UN PETIT PAS POUR L'HOMME (EDITO DU 1er JUILLET)
Il a encore fait « l’intéressant » lors du sommet du G20 à Osaka en blaguant avec Vladimir Poutine ou en faisant l’accolade avec Mohamed Ben Salman. Toujours capable de dire blanc le matin et noir le soir, peu importe du moment qu’on parle de lui. Plus souvent en mal qu’en bien d’ailleurs mais il demeure le roi de la communication, faisant de l’arène politique un théâtre permanent. Vous avez bien sûr reconnu Donald Trump, 73 ans, Président des Etats-Unis et qui risque bien de le rester lors des prochaines élections de 2020….
Fort de son relatif succès économique, l’homme de « America First » tente de devenir un diplomate hors pair, désireux de jouer un rôle majeur sur l’échiquier international : hier, il est devenu le premier président américain à fouler quelques instants le sol d’un pays qu’il vouait naguère aux gémonies : la Corée du Nord en présence de son « ami », Kim Jong Un, environ 35 ans (on ignore son âge réel), leader « adoré » de son peuple, digne héritier d’une dynastie de dictateurs….
Le geste est fort : voir le Milliardaire Yankee taper sur l’épaule de son homologue affublé de son sempiternel costume Mao pourrait entrer dans l’histoire à l’instar de la reconnaissance de la Chine Communiste par son prédécesseur Richard Nixon en 1971…C’était la troisième rencontre entre deux hommes que tout oppose sinon que d’avoir chacun des idées bien arrêtées sur l’exercice du pouvoir….Les deux premières confrontations avaient été plutôt cordiales et censées porter sur le délicat sujet de la "dénucléarisation » d’un des pays les plus fermés du monde mais n’avaient finalement rien donné de concret.
Cette troisième rencontre est-elle vraiment d’un autre type ? Rien n’est moins sûr : à l’exception des médias nord-coréens dithyrambiques qui voient dans cet épisode symbolique un évènement d’une grande portée historique, Il n’en est pas de même pour les observateurs occidentaux ou l’opposition Démocrate qui n’y déplorent qu’une énième opération de com’, certes réussie mais peu porteuse d’avancée réelle sur ce dossier épineux.
Pour l’instant, les Coréens jouent la montre, soutenu par un régime de Pékin qui a salué la bonne volonté des deux parties et qui compte bien jouer les médiateurs pour assouplir la rude guerre commerciale qui l’oppose à Washington tandis que Mr Trump, engagé sous d’autres fronts plus belliqueux comme notamment ceux de l’Iran et du Venezuela adopte un ton (presque) mesuré…
Le roi du « Tweet » ravageur et le « Petit héritier despote » nous offrent une comédie de boulevard dans laquelle il ne se passe pas grand-chose… En attendant, un coup de théâtre au prochain acte ?
LE CHANT DES SIRENES (EDITO DU 10 JUILLET)
Ce dimanche 7 juillet, les joueuses américaines ont réussi leur pari : devenir championne du monde de Soccer pour la quatrième fois sur la pelouse du stade Lyonnais et savourer leur victoire dans la chaleur de la nuit tandis qu’à Athènes, le Premier ministre sortant Alexis Tsípras ne pouvait que déplorer sa lourde défaite aux législatives face à son challenger de droite, Kyriakos Mitsotakis….
Elu pour la première fois en 2015, le leader de Syriza, parti de gauche radicale avait conquis le pouvoir en promettant de mettre un terme à l’inhumain plan d’austérité dont était contraint son pays par l’union européenne et le FMI, le poussant vers une inexorable asphyxie sous prétexte de banqueroute annoncée…
Un souffle d’espoir avait alors caressé les colonnes meurtries du Parthénon qui voyait en ce jeune ingénieur, non seulement un rempart rassurant aux diktats de Bruxelles, porteur d’un « plan b » sorte de « Grexit » concocté notamment par son ministre des finances, Iannis Varoufakis mais également le symbole fort du « dégagisme » : la fin des dynasties politiques et de l’emprise de la religion sur ce petit état berceau de l’Europe….
