1970 ou le Cercle Rouge...

Philippe DUPONT

 

Dédié à tous ceux qui poussèrent leurs premiers cris en cette année Septante…Ils ou Elles se reconnaitront…

 

Çakyamuni le Solitaire, dit Siddhârta le Sage, dit le Bouddha, se saisit d'un morceau de craie rouge, traça un cercle et dit
« Quand des hommes, même s'ils l'ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d'entre eux et ils peuvent suivre des chemins divergents. Au jour dit, inéluctablement, ils seront réunis dans le cercle rouge »

Introduction du film « Le Cercle Rouge » de Jean-Pierre Melville, 1970

 

 

Après avoir tourné « L’Armée des Ombres » en 1969, Jean-Pierre Melville va signer en cette année 1970, un nouveau thriller efficace « Le Cercle Rouge » qui s’inscrit dans la lignée de ses précédentes œuvres du même genre : « Le Doulos » (1961), « Le Deuxième souffle » (1966) et bien sûr « Le Samouraï » (1967) ….

Le réalisateur, reconnaissable avec un Stetson toujours vissé sur le crâne et une paire de lunettes noires qu’il ne quitte jamais est un grand admirateur du film noir Américain et cette passion le poursuivra jusqu’à son décès prématuré en 1973, à l’âge de 55 ans….

De son vrai nom Jean-Pierre Grumbach, né en 1917, issu d’une vieille famille juive alsacienne, cet ancien de la France Libre, prend alors le pseudonyme de Melville, pour rendre hommage à l’auteur de « Moby Dick ».

Très tôt attiré par le 7 -ème Art, ce perfectionniste qui ne vivait que pour son art réalise son premier chef-d’œuvre « Le Silence de la Mer » (1947), adapté du roman de Vercors et interprété notamment par sa cousine Nicole Stéphane (il est également le cousin du réalisateur Michel Drach, l’auteur des « violons du bal »).

Il signe également : « Léon Morin Prêtre » avec Jean-Paul Belmondo et Emmanuelle Riva, « Bob le Flambeur » ou « Les Enfants Terribles » adapté de l’œuvre de Jean Cocteau…

Toute l’œuvre de Melville a comme dénominateur commun : la solitude qui hante les personnages de ses films dont le destin s’avère très souvent fatal….

Ce maniaco-dépressif, du fait de son caractère difficile avait des relations parfois très conflictuels avec ses interprètes : Jean-Paul Belmondo en vint aux mains avec lui lors du tournage de « L’ainé des Ferchaux » parce qu’il était odieux avec son partenaire Charles Vanel ou avec Lino Ventura qui ne lui adressait pas la parole sur le tournage de « L’armée des Ombres », alors que paradoxalement, l’acteur signa là une de ses compositions les plus remarquables…

En cette année 70, Melville, l’amateur de solitude qui vivait dans ses studios de la Rue Jenner à Paris ou dans sa propriété de Tilly (Yvelines) va réaliser son plus gros succès commercial : « Le Cercle Rouge » (plus de 4 millions d’entrées) qui sera également un succès critique.

La distribution du film, comme dans « L’armée des Ombres » est époustouflante : Alain Delon, Yves Montand, François Perier, Gian-Maria Volonté et André Raimbourg, 53 ans, dit « Bourvil » (qui apparaitra d’ailleurs sous le nom d’André Bourvil au générique) est un des acteurs les plus populaires de l’après-guerre et signe là un rôle à contre-emploi.

Il sera également un des acteurs-fétiches de Jean-Pierre Mocky (Un drôle de Paroissien, La cité de l’indicible peur, La Grande Lessive, l’Etalon) et bien sûr de Gérard Oury avec « La Grande Vadrouille », « le Corniaud » ou « Le Cerveau » qui comme chacun sait cartonnèrent au « Box-Office » …

Avec le « Cercle Rouge », l’acteur signe là un de ses meilleurs rôles dramatiques (avec « le miroir a deux faces »), celui du Commissaire Mattei, un flic solitaire qui traque des truands non moins solitaires (Gian Maria Volonté et Alain Delon) ou un ancien collègue déchu (Yves Montand et la fameuse scène du « délirium Tremens ») ....

Malheureusement celui qui était également musicien et chanteur à Succès (dont l’émouvant « Petit bal perdu »), meurt peu avant la sortie du film le 23 septembre 1970, emporté par la « Maladie de Kahler ». Il est enterré dans le village de Montainville (Yvelines) où il possèdait une propriété, non loin de celle de son copain Brassens, à Crespières….

 

SEPTEMBRE NOIR

 

La disparition prématurée de Bourvil provoque une grande émotion en France tant l’acteur était populaire, d’ailleurs une longue série d’hommages lui sera rendu. Mais ce mois de septembre va également voir les disparitions de deux grands écrivains majeurs : le Français François Mauriac, grande figure de la vie intellectuelle Française depuis les années 20, issu de la grande Bourgeoisie Bordelaise, son œuvre littéraire aura souvent pour cadre sa région natale, autour de Bordeaux et des Landes de Gascogne, citons « Thérèse Desqueyroux », « Le nœud de vipère », « Le Sagouin » ou encore le « Mystère Frontenac »

Elu à l’académie Française en 1933, il devient Prix Nobel de Littérature vingt ans plus tard. Connu également comme journaliste, il collabore à « L’Express » créé en 1953 par Jean-Jacques Servan-Schreiber et Françoise Giroud, dans lequel il rédige son « Bloc-Notes ». L’homme de Malagar (du nom du domaine où il passa son enfance) fut un observateur éclairé de son époque, dénonçant tous les périls du moment : le fanatisme, le totalitarisme ou l’enlisement du colonialisme, par exemple….

L’Américain John Dos Passos, l’auteur de « Manhattan Transfer » disparait également, il fut un grand ami d’Hemingway et fut un critique avisé de l’histoire et de la civilisation américaine entre les deux guerres…

Un chef d’Etat charismatique disparait également : l’Egyptien Nasser meurt d’une crise cardiaque à l’âge de 52 ans seulement. En 1952, ce lieutenant-colonel, adjoint du Général Neguib fait partie de ces officiers qui délogent de son trône le Roi Farouk….

