reculés du début de l'ère Chretienne....
Cependant, la vie des « navigateurs » ne fut pas toujours un « fleuve tranquille », la circulation de la rivière étant souvent contrariée par les intempéries, comme par exemple l’hiver, avec la glace qui empêchait tout trafic tandis que durant les périodes de crue, les chemins de halage étaient submergés par les eaux….
Dès la fin du Moyen-Age, il parut primordial de procéder à une sorte d’apprivoisement du fleuve. C’est alors que l’on pensa à un système efficace pour apporter une amélioration sensible de la navigation fluviale en construisant des barrages fixes dont la fonction première était de retenir l’eau pour ensuite pouvoir la relâchée par « éclusées » ….
Ces aménagements constitueront une première étape encourageante mais malheureusement vite insuffisante pour « dompter » la Seine….
A l’orée du Second Empire, la construction de barrages mobiles s’impose, et progressivement le levage et l’abaissement des hausses deviendront automatiques….
Au vu d’une augmentation très sensible du trafic fluvial, on procède également à la construction de 12 nouvelles écluses dont celle d’Evry-Petit-Bourg en 1908. Cette dernière sera cependant la première à voir la deuxième génération d’écluse accolée à l’ancienne.
Au cours du XXe siècle, on tentera de perfectionner la canalisation de la Seine en rénovant les barrages, les équipant notamment de « clapets », l’ouverture des portes sera automatisée.
Le XXI -ème siècle a vu l’informatisation des écluses. Il est à présent loin le temps où les éclusiers devaient descendre de leur tour. A présent, ils peuvent suivre sans bouger de leur place le cheminement des bateaux……
HISTOIRE DE PONTS
Entre Athis-Mons et Saint-Fargeau-Ponthierry, on ne recense pas moins de huit ponts, dont la plupart sont empruntés quotidiennement par un nombre croissant d’automobilistes.
Certains ont une origine très ancienne : dès le Xe siècle, un premier pont enjambe la Seine à Corbeil, lointain ancêtre de l’actuelle Pont Patton qui permet de relier la Rive Gauche à la rive Droite et qui a souvent été le théâtre de nombreux évènements historiques dont celui des guerres tant leur rôle stratégique était important : détruit par les Prussiens en 1870, endommagé durant la Grande Guerre, détruit par les Allemands pour préparer leur retraite en 1944 pour être reconstruit en 1954 sous son format actuel sous la direction de l’ingénieur Croix-Marie….
Le Général Américain Patton, à la tête de la 3 -ème armée et qui libéra la région fut d'abord gêné par la destruction des ponts de Corbeil et de celui d’Evry-Petit-Bourg. Dans cette dernière localité, il se verra contraint, avec l’appui des Troupes du Génie de construire un pont artificiel de fortune pour transporter ses troupes et pouvoir finir son héroïque épopée de libération de l’Europe….
Juvisy sur Orge, riche de deux ponts : celui des « Belles fontaines » qui enjambe l’affluent l’Orge mais surtout celui dit « de la Première Armée » inauguré en 1968 et qui relie Juvisy sur Orge à Draveil succédant à un ancien pont construit à la fin du XIXème siècle et qui subit les outrages de la seconde guerre mondiale, d’abord endommagé puis détruit lors de l’offensive alliée de 1944….
L’expansion urbaine des années 60 a imposé la construction de nouveaux édifices notamment entre Evry et Soisy sur Seine à la fin des années 60 et celui autoroutier à la hauteur de Corbeil-Essonnes, reliant l’A6 à la future Francilienne et l’A5.
Il était question de construire un deuxième pont sur Corbeil au début du XXIe siècle mais finalement le site de Villeneuve St Georges, souvent d’une plus grande congestion automobile a été retenu.
Actuellement entre Corbeil et Melun, le pont le plus proche est celui de Saint-Fargeau Ponthierry auquel on accède par la Forêt de Rougeau. Citons cependant, la passerelle du barrage du Coudray, récemment réouverte et qui permet une liaison pédestre et cycliste d’une rive à l’autre.