Mais rapidement, le nouveau dirigeant qui avait curieusement fait alliance avec un petit parti souverainiste de droite, l’ANEL, afin d’obtenir la majorité absolue à la Vouli (parlement), un peu comme si la France Insoumise de Mélenchon s’alliait avec Debout la France de Dupont-Aignan, fut confronté aux dures réalités du pouvoir et finit par renier ses promesses électorales (il organisa même un referendum anti austérité largement approuvé mais dont il ne tint pas compte) au grand dam d’une population désabusée mais fataliste et accepta la mise sous perfusion de son économie afin de ne pas disparaitre dans une mer d’incertitude…..
A présent, le pays va un peu mieux, regagnant même la confiance de certains marchés financiers et le retournement de Tsípras aurait pu jouer en sa faveur mais les Grecs n’ont pas la mémoire courte ont décidé de ne pas s’abstenir mais au contraire d’aller voter massivement pour « remercier » le sauveur présumé d’hier au profit de son rival de la Nouvelle Démocratie incarné par un pur produit de la « familiocratie » à la Grecque : Kyriakos Mitsotakis… Mais l’homme dit vouloir ne pas revenir à l’ancien système, clientéliste et profitant des largesses d’une Europe naguère gentiment bienveillante aux dérives budgétaires du petit pays, préférant opter pour une politique libérale, se voulant le chantre de la baisse des impôts qui écrasent ses compatriotes notamment….
En somme le « dégagé » d’hier prend sa revanche sur le « dégagé » d’aujourd’hui mais au-delà de ses belles promesses, la réalité reste cruelle : la Grèce a toujours une dette colossale représentant 180 % de son PIB, le chômage touche près de 20 % de la population active, les jeunes diplômés fuient à l’étranger pour trouver un avenir meilleur et le taux de pauvreté a connu une croissance exponentielle , alors la tâche du jeune businessman reste ardue, à lui de ne pas décevoir une population qui souhaite retrouver le chemin de l’espoir, et pas seulement dans les ressources touristiques, pas uniquement un pays du « club Med » mais un pays « tout court »….
FATALS HOMARDS (EDITO DU 17 JUILLET)
l avait hérité du délicat maroquin de la transition écologique depuis le départ fracassant de Nicolas Hulot, faisant de lui le numéro deux du gouvernement Philippe : à 44 ans, François (Goullet) de Rugy avait toutes bonnes raisons de passer de bonnes vacances avant de tomber sous les fourches caudines du diable Médiapart qui a révélé le train de vie dispendieux de l’intéressé : preuves et photos à l’appui lorsqu’il présidait le Palais-Bourbon entre 2017 et 2018.
Malgré la chaleur estivale qui naguère était synonyme de trêve des confiseurs, l’actualité en ligne a donc repris ses droits et sous le rouleau compresseur médiatique ambiant devenue irrespirable, François de Rugy a préféré démissionner du gouvernement afin de pouvoir mieux se défendre et surtout, selon ses dires, de protéger un exécutif qui ne veut pas subir un nouveau mauvais feuilleton estival, à l’instar de l’affaire Benalla, avait presque eclipsé la victoire des Tricolores au Mondial…
D’abord soutenu par l’exécutif, il aura été lâché et remplacé en un éclair par Elisabeth Borne, jusqu’à présent Ministre des transports, mais cela suffira-t ’il à éteindre l’incendie ? Rien n’est moins sûr, d’autant que François de Rugy s’ajoute à la déjà longue liste des ministres d’Etat (Bayrou, Collomb, Hulot) qui ont claqué la porte depuis le début du quinquennat mais pour des raisons différentes….
Dans ce cas de figure, c’est le passage jugé fastueux du Ministre sous les lambris de l’Hôtel de Lassay qui est pointé du doigt : les « diners aux Homards et autres grands crus « aux frais de la république sont mal passés aux yeux d’une opinion publique qui s’entend dire toute la journée qu’elle doit se « serrer la ceinture » afin d’éradiquer les dérives budgétaires de notre beau et vieux pays….
En fait, rien d’illégal dans tout cela, le quatrième personnage de l’Etat occupe une fonction de représentation qui l’oblige à un certain protocole impliquant des dépenses de fonctionnement, cela a toujours existé et certains font bien pire, dans l’ombre, profitant des « fromages de la république « mais l’ancien Président de l’Assemblée, s’était érigé dans le passé comme le « pourfendeur des privilèges démesurés de certains élus », devenant avec d’autres le héraut de la « moralisation de la vie politique ».
