LES MESAVENTURES DE DONALD, LE CANARD BOITEUX DE L'AMERIQUE (Edito du 7 Janvier)
Savez-vous ce qu’est un « lame Duck » ? En cas de réponse négative, il s’agit, dans le monde anglo-saxon, d’un élu dont le mandat est arrivé à terme mais qui continue à occuper son poste même si son successeur a été élu….
En voilà, une situation bien saugrenue, me diront certains esprits intrigués par cet état de fait. Pourtant, dans les Etats-Unis d’Amérique, tout ceci parait bien normal et s’inscrit comme une « période de transition » prévue par la constitution….
Certes, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les Présidents américains ont été généralement réélus et étaient de facto dispensés de ce genre d’intermède, à l’exception notable de MM. John Kennedy (pour les raisons tragiques que l’on connait), Gerald Ford (qui d’ailleurs n’avait pas été élu), George Bush Sr et à présent Donald Trump dont les mandats n’ont pas été renouvelés….
Penchons-nous sur le cas de l’actuel président sortant, qui quoiqu’il en soit, aura pratiquement toujours été « un canard boiteux » même avant cette période de transition…
Il y a plus de cinq ans et demi, son pari insensé de vouloir se lancer dans la bataille de la présidentielle avait provoqué des commentaires moqueurs, tant la démarche de ce « self-made-man » (en fait, un héritier qui aura su fructifier l’empire familial) ressemblait plus à une « opération de com » plutôt évidente de la part d’un producteur de « télé-réalité » qu’à une volonté affirmée de faire « bouger les lignes », de déstabiliser un Establishment arrogant et de redonner de l’espoir à une Amérique profonde en déshérence…
Et en déjouant tous les pronostics, il devint « Donald le conquérant » terrassant au passage « Hillary la candidate sûre de l’emporter » tout en réussissant avec brio à attirer vers lui un Parti Républicain (qui l’avait d’abord rejeté) ainsi qu’une grande frange de la population qui se reconnut soudain dans ce personnage « hors système » qui n’écoutait que lui-même et dont le slogan « Make America Great again » fit mouche sous le regard dubitatif du reste du monde….
On connait la suite : quatre ans de présidence tumultueuse où le milliardaire New-Yorkais a mis en place son programme politique teinté de populisme, de climato-scepticisme, de nationalisme et de protectionnisme, fascinant les uns, agaçant ou démoralisant les autres….
Il mena un combat contre tous les ennemis de l’Amérique, dont la Corée du Nord qu’il menaça de réduire en poussière avant de se réconcilier avec son sulfureux dirigeant, Kim Jong Un, au risque de décrocher le Prix Nobel de la Paix ou de mener un bras de fer impitoyable avec l’Ogre Chinois qui avait eu la prétention de vouloir croquer « toute crue » la nation Outre-Atlantique…
Ses outrances verbales, ses Tweets aussi innombrables que ravageurs, son mépris pour le « vieux Continent », à savoir l’Europe, jugée incapable de pouvoir se défendre toute seule ou sa « virtuosité » à alimenter une Amérique coupée en deux mais auréolée de quelques réussites économiques sous son mandat auraient presque réussi à étoffer de façon avantageuse son « plumage » alors que ses ennemis mortels, « les médias » continuaient à l’assimiler à un indécrottable canard boiteux piaffant dans sa basse-cour….
Et puis le vent a tourné, provoqué par un virus aussi ravageur qu’inconnu qu’il qualifia de « grippette Chinoise » : la machine s’est soudainement enrayée, la pandémie a durement frappé le pays de l’Oncle Sam sous l’indifférence de son leader, laissant poindre à l’horizon de noirs nuages risquant de faire semer le doute quant à sa réélection jusqu’alors acquise, surtout face à « Joe Biden » l’archétype du loser, du « vilain petit canard » qui risquait de prendre un « méchant coup de bec » de la part du « Duck » l’éternel Winner de Washington…..
On connait encore la suite : une campagne électorale qui aura été très rude, une sorte de western politique entre deux septuagénaires prêts à en découdre pour défendre leur vision si différente de l’Amérique, mais ce combat de « vieux coqs » a tourné à l’avantage du plus sage au grand dam du plus agité….
Comme dans tous les feuilletons palpitants, le monde éberlué a pu assister aux nombreux rebondissements essentiellement provoqués par le « sortant » : contestation du résultat, mises en place de nombreux recours en raison de fraudes jugées massives avec l’espoir ardent de pouvoir renverser la table avant l’intronisation du nouveau président prévu le 20 janvier….
On l’a vu, rien n’y a fait, même les plus fidèles, vice-président inclus, ont fini par concéder avoir perdu. Sauf notre « canard sauvage » aussi « entêté » « qu’endetté » comme aime à le rappeler certains observateurs qui voient dans son obstination à rester en poste, la possibilité de gagner du temps et surtout de pouvoir éponger une dette personnelle jugée colossale (plus de 400 millions de dollars)....
