EDOUARD AUX MAINS D'ARGENT (EDITO DU 14/04)

Une fois de plus, il a fait le « job » Edouard Philippe: celui que l’on attribue généralement à un chef du Gouvernement sous la Vème République : annoncer les futures mesures que son patron, le Chef de l’Etat décidera de prendre ou pas….
Pour l’ancien maire du Havre, la tâche n’est pas aisée tant l’exercice est inédit : c’est la première fois dans l’histoire de la République que le pouvoir a décidé de lancer « un grand débat » à travers l’Hexagone et les chiffres qui en résultent donnent le tournis : plus de 10.000 réunions locales organisées, près de 1.900.000 contributions sur le site dédié, sans oublier les 16.000 « cahiers citoyens » ou encore les 27.000 courriers ou courriels qui ont été reçus durant les trois derniers mois. Dur, dur de pouvoir dégager une synthèse même lorsque l’on sort de l’ENA tant les items renferment des propositions redondantes, contradictoires ou encore trop touffues….
Un « Grand débat » qui trouve son origine dans la pérénisation d’un mouvement également totalement insolite : celui des « Gilets jaunes », vaste fronde composée d’une population naguère noyée dans la majorité silencieuse et qui a soudain décidé de se rebeller, à l’approche de l’hiver, face à un pouvoir central jugé, selon elle, beaucoup trop arrogant….
Proposé et animé par Emmanuel Macron, ce « grand débat » aura provoqué au départ une grande perplexité chez certains jugeant l’exercice difficilement réalisable et de plus « bidon », tandis que d’autres y ont vu un formidable tremplin pour la mise en place d’une « véritable démocratie participative » réclamée depuis longtemps …
Mais Edouard Philippe qui s’est félicité de la réussite de l’opération a tenté de définir les principales propositions qui devraient à plus ou moins court terme permettre de bâtir un nouveau contrat pour la Nation, de redéfinir l’action du pouvoir mais également la position de la France au sein d’une Europe décriée et d’un Monde en plein ébullition….
Son enthousiasme n’a pas forcément été partagé par ses adversaires (du « blabla » selon les gilets jaunes les plus radicaux, « de la poudre aux yeux » ou un bidonnage des chiffres annoncés, pour le reste de l’opposition » et même des craintes de déception parmi les membres de la « majorité » … 
Le Premier Ministre a cependant mis en exergue ce qui lui semblait être les dénominateurs communs de cette consultation animée par des maires, des associations ou des particuliers : d’abord l’exaspération fiscale (« il faut baisser les impôts »), la proximité et la fraternité (« non a l’indifférence et à l’isolement d’une couche croissante de la population »), une démocratie plus participative (« nous ne sommes pas parvenus à réconcilier les français avec ceux qui les dirigent ») ou encore l’urgence climatique (« les français se sont dit prêts à changer de comportement »)….
Sa grille de lecture a été autant contestée par les Gilets Jaunes qui ont organisé leur propre « consultation » et qui ne se reconnaissent pas dans les « revendications » qu’ils jugent orientées par un pouvoir qui aimerait bien éradiquer leur mouvement protéiforme ou par une opposition qui se veut la « porte-parole » d’une population qui souhaite des mesures immédiates et non des réformettes-sparadrap…
De toute façon, c’est Emmanuel Macron qui tranchera et déjà ses plus farouches adversaires ne croient pas à l’apport de solutions concrètes et envisagent de continuer la lutte au risque de générer un climat délétère tandis que les autres iront dans le sens de l’histoire celui qui a fait de la France un pays qui avance tant bien que mal……Soyons réalistes, changeons ce qui est possible….

TU ES PIERRE (EDITO DU 21/04)

Le Président de la République avait déjà enregistré cette fameuse allocution présidentielle pour tirer les conclusions du Grand Débat mais au dernier moment il s’est vu contraint de bouleverser son agenda afin de se précipiter au chevet d’une vieille dame rongée par les flammes…

Le lundi 14 avril, Notre Dame de Paris, le monument le plus visité de la Capitale avec ses 14 millions de visiteurs annuels venus du monde entier était en proie à un feu d’une rare intensité qui s’est déclenché peu avant 19 heures provoquant la stupéfaction puis l’impuissance des riverains de la Cathédrale ainsi que de toutes les télévisions et radios du monde qui couvraient un évènement qui risquait d’être fatal pour l’édifice.

Lorsque la flèche plus que centenaire construite par Viollet-le-Duc s’écroula sous la pression des flammes, l’émotion fut à son comble et la progression inexorable du feu rongeant le toit pour gagner les tours renforça l’idée angoissante que tout allait disparaître d’ici peu : près d’un millénaire d’histoire sacrée allait s’évaporer sous l’incrédulité de tous….

Par miracle, les valeureux sapeurs-pompiers de Paris, bien que gênés pour accéder à l’épicentre du sinistre sont arrivés au bout d’efforts surhumains à venir à bout de ses flammes que certains voyaient provenir de l’enfer. Selon les autorités il s’en est fallu de très peu, peut-être une demi-heure pour que la structure de l’édifice ne soit à jamais ébranlée et se réduire en poudre.

Mais la désolation a fait place au soulagement grâce au travail titanesque des soldats du feu.