Il remplace assez rapidement Neguib et se lance dans une politique Nationaliste et Socialiste avec quelques mesures spectaculaires dont la Nationalisation du Canal de Suez en 1956. Il devient rapidement le leader incontesté du Monde Arabe, avec sa fameuse doctrine de « Panarabisme », se démarque de l’Occident en se rapprochant des Soviétiques (qui l’aideront à construire le « pharaonique » barrage d’Assouan) …

Après la défaite enregistrée contre l’ennemi héréditaire, Israël, lors de la « Guerre des Six jours » en 1967, son influence se réduit considérablement, aussi bien chez ses alliés, même s’il s’est trouvé un nouveau disciple en la personne de Mouammar Kadhafi, un jeune officier Libyen de 28 ans qui a renversé le roi Idriss 1er l’an passé….

Également contesté dans son propre pays, il aura cependant droit à des funérailles nationales grandioses (pas moins de 5 millions de personnes y assistent) et il sera remplacé par un de ses anciens compagnons d’armes du Coup d’Etat de 1952 : Anouar El Sadate, on connait la suite……

 

JIMI PLAYS IN PARADISE

 

Mais le 18 Septembre 1970, la planète Rock perd une de ses étoiles : James Marshall Hendrix, dit « Jimi Hendrix », cet « extra-terrestre » sur la scène musicale qui semblait « faire l’amour avec sa guitare » est mort brusquement. Il n’avait que 27 ans. Les causes de sa mort restent mystérieuses. Officiellement, il est décédé accidentellement d’une surdose de barbituriques et aurait rendu l'âme lors de son transfert à l’Hôpital mais de nombreuses rumeurs circuleront par la suite invoquant un suicide voire un assassinat…

Né à Seattle, issu d’une famille afro-américaine avec des origines amérindiennes, rien ne prédestinait le petit James à connaitre un tel destin, étant plutôt issu d’une famille assez pauvre et totalement instable. Sa mère alcoolique décède prématurément tandis que son père lui offre sa première guitare alors qu’il a quinze ans. Il apprend à en jouer en « autodidacte » et le loisir devient passion : il veut devenir « guitariste professionnel » … Peu attiré par les études, il « peaufine » l’utilisation de son instrument en jouant dans divers groupes mineurs se produisant dans des salles modestes dans divers endroits du pays. Mais rapidement, il se « démarque » des autres, à tel point qu’il commence à intéresser certains producteurs, à l’instar de Chas Chandler qui a su mesurer l’exceptionnel « potentiel » de l’inconnu…

Le jeune homme fascine autant qu’il irrite, tout le monde l’a compris : Jimi Hendrix est un « phénomène ». Les « pointures » de l’époque qui le côtoient à l’instar de Little Richard ou du turbulent couple Ike and Tina Turner l’admirent mais le trouve cependant dilettante avec une propension pour l’improvisation permanente, synonyme de « non-professionnalisme » dans l’industrie musicale américaine….

Donc à l’époque, c’est en Angleterre que beaucoup de destins musicaux se forgent, essentiellement à Londres, alors terre d’élection de la « Rock Music » largement dominée par les grands groupes de l’époque : Les Beatles, Les Stones, Les Kinks ou les Who et une multitude d’autres….

C’est tout naturellement là que le jeune Afro-Américain, déjà « as » de la guitare se rend en 1966 afin de peut-être détrôner celui que l’on surnomme « God » comme cela était écrit sur les murs Londoniens dès 1965, Éric Clapton. Le musicien anglais est en effet considéré comme le « meilleur guitariste du monde », leader d’un des premiers supergroupes de l’histoire : « The Cream » après avoir officié au sein des « Yardbirds » porte-étendard du « Swinging London ».

Jimi Hendrix ne fera pas trop d’ombre au grand Éric tout en se forgeant sa propre légende lors des quatre années qui vont suivre.

« Nous étions dans le coin restaurant quand est parvenu à mes oreilles un son de guitare monstrueux, puissant, comme je n'en avais encore jamais entendu. Je me lève, me dirige vers la salle de concert et là, je vois un jeune homme en train de manger sa ­guitare, littéralement. J'étais bluffé, je n'avais jamais vu un musicien faire corps avec son instrument de manière aussi fusionnelle. Il semblait avoir une guitare greffée à son corps… »

Propos de Johnny Hallyday lors de sa première rencontre avec Jimi Hendrix, Londres 1966

A Londres, il croise la route de Jean-Philippe Smet, alias Johnny Hallyday qui est venu enregistrer en studio à Londres. Ce dernier lui propose de passer avec sa nouvelle formation « The Jimi Hendrix Expérience » en première partie de son spectacle dans quelques salles françaises et bien sûr à l’Olympia…Il fait sa première apparition télévisée en France dans l’émission « Tilt » animée par un certain…Michel Drucker….

« The Jimi Hendrix Expérience » est un trio composé outre Hendrix de Mitch Mitchell à la Batterie et de Noel Redding pour la basse…. Les tubes vont se succéder: « Purple Haze », « Voodoo Chile », « Hey Joe » ou encore « All along the Watchtower. C’est l’apogée du Rock Psychédélique et l’apparition de la pédale Wāh Wāh dont Hendrix fut le premier utilisateur et dont la résonnance forte ressurgit encore dans nos mémoires.

Il disparaît donc en pleine gloire à l’âge de 27 ans et sera enterré vers sa terre natale, dans les environs de Seattle, où un Mausolée à sa gloire a été érigé. Il rejoint involontairement le « Club des 27 » en compagnie de Brian Jones, de Jim Morrison, Curt Cobain et Janis Joplin qui disparaitra quinze jours après lui….

 

 

JANIS JOPLIN

 

On la surnommait “Pearl » ou « Mama Cosmique », Janis Joplin disparait donc au début de l’automne de 1970, victime d’une surdose de drogues. Elle n’avait que 27 ans comme Hendrix, rejoignant comme lui ce club maudit des « 27 ». Une sorte de Panthéon de jeunes gens qui n’étaient pas programmés pour vivre vieux mais dont l’existence brève fut riche et intense….

Née en 1943, au fin fond du Texas, terre conservatrice, pour ne pas dire « réac » du sud des Etats-Unis, Janis Joplin est issue de la « Middle-Class », enfant, elle est moquée par ses condisciples sur les bancs de l’école, on la trouve « grosse et moche ». Rapidement, sa « fibre artistique » se développe, notamment une passion pour la peinture mais également pour le chant en participant à des formations de Blues alors qu’elle est encore lycéenne.

Mais en 1963, elle abandonne ses études de Droit et elle quitte sa région natale pour la Californie, forme d’Eldorado pour qui veut entreprendre quelque chose. La jeune Janis devient donc chanteuse et commence à écrire rapidement sa « légende » : sa voix unique et ses prestations scéniques vont rapidement faire parler d’elle. Elle intégrera plusieurs formations dont « Big Brother » puis the « Kozmik blues band » avant d’entamer une carrière en solo.

