LA PASSEE D'AOUT (EDITO DU 06 Août)
Jadis, il existait une tradition dans les campagnes pour fêter la fin des moissons. Nous parlons d’une époque que nous n’avons pas connue, celle où la « révolution silencieuse
» remplaça lentement mais sûrement l’homme de peine par la machine : pour être plus clair, l’ouvrier agricole par la moissonneuse-batteuse…
Un grand banquet était alors organisé, on ornait les
édifices des symboles de cette terre nourricière mais tout cela est à présent à ranger dans la bibliothèque d’un folklore malheureusement un peu oublié : autre temps, autre mœurs mais on était
fier du travail bien accompli comme dit un dicton local : « les blés qu’Etampes récolte, Etréchy les amasse et Corbeil les moud ».
Les moissons continuent activement dans un des étés les plus chauds
de notre histoire, en grande partie dû, malgré les dénégations de certains au dérèglement climatique, nous ne sommes plus à l’abri d’épisodes caniculaires certes de courte durée mais
de plus en plus denses et surtout de plus en plus fréquents qui causent des dégâts irréparables comme les violents incendies dans le Gard qui ont coûté la vie à un héroïque pilote, Franck Chesneau
qui tentait de les éradiquer.
La poignante cérémonie présidée par un Christophe Castaner, souvent brocardé pour sa capacité à gérer la Place Beauvau mais ici submergé par une
sincère émotion, l’enfant du Lubéron qui a dû être si souvent témoin d’autres épisodes qui ont ravagé son territoire, de façon accidentelle ou criminelle nous rappellent plus que jamais
combien est louable l’action de ces soldats du feu qui se font parfois caillasser par des gamins désœuvrés d’autres territoires oubliés de la République…
Mais l’heure est au recueillement et non à la polémique, la quintessence de ces cérémonies d’hommage doivent nous rappeler que l’engagement et la solidarité restent des piliers indispensables à nos démocraties et la mémoire d’actes tragiques doivent nous servir, sans mauvais jeu de mots à instaurer des « pare-feux » à nos mauvais démons, comme ce fut le cas ce 6 août 1945, où la folie des hommes inaugura à Hiroshima (suivi peu de temps après par Nagasaki), l’ère d’un lugubre feuilleton atomique qui heureusement, n’a plus eu de suite ..jusqu’à présent.
La cloche d’Hiroshima lorsqu’elle sonne nous rappelle les terribles remords du pilote d’Enola Gay qui lança la première bombe atomique sur la métropole Japonaise avec des conséquences si meurtrières et à des plaies toujours béantes et qui aurait espérons-le, préféré être à la place du pilote Chesneau……
UN TAXI POUR LE G7 (EDITO DU 20 août)
Biarritz, station balnéaire cossue bien connue de la Côte Basque pour son Rocher de la Vierge, ses Hôtels luxueux, ses surfeurs et dès ce Week-end, l’organisation du G7, au grand dam des touristes
et des Biarrots qui digèrent mal que l’évènement se déroule en pleine période estivale : contrariant les vacances de certains et imposant une logistique implacable pour les uns et les autres….
Pensez donc
: coordonner un tel évènement dans une ville de 26.000 habitants mais qui en abrite 4 fois plus l’été relève du casse-tête : ajoutez-y un nombre conséquents de chefs de gouvernements, de présidents
d’organisations européennes sans oublier les journalistes de tous les pays et vous vous retrouvez à déguster un cocktail dont certains effets restent inconnus tant au niveau du bon déroulement de ce groupe de discussion entre
les sept puissances économiques les plus riches du monde que de la sécurité qui peut provoquer des sueurs froides à un exécutif qui a connu de grandes zones de turbulences depuis la fin de l’année dernière….
10 000 policiers et gendarmes sont attendus pour « cadrer » l’évènement, imposant certains check-points à travers la ville afin d’éviter les éventuels débordements
tels ceux que l’on a pu connaitre lors de l’interminable crise des gilets jaunes… ? Alors pourquoi ici et non pas dans des lieux plus importants, plus en adéquation avec l’organisation d’une telle cérémonie
comme naguère ? La réponse à cette question trouve son origine dans un précédent sommet qui s’était tenu à Gênes en 2010 et qui fut le théâtre de débordements tragiques, provoquant
même la mort d’un manifestant…
Et au fait pourquoi organiser encore ce type de sommet ? Le premier se tint à Rambouillet en 1975, sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing,
se voulant un groupe de discussion et de partenariat des 7 pays les plus puissants du monde (USA, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie et Canada) qui se partageaient alors les 2/3 des richesses nettes mondiales.
Certains vous diront qu’à présent, son opportunité est plus du ressort diplomatique qu’économique : les leaders des quatre pays européens, un asiatique et deux nord-américains peuvent alors exposer de
façon frontale leur vision d’un monde qui change à grande vitesse et surtout remettre en exergue les grands problèmes du moment : l’environnement, le calendrier imposé par la mondialisation, la géopolitique. On
connait leur point de désaccord (opposition Trump et le reste de l’Europe, de la montée en puissance asiatique de la Chine qui taille des croupières à un Japon naguère souverain, etc.) …
On a même parlé, le temps d’une parenthèse, d’un G8 puisque la Russie y était associée, bien qu’elle réponde d’avantage à une indéniable force diplomatique dans
les zones de turbulence qu’économique (où elle n’est finalement qu’un nain) mais l’annexion très décriée par Poutine de la Crimée ont provoqué son exclusion du « club » ad
vitam aeternam, la mettant ainsi au ban des nations dites « démocratiques » ….
Mais on parle à présent plus de l’opportunité du G20, né vingt ans après
le G7 et qui correspond plus, aux yeux des observateurs à une plus juste représentation de l’ordre économique mondial : outre les puissances historiques, s’y ajoutent les BRIC (dont la Russie et la Chine) et d’autres
nations émergentes (Turquie, Argentine, Afrique du Sud) qui peuvent y faire entendre un autre son de cloche.
Mais à présent, qui dit sommet dit contre-sommet. Ce dernier est déjà
organisé non loin de Biarritz, à Hendaye et Irun, avec son lot d’altermondialistes bien décidés à condamner les méfaits du G7 jugé par eux comme une assemblée de « prédateurs »
qui voudraient ingurgiter plus de la moitié des richesses mondiales, chantres d’un néolibéralisme assumé alors qu’elle ne représente que 10 % de la population du globe. On sait aussi que les contre-sommets n’accueillent
pas que des gentils pacifistes qui rêvent d’un « monde meilleur » mais également quelques éléments très virulents, adeptes de dérapages incontrôlés comme ce fut le cas lors des plus chaudes
manifestations des « gilets jaunes ». Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, sait qu’il n’a plus droit à l’erreur, depuis les récents et nombreux cafouillages dont beaucoup lui impute la responsabilité….
Dans l’attente, la station des « tontons surfeurs » espère bien ne pas devenir celle des « tontons flingueurs » aux yeux d’un monde qui a bien changé depuis le premier
sommet il y a quarante cinq ans mais pour rester sur une note d’optimisme, « ce brin de causette à la sauce planétaire » peut trouver des vertus dans un huis clos entre dirigeants qui saisissent alors l’opportunité
d’échanger des idées qui peuvent les diviser mais aussi parfois les rassembler, il suffit de « parler cash » comme dirait Poutine et peut être même Macron…..