Ces heures tragiques auront esquissé une légère parenthèse d’unité nationale dans un pays souffrant de « jaunisse » qui a connu depuis l’automne de nombreuses sources de divisions profondes. Les habituels pourfendeurs du pouvoir ont su ranger sagement la hache de guerre pour affirmer leur compassion…. Emmanuel Macron a un laps de temps réussi à devenir « un père de la nation » demandant à chacun de tous s’unir pour reconstruire ce trésor national en lançant une souscription….

Aux côtés de l’Archevêque De Paris, Mgr Aupetit et de la Maire de la Capitale, Anne Hidalgo, le chef de l’Etat a semblé donné sa version revisitée de l’évangile : « Tu es pierre brûlée, mais sur cette pierre, je rebâtirai mon église » …. Aussitôt prononcé, une avalanche de dons venus de France et du Monde ont déferlé jusqu’à tutoyer le milliard en mois d’une semaine.

Les grosses fortunes françaises, les Pinault, Arnaud ou autres Bettencourt ont cassé leurs puissantes tirelires contenant des centaines de millions d’euros et dès lors, les polémiques n’ont pas tardé à ressurgir : « on a rapidement de l’argent pour les vieilles pierres, mais pas pour les plus défavorisés » ont proclamé certains qui s’étaient retenus le temps de la trêve….

Mais l’émotion est quand même restée palpable dans l’opinion publique et une petite majorité à souscrit à l’idée de reconstruire l’édifice même si les objectifs du président de la République misant sur cinq ans parait un projet presque irréalisable… Le défi est de taille mais parait possible pour certains compagnons du devoir, dignes représentants de ce que l’on appelle la « pensée ouvrière », d’essence corporatiste mais dans le bon sens du terme et surtout lointains héritiers des bâtisseurs de cathédrales qui ont contribué à faire de notre patrimoine national un héritage envié qu’il faut préserver à tout prix….

L'ANGOISSE DU GARDIEN DE BUT (EDITO DU 28/04)

Le Paris Saint-Germain ne pouvait que gagner cette prestigieuse compétition qu’est la coupe de France comme ce fut le cas ces quatre dernières années. Grandissime favori face à une équipe de Rennes qui ne l’avait plus gagnée depuis 48 ans, échouant à plusieurs reprises en finale depuis pour tenter de reconquérir ce trophée prestigieux, cela aurait dû constituer une simple formalité pour le club de la Capitale….


Ce samedi 27 avril, dans la ferveur du Stade de France où plus de trente mille Rennais avaient fait le déplacement pour encourager leur équipe, l’esprit était combattif, avec cette volonté de créer l’exploit, de pouvoir enfin espérer soulever cette inaccessible coupe devant être remise à l’issue de la rencontre par le Président de la République : Emmanuel Macron, quarante huit ans après Georges Pompidou !


La première mi-temps s’engagea bien mal pour les Bretons qui prirent deux buts avant la première demi-heure de jeu : c’était clair pour beaucoup : l’équipe de l’entraineur Allemand Thomas Tuchel ne devait faire qu’une bouchée des malchanceux Rennais… Cela pouvait augurer une défaite sans appel et pourtant…la machine se dérègla subitement : le PSG marqua contre son camp et Rennes finit par marquer un deuxième but qui la mit à égalité avec l’équipe Parisienne.


On repensa subitement aux précédentes « Remontada » subies par le club de la capitale, mais c’était contre Barcelone et Manchester, là peu de chances que ces épisodes pathétiques se reproduisent, surtout quand on est sur ses terres et que l’on est recordman avec 12 victoires de la coupe, soit deux de plus que le rival de l’OM et bien loin devant les Verts de Saint-Etienne ou les Gones de l’OL…
Et pourtant, rien n’y a fait : les outsiders ont repris des forces et imposer deux prolongations épuisantes aux leaders et où on a vu un Mbappe prendre un carton rouge, provoquant son exclusion du terrain et finalement voir poindre l’issue inéluctable de l’exercice des tirs au but, provoquant chez le téléspectateur que nous étions la curieuse sensation que le PSG était une fois de plus saisi d’une certaine fébrilité et peut-être d’une peur de vaincre, on put y rajouter un zeste de malchance avec le dernier tir au but loupé qui vit le Stade Rennais renouer avec la victoire, certes in extrémis mais quand même : les losers avaient changé de camp…..
C’est bien connu le bonheur des uns fait le malheur des autres : une sorte de victoire de David contre Goliath, comme aiment à le déclarer les commentateurs sportifs, la niaque d’un côté et le mental en berne dans l’autre. La Bretagne a fêté comme elle le devait ses héros alors que le club dont les Qataris doivent commencer à être laissé d’avoir englouti des millions sans vraiment voir un retour sur investissement et avec des supporters fidèles mais dépités à contrario de la richissime famille Bretonne Pinault qui voit peut-être ses efforts récompensés après des années de brouillard…
Toujours est il que cette soirée nous a offert un grand moment de football, sport que l’on peut aimer ou pas d’ailleurs et nous a rappelé l’effet magique que procure la Coupe de France, née il y a 100 ans et qui permet parfois le temps d’une saison l’ascension du plus petit club qui peut parfois de se hisser au sommet sans gagner la finale, comme ce fut le cas naguère le cas pour Calais, Quevilly, ou l’an dernier Chambly ou les Herbiers, on en déduit que le fric system ne fait pas tout et que les vraies stars ne sont pas toujours celles que l’on croyait…..