La timide Janis de la période Texane se « lâche » sous le soleil Californien, fait la « foire », commence à faire de nombreux excès (alcool, drogue) affirme sa bisexualité, changeant très souvent de partenaires, aussi bien masculin que féminin et continue donc d’évoluer dans ce milieu parfois glauque du Rock Psychédélique qui forgera sa légende tout en contribuant à son autodestruction à force d’excès….

Elle devient célèbre en participant à tous les grands festivals de l’époque : d’abord Monterey, puis bien sûr Woodstock et enfin l’Isle de Wight, qui comme son pote Hendrix constituera son ultime prestation scénique….

A réentendre « Summertime », on reste subjugué par la puissance de son interprétation, la chanteuse y donne tout comme dans « Cry Baby », où elle semble remonter aux sources du Blues, devenant une des meilleures ambassadrices d’un genre musical dans lequel on crache toutes ses tripes pour dénoncer la ségrégation, la différence ou l’injustice des opprimés, bref le chant des révoltes mais avec un parfum de poésie indélébile…

Mais l’histoire a fini par tourner court, la « sensibilité à fleur de peau » s’est noyée dans un « Very Bad trip » celui où l’on ne revient jamais…La petite Texane rejetée dans son enfance est cependant entrée dans la légende, ayant trouvé une reconnaissance sous le soleil Californien mais également dans sa terre natale qui lui a fini par lui rendre un hommage post-mortem….

 

 

BEATLES FOREVER ENFIN…PRESQUE

 

Les “Quatre garçons dans le vent », les petits gars de Liverpool » comme disait Gainsbourg ont décidé de tirer leur révérence au grand dam de leurs nombreux fans. Après 8 ans d’existence, le « plus grand groupe de Rock du Monde » a décidé de mettre fin à cette épopée musicale qui avait pris une dimension planétaire.

« Nous sommes plus célèbres que Jésus-Christ » proclamait non sans fierté, John Lennon en 1966. Un an auparavant, les « Fab Four » : John Lennon, Paul Mc McCartney, George Harrison et Richard Starkey (“Ringo Starr”) avaient même été décorés par la Reine Elizabeth II …

Durant ces huit ans d’existence, où ils souvent mis en concurrence avec les « Rolling Stones », produisant quelques albums mémorables (Rubber Soul, Revolver, Yellow Submarine, Sergent Pepper’s Lonely Hearts Club band, Let it Be) et gagneront en maturité musicale, avec le tandem Lennon-Mc McCartney à la manœuvre….

Avec plus d’un milliard d’albums vendus entre 1962 et 1970, presqu’à égalité avec le « King » Elvis Presley..., ils sont aussi riches que célèbres et leur légende ne sera pas de sitôt : depuis leur séparation, ils ont vendu autant de disques, surtout dans les dix ans qui suivirent…. En 1980, John Lennon sera assassiné à New York par l’un de ses fans tandis qu’en 2001, George Harrison disparait, des suites d’une longue maladie. Les deux seuls survivants : Mc McCartney et Ringo Starr continuent de se produire et la légende ne disparaitra pas forcément avec eux……

La séparation du groupe va permettre à leur éternel rival, les Rolling Stones, de se proclamer à présent « Le plus grand groupe de Rock du Monde » et de sortir un nouvel album en live qui fera date : « Get Yer Ya Ya out ».Malgré une année passée difficile endeuillée par la disparition d’un membre-phare du groupe et les dramatiques incidents du Concert d’Altamont, le groupe « rebondit » recrute même un nouveau guitariste, Mick Taylor remplace Brian Jones, tragiquement disparu l’an passé.

L’album contient plusieurs succès des Stones : « Jumpin’ flash-back » ou « Sympathy for the devil » notamment et le duo Taylor-Richards fonctionne à merveille avec la « bête de scène » Mick Jagger toujours à la manœuvre….L’année suivante, le groupe sera harcelé par le « fisc anglais » et contraint à l’exil fiscal notamment dans le sud de la France. Ultérieurement, Mick Jagger acquerra un château en Touraine où il a d’ailleurs passé la récente « période de confinement » ….

 

Le Palmarès des Chansons

 

C’était souvent le Samedi soir, le temps des « émissions de Variétés » celles du couple Maritie et Gilbert Carpentier et bien sûr celle du gouailleur Guy Lux. Les vedettes de l’époque sont les trois Michel : Sardou, Delpech et le génial mais excentrique Polnareff qui caracolent toujours en tête des Hit-Parades. Si le premier aime « Les Bals Populaires », le second trouve que « Marianne était jolie » tandis que le troisième affirme « je suis un homme » après avoir été agressé dans la rue.

Un Franco-Américain polyglotte, Joe Dassin cartonne avec des reprises (notamment de Middle of the Road : « Yellow River, devenu « L’Amérique) dont la particularité est d’avoir comme sa consœur Dalida (« Dirladada ») un léger strabisme, on le surnomme « le Clarence de la Chanson » comme le Lion loucheur de « Daktari » le feuilleton qui passe à la télé à l’époque….

Les « maudits Français » plébiscitent un chanteur venu du Québec : Marc Hamilton : « Comme j’ai toujours envie d’aimer » : plus de 5 millions de 45 tours vendus dans le monde…mais ce sera son unique « tube » ….

C’est aussi la grande époque « Made in Israël », avec une valeur sûre : Rika Zarai et son compatriote, Mike Brandt, le « plus grand chanteur à minettes » de tous les temps, qui chante au début en phonétique car il ne parle pas un mot de Français. Sa gloire sera aussi brève que son existence, laissant toutefois quelques tubes devenus des standards….

Nicole Grisoni, dite « Nicoletta », celle que Ray Charles surnommera « La Negresse blanche » interprète « Ma vie est un manège » et « Les Volets clos », un an avant le triomphe de « Mamy Blue ».

Jacques Dutronc, toujours aussi déconneur et encore accompagné de son acolyte Jacques Lanzmann trouve que le « fond de l’air et frais » et rend hommage à un département Francilien :

J'aime tes cheveux, tes forêts
Ton Pontchartrain, ton Antouillet
Mais j'aime aussi ton Vernouillet
Ton Flexanville, tes bels Gambais

 « A la Queue, les Yvelines »

La Grande Barbara au sommet de son art interprète son dernier succès :

Un beau jour ou peut-être une nuit
Près d'un lac, je m'étais endormie
Quand soudain, semblant crever le ciel
Et venant de nulle part surgit un aigle noir….

