LES GILETS JEUNES (EDITO DU 04/02)
ls ont tous moins de 40 ans, qu’ils s’appellent François Xavier Bellamy, Manon Aubry, Jordan Bordella, Ian Brossat ou peut-être : Ingrid Levavasseur et Brune Poirson et les états-majors politiques les ont choisis comme têtes de liste pour les Elections Européennes qui se tiendront les 19 et 26 mai prochains…
On peut saluer cette décision de parier sur la jeunesse, symbole en principe de renouvellement politique bien que celui-ci soit déjà apparu au grand jour lors du printemps 2017. Alors coup de poker pour certains en difficulté ou simple calcul stratégique dont l’enjeu reste faible pour les autres ?
On le sait les élections européennes sont souvent des consultations-défouloirs ou l’électeur (qui se déplace de moins en moins) peut exprimer son mécontentement face à un pouvoir en place ou donner l’illusion à un autre d’être devenu le premier parti de France comme ce fut le cas lors de la dernière consultation : le PS au pouvoir fit un très mauvais score et le Front National arrive en tête au grand dam de ses adversaires….
Mais l’idée de représenter la France au cœur d’une Union Européenne qui doit continuer à jouer un rôle majeur face à un échiquier international en constante évolution reste une volonté de second ordre pour beaucoup…
Ce qui obsède la plupart des états-majors qui envoient leurs troupes à Bruxelles et Strasbourg, c’est le choix entre deux idéologies : celle des progressistes, dont le chef de l’Etat se revendique, la seule selon lui pour barrer la route à la deuxième, celle des populistes qui prospèrent afin de continuer la grande œuvre européenne entamée il y a plus de soixante ans par Jean Monnet…
Mais n’oublions pas les souverainistes, qu’ils soient de droite ou de gauche, qui se proclament européen mais hostiles aux diktats de Bruxelles qui étouffent chaque nation membre au profit d’une supranationalité triomphante….
Mais cette année, une nouvelle inconnue complique la donne au niveau national : c’est la menace de la présence de listes de « gilets jaunes » qu’on ne présente plus et qui pourrait devenir au niveau européen ce qu’ils sont devenus au niveau national, du « poil à gratter » pour certaines formations politiques qui avaient d’ailleurs tenté de les récupérer….
Sympathiques pour certains, ils deviennent gênants pour d’autres : un Front National que les sondeurs place en tête des intentions de vote pourrait voir certains de ses électeurs « en colère » se reporter vers ces listes rebelles…tout comme la France Insoumise qui paie en plus les outrances médiatiques de son leader colérique….
Le parti présidentiel et ses alliés pourrait curieusement en profiter et l’éventualité d’un référendum organisé le même jour que les Européennes, sorte de synthèse dy grand débat national pourrait rebooster le taux de participation. A suivre….
Mais alors, nos jeunes têtes de liste dans tout ça, quel rôle joueront-ils ? : un François-Xavier Bellamy, tête de liste d’une droite qui continue à s’effriter est jugé brillant mais réactionnaire, une Brune Poirson, porte-étendard d’un gouvernement en difficulté ou encore une Audrey Aubry, de la France insoumise, « militante dans la droite digne de l’orthodoxie mélenchonienne » ou un Jordan Bardella, le Frontiste puncheur prêt à en découdre pour fustiger « Bruxelles »
Sans parler d’une gauche divisée et qui risque de dévisser ad vitam aeternam dans les oubliettes de l’histoire politique : la réponse est dans leur capacité à répondre aux grands défis de demain : d’abord d’inciter d’aller voter, le bien le plus précieux pour nos démocraties, de faire barrage aux profiteurs de la misère et du désespoir que voudrait attiser les populistes ou autres nihilistes patentés, de laisser quelques dirigeants autoritaires tenter de nous déstabiliser et surtout de consolider la place d’une Union Européenne, qui peut redevenir la première puissance économique mondiale face aux Etats Unis et la Chine.
Le Brexit et la tentation de l’isolationnisme nous prouvent que l’Europe, parfois « usine à gaz » grippé par une technocratie tatillonne reste cependant le meilleur remède pour continuer notre chemin vers le progrès et le retour à la prospérité mais si cela est parfois compliqué……
LE BAL DES VAMPIRES (EDITO DU 18/02)
On les croyait tombés dans les oubliettes d’une Histoire honteuse et parfois abominable, pourtant on les voit réapparaître au grand jour, ces marchands de haine qui distillent ces poisons que sont l’antisémitisme, l’homophobie, le sexisme ou encore la xénophobie….
Tels les vampires qui sommeillaient au cœur des ténèbres, les voilà donc qui se réveillent brusquement en espérant sucer le sang de leurs victimes préférées, des boucs émissaires, des « gens différents donc anormaux » comme dans les heures les plus sombres d’une période pas si lointaine qui mina une partie du siècle dernier….