Les images en boucle, le montrant jovial, lors de diners aux chandelles ont permis à certains esprits taquins de constater que « l’aristocrate menait la vie de château » et qu’il était devenu l’arroseur arrosé d’une comédie du pouvoir « faites ce que je dis, pas ce que je fais » … Mais cela serait très réducteur et pourrait donner du grain à moudre à tous les populistes qui inondent les réseaux sociaux et qui sont de fervents adeptes de l’antiparlementarisme, fer de lance de tous les extrémistes……
C’est vrai, le système de défense de l’ex-leader écologiste n’a pas été très convaincant : sa tentative maladroite d’assimiler ces bons gueuletons à des rencontres avec la réalité du terrain est certainement la goutte d’eau qui a fait déborder un vase que le commun des mortels ne veut plus….
Mais, il est clair que tout ceci n’est qu’une des raisons de la disgrâce actuelle du ministre, gageons que dans l’ombre, certains ne lui ont pas pardonné ces revirements et autres reniements politiques, devenant au fil du temps un homme à abattre et de plus en plus isolé dans un poste où les réseaux sont importants…
Ses détracteurs ont probablement été les bons « indicateurs « des sources vérifiées de Médiapart qui a encore réussi un de ses plus beaux coups médiatiques, depuis l’affaire Cahuzac. Mais la donne est ici totalement différente car François de Rugy n’a pas pour autant ruiné sa carrière politique…
L’été lui sera propice pour défendre comme il dit « son honneur » (curieux cependant son tweet faisant un parallèle avec la tragédie de Pierre Bérégovoy). « Sa mise au vert » pour faire un jeu de mots facile sera, espérons-le, salutaire pour notre écologiste blessé……
LA FRANCE A SOIF (EDITO DU 24 JUILLET)
C’est décidément le mauvais feuilleton de l’été qui est diffusé actuellement sur l’Hexagone et une grande partie de l’Europe continentale : celui de la canicule. Un nouvel épisode de chaleur va sévir toute cette semaine et s’avèrera tout aussi étouffant que le précédent qui s’était produit de façon insolite dans le courant juin….
Les français étouffaient et partaient à l’assaut des grandes surfaces, ce qui fit le bonheur des vendeurs de ventilateurs et autres rafraichisseurs d’air qui trouvèrent un second souffle en ces périodes de soldes….
Certes, nous sommes habitués à ce type d’épisode de chaleur et certains nous ont laissé des souvenirs douloureux, comme ce fut le cas en 2003, qui sera le marqueur à la prise de conscience de mesures de prévention susceptibles d’éviter de nouveau de provoquer la mort de 15000 personnes vulnérables.
Les pouvoirs publics ont pris les mesures qui s’imposaient et c’est tant mieux mais l’inquiétude présente des politiques réside dans la multiplication des dérèglements climatiques de plus en plus fréquents (bourrasques, déluges orageux ou des pluies de grêles très destructrices) dont ils sont des acteurs impuissants….
Aujourd’hui, le mercure ne cesse d’afficher des records affolants, les pluviomètres sont désespérément secs, partout le sol craque et le « cagnard » règne en maitre dans un environnement sans nuage qui jaunit impitoyablement les sols
Le gouvernement a décidé de pallier cette crise en déclenchant un plan d’urgence pour nos agriculteurs : une avance de trésorerie de la PAC prévu en octobre et s’élevant à environ un milliard d’euros. Le geste a été salué par la communauté agricole mais certains le jugent cependant insuffisant au vu de la gravité de la situation qui voit un état des nappes d’eau très inférieures aux normales saisonnières dans beaucoup de régions ainsi que l’obligation de puiser précocement dans les réserves de fourrages pour nourrir les bêtes…
Les moissons se déroulent donc dans une ambiance parfois anxiogène : hier, entre Etampes et Dourdan, 450 hectares de blés sont partis en fumée aux abords de la départementale 91 (axe Ablis-Corbeil), avec évacuation de certains riverains à Boutervilliers et un travail de longue haleine pour nos valeureux pompiers pour éradiquer le sinistre…
75 % des départements sont soumis à des restrictions d’eau, au niveau urbain, c’est la pollution qui est pointée du doigt même si une fois de plus des mesures de prévention ont aussi été prises… Citadins comme ruraux, vogue la galère, en attendant des jours meilleurs tout en craignant un très probable nouvel épisode, comme l’envisagent les météorologistes et qui met en exergue les effets probants du réchauffement climatique, même si le débat continue à diviser la communauté scientifique….