- L’Aigle noir

Georges Moustaki qui a connu la consécration en 1969 avec le « Métèque » renoue avec le succès grâce à « Ma solitude ». Léo Ferré, prince des Poètes Anarchiste, un an après « C’est extra » revient avec un nouvel album « Amour Anarchie ».

Un groupe de petits chanteurs issus d’Asnières-sur-Seine, « Les Poppys » apparait cette année-là et connaîtra une grande notoriété pendant plusieurs années avec les tubes dans l’air du temps, un peu post-hippie « Non, rien n’a changé », « Love, Lioubov » ou « Isabelle » et se produit aussi bien en France que dans les pays Francophones….

Quelques autres tubes survoleront cette année 70 : « Adieu Jolie Candy » de Jean-François Michael (dont l’auteur-compositeur n’est autre que Michel Berger), « Sympathy » de Rare Bird, « It’s five O clock » des Aphrodite’s Child, « Venus » de Shocking Blue ou encore « Summertime » de Mungo Jerry… Toute une époque….

 

QUE MA JOIE DEMEURE….

 

Le 8 octobre 1970, Jean Giono disparait, victime d’une crise cardiaque, chez lui à Manosque, la plus grande ville des Alpes de Haute-Provence (ex-Basses-Alpes) où il avait vu le jour, 75 ans plus tôt…

Ecrivain majeur du XX e siècle, ce fils unique d’un cordonnier d’origine Toscane restera toujours fidèle à sa région natale, « autodidacte » de la littérature (il est contraint d’arrêter ses études avant le baccalauréat et travaillera jusqu’en 1929 dans le secteur bancaire), attiré très jeune par l’écriture, il se démarque de ses contemporains par un style unique, doué d’une « plume » qui ne ressemble à aucune autre.

Dans cette œuvre foisonnante, on est subjugué par la grande place que tient la Nature (il suffit de lire que ma joie demeure pour le constater) …Il fut donc l’homme d’un territoire, celui de « la Haute-Provence » mais également un « citoyen du monde » avec ce luxe d’atteindre une forme d’universalisme avec sa région natale comme centre de gravité…

Pourtant, Giono n’était pas pour autant un auteur « Provençal », il exécrait même Frédéric Mistral, avouant même préférer les paysages écossais, le « pays idéal » selon lui et même être subjugué par la beauté des campagnes d’Ile de France en automne….

Traumatisé par la Grande Guerre comme bon nombre de mobilisés, il penche progressivement vers un pacifisme militant, également adepte de « la vie en communauté », il créé avec un groupe d’amis « Les Rencontres du Contadour, sorte de « Lieu d’échanges philosophiques et littéraires au cœur d’une nature préservée, loin des tracas de la ville » » dans ce hameau situé au cœur de la Montagne de Lure qui lui a d’ailleurs inspiré son roman « Que ma joie demeure » …

La Seconde Guerre Mondiale va stopper l’aventure du Contadour et Giono, a contrario de beaucoup d’écrivains de l’époque ne s’exile pas, continue son militantisme pacifiste et certains l’accuseront à la Libération, d’avoir « collaboré » du moins intellectuellement avec l’Occupant Nazi…

Un instant inquiété, il est vite réintégré dans « la République des Lettres » et poursuit son œuvre littéraire, couronnée de plusieurs romans qui rencontreront un succès autant critique que commercial : « Un Roi sans divertissement », « les Ames Fortes » ou encore « L’eau Vive ». Plusieurs d’entre eux seront d’ailleurs adaptés sur pour le cinéma.

Il est même élu à l’Académie Goncourt en 1954, réalise un unique film « Crésus » avec Fernandel (en 1960), préside le Festival de Cannes en 1961 et participe à la traduction de « Moby Dick » de Melville, rejoignant un autre écrivain dans le genre : Baudelaire, traducteur d’Edgar Poe.

Le « voyageur immobile » s’éteint donc paisiblement dans sa ville de naissance, Manosque qui connait alors une croissance démographique importante liée notamment à la proximité du Centre d’Etudes Nucléaires de Cadarache et dont l’écrivain sera un des plus farouches opposants : l’auteur comblé était resté un militant pacifiste……

   

BAL TRAGIQUE A COLOMBEY : UN MORT

 

Le 9 Novembre, Georges Pompidou, l’air grave, apparait à la télévision pour annoncer aux Français que « la France est en deuil, le Général de Gaulle est mort ». C’est vrai, ce jour-là, ce « cher et vieux pays » est sous le choc : il a perdu son « Grand Homme » un an après que celui-ci eut quitté le pouvoir, à la suite d’un référendum perdu….

Une semaine après, l’hebdomadaire satirique « Hara-Kiri », dirigé par François Cavanna et Georges Bernier, alias « Professeur Choron » publie cette « une » provocatrice qui on le devine provoque l’indignation. Le ministre de l’Intérieur, Raymond Marcellin, suspend la parution du journal « bête et méchant » comme ses auteurs le proclame et qui ne tardera pas à disparaître pour laisser la place à une nouvelle publication non moins satirique : « Charlie-Hebdo » …….

 

 

ENQUETE SUR UN CITOYEN AU DESSUS DE TOUT SOUPCON

 

A L’aube des années 70, le cinéma politique italien connait une période florissante. Plusieurs réalisateurs (Pasolini, Rosi, Bertolucci) souvent très proches d’un Parti Communiste alors très puissant, produisent quelques longs métrages mémorables : c’est le cas de « Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon » que réalise Elio Piétri.

Mélange de Thriller et de satire politique, le film nous raconte l’histoire d’un Commissaire de Police en pleine ascension professionnelle, qui tue sa maîtresse puis mène lui-même l’enquête, certain d’être au « dessus des lois » et persuadé que personne n’aura l’audace de le suspecter au point de laisser des indices compromettants. L’interprétation magistrale de Gian-Maria Volonté, « superstar » du cinéma politique Italien (il jouera également dans « la classe ouvrière va au paradis » du même Piétri, Palme d’Or à Cannes l’année suivante), accompagné par la musique obsédante de l’incontournable Ennio Morricone sont restées dans toutes les mémoires…

« MASH », une comédie « Bouffonne » de Robert Altman obtient la récompense suprême sur la Croisette en ce mois de mai 1970. Interprété par Donald Sutherland et Eliott Gould, le film raconte l’histoire d’une antenne médicale et les aventures loufoques de ces médecins soldats durant la guerre de …Corée. Un peu audacieux, à une période où les Etats-Unis vivaient dans le « bourbier » vietnamien….

