BAL TRAGIQUE A CHARLIE HEBDO : 12 MORTS. (*)
Edito du 2 Septembre
Généralement les éditoriaux de Septembre se raccrochent aux branches des « marronniers » : la rentrée des classes et l’annonce d’un climat social tendu après deux mois de vacances. Mais cette année pas comme les autres, toujours marquée par une crise sanitaire persistante et sans précédent fait exception à la règle en nous ramenant à une période tout aussi douloureuse de notre histoire récente : celle des premiers jours de 2015 où une autre forme de « virus » très violent refit son apparition : celui du terrorisme aveugle, de la haine et d’une volonté d’obscurantisme que l’on croyait tombés dans les oubliettes de l’Histoire….
Ce mercredi 7 janvier, dans les locaux de « Charlie Hebdo » situé rue Nicolas Appert à Paris, se tenait la traditionnelle « rentrée » de la rédaction du journal satirique…Les « piliers » étaient là : les dessinateurs : Cabu, Wolinski, Tignous, Honoré et le directeur Charb. Des invités comme Michel Renaud ou la psychanalyste Elsa Cayat, le policier Franck Brinsolaro qui assurait la protection de Charb, le correcteur Mustapha Ourrad et l’économiste Bernard Marris, surnommé « l’Oncle Bernard », l’ambiance promettait placée d’être sous le signe de la bonne humeur chez ces éternels déconneurs, malgré les difficultés financières que rencontrait alors cette publication un peu en « perte de vitesse » ….
On connait la suite : l’ambiance potache promise fut anéantie par l’irruption dans les locaux de deux individus armés, les Frères Kouachi, qui après avoir abattu le malheureux vigile de l’immeuble, Michel Boisseau, tirèrent à bout portant sur chacun des intervenants. Un bilan terrible : onze morts, décimant la « rédaction » et faisant autant de blessés, dont quatre très grièvement….
La France fut d’emblée « sous le choc » en apprenant cet acte aussi inimaginable que barbare, découvrant avec effarement le nombre des victimes au cours de cette journée funèbre qui n’était malheureusement que la première d’une série de trois qui généra de facto une atmosphère anxiogène et insoutenable à travers tout le pays….
La cavale des deux frères se poursuivit de façon frénétique : ils continuèrent à tuer avant de se réfugier dans une imprimerie Seine et Marnaise, prenant en otage le personnel et où ils revendiquèrent leur attentat au nom de « Daesch » et de « Al Quaida », pourtant organisations rivales avant de mourir sous les balles des forces d’intervention. Ils avaient « cru » venger le Prophète des méfaits de ces « mécréants » de Charlie……
Parallèlement, celui que l’on décrira comme leur complice, Amedy Coulibaly, tua gratuitement une policière municipale à Montrouge avant de prendre en otage les clients d’un Hyper Cacher, situé Porte de Vincennes à Paris, faisant impitoyablement quatre victimes avant de lui-même connaitre le même sort que ses sinistres compagnons de combat….
Trois jours qui furent donc éprouvants pour l’Exécutif, présidé par François Hollande, son premier Ministre Manuel Valls et son Ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve qui avaient déjà dû faire face aux précédentes menaces d’attentats qui planaient depuis quelques mois sur le pays et qui sera confronté de façon encore plus dramatique lors des funestes journées de Novembre avec les tueries du Stade de France et bien sûr du Bataclan et de ses environs
Le Chef de l’Etat eut le panache d’organiser un mini-défilé composé de dirigeants étrangers venus apporter leur soutien à un peuple meurtri et surtout pour dire « non » à la barbarie….puis fit un geste fort en consolant le médecin urgentiste Patrick Peloux, collaborateur du journal, qui, retenu par des obligations professionnelles avait échappé au massacre....
On s’en souvient, l’émotion fut considérable dans les jours et semaines qui suivirent et connut alors un retentissement de portée planétaire : le monde devint subitement majoritairement « Charlie » …même si, ironie du sort, quelques semaines plus tôt, une grande partie du million et demi de participants à la manifestation "monstre" organisée à Paris le dimanche suivant ignorait jusqu’à l’existence du journal et de ses victimes….
Mais autre ironie qui n’aurait pas déplu à cette rédaction composée d’anars, de gauchos et autres réfractaires à tout système bien huilé : le numéro 1157, publié peu après la tragédie connut un des plus gros tirages de l’après-guerre avec plus de 8 millions d’exemplaires écoulés dans les jours qui suivirent et qui était aux antipodes des modestes tirages d’un « canard » qui finalement avait souvent connu des fins de mois difficiles….