SILEX SUR SEINE
Lorsque l’on visite le Musée de la Préhistoire situé à Nemours (Seine et Marne), on découvre une collection importante d’objets provenant notamment du Site de Pincevent (Seine et Marne, dirigé par Leroi-Gourhan) mais surtout de celui d’Etiolles, commune cossue située sur la rive droite de la Seine et enfin celui des Tarterêts à Corbeil-Essonnes (ce dernier développé par des férus d’archéologie du CE de la SNECMA) …
C’est au lieu-dit « Les Coudrays » que furent effectuées les premières fouilles au début des années 70 sur le territoire d’Etiolles : on y découvrit d’importants vestiges de campements magdaléniens prouvant que l’endroit représentait dans cette partie de la vallée de la Seine, en aval de Corbeil-Essonnes une étape importante pour les chasseurs nomades tout comme sur la rive opposée, à la hauteur des Tarterêts connu aujourd’hui pour une autre forme d’habitat….
LES DEMOISELLES DE NANDY
Dans le courant des années cinquante, le comédien Maurice Dorléac et son épouse Renée Simonnot aiment venir camper certains week-ends avec leurs quatre filles à Seine-Port, coquette station de villégiature sur la rive droite de la Seine avant de se décider à acheter une résidence secondaire dans le village voisin de Nandy….
Une des quatre filles, Françoise Dorléac, née en 1942 ne tarde pas à être attirée par les projecteurs et devient donc actrice au tout début des années 60, elle ne manque pas non plus d' inciter sa sœur cadette Catherine à suivre les traces familiales.
On les croit jumelles mais elles ont dix-huit mois de différence et vont rapidement accéder au vedettariat, Françoise va tourner avec François Truffaut dans « La Peau douce », de Broca dans le délicieux « Homme de Rio » avec pour partenaire Jean-Paul Belmondo ou encore Roman Polanski dans « Cul de Sac » mais la consécration viendra avec « les demoiselles de Rochefort » de Jacques Demy en 1967 qu’elle tourne justement avec sa sœur Catherine qui a choisi de prendre comme pseudonyme le nom de sa mère : Deneuve….
Cette dernière ayant déjà connu la consécration avec le même Demy dans « Les Parapluies de Cherbourg » au festival de Cannes en 1964…Mais le 26 juin 1967, en se rendant à l’aéroport de Nice, Françoise Dorléac est victime d’un terrible accident de voiture qui lui coûte la vie, elle n’avait que 25 ans et laissera inconsolable sa sœur Catherine qui deviendra une des plus grandes stars françaises….
Françoise Dorléac repose dans le petit cimetière de Seine-Port (Seine et Marne) aux côtés de son père Maurice.
MOURIR SUR SEINE
C’est le tragique destin de Guillaume Perrot, un acteur et auteur de théâtre, natif d’Evry en 1971 et disparu dans la Seine à la hauteur de Corbeil-Essonnes en décembre 2006, il n’avait que 35 ans et son nom reste lié à un tragique fait-divers……
Rappel des faits : trois fonctionnaires de police avaient découvert un homme visiblement ivre (il avait 2.64 mg dans le sang) et affalé dans le hall d’un immeuble situé à Corbeil-Essonnes.
Ils l’avaient alors emmené avec eux à bord de leur véhicule pour le déposer sur un banc situé sur les quais de Seine au lieu de le diriger vers une cellule de dégrisement, ce qui est la procédure habituelle….
L’homme ivre avait quitté le banc pour aller se noyer dans la Seine glaciale….
Sa famille inquiète de sa disparition avait alerté la police, précisant qu’il était très dépressif et probablement en grand danger…
Son corps a été retrouvé le jour de l’an 2007, non loin du lieu où il avait disparu… La responsabilité des policiers a été rapidement établie après l’ouverture d’une enquête par l’IGPN (« la police des polices »). Les trois hommes ont reconnu avoir minimisé l’état de détresse de l’acteur, ils ont été condamnés pour « homicide involontaire » à des peines de prison avec sursis…
SAINTE-ASSISE
LES ONDES SUR LA SEINE
L’émetteur de Sainte-Assise est situé dans le domaine du Château de Sainte-Assise, sur la commune de Seine-Port (Seine et Oise).