A la tribune de l’assemblée nationale, une lycéenne Suédoise de 16 ans, à l’origine d’une croisade anti-dérèglement climatique est venue porter la bonne parole, exhortant les citoyens à épauler la communauté scientifique sur ce combat crucial pour notre avenir même si une fois de plus, le débat divise et le spectre de la récupération politique plane….
En attendant, les « travailleurs de juillet » continuent à suer, shooté par les brumisateurs en tentant d’oublier un soleil de plomb qui nous narguent tandis que les vacanciers sont parfois contraints au farniente complet pour éviter des mésaventures (hydrocution, hyperthermie, etc…) En priant que le mot « fin » apparaissent le plus tôt possible sur ce mauvais film estival….La France à soif, et pour finir sur une note optimiste, désaltérons-nous : dans cet été torride, tout n’est qu’histoire d’eau….
DE LA SUEUR, DES LARMES, DE LA GRELE MAIS DU PANACHE (EDITO DU 30 JUILLET)
A 22 ans, il est devenu non seulement le plus jeune vainqueur de l’histoire du tour de France mais également le premier Sud-Américain à remporter l’épreuve créée en 1903. Le Colombien Egan Bernal, grimpeur hors pair s’est donc installé sur la première marche du podium dans les deux derniers jours, détrônant notre Julian Alaphilippe national qui aura endossé le maillot jaune pendant deux semaines, donnant les plus forts espoirs d’un triomphe sur les Champs-Elysées, trente quatre ans après le dernier succès tricolore, dû à un certain Bernard Hinault…
C’était en plus, le centenaire du Maillot Jaune, le premier fut effectivement gagné en 1919 par le Français Eugène Christophe : cela aurait eu de « la gueule » comme on dit dans le jargon populaire et les conditions étaient idéales : l’absence de certains favoris, la méforme d’autres et la détermination des Thibaut Pinot ou d’un Romain Bardet pouvaient laisser flotter avec allégresse le drapeau de la victoire…
Mais on le sait, le scénario a tourné court : l’étonnant Thomas Pinot, blessé a dû se résoudre la mort dans l’âme à abandonner, Romain Bardet aura eu les jambes trop lourdes et Julian Alaphilippe, pourtant Champion du Monde en Titre, vainqueur d’étape et d’un hallucinant contre la montre contre le tenant du titre Thomas, a fini par lâcher prise, ayant tout donné mais reconnaissant au final, qu’il était tombé sur plus fort que lui et que déjà, sa formidable épopée relevait du miracle….
Lot de consolation : cinq français se classent dans le peloton de tête et le « Tour de France » a retrouvé là ses lettres de noblesse : dans ce Tour jugé exceptionnel pour plusieurs raisons : d’abord, c’est bien l’une des premières fois depuis des lustres que le spectre du dopage n’a pas hanté l’atmosphère de compétition centenaire, ensuite parce que les nombreux rebondissements, dont l’insolente réussite de l’outsider Alaphilippe a relancé la ferveur des supporters et des téléspectateurs qui n’auront pas assisté à un spectacle soporifique grâce à l’esprit combattif de certains coureurs et enfin aux caprices de la météo, alternant entre un soleil étouffant et un déluge de grêle imposant la raccourcissement de certaines étapes : du jamais jusqu’à présent !
On aura aussi pu constater l’ironique parallèle entre une France profonde dont certains lieux ne font la une qu’à cette période de l’année lors du passage maillot jaune et le même pays éloigné des grands centres urbains peuplés de citoyens lambdas qui ont endossé un gilet jaune pour rappeler à l’autre France qu’ils se sentaient ignorés voire méprisés du reste de la population.
Emmanuel Macron est venu sur le tour, avec l’espoir secret qu’un Français gagne enfin le Tour, son vœu n’a pas été exaucé mais le chef de l’Etat a tenu à rappeler avec lucidité que la crise des Gilets Jaunes n’était pas derrière nous et pouvait ressurgir à tout moment : à la ferveur populaire constatée sur les routes de la petite Reine pouvait couver en secret une nouvelle jacquerie : en effet le sport permet le temps d’une compétition de réunir dans la même frénésie des individus mais ne peut pas empêcher de voir parfois les mêmes se combattre par la suite….