Cinq ans ont passé et l’heure du Procès de ces attentats sanglants a sonné. Il se tiendra dans les locaux du nouveau Palais de Justice de Paris-Nord et ce, à partir d’aujourd’hui et jusqu’au 10 novembre, après avoir dû être reporté pour cause de COVID.
14 personnes, 13 hommes et 1 femme (l’ancienne compagne de Coulibaly que l'on soupçonne d''être réfugiée en Syrie) ont été inculpées mais tous ne comparaitront pas. Pour une partie de l’opinion ou des familles de victimes, la frustration est grande de ne pas pouvoir juger les trois auteurs des 17 assassinats qui ont rejoint ce qu’ils croyaient être leur paradis…. Les autres le seront pour complicité et surtout d’appui logistique à toutes ces sanglantes opérations….
Filmé pour entrer dans l’Histoire, ce procès attendu devrait surtout pour nous rappeler que la Justice ne signifie pas vengeance mais doit s’exercer même pour les actes les plus ignominieux et également nous interpeller sur le fait de ne jamais baisser la garde même si parfois l’inquiétude ou la peur peut nous envahir mais « courber l’échine » nous précipiterait dans l’abime….
« Charlie Hebdo » a décidé de republier les caricatures. Attitude courageuse même si quelques-uns y voient une provocation salutaire mais inutile, d’autres ont bien au contraire adoubé la farouche volonté de ne pas céder au chantage orchestré par ces oiseaux de malheur….
La rédaction du journal satirique affirme haut et fort sa volonté d’apporter par le biais de ces dessins irrévérencieux, des « pièces à conviction » pour le procès, doublé de l’ardent désir de critiquer comme elle le fait d'habitude comme « bouffeuse de curés », de « fachos », ou d’adeptes de « l’ordre établi ou trop bien-pensant » voire d’avoir le droit de blasphémer, comme l’a rappelé Emmanuel Macron et surtout de ne pas devenir « les esclaves » de ces ennemis de la Démocratie et de la liberté d’opinion….
Les organisations musulmanes, à l’époque atteintes d’un mutisme embarrassé ont majoritairement confirmé qu’elles « fermeraient » les yeux face aux caricatures en tenant à rejeter fermement tout volonté de haine et de violence que ces fanatiques veulent ébranler les fondations de ce qu’ils exècrent le plus : l’Occident.
Verdict dans moins de deux mois en toutefois étant assez pessimiste sur la volonté de repentance des accusés mais en espérant cependant que le vent mauvais de l’histoire cessera de souffler pour une période infinie…. Vœu pieu ?
(*) : Titre provocateur mais qui aurait certainement plu aux disparus du Journal.
LA REVANCHE DE MICHAEL JACKSON
Editorial du 9 Septembre
Dans son pays natal, certains le surnommaient « Wacko Jacko » ce qui signifie Jacko le Barjo. Il s’appelait en fait Michael Jackson, c’était une Star mondiale de la Pop avant de disparaitre à l’âge de 50 ans en 2009, victime d’une surdose de médicaments prescrits par un médecin négligent....
Durant sa carrière commencée dès l’enfance, il aura autant pulvérisé les ventes de disques qu’alimenté les journaux à scandales. Ce garçon excentrique était aussi étrange qu’ambigu : il avait voulu changer de peau, contredisant Nino Ferrer en proclamant « Je veux être un blanc » et avait l’habitude de faire ses sorties en portant un masque, ce qui lui valut, à l’époque , les moqueries de ses contemporains ...
L’auteur de « Thriller » aux dires de ses proches, était en fait « Germaphobe », il craignait l’arrivée imminente d’un virus qui se propagerait impitoyablement sur la planète et qui ferait des dégâts… Alors, « allumé » ou finalement « visionnaire » ? Disons les deux…
Ce grand enfant rêvait de vivre dans un « château fort » il en avait déniché un authentique dans notre Berry National, mais lorsqu’il eut comme projet de détourner l’Indre de son cours habituel, les gens du cru en conclurent qu’il avait été « bercé trop prêt du mur » : il avait pour dessein de créer une sorte de confinement ou d’instaurer des gestes « barrières » avec les manants du coin. Une fois de plus, on le prit pour un « Wacko » et les agents immobiliers brisèrent le rêve du prétendant chatelain, tout Michael Jackson qu’il fut….
Aujourd’hui, le voilà quelque peu réhabilité, comme le fut notre Roselyne nationale à propos du stock de masques. Pendant ce temps, les Français, comme les autres européens, ont appris à vivre avec ce fameux cache-visage, pas toujours de bonne grâce mais en attendant qu’un vaccin salvateur, d’où qu’il vienne, puisse leur permettre de revenir aux jours heureux lorsque nos lunettes n’étaient pas couvertes de buée et notre diction beaucoup plus claire….