Ces nouveaux « maitres censeurs » diffusent de façon décomplexée et pour l’instant en toute impunité, leurs propos venimeux sur les réseaux sociaux, les murs des villes sans oublier un gout prononcé pour l’affrontement physique à l’encontre de leurs cibles…
Les chiffres parlent d’eux-mêmes et nous interpellent : 74 % d’actes antisémites en plus, près d’un million de femmes victimes d’injures sexistes, augmentation de 15 % de plaintes pour agression homophobe, recrudescence d’actes anti musulmans ou encore l’aveu d’un français sur deux victimes de propos haineux sur internet…
Alors tout serait devenu pourri dans notre bon et vieux pays qui aurait perdu sa bonne vieille boussole ? N’exagérons pas, il s’agit d’actes qui restent marginaux mais qui ont cependant à se développer dans une période agitée au niveau social, avec des repères qu’on pensait gravés dans le marbre et qui ont tendance à s’étioler face à un monde économique, social et technologique qui a bouleversé les habitudes de nos contemporains.
« La culture de l’immédiateté » diffusés par les chaines d’information continue, l’essor de « réseaux sociaux » qui peuvent s’avérer être de formidables forums d’échanges d’idées sont parfois recyclés en tribunes complotistes, nihilistes, réactionnaires ou racistes qui ont un grand écho auprès de populations jeunes ou bien vulnérables toujours prêt à « gober » tout ce qui est écrit…C’est écrit donc c’est vrai, pensent-ils naïvement….
C’est vrai les haines envers les minorités peuvent trouver leur origine dans les nombreuses idées reçues : le juif est riche et puissant, il est présent partout (médias, médecine, finance) donc il dirige le monde, donc c’est l’homme à abattre ou à insulter : voir le visage de Simone Veil barré par une croix gammée ou un Alain Finkielkraut, agressé verbalement et traité de fasciste… L’homosexuel est anormal donc nuisible pour la société, le Noir est un esclave en puissance qui se reproduit à la vitesse de la lumière, le Musulman est un terroriste en puissance, le curé est forcément un pédophile, etc…….
Alors comment éradiquer ce vent « mauvais » qui ne souffle pas qu’en France mais dans bien d’autres pays du monde, comment renvoyer tous ces vampires dans leurs ténèbres ? par plus de pédagogie, cela a déjà été fait et nous avons l’avantage de l’histoire : la tragédie des grands conflits du XX e siècle sont là pour nous interpeller mais pourquoi ne pas refaire une piqure de rappel……En effet, le passé peut nous aider à comprendre le présent et surtout à mieux appréhender l'avenir....
Ou encore, le renforcement de sanctions exemplaires pour éviter la « banalisation » d’actes impardonnables. Cela a déjà été déclenché dans le passé mais il semblerait que parfois l’histoire ne se répète pas mais qu’elle bégaie….
LA COURSE DU LIEVRE A TRAVERS LES CHAMPS….(EDITO DU 25/02)
Emmanuel Macron le sait: le Salon de l’agriculture est un évènement incontournable dans la vie d’un Président de la République, qu’il soit du « nouveau » ou de « l’ancien monde » comme d’ailleurs pour la plupart des acteurs de la vie politique qui ne rateraient pour rien au monde le grand rendez vous de la Porte de Versailles…
Le jour de l’inauguration, le Chef de l’Etat est arrivé à 8h47, à l’heure du train de Courteline pour n'en partir qu’à 23h27, soit un marathon de plus 14h, battant de près de 2 heures son record de l’an passé. Cette longue présence sur le salon avait pour but de rassurer un monde agricole français souvent très inquiet pour son avenir incertain et le discours lyrique mais concret d’Emmanuel Macron a pu donner du baume au cœur à certains.
Le Président que l’on dépeint souvent comme le porte-parole d’une « France urbaine, aisée et à l’abri des incertitudes provoquées par la mondialisation » continue de vouloir tordre le cou à cette étiquette qui lui colle au front comme le sparadrap du Capitaine Haddock , en allant à la rencontre de ces populations issues d’une France rurale, que l’on dit « périphérique » des grands axes urbains favorisés.
Certes numériquement, le monde agricole a perdu de sa superbe depuis les années 70 : on ne compte plus que 450 000 exploitations à travers l’Hexagone, soit trois fois moins qu’il y a trente ans et dont les gérants ont en majorité dépassé l’âge de 50 ans avec des risques de non reprise de l’activité au départ à la retraite….
Largement aidés par les subventions de la Politique Agricole Commune de l’Union Européenne, nos agriculteurs ont cependant le sentiment pour bon nombre de vivre sous « perfusion » avec un emploi du temps chronophage et finalement peu rémunérateur, malgré une production agricole qui n’a cessé de connaitre une croissance exponentielle depuis des décennies….
Emmanuel Macron, bon communicant et pris d’une fièvre pédagogique depuis qu’il anime les « grands débats » a pu trouver ici des interlocuteurs bienveillants, très éloignés des hostiles « gilets jaunes » (peu représentés dans la gente agricole) quand il a affirmé de « rien vouloir lâcher » pour défendre l’agriculture française, croyant au « modèle français » mais qui est menacé à l’extérieur par la Russie, la Chine et les Etats-Unis mais également à l’intérieur, d’où la nécessité de réinventer la PAC au niveau Européen afin de maintenir le cap au niveau alimentaire, environnementale et même industriel.
Cette volonté patriotique de faire bouger les lignes au niveau du continent n’est pas exempt d’arrières pensées politiques, au vu de l’approche des élections européennes mais elle demeure indispensable pour mener également à bien un certain nombre de promesses rappelant le « devoir écologique » comme l’interdiction à moyen terme du Glyphosate ou le développement de l’agriculture biologique…….