C’est un émetteur pour les ondes très longues VLF (Very Low Frequency) …
A l’origine détenue par la Compagnie Radio-France (A ne pas confondre avec l’actuel service publique de Radiodiffusion) lors de sa création en 1921, c’est aujourd’hui une filiale d’Orange, Globecast qui est le propriétaire de ce téléport qui effectue une transmission vers les satellites de télécommunications….
Le parc d’antennes paraboliques qui coiffent ce site sont visibles de très loin dans la région.
Une dizaine de pylônes et de mâts dont la hauteur s’échelonnent de 180 à 250 mètres. A l’origine l’émetteur était le plus puissant de la planète et couvrait le monde entier….
Enfin, le site a été le théâtre de nombreuses expérimentations : la première émission de radio, a servi de centre de liaison pour l’occupant allemand et enfin de centre d’expérimentation pour la télévision…
Après la seconde guerre mondiale, les PTT sont redevenues propriétaires du site avant de le céder à la Marine Nationale qui en a fait un centre de transmissions……
QUI L’EUT CRUE ?
En ce mois de juin 2016, l’Ile de France connut une crue importante de la Seine et de ses affluents approchant les 6,10 mètres. Certes on était loin des 8,6 mètres de l’inégalée crue de 1910, où l’on vit le « Zouave du pont de l’Alma » avoir les épaules recouvertes d’eau….
Au cours du temps, la Région-Capitale a toujours été exposée au risque d’inondation avec le risque de la paralyser durant plusieurs jours…
Pour éradiquer ce phénomène naturel, on procéda à plusieurs aménagements susceptibles de réduire les débordements du fleuve, dont le rehaussement des ponts, la construction de barrage ou encore le creusement du lit de la rivière…Cela a eu pour effet de mieux réguler le débit des cours d’eau, en l’occurrence la Seine et ses affluents : l’Orge, l’Yvette, l’Yerres ou l’Essonne….
Malgré un renforcement de ces mesures de précaution, on ne put éviter le dramatique épisode qui se déroula entre fin mai et début juin 2016 : la région connut des précipitations exceptionnelles dans le sud de l’Ile de France (Seine et Marne et Essonne) et le nord de la région Centre (Loiret) qui génèrent des crues sur les affluents de l’amont de la Seine, jusqu’à présent jamais constatées à cette période de l’année…
Rapidement et en dépit des mesures de prévention prise notamment par le SIARCE (Syndicat Intercommunal d’aménagement de Rivières et du cycle de l’eau), présidé par Xavier Dugoin, on ne put empêcher undébordement des eaux assez notables à Corbeil-Essonnes, où les quais de la rive gauche étaient totalement submergés tandis que plus en aval, les habitants de Juvisy-sur-Orge ou Villeneuve St Georges avaient les pieds dans l’eau…
Sur la rive droite, Saintry sur Seine connut le même phénomène, inondant assez sévèrement quelques immeubles jouxtant la Seine ou Morsang sur Seine où des riverains du fleuve durent être évacués….
Le plus frappant reste la montée extrêmement rapide des eaux, constatée notamment sur l’Essonne quand certains habitants de Villabé déplorèrent avec impuissance que plus d’un mètre d’eau ceinturaient les façades de leurs maisons….
Les dégâts furent donc considérables et ce, dans certaines zones qui n’avaient jamais été inondées auparavant : comme le Loing d’habitude si paisible et qui inonda tragiquement tout le centre-ville de Nemours….