Pourtant, le « lame Duck » aurait pu adopter une stratégie « gagnante » malgré sa défaite : fort de ses 74 millions de voix boostées par un taux de participation record, il aura réalisé le meilleur score qu’un président sortant ait jamais connu, laissant présager un « après » porteur de reconquête
Malheureusement, il a préféré opter pour une stratégie suicidaire : celle de l’obstruction, du déni et pour finir, son incitation à entrainer ses « troupes de fans « jusqu’au-boutistes « vers le Capitole pour empêcher la validation des résultats, transformant la manifestation en « coup de force" tragique, avec quatre morts et le bafouement de ce symbole de la démocratie l’on fait apparaître comme un « joueur de casino » qui fait n’importe quoi pour essayer de se refaire mais la roue a tourné et la boule est tombée sur la case « 0 »…..
Finalement, l'ancienne star de la "Téléréalité" s'est résolu à quitter le "Loft" après quatre ans d'occupation..... Pathétique et consternant, mais gageons que sa "Story" est loin d'être terminée, hélas.....
LA CLOCHE DE PONT-AUDEMER (Edito du 18 Janvier)
Il est 22 heures à Pont-Audemer (Eure) lorsque qu’une des quatre cloches de l’église Saint-Ouen sonne l’heure du couvre-feu… Curieux, me direz-vous, ce décalage horaire de quatre heures entre ce paisible chef-lieu de canton normand et le reste de l’Hexagone qui est justement « sous cloche » dès 18 heures….
A dire vrai, ce n’est pas aussi curieux que l’on pourrait le croire du fait que ce « son de cloche » Pont-Audemérien est entendu par ses ouailles depuis le Moyen-âge sans lien direct avec l’actuel Coronavirus… comme l’a relaté dans « L’Eveil de Pont-Audemer » et sur Europe 1, le curé de la Paroisse, le Père Dubos...
En fait, cette tradition ancrée dans la vie quotidienne servait à l’origine de « repère » pour les autochtones, les incitant à rentrer chez eux afin d’aller se coucher et surtout d’éviter d’allumer des feux au sein d’habitations construites en pans de bois et surtout collées les unes aux autres risquant de provoquer de violents incendies….
Aujourd’hui la donne est toute différente, même si ce type de confinement partiel rappelle celui d’un moyen-âge paradoxalement transposé à l’époque de l’intelligence artificielle !
Quelques observateurs rappellent que cette « hibernation du soir », du moins sur la forme, ressemble à celle imposée dans les périodes sombres de notre Histoire, dont celle de l’Occupation…lorsque l’on se terrait chez soi dans l’attente anxiogène des matins libérateurs…tandis que d’autres, à l’instar de Jean Gabin et Bourvil tentaient « la Traversée de Paris » adepte du marché noir mais guettant le moindre bruit de bottes Teutonnes répressives….
Mais le couvre-feu de 2021 a heureusement une toute autre signification, pour faire un jeu de mots facile : il sert de pare-feu à une troisième vague qui pointe son nez à l’horizon…tandis que nos voisins se sont déjà reconfinés, y compris l’Allemagne, l’ex-bonne élève à présent emportée par la « flambée » et qui ne peut plus servir de référence pour les éternels polémistes qui inondent nos plateaux télés….
Dès 18 heures, chacun d’entre nous peut allumer un cierge pour prier que la vaste campagne de vaccination qui commence ce jour nous fassent redécouvrir « la vie presque comme avant » ….
C’est le souhait de bon nombre de Français qui demeurent dans les moments critiques, de sympathiques Gaulois râleurs et versatiles : hier majoritairement opposés audit vaccin, aujourd’hui les voilà de plus en plus nombreux à vouloir être chatouillés par la seringue salvatrice….
Probablement, un juste retour à la réalité des choses : un peu moins d’un an après cet « accident de l’histoire » qui a bouleversé notre quotidien, un seul objectif dans notre ligne de mire : en sortir (très) lentement mais sûrement de ce qui est un bourbier à dimension planétaire….
Et puis ces chiffres qui nous parlent : deux millions de victimes à travers les cinq continents et qui continuent à flamber dans certaines contrées, dont 70 000 en France, des mutations du virus qui s’ingénient à nous narguer avec férocité…et qui nous rappellent que « le printemps du vaccin » ne fera pas disparaitre ce fléau comme une « baguette magique » dans un conte de fées….
C’est sûr, à court-terme, nous pourrons peut-être reprendre des apéros qui ne seront plus virtuels sans toutefois oublier d’avoir toujours un masque dans notre poche et de conserver nos reflexes acquis, parfois malgré nous, depuis la pandémie et de ne pas lever notre verre « a la der des der » car l’histoire malheureusement ne se répète pas mais elle a tendance à bégayer…. A la vôtre pour cette nouvelle année d’espérance !.... avec les cloches de Pont-Audemer comme fond sonore….