La France Tropicale (Edito du 4 février)
Décidément, sale temps pour l’exécutif Français : en plus de devoir gérer quotidiennement l’interminable crise sanitaire, le voilà condamné climatique par le tribunal administratif de Paris, pour « carences fautives » dans la lutte contre le réchauffement, découlant d’une pétition surnommée « l’affaire du siècle ».
Cette dernière avait été provoquée par quatre ONG en 2019, provoquant deux millions de signatures et qui avaient donc déposé un recours jugeant le pouvoir « incapable de tenir ses engagements de réduction des gaz à effet de serre » ….
En effet, l’Etat français s’était engagé à diminuer ces émissions de près de 40 % d’ici à 2030 et dans l’instant présent, on peut dire que la trajectoire est loin d’être bonne pour y parvenir…
La décision judiciaire a été jugée « révolutionnaire » par les quatre ONG plaignante et ouvrant la voie « selon elles » à un « préjudice condamnable » que devra assumer l’Etat à chacune de ses entraves…
On peut certes comprendre la jubilation des « défenseurs de la planète » mais pas forcément l’approuver dans la situation présente, la trouvant bien peu indulgente pour un pouvoir (comme tous les autres à travers le monde) confronté à une « autre forme de cataclysme »totalement imprévisible au moment de la plainte et de facto ne plaçant plus dès lors, lesdits engagements en la matière comme une priorité absolue….
Et comme pour enfoncer le clou, voilà que « Météo France » qui nous avait habitué à la prudence en n’émettant des prévisions dont la fiabilité n’excède généralement pas plus de dix jours s’est lancé dans une vaste étude prospective sur l’évolution du climat d’ici à 2100….
Indéniablement, un travail pointu, d’une grande rigueur scientifique, calculé sur des modèles fiables mais qui donne comme résultat des prévisions alarmantes « si et seulement si » nous ne réagissons pas dès à présent.
Le scénario le plus plausible nous dévoile un pays subissant des canicules à répétition avec des pics flirtant avec les 50 degrés, des sécheresses répétées, des inondations fréquentes , etc… On l’a compris, nous risquons de connaitre des conditions climatiques de plus en plus extrêmes….
Nos éminents prospectivistes exhortent les autorités à limiter le plus rapidement possible les émissions de gaz à effet de serre sinon le mercure du thermomètre pourrait alors augmenter de près de 4 degrés Celsius à la fin du siècle et connaitre des étés torrides, bien au-dessus des normales saisonnières….
S’il est clair que ces prévisions pessimistes toucheraient également nos voisins, au vu des nombreuses autres études similaires à travers le monde, elles tendent à démontrer que « ce coup de chaud » risquait de se faire par pallier chronologique », ne dépassant pas les +1° C en cas de situation maitrisée, pour excéder les 2° dans l’hypothèse médiane et de s’envoler vers les 4° dans la pire des configurations….
Pour revenir au présent, on a pu constater des records de canicule en 2019 en France avec 45° constaté dans certaines régions françaises, laissant présager dans un futur lointain des épisodes de chaleur inquiétants qui pourraient être multipliés par dix ? même en cas de maitrise des émissions !
La vénérable institution météorologique cible certaines régions de l’Hexagone qui seraient plus touchées que d’autres, notamment autour de la méditerranée, de la vallée du Rhône et du Sud-Ouest…. Et qui subiraient des périodes estivales autant interminables qu’étouffantes….
Mais « la grande peur dans les montagnes » serait encore plus vivace que jamais, avec le constat d’une neige en raréfaction latente au-delà de 1700 mètres et une absence de gel…de quoi porter le « coup de grâce » définitif » à ces régions qui vivent déjà en « hibernation économique » pour cause de pandémie….
Pour les noctambules et les insomniaques, nous entrerions dans un cycle de « nuit tropicale » quand la température ne descend jamais en dessous de 20°. A vos ventilos, toute ! et a nous, les nuits difficiles et les lendemains pesants…. Et cela toucherait essentiellement, les régions situées au nord de la Loire….
Cerise sur ce gâteau indigeste, les épisodes de sécheresse tiendraient le haut de l’affiche, voyant les pluies parfois salvatrices répondre aux « abonnées absentes » sauf dans quelques régions du nord avec un zeste de vents forts…mais ce ne sont que des suppositions…ouf….
Allez, c’est promis : dès que nous pourrons retirer nos masques, nous nous attellerons à ce vaste et inquiétant problème car depuis un an nous avons déjà assez vécu dans cette fournaise d’incertitude....