Côté cinéma français « Le Genou de Claire » fait partie des « Contes Moraux » réalisé par Éric Rohmer, le plus littéraire de nos cinéastes, avec Jean-Claude Brialy et un acteur débutant, ex-apprenti-coiffeur : Fabrice Luchini qui deviendra d’ailleurs un acteur-fétiche du cinéaste. Claude Chabrol réalise deux films : « Le Boucher » avec Jean Yanne, en tueur psychopathe dont s’est amourachée l’institutrice Stéphane Audran, actrice « Chabrolienne » par excellence et alors épouse du cinéaste qui joue également dans « la Rupture » avec Jean-Pierre Cassel et Jean-Claude Drouot….

« L’Aveu » est également le nouveau film de Costa-Gavras qui vient d’obtenir l’Oscar du meilleur film Etranger à Hollywood, mais sous les couleurs de l’Algérie (où s’est déroulé le tournage) …

Ce nouveau film inspiré du roman autobiographique d’Artur London, avec encore une fois un Yves Montand imposant, relate les « procès de Prague » en 1952, dans lesquels furent mis sur les bancs des accusés des cadres du Parti Communiste suspectés d’être des opposants au Régime….

 

 

 

SOLJENITSYNE ET LE SAMOURAI

 

Alors qu’en France, c’est la consécration pour Michel Tournier, ancien professeur d’Allemand, qui obtient à l’unanimité le Prix Goncourt 1970, Alexandre Soljenitsyne se voit décerner le Prix Nobel de Littérature.

L’écrivain, né en 1918, a grandi dans la Russie Soviétique, il a d’abord adhéré à l’idéologie Communiste avant de s’en éloigner par ses critiques appuyées sur le régime Stalinien, ce qui lui vaudra plusieurs années d’internement, au cœur du « Goulag », il publie quelques livres majeurs dont « Une journée d’Ivan Denissovitch » ou le « Premier Cercle » mais c’est surtout la publication de « L’Archipel du Goulag » en 1974 qui lui procurera une renommée internationale. Contraint à l’exil, il gagne les Etats-Unis et élit domicile dans le Maine, dont certains paysages lui rappelleront son pays natal. Il y sera d’ailleurs interviewé par Bernard Pivot dans le cadre de son émission mythique « Apostrophes ».

Réhabilité sous Gorbatchev, il rentrera définitivement dans son pays quelques temps après l’effondrement de l’URSS dans les années 90. Il y décède en 2008.

Tandis que le Nobel est attribué au « Refuznik » Soljenitsyne, un autre prétendant au Prix (il a été pressenti trois fois), le Japonais Yukio Mishima, 45 ans, écrivain autant admiré que controversé, auteur notamment de « La Mer de la Fertilité » se fait un « Seppuku » (Souvent appelé en Français : « se faire Hara-Kiri ») après avoir échoué dans sa tentative de coup d’Etat. Mort d’un « Samouraï » des lettres dont le geste fatal continue d’intriguer……

 

 

APOLLO XIII

 

« Allo, Houston ? Je crois que nous avons un gros problème » …. C’est l’histoire d’une expédition spatiale qui

L’année précédente, la conquête de la Lune avait définitivement confirmé la suprématie de l’Oncle Sam sur le Pays des Soviets en matière spatiale. Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Michael Collins, les trois astronautes de la Mission Apollo 11 étaient ainsi devenus les « héros adulés » d’une Amérique triomphante en foulant le sol lunaire. Peu de temps après, la Mission Apollo 12 connut le même succès technologique mais sans toutefois la même portée que la précédente….

En 1970, un nouvel équipage à bord d’Apollo 13 décolle de Cap Canaveral pour « affiner » les deux précédentes expéditions lunaires. A sa tête, James Lovell et ses compagnons Jack Swigert et Fred Haise qui comptent bien inscrire leurs noms de « conquérants du sol lunaire ».

Mais à l’approche de la Lune, l’explosion d’un réservoir d’oxygène va mettre hors service le module de service indispensable pour le bon fonctionnement de la mission (Oxygène, eau et énergie notamment). Le début de panique s’installe à bord comme au sol où une solution de « sauvetage » de l’équipage doit être improvisée. Les astronautes seront contraints de se réfugier dans le module lunaire mais avec des chances de survie très limitées…car il est impossible de faire demi-tour dans l’immédiat. Sur terre, les équipes de la NASA s’ingénient à trouver des solutions pour tenter de rapatrier les malheureux astronautes : de multiples opérations seront alors menées, relevant parfois du « bricolage » téléguidé mais connaîtra finalement un dénouement heureux. Le Capitaine Lovell et ses compagnons reviendront sains et saufs, ils auront vécu leur « aventure lunaire » de façon si particulière….

En 1995, le réalisateur Ron Howard portera à l’écran cette « épopée du sauvetage spatial » avec « Apollo XIII » avec Tom Hanks dans le rôle de Lovell.

 

LUIS MARIANO

 

Mariano Gonzalez disparait un 14 juillet, à l’âge de 56 ans. Plus connu sous le nom de Luis Mariano, ce basque d’origine Espagnole fut le « roi de l’Opérette »au lendemain de la seconde Guerre Mondiale jusqu’à sa disparition prématurée un jour de « fête nationale » ….

Il fit les « grandes heures » du Théâtre du Chatelet à Paris, à travers la France mais également en Espagne et en Amérique Latine, enchaînant les « tubes » tous écrits et composés par Francis Lopez : « le chanteur de Mexico », « la Belle de Cadix », « Maman, c’est toi la plus belle du monde » etc….

Il sera donc « La voix d’Or » d’un art jugé mineur et moqué par certains critiques musicaux pour son côté Kitch, faits de bruits de castagnettes et de roucoulades mais qui est finalement passé à la postérité et même salué par « l’Establishment », en témoignent les reprises de ce répertoire, dont celle du célèbre Ténor, Roberto Alagna….

Enterré dans le cimetière d’Arcangues (Pyrénées Atlantiques), sa tombe continue à être fleurie par ses nombreux admirateurs à travers le monde….

 

 

 

70 % de TELESPECTATEURS

 

En 1960, 13 % des foyers français étaient équipés d’un récepteur de télévision. En l’espace d’une décennie, le petit écran a pris une place de plus en plus importante dans la vie de chaque français jusqu’à atteindre 70 % en 1970, supplantant la suprématie de la radio, jusqu’alors indiscutable….

L’arrivée de la Deuxième Chaine de l’ORTF en 1964 puis celle de la « Télévision en couleurs » en octobre 1967 sans oublier les retransmissions des « grands évènements sportifs » tels « Les coupes du monde de Football », « les Jeux Olympiques », ainsi que les feuilletons et émissions qui connaissent de grands succès d’audience, bien avant les mesures d’audimat ont été des facteurs prédominants pour le développement du Petit Ecran….

Il n’y donc que deux chaînes publiques en France, dont une en couleurs et trois stations de radio publiques (France Inter, France Culture, France Musique) qui émettent en modulation de fréquence, le tout étant regroupé dans l’ORTF.

Le monopole d’état (qui disparaitra en 1981) ne permet pas aux stations périphériques (Europe N°1, RTL) d’avoir un émetteur situé sur le Territoire national et leur diffusion se fait en « Grandes Ondes » uniquement.

Jacques Chaban-Delmas, nommé Premier Ministre de Georges Pompidou, élu en 1969, lance son projet de « Nouvelle Société » afin de décrisper une société justement ébranlée pendant les évènements de Mai-Juin 1968. Il en profite pour supprimer le « Ministère de l’information », nomme notamment Pierre Desgraupes à la direction de l’information, amenant avec lui une toute nouvelle génération de journalistes talentueux (Philippe Gildas, Etienne Mougeotte, Pierre Lescure, Jean-Michel Desjeunes, Jean Lanzi, François-Henri de Virieu, etc…)

En 1970, plusieurs émissions sont créées, dont « A armes égales » nouveau rendez-vous politique, animé par Michel Bassi et un jeune journaliste prometteur : Alain Duhamel et « Aujourd’hui madame » rendez-vous quotidien destiné à la ménagère de moins de 50 ans, que produit Armand Jammot, déjà très présent sur la deuxième chaîne avec « Les Dossiers de l’Ecran » ou « Le Mot le plus long » ….

 

POST SCRIPTUM

 

En 1970, Michel Polac est devenu le Monsieur « Littérature » de la Télévision Française, devenant le digne successeur du duo Dumayet/Desgraupes, producteurs et animateurs de « Lectures pour tous » et prédécesseur de Bernard Pivot qui rendra populaire le genre avec « Apostrophes » à partir de 1975….

Michel Polac a commencé sa carrière dès le début des années 50 en animant « le club d’Essai » de Jean Tardieu sur les vieilles ondes de la RTF. En 1955, le même Tardieu lui propose de créer avec son complice François-Régis Bastide, une nouvelle émission culturelle traitant de l’actualité de la littérature, du cinéma et du théâtre. Les deux jeunes animateurs proposent alors un « pilote » d’émission qui s’intitulera « Le Masque et la plume » et qui sera diffusée hebdomadairement sur les ondes de Paris-Inter.

Ils sont loin de s’imaginer que leur émission deviendra la doyenne des émissions de radio en 2020, étant toujours diffusée le dimanche soir sur France-Inter sous la direction de Jérôme Garcin……

Michel Polac, également cinéaste est un authentique homme de culture mais plateaux avec des personnages que tout oppose, aidé par son complice, le réalisateur Maurice Dugowson….

Mais en 1971, Post-Scriptum disparait des écrans, suite à la diffusion d’un débat sur l’inceste (après la diffusion du film « Le souffle au cœur » de Louis Malle. Le sujet est-il jugé trop scabreux pour l’époque ou bien son animateur est-il jugé (déjà) trop provocateur ou incontrôlable ? La réponse est certainement dans les deux…

 

POP 2

 

Dix ans avant les « Enfants du Rock » dont il sera un des producteurs, Patrice Blanc-Francard, le présentateur de cette nouvelle émission diffusée sur la 2ème Chaîne de l’ORTF, dédiée à l’actualité de « la Pop Music » choisit comme parrain, José Artur, le célèbre animateur du « Pop-Club » émission-culte de France-Inter, dans laquelle le même Blanc-Francard a été chroniqueur (comme le sera également son vieux complice Bernard Lenoir).

Issu d’une famille très portée sur la chose musicale : son frère Dominique est producteur et musicien (il a notamment appartenu au Groupe « Les Pingouins » qui enregistra la première version Française de « Oh, les Filles ») et l’oncle de Matthieu, plus connu sous le nom de « Sinclair » … Lui-même a commencé sa carrière comme Ingénieur du Son à France-Inter en 1963 où il côtoie les standardistes Gérard Klein et Jean-Louis Foulquier qui deviendront comme lui et son vieux copain Claude Villers des « Piliers » de la Maison Ronde….

En cette année 1970, il propose donc ce nouveau rendez-vous original, bien éloigné des « Age tendre et tête de Bois » à la gloire des « Yé-Yés » qui ont disparu, à quelques exceptions près, des écrans de télévision… Non le rendez-vous se veut résolument « pop » : on y découvrira les groupes « Deep Purple », « MC5 », « Grateful Dead », Joe Cocker, « Soft Machine), Genésis mais également les Français « Gong », « Magma », « Zoo » ou encore Jacques Higelin et Valérie Lagrange…

 

HAGARD SALAZAR

 

Antonio Salazar de Oliveira disparait à l’âge de 81 ans. L’ancien dirigeant Portugais avait été « écarté » du pouvoir en 1968, après avoir été victime d’un AVC sévère.  Depuis, il vivait « reclus », mais se croyait toujours à la tête d’un pays qu’il avait dirigé depuis 1932. D’abord destiné à la prêtrise, il poursuivit finalement des études de droit et d’économie à la prestigieuse Université de Coimbra.

Devenu universitaire, il entre ensuite en politique à la fin des années 20 et accède au gouvernement en devenant Ministre des finances. Il impose une « cure d’austérité » au pays afin d’assainir les finances publiques. Il accède à la tête du gouvernement et instaure « L’Estado Novo » état corporatiste et d’essence Fasciste dans un pays encore fortement agricole avec un mode de fonctionnement encore très féodalisé.

Le Portugal de Salazar va rapidement se transformer en Etat Autoritaire et policier (une police politique : la PIDE sévira jusqu’à la chute du Régime). Sa devise restera toujours « Dieu, famille, Patrie », curieusement repris de nos jours par un de ses fils spirituels : le Brésilien Bolsonaro….

Un « ordre moral » est institué, fondé sur l’allégeance au Pouvoir Central, où chaque citoyen se doit d’espionner et de dénoncer « tout élément hostile » au régime.

Ayant opté pour la « Neutralité » de son pays pendant la seconde guerre mondiale, le leader de « l’Estado Novo » ne sera pas inquiété après 1945, jouissant même d’une certaine bienveillance de ses voisins Européens qui préfèrent fermer les yeux sur cette « dictature » ….

Mais à l’aube des années 60, alors que l’Afrique connait une vague de décolonisation importante, le Portugal reste « accroché » à son Empire colonial, composé du Mozambique, de l’Angola, du Cap Vert et de la Guinée-Bissau… préférant pratiquer une « politique jusqu’au boutiste » jusqu’à envoyer dans ces contrées ultramarines de jeunes recrues pour un service militaire de quatre ans et demi afin de conserver ces « vestiges de la grandeur passée » mais dont l’issue est prévisible : à savoir, la « chute d’un régime dictatorial » dirigé par le successeur de Salazar, le Dr Caetano, renversée par un putsch militaire, celui des « Capitaines d’Avril », ce que l’on surnommera « La Révolution des Œillets » en 1974 mais qui ouvra la porte à un régime démocratique qui subsiste toujours…..

  

MERCKX ATTAQUE…. 

1970 a consacré deux champions légendaires : le premier, le Belge Eddy Merckx remporte alors son 2 -ème tour de France (il en gagnera 5 en tout, comme Anquetil, Hinault et Indurain) et le Brésilien Edson Arantes do Nascimento, alias « Pelé » qui lui remporte son « troisième trophée » lors de la Coupe du Monde de Football à Mexico, où son équipe a vaincu l’Italie 4 à 1.  A noter que la France n'avait pas pu se qualifier.....

Ces deux champions d’exception au palmarès impressionnant sont considérés comme les « meilleurs de l’histoire » dans leur discipline respective…Eddy Merckx qui sera élu « Athlète belge du siècle » Flamand par son père et Wallon par sa mère, il compte un nombre impressionnant de victoires : plus de 500, ayant gagné la plupart des classiques, le championnat du Monde, pas moins de 11 grands Tours (5 Tour de France, 5 Tour d’Espagne et 1 Tour d’Italie), il est souvent considéré comme le « meilleur coureur cycliste de tous les temps ».

Pelé, l’enfant pauvre de Sao Paulo est devenu « le dieu du Football », seul joueur à avoir été trois fois champion du Monde : une première fois en 1958 en Suède (où il affronte notamment en demi-finale : l’équipe de France de Raymond Kopa et Just Fontaine), en 1962 au Chili quand il bat la Tchécoslovaquie et enfin en 1970...

Pelé, qui avait marqué son « 1 000e But » en 1969 rentre donc dans la légende….

La France n’est pas vraiment entrée dans la cour des « Grands ». Pourtant, deux clubs à l’époque n’en sont pas très loin : le champion de France 1970 sera l’Olympique de Marseille et le vainqueur de la Coupe de France sera Saint-Etienne tandis qu’un nouveau club voit le jour : « Le Paris Saint Germain » …….

Non, cette année-là, les « Tricolores » se distinguent surtout sur les pistes de ski, lors des Championnats du monde, sous la houlette d’Honoré Bonnet, ils confirment les bons résultats des années 66-68 (Championnats de Portillo et JO de Grenoble) : Jean-Noël Augert, Michele Jacot, Alain Penz et Patrick Russel remportent une moisson de médailles, tant au Slalom qu’au Géant….

 

JESUS CHRIST EST UN HIPPIE

 

Cette année-là, Johnny Hallyday, est toujours l’idole des Jeunes mais est en quête de renouvellement artistique et c’est là qu’il croise la route de Philippe Labro. Ce dernier est journaliste, écrivain mais également Cinéaste (« Sans mobile apparent », « L’héritier ») et parolier occasionnellement….

La chanson fait scandale. Le chanteur frôle l’excommunication. Le très Saint-Père, Paul VI et la Curie Romaine ne cesse de suffoquer en écoutant les « paroles ». Déjà, l’an passé, les soupirs de Jane Birkin sur « Je t’aime moi non plus » avaient chatouillé les tympans chastes du Sacré Collège, le succès international écrit par son compagnon, le Poète provocateur Serge Gainsbourg (à l’origine destiné à sa « muse » Brigitte Bardot, qui lui avait demandé de lui écrire la « plus belle chanson d’amour du monde ») valait bien un petit passage au confessionnal (gag…) …

 

UNE JEUNESSE FOUDROYEE

 

 Val d’Isère- 10 Février 1970 aux alentours de 8 heures du matin, une avalanche d’une violence inouïe submerge le Centre UCPA alors qu’un peu plus de 75 jeunes stagiaires prenaient leur petit-déjeuner. Le bilan est dramatique : 39 d’entre eux perdront la vie, 37 autres seront grièvement blessés. « Le souffle » de l’avalanche fait éclater les vitres du centre.

Des tonnes de neige poudreuse s’étaient détachés d’un Pic situé 1000 mètres plus haut, traversant même la rivière locale, l’Iseran pour finir leur course funeste jusqu’aux portes du  village. « L’or blanc » de Val d’Isère, symbole de prospérité économique (stations de sports d’hiver) et de fierté régionale, avec les sacres olympiques de Jean-Claude Killy et des Sœurs Goitschell se transformait en « neige en deuil » : l’émotion de cette tragédie sans précédent eut un retentissement national. 

Un malheur n’arrivant jamais seul, une autre tragédie intervint en avril 1970 sur le Plateau d’Assy (Haute-Savoie) quand un glissement de terrain, provoquant une coulée de boue détruisit plusieurs bâtiments d’un Sanatorium pour enfants, faisant également plus de 70 victimes…

 On créa par la suite, un organisme de prévention des risques d’avalanche et de risque naturel pour mieux anticiper ce type de catastrophe naturelle afin qu’elles ne se reproduisent plus jamais…

 

5.7

 

Le « 5-7 » c’était la boite à la mode qui avait été inaugurée quelques mois plus tôt à Saint-Laurent Du Pont, une petite localité de l’Isère, située non loin de Voiron, à une trentaine de Kilomètres de Grenoble. C’était le « rendez-vous » obligé de toute la jeunesse locale… Le 1er Novembre 1970, les responsables du dancing décident d’inviter un groupe Parisien à venir se produire dans les lieux.

L’affluence est telle que les organisateurs décident de boucler les issues de secours afin d’empêcher les fraudeurs de rentrer. Il y a environ 180 personnes lorsqu’au milieu de la soirée, un incendie se déclare dans une pièce du premier étage de la discothèque et le feu se propage rapidement, les flammes dévorant les décors en papier maché et polystyrène. L’alerte est donnée et une trentaine de personnes arrivent à s’échapper. Malheureusement, les 146 restants connaitront une mort atroce : les uns meurent brulés vifs, d’autres sont broyés en tentant d’escalader un tourniquet en sens unique….

Lorsque les pompiers viendront à bout du sinistre, ils ne retrouveront aucun survivant et certains corps carbonisés seront difficilement identifiables, la majorité des victimes étaient des jeunes, dont près d’une cinquante étaient mineurs. Ce drame épouvantable provoque une émotion considérable dans tout le pays. On découvrira par la suite avec effroi qu’aucune visite de contrôle des postes incendies n’avaient été contrôlés depuis l’ouverture du dancing….

  

LE PREFET AUX CHAMPS

 

Il s’appelle Michel Aurillac, il a 41 ans et est devenu l’an passé, le premier préfet non délégué d’un nouveau département, né en 1968 : L’Essonne.

Ancien élève de l’ENA, il participe au début des années 60 à l’aventure du district de la Région Parisienne dirigé par un grand commis de l’Etat, Paul Delouvrier, celui que l’on surnommera le « Père des Villes nouvelles », chargé de décongestionner une Région Parisienne au bord de l’asphyxie urbaine. Puis il rejoint son corps d’origine : la Préfectorale, notamment dans l’Indre (dont il deviendra Député en 1978) puis dans l’Essonne.

En 1970, il quitte les locaux de la Sous-Préfecture de Corbeil-Essonnes qui abrite alors l’Hôtel du département provisoire pour venir s’installer avec femme et enfants dans les locaux de la nouvelle préfecture située en plein champ tout prêt du petit cimetière communal, dans la ville voisine d’Evry-Petit-Bourg qui garde alors une physionomie rurale…

Il se considérera toujours comme le « premier habitant de la ville nouvelle d’Evry » avec la fébrilité d’être un pionnier qui défrichait un terroir où tout était à construire….

Cette aventure des « villes nouvelles » (5 en Ile de France et 4 dans les régions : Le Vaudreuil, L’Isle-d’Abeau, Villeneuve d’Ascq et les Rives de l’Etang de Berre) connaitra quelques poches de résistance : à Cergy notamment, des agriculteurs très hostiles à la métamorphose de leur territoire font des blocages en cette année 1970 sur le chantier de la Préfecture du Val d’Oise….

 

EPILOGUE

 

Dans la rubrique : « Je me souviens » de cette année 1970. J’avais 8 ans, j’étais écolier à Evry-Petit-Bourg (Essonne) où broutaient encore les vaches dans le pré qui allait bientôt être remplacé par une cité, on n’avait pas « école » le jeudi.  On lisait Mickey et surtout « Pif-Gadget » pour avoir le cadeau…. 

On regardait « la séquence du jeune spectateur » et « Zorro » à la télévision (noir et blanc) et on jouait aux « cow boy et aux indiens » au pied de nos immeubles…On imaginait la vie quand on serait « plus grand » en mordant des « carambars »  ou en faisant des « bulles » avec un « Malabar rose »….

Les ménages s’équipaient : de téléviseurs ou parfois les louaient (en couleurs pour les plus chanceux), de réfrigérateurs, de lave-linge, en imitant la mère Denis et en achetant de la lessive Bonux pour encore avoir un cadeau et parfois un lave-vaisselle pour éviter la corvée du même nom….

Le chômage était presque inexistant et le taux de croissance plutôt élevé. La Droite était au pouvoir depuis 12 ans et la Gauche n’arrivait pas à gagner les élections. L’URSS faisait sa loi à l’Est, et le monde capitaliste régnait à l’Ouest, enfin presque puisque l’Allemagne était coupée en deux… Nixon était Président des Etats-Unis et cherchait à sortir du « bourbier vietnamien » tout en voulant renouer avec la Chine Communiste de Mao qui terminait une révolution qui n’avait « culturelle » que le nom…

On avait une monnaie nationale qui s’appelait le Franc. Il n’y avait pas de carte bancaire et le chèque était roi a condition de ne pas être sans provisions…

L’Afrique se décolonisait et on plaignait les enfants Biafrais avec leurs ventres ballonnés par la famine. L’Inde dirigée par Indira Gandhi avait aussi beaucoup d’indigents dans les rues de Calcutta.

On collait des autos-collants sur les pare-brises des voitures et on écoutait de la musique, l’oreille collée au transistor. 

Il y avait des Bidonvilles aux portes de nos villes en construction, habités le plus souvent par des travailleurs immigrés, issus du Portugal, d’Espagne et du Maghreb et qui travaillaient sur les nombreux chantiers de cette France des trente glorieuses (Autoroutes, logements, etc…) …

C’était l’époque des Grands ensembles que l’on construisait parce qu’il y avait une demande criante de logements, on commençait à parler d’informatique sans trop comprendre ce que cela signifiait, le Français moyen s’embourgeoisait et commençait à rêver de « maisons individuelles » qu’il allait visiter dans les « Villagexpo » …

C’était le début du chant du cygne pour le petit commerce, les premières grandes surfaces apparaissaient ainsi que les grandes zones industrielles….

On roulait en DS 21 Pallas ou en R16, on pouvait descendre sur la « Côte » d’une seule traite, car l’axe autoroutier Lille-Paris-Lyon-Marseille était enfin achevé après plus de quinze ans de travaux.  A mi-chemin du parcours, sur l’aire de Savigny-les-Beaune, le président Georges Pompidou inaugura cette infrastructure plus sécurisée dans un pays qui déplorait plus de 15 000 morts par an sur les routes….

On commençait à négliger le « coiffeur », les frères et sœurs étaient tous habillés de la même façon, on portait des pantalons à pattes d’éléphant et des chemises avec des cols « pelle à tarte », le divorce était très marginal et le concubinage pas encore trop pratiqué, c’était le début du mouvement féministe : d’ailleurs cette année là les femmes obtinrent « l’autorité parentale conjointe » jusqu’alors uniquement reservé aux pères et le MLF fut créé….

A l’époque, il fallait parfois un an voire plus pour obtenir le téléphone, on n’avait pas de tablettes mais des « Télécran » apporté par le « Père Noel » pour faire quelques graphismes rustiques et on achetait des 45 tours pour les écouter sur son tourne-disque et on pensait parfois à l’an 2000 comme une époque où tout serait chamboulé…….

Pour finir, lire ou relire les précédents "feuilletons de l'été":

10. Août, 2020

INVENTAIRE 1969

10. Août, 2020

ESSONNE ANNEE 0