SUR LES BORDS DE LA SEINE POLITIQUE
Longtemps, les communes des bords de Seine furent administrées par des notables locaux voire des châtelains aristocrates ou issus de la grande bourgeoise industrielle, comme à Athis-Mons avec les Chodron de Courcel, à Juvisy sur Orge avec les De Montessuy ou les Darblay à Saint Germain les Corbeil…
Mais l’extension de la banlieue Parisienne ainsi que les aspirations démocratiques d’une population nouvelle rejetant toute forme de gouvernance municipale teintée de paternalisme bon teint changèrent considérablement la donne politique : dès 1921, la commune ouvrière d’Essonnes (qui n’a pas encore fusionné avec Corbeil) élit un des premiers maires Communistes de France tout comme Athis-Mons, cette dernière qui abrite une population modeste composée essentiellement d’ouvriers et fonctionnaires.
A l’aube de la Seconde guerre mondiale, la plupart des communes néo-urbaines sont « rouges » : Draveil, Savigny sur Orge, Vigneux sur Seine, Morsang sur Orge….
Après le deuxième conflit mondial, les lignes vont bouger : Draveil, ville symbolique pour le PC puisqu’elle abritera longtemps l’Ecole des Cadres du Parti, bascule clairement à droite en 1965 avec l’élection du Gaulliste Tournier-Lasserve qui cède son fauteuil (un peu forcé) à son successeur Georges Tron, trente ans après et qui a été réélu dès le 1 er tour des municipales de 2020….
Même cas de figure pour Vigneux-Sur-Seine, dont un des maires fut Robert Lakota, ancien président communiste du Conseil général qui après 42 ans de communisme municipal, bascule à droite en 2001.
Corbeil-Essonnes devient communiste en 1959, élisant à sa tête Roger Combrisson, également Conseiller général et Député de l’ex 1 ère circonscription de l’Essonne.
La couleur politique de la ville lui a probablement coûté de devenir le nouveau chef-lieu de l’Essonne, le pouvoir portant son choix sur la commune voisine d’Evry-Petit-Bourg dirigée par le Député-Maire Gaulliste Michel Boscher…
Pourtant, la grande cité industrielle finira pas basculer à droite en 1995, donnant les clés de la ville à un célèbre avionneur, milliardaire de surcroît, Serge Dassault. Son successeur, l'ancien Député de Corrèze, Jean-Pierre Bechter, élu depuis 2009 vient d'être battu par leur adversaire de toujours, le Communiste Bruno Piriou....
Juvisy sur Orge sera dirigée de 1947 à 1977 par le Gaulliste Xavier Pidoux de la Maduère qui contribua à moderniser sa cité en l’équipement de nombreuses infrastructures mais lors des élections municipales de 1977 qui profitèrent pleinement à l’Union de la Gauche (PS et PC) vit basculer la ville à gauche de façon durable (pendant 43 ans) avant que le très jeune Robin Reda, un étudiant UMP de 24 ans refasse basculer la ville, également portée par la « Vague bleue » de 2014.
D’autres communes connaîtront des cycles électoraux marqués d’alternance, à l’instar d’Athis-Mons : en 1959, le MRP René l’Helguen s’empare d’une ville qu’il représente bien : bien que natif de la ville, il appartient à l’importante diaspora Bretonne (cette ville de banlieue à l’ADN Celte possède toujours son Bagad) et travaille à la SNCF, comme beaucoup de ses concitoyens.
Cependant, il sera battu à deux reprises : en 1977, face à la Communiste Paulette Chemier, récupèrera son siège pour le perdre à nouveau face à la Socialiste Marie-Noelle Lienemann, ancienne ministre, Députée et ex-maire-adjoint de Massy) … Plusieurs maires socialistes se succéderont avant de rebasculer à droite en 2014 avec l’élection de Christiane Rodier qui vient d'être battue par la Gauche....
Viry-Châtillon fera partie de la « banlieue rouge » entre 1935 et 1953 avant que l’industriel local Henri Longuet, de tendance Centre-Droit ne s’empare de la municipalité pour entamer un règne de 36 ans, sans pour autant renier le passé communiste des lieux (il existe toujours une rue Lénine) ….
Son fidèle bras droit, Jacques Chastel lui succèdera avant d’être battu en 1995 par le jeune Gabriel Amard, issu de la Gauche du PS et qui rejoindra le Front de Gauche, dirigé par son beau-père Jean-Luc Mélenchon…Mais la « Bleue » déferlera également sur la ville en 2014 avec l’élection de l’UDI Jean-Marie Villain….
Ris-Orangis se range plutôt dans la catégorie des villes stables politiquement : la forte poussée démographique des années 60, pousse vers la sortie en 1971, le maire Centre-Droit Henri Collet pour n’élire par la suite que des maires clairement marqués à gauche : le communiste Daniel Perrin, puis les socialistes Thierry Mandon et Stéphane Raffali….
Grigny, l’ancien village paisible qui séduisit Sidney Bechet (il y possédait une maison dans le vieux bourg) est une municipalité communiste depuis la Libération après avoir eu un des membres de la famille Piketty, dirigeant des Carrières éponymes…
Evry devient un « fief socialiste » en 1977 où les électeurs ont sorti le « père de la ville nouvelle » Michel Boscher pour élire par la suite : Claude Jeanlin, Jacques Guyard, l’ancien Premier Ministre Manuel Valls, son successeur Francis Chouat avant d’élire à la tête de la nouvelle commune d’Evry-Courcouronnes, l’ex LR Stéphane Beaudet, « enfant de la ville nouvelle », ancien premier magistrat de Courcouronnes qui préside à présent une municipalité « nouveau monde », alliant Droite et Gauche……
Si certaines communes jouent la carte d’une grande stabilité électorale, à l’instar de Saint-Germain les Corbeil, encore récemment fief du chatelain Darblay permet à la Droite locale d’être constamment réélue par un électorat issu des classes moyennes et supérieures…tout comme Etiolles, où résida un temps, François Léotard, l’ancien « Pion » du Lycée de Corbeil, devenu Ministre des Armées préféra cependant se faire élire dans la ville ou son père fut maire : Fréjus, dans le Var…
Il n’en est pas de même pour les communes de Saint-Pierre du Perray, totalement intégré à l’agglomération nouvelle de Sénart et surtout connaissant une croissance démographique exponentielle et qui bascule indifféremment d’un maire de gauche à un de droite….
Aux portes de Corbeil, Saintry-sur-Seine, est une coquette commune de villégiature (forêt de Rougeau, bords de Seine) qui élit un maire PC en 1977, avant de rebasculer à Droite avec Jean-Louis Campredon et son successeur Doumax pour finalement élire un maire Socialiste Michel Carreno qui trébuchera en 2014 (à l’issue d’une triangulaire, tout de même » face une liste hétéroclite dirigée par Martine Cartau-Oury qui vient à son tour d'être battue...
EPILOGUE
Ainsi s’achève cette longue promenade effectuée sur les bords de Seine, dans ce morceau de territoire compris entre le plateau d’Orly à celui de la Brie…
Lieu paisible et propice à la rêverie, on peut y humer un doux parfum alliant douceur et intemporalité. Un endroit propice au vagabondage, aux jeux de l’amour et du hasard et parfois théâtre de faits divers sordides…
L’histoire aime se mélanger au présent, d’opposer la tradition au modernisme, ce qui fait tout le charme de l’endroit.
Comme nous avons pu le redécouvrir, les lieux inspirèrent les artistes, qu’ils soient peintres, poètes ou écrivains. Le fleuve fit la fortune industrielle de certains tout en nous rappelant pour finir que rien n’était jamais acquis et qu’à la prospérité pouvait succéder la crise mais qu’il était toujours possible de relever la tête……
La vie comme la Seine, n’est pas toujours « un fleuve tranquille » mais nous indique, comme les anciens chemins de halage que nous pouvons continuer à sillonner ses abords, véritables lieux de mémoire qui nous permettent de mieux comprendre le passé pour mieux appréhender l’avenir….