IL PROFESSORE (Edito du 10 février)
Jadis, le « Christ s’était arrêté à Eboli » sous la plume de Carlo Levi, un peintre et médecin Turinois qui avait été « confiné » dans un lieu perdu et misérable du Mezzogiorno (le Sud) de la Péninsule Italienne par les autorités fascistes qu’il combattait….
Aujourd’hui, la donne est bien sûr totalement différente car si les habitants ont été confinés pour une toute autre raison, il n’en demeure pas moins que le Président de la République Sergio Mattarella s’est vu dans l’obligation d’organiser une consultation après la chute de l’actuel Gouvernement Conte provoquée par le retrait de la formation centriste dirigée par Matteo Renzi, le même qui fut à l’origine de la composition de ce gouvernement improbable un an plus tôt !
En haut-lieu, on a chargé le « Messie » de former un nouveau gouvernement. « Le Christ s’est-il donc arrêté au Palais du Quirinal » ? Le « Sauveur » en question n’est autre que Mario Draghi, ancien Patron de la Banque Centrale Européenne et qui fut également Gouverneur de la Banque d’Italie.
A 73 ans, ce « libéral bon teint » se voit propulser dans l’arène politique, ce qui constitue une première surprise mais celui que l’on surnomme « Il Professore », l’économiste et l’universitaire distingué, formé au MIT et ancien dirigeant de Goldman Sachs est incontestablement l’homme qui aime relever des défis et celui-ci est de taille. En effet au pire moment de la Crise de la dette en 2012, il fut celui qui sauva l'Euro…
Alors, il sera l’homme providentiel pour « gérer la crise sanitaire ». D’autant que l’Italie fortement touchée par la Pandémie a pu bénéficier de la plus importante contribution au sein de l’Europe : 209 millions sur les 750 millions du Plan de Relance. De quoi voir venir pour pallier aux rudes conséquences économiques et sociales engendrées par cette crise sanitaire. Mais comme chacun sait, ce plan primordial est « ciblé » (Investissements et remboursements) et surtout limité dans le temps, aux dires du Conseil européen, d’où la nécessité de savoir l’utiliser à bon escient…
C’est pourquoi, il faut un homme avisé et surtout compétent avec la garantie que quand « le professeur parle » on l’écoute non seulement à Rome mais également dans le reste de l’Europe….
Malgré tout, le parcours risque de ne pas être de tout repos, même si l’homme jouit d’emblée d’une grande popularité, près de 71 % (de quoi faire rêver l’exécutif Français) et dans ce pays connu pour être « ingérable » il se voit « adoubé », c’est la seconde surprise, par le « séparatiste lombard » et ancien Ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini qui a rangé au placard ses délires eurosceptiques et sa xénophobie affichée (pour ne pas dire racisme) pour soudainement faire des « mamours » à celui qu’il aurait fustigé il y a encore peu…
Tout comme la concertation entre Mario Draghi, l’homme de l’Establishment et le Mouvement « Cinq étoiles » très antisystème et presque « anar » de Beppe Grillo qui avait sérieusement donné le « coup de grâce » aux années Berlusconi et surtout aux dinosaures de la politique, la Démocratie Chrétienne et le Parti Communiste, naguère si puissants et si influents…
En outre, un Matteo peut en cacher un autre : Renzi, surnommé naguère « le Macron Italien », jeune homme (trop) pressé et surdoué mais qui a trébuché en accédant à la même fonction que Mario Draghi se voit volontiers plutôt jouer « les faiseurs de rois » fonction plus jubilatoire et moins ingrate que l’exercice du pouvoir proprement dit…
En définitive, s’il parvient à ses fins, Mario Draghi devra relever un défi de taille : l’Italie comme ses voisins va connaître une période de « récession » notable, avec une chute de son PIB de près de 10 % même si un « rebond » est prévu pour 2021.
Cependant, avec un chômage endémique notamment chez les jeunes (près de 30 % en moyenne) et un vieillissement de la population (comme en Outre-Rhin) restent des marqueurs inquiétants même si les atouts de la « troisième économie de la zone euro » (et huitième mondiale) sont appréciables : une balance commerciale exportatrice excédentaire favorisée par un tissu de PME aussi variées que dynamiques et son maintien de deuxième puissance industrielle du Continent…
Mais le principal cheval de bataille du général Draghi sera la réforme d’un système bancaire défaillant, de ces trop grandes disparités économiques et sociales entre le nord et le sud du pays et bien sûr reformer un système politique miné par le clientélisme et autres tripatouillages improbables qu’imposent les coalitions sorties du suffrage à la proportionnelle….
L’aura européen de Draghi devrait permettre à l’Italie de retrouver sa place au sein de l’UE, depuis longtemps « squattée » par le couple Franco-Allemand… Donc un travail titanesque en perspective mais gardons une note optimiste, à l’instar de l’incontournable Mr Renzi qui proclame : « Draghi a été le sauveur de l’Euro, il sera le sauveur de l’Italie ». Croisons les doigts, nous sommes tous embarqués sur le même bateau.
MASSAGE FATAL (Edito du 18 février).
A l’énoncé du verdict, il est resté impassible, pour ne pas dire stoïque, Georges Tron, comme s’il l’avait déjà pressenti la sentence : cinq ans de prison, dont trois ferme pour viol et agression sexuelle en réunion sur une ancienne collaboratrice…
Cependant, il n’était pas seul à comparaître au box des accusés, accompagné pour la circonstance de son ex-adjointe à la culture, Brigitte Gruel, avec laquelle, malgré ses dénégations, il semblait être un adepte du Triolisme, contredisant en cela l’adage : « à deux, c’est mieux » par « à trois, c’est bien meilleur » ….
A 63 ans, le Maire de Draveil, ancien député et ancien ministre a vu son destin basculer en quelques minutes. Cela ressemblerait presque a du « Balzac » : Grandeur et Décadence d’un Pair de la République, ou l’irrésistible dégringolade de Rastignac envoyé au cachot….
Après onze heures d’une délibération aussi tendue que délicate, le sort de l’élu de la République a donc été scellé, l’expédiant illico presto au carré VIP de la Prison de la Santé et le rendant inéligible pendant six ans…tandis que sa libertine ex-adjointe se voyait signifier deux ans avec sursis… Cruel jeux de l’amour et du hasard…Autant dire, le buste de Marianne devra s’accommoder d’un nouveau locataire en Mairie de Draveil ainsi qu'au Conseil Départemental…
Pourtant, deux ans auparavant, le même homme, accompagné de sa « complice » avait réussi à échapper aux « fourches caudines » de la Justice bénéficiant alors d’un acquittement en bonne et due forme car à l’époque malgré le fait avéré que les deux accusés eut menti, la notion de « contrainte » des victimes ne fut pas prouvé pour autant...
Néanmoins, les mêmes victimes n’ont pas lâché prise, faisant appel de ce premier jugement, leur opiniâtreté et les récents évènements ont très largement changé cette fameuse approche dudit « consentement » … amenant de nouveaux magistrats et surtout un nouveau jury a opté pour cette peine bien plus lourde…
Seule (maigre) consolation pour un Georges Tron qui continue à clamer son innocence, c’est le rejet de son implication pour les mêmes faits sur une deuxième plaignante qui a d’ailleurs quitté en pleurs, le tribunal…
Mais la plus grande surprise demeure cependant dans cette peine suivie « d’une incarcération immédiate » alors que l’avocat général ne requérait que le bracelet électronique, jugeant la détention non nécessaire…Georges Tron, à présent élu déchu aura cinq jours pour se pourvoir en cassation, tout en sachant que son passage à la case « prison » risque de durer un certain temps….
Il est loin le temps où le « jeune homme pressé et prometteur » à qui tout semblait réussir, comme aime à le rappeler ses proches, était devenu un proche collaborateur d’Edouard Balladur, alors Premier Ministre et qui était parti en 1993 à la conquête de l’Essonne, ce jeune territoire prompt à accueillir les « valeureux bons petits soldats du RPR », lui ce sera Draveil quant à la même époque, Nicolas Dupont-Aignan choisira Yerres.
Dans les deux cas de figure, de « parachutés », les deux hommes deviendront « des patrons locaux » à la longévité politique remarquable…mais là s’arrête la ressemblance, car Georges Tron ne sera pas un « Franc-Tireur » : il commence par battre aux législatives son futur « meilleur ennemi » de Ris-Orangis, un futur ministre comme lui, Thierry Mandon puis règle son compte à l’indéboulonnable maire de Draveil, Tournier-Lasserve : les succès électoraux se succèdent, jusqu’à l’amener à devenir Ministre de la fonction publique sous Nicolas Sarkozy…
Mais l’ambitieux Georges Tron a aussi un jardin secret : c’est