L’exécutif a tenu à donner l’exemple : à commencer par le chef de l’Etat, Emmanuel Macron qui exhorte les français à ne « pas baisser la garde » face à rebond constaté de l’épidémie. Il s’est cependant vu obligé de changer de masque après avoir toussé.
Cette toux subite était-elle liée à la crainte d’une rentrée difficile et de devoir imposer de nouvelles mesures coercitives ou bien à la poussée de cas au sein même de son fief du Touquet ?
Ou encore à la mésaventure arrivée au Premier Ministre, qui après avoir côtoyé le Patron du Tour de France, Christian Prudhomme, jugé positif à la Covid 19, est devenu « Castex Cas Contact » (aussi facile à prononcer que les chaussettes de l’archiduchesse sont-elles sèches), l’obligeant même s’il est avéré être négatif à être mis à l’isolement pour une période de 7 jours, appliquant dès lors les mesures de télétravail pour tout le gouvernement par le biais de visioconférence. Une idée à creuser pour plus tard….
Si notre Premier Ministre a été exemplaire, on ne peut pas en dire autant du nouveau Haut-Commissaire au Plan, François Bayrou. En effet, le Palois s’est singularisé en faisant une intervention publique … sans masque a contrario du reste de l’assistance qui l’écoutait, provoquant un tollé dans l’Opinion. Les plus outrés ont exigé qu’il paye 135 euros d’amende pour son implicite « faites ce que je dis, pas ce que je fais », d’autres plus sarcastiques ont soupiré : « Outre le fait de vouloir faire le buzz, il n’a pas mis de masque, craignant qu’il ne le retourne, comme il l’a fait pour ses nombreuses vestes politiques… »
L’ancien ministre de l’Education s’est défendu, en précisant que le port du masque dans ces circonstances n’était pas nécessaire au vu du respect des distances avec l’auditoire, faisant fi des avertissements alarmistes du Pr Delfraissy sur l’explosion parfois exponentielle des cas… Décidément, la « sauce Béarnaise » risque de devenir rapidement aigre….
Trêve d’ironie, la route est encore longue avant le(s) vaccin(s) et la perspective d’avoir pour longtemps un masque comme compagnon du quotidien n’est pas exclu… L’annonce de mesures drastiques, une attitude civique, le renforcement des tests et les protocoles d’isolement restent nos meilleures armes pour lutter contre cet ennemi qui n’a toujours pas dit son dernier mot…. Trop se relâcher, c’est lui permettre de continuer à prospérer, provoquant de nouveaux foyers comme on le voit dans certains coins de l’hexagone, où l’on peinerait à éteindre l’incendie….
Le masque, parfois difficile à supporter, reste un moindre mal, une sorte de « nouveau préservatif » pour calmer les ardeurs du virus. Hier, dans d’autres circonstances, il fallait « rester couvert » aujourd’hui, il faut « rester masqué ». Allez, restons confiants en l’avenir, faisons un « Moonwalk » à notre façon pour saluer le Prophète Michael……
LE CHANT TRISTE DU BECASSEAU MAUBECHE
Editorial du 16 Septembre
Ils ont deviné que l’heure était grave : c’est la raison pour laquelle ils s'étaient donné rendez-vous pour proposer à l’unisson un concert d’adieu à celui qui les avait sortis de l’anonymat.
Ils étaient tous là, sans exception, pour exprimer leur détresse : l’Avocette élégante, le Bécasseau maubèche, la Barge à queue noire, la Bécassine des marais, le Chevalier aboyeur ou encore le Combattant varié.
Un concert mélancolique qui a résonné dans toute la baie, de façon si puissante que « les Oiseaux » d’Hitchcock ressemblait à côté à une musique d’ambiance de piano-bar….
Nous sommes en Baie de Somme, un petit paradis naturel de 70 km2, classé parmi les plus beaux sites naturels du Monde et qui constitue une des fiertés de la Picardie, avec sa faune et sa flore incomparables, située au nord-ouest de notre beau et vieux pays…
Certains penseront que cette manifestation spontanée de ces braves petits échassiers était liée au départ d’Allain Bougrain-Dubourg, le « sénior » des Oiseaux ? Vous n’y êtes pas du tout, Ce chant du désespoir était plutôt adressé à une autre fierté de la Picardie : Jean-Pierre Pernaut, le Pape du 13 heures qui a décidé d’abdiquer de sa lourde charge de « voix de la France » après 32 ans de bons et loyaux service, provoquant stupeur, tristesse et surtout incompréhension de ses fans inconsolables….
En signe de protestation, les cloches des églises du Crotoy ou de Saint-Valéry ont sonné le glas d’une période bénie à treize heures pétantes… Mais à « septante ans », le « Bourgmestre du PAF » a jugé sage de rendre son écharpe tricolore sans toutefois quitter les murs de la maison qui l’avait fait roi depuis qu’il y était rentré il y a quarante-cinq ans….
Retour en arrière : en 1988, celui qui n’est pas encore « JPP 1er » prend les rênes du Journal Télévisé du « 13 heures » de TF1 jusqu’alors tenu par un couple mythique : Marie-Laure Augry et Yves Mourousi qui viennent d’être gentiment remerciés pour cause de non-alibi « béton » par le patron de la Chaîne d’alors…
Le pari était osé de mettre en lumière, cet « éternel joker » qui voue toujours d’ailleurs une admiration sans bornes à son idole Mourousi, un « oiseau de nuit », volontiers provocateur et moqueur mais surtout un « surdoué » du journalisme qui a donné, malgré son apparent dilettantisme, ses lettres de noblesses à ce métier parfois tant décrié….
Jean Pierre, le « second couteau » a la reconnaissance du ventre et saura le montrer à ses employeurs, il va se forger son propre style qui va finir par le faire entrer dans la légende du sacro-saint JT, aux côtés de ses autres grands frères : Roger Gicquel, Jean-Claude Bourret ou Patrick Poivre d’Arvor.
Quand d’autres privilégient le « Journalisme avec un grand J » tourné vers l’International et les grands sujets de société, lui préfère jouer en « seconde division », arpenter les terroirs, donner la parole à tous les petits, les exclus, les sans-grades, bref à la France d’en bas sans jamais oublier de faire un petit « coucou » ponctuel à la terre de ses ancêtres, la Picardie connue pour…sa Baie de Somme….
Le temps a passé et « le remplaçant » est devenu « le titulaire », que dis-je, le « chantre du journal des régions » probablement au grand dam de France 3 et peut s’enorgueillir de rester « le leader » incontesté face à sa rivale France 2, avec ses 40 % de parts de marché (plus de 5 millions de téléspectateurs), commençant son journal par la Météo présentée par sa copine Evelyne Dhéliat (qui a commencé comme lui à l’époque ou la télé était encore en noir et blanc) et d’avoir présenté plus de 8 000 journaux : un record absolu...
Mais la France profonde, celle des ménagères de moins de 50 ans, des retraités qui comprennent les Gilets Jaunes et de ceux qui rentrent manger chez eux le midi sont restés fidèles, d’où leur désarroi à l’annonce de cette décision qui a ébranlé le Landerneau Médiatique….
Cependant, cette gloire cathodique a connu quelques désagréments : la moquerie permanente de ses confrères sur la réelle envergure d’une « Star » qui aime jouer les « localiers » toujours prêt à alimenter la rubrique des « chiens écrasés »…a moins que ce ne soit de la jalousie pour cet ex-cancre qui s’est fait « tout seul » et qui a fini par réussir malgré les quolibets de l’Intelligentsia Parisienne, à l’instar du petit « Gars de Vire » issu comme lui de la bourgeoisie Provinciale, devenus tous deux des Rastignac du Petit Ecran, le premier comme l’Homme-tronc préféré des Français et le second, l’éternel gendre idéal qui veut mourir sur son divan rouge du Dimanche….
Cependant, des problèmes de santé, la « peoplisation », l’usure du pouvoir, l’âge du Capitaine, obligé de se « confiner » pendant la Crise sanitaire ont fini par mettre en péril « sa concession à perpétué »sur le 13 heures, laissant s’accumuler des rumeurs comme celles de laisser sa place à son « Joker », le brave Jacques Legros , pourtant son cadet d’un an ou encore la sanction de ses coups de gueule sur la gestion de la crise par l’exécutif, qui en ont plus fait « un éditorialiste du café du commerce » que la « voix de la France du 13 heures » qu’il a si longtemps incarnée, sans oublier ses bafouillages de plus en plus fréquents par refus du prompteur..
Toutes ces péripéties l’ont probablement amené à vouloir « tirer sa révérence » de façon sage et mûrement réfléchie et une probable prémonition de se retirer avant d’apprendre par les journaux son éviction sournoise comme ce fut le cas pour une autre vedette de la Chaîne, qui suce encore les « dragées au poivre » de l’amertume…. C’est bien connu, les cimetières sont remplies de gens indispensables et notre "Thierry la Fronde" a peut-être craint d'être lâché par ses Compagnons...….
Mais le roi du JT continuera donc de faire des « piges » sur LCI, peut-être en proposant des reportages sur la « Baie de Somme » afin que les Oiseaux ne se cachent plus pour mourir mais puissent de nouveau chanter le retour du Printemps comme au bon vieux temps du 13 heures…
L’EXERCICE DU CONTRE-POUVOIR (Edito du 28 Septembre)
Ce dimanche soir, à l’annonce des résultats, si un homme pouvait jubiler, assis derrière son bureau du Palais du Luxembourg, c’était bien Gérard Larcher, 71 ans, Président de la Chambre Haute du parlement, et accessoirement deuxième personnage de l’Etat……
En effet, le président sortant de la vénérable assemblée est sorti grand vainqueur d’une consultation électorale qui s’est déroulée dans l’indifférence générale mais qui lui permettra de conserver son trône pour au moins les trois prochaines années….
Près de la moitié des sièges du Sénat était à pourvoir, au cours d’une élection qui se produit au suffrage universel indirect, ce qui signifie que nos sénateurs sont élus par de « grands électeurs », triés parmi les élus de la république et non par les électeurs comme c’est le cas pour les législatives…
Sur les 172 sièges sortants , le groupe LR, d'où est issu Mr Larcher conserve sa majorité avec 76 sièges renouvelés auquel il faut ajouter un gain de dix sièges supplémentaires et qui donne un peu de baume au cœur à cette Droite que l’on disait moribonde, depuis ses nombreux revers électoraux constatés depuis 2012 (cinq défaites cinglantes : deux aux présidentielles et deux aux législatives, accompagnées d’une « rouste » aux Européennes, comme aurait dit le regretté politologue Jean Marc Lech), certes compensés par les succès aux élections municipales de 2014 et 2020…
« La Droite et le Centre se remettent en selle » comme semble penser le Docteur Larcher, naguère vétérinaire de l’Equipe de France de Hippisme et qui aime bien provoquer des courses d’obstacles avec la Majorité présidentielle, en jouant la « carte des territoires » contre celle « du centralisme parisien ».
L’ancien Maire de Rambouillet qui aimait naguère introniser en ces terres « la Reine du Muguet » adore à présent jouer sur les « nerfs des monarques en proie au doute »
Cependant, l’homme est pragmatique, pas du genre « rentre-dedans » comme son ex-collègue Mélenchon qui fut comme lui, il y a maintenant 34 ans, un des « cadets » partis à l’assaut du Palais du Luxembourg.
Non ! Ce « chasseur invétéré » est un rude négociateur, il laisse toujours une chance à sa cible : c’est un peu l’art du compromis chez ce « gaulliste de gauche », celui du « contre-pouvoir » qui pourrait se résumer par une volonté d’être le « garant du bon fonctionnement des institutions républicaines, du respect de la laïcité et de l’émergence d’une véritable démocratie participative »..
Accusé avec son acolyte, le très discret Mr Baroin, celui que certains appellent « l’Arlésienne de la Présidentielle », de faire « monter la pression » (comme ce fut le cas pour le forcing concernant le maintien des élections municipales malgré le COVID) et de profiter de leurs nombreux réseaux d’influences (incarnés par les associations d’élus notamment) pour faire plier un pouvoir jugé arrogant, il n’est pas forcément évident que ce genre de démarche, certes signe de vigueur démocratique mène directement vers le chemin du pouvoir….
La Droite a certes gagné les Sénatoriales, mais la Gauche est arrivée bonne seconde tandis que les Ecologistes ont fait une petite « percée » fruit de leurs récentes conquêtes territoriales, leur permettant même de reconstituer un nouveau groupe, cela est-il suffisant pour espérer chez les uns comme les autres de sortir du « purgatoire » au niveau national ?
Rien n’est moins sûr, à l’instar du Rassemblement National, « premier parti de France », « aux portes du pouvoir » comme aiment souligner certains observateurs et qui se retrouve avec un seul Sénateur se voyant contraint de rejoindre discrètement le « groupe des non-inscrits » comme d’ailleurs ses collègues de l’assemblée Nationale, d’ailleurs… un remake de la « Grande Illusion » ?...
En définitive, le Sénat qui a opéré son changement (rajeunissement des troupes, mise en lumière de parlementaires souvent compétents et lanceurs d’alertes, porte-parole des territoires oubliés, celle de « la France en souffrance ») mais qui, comme chacun sait, n’a jamais le dernier mot (qui revient toujours à l’Assemblée nationale) peut alors continuer à jouer son rôle de « poil à gratter », pardon de contre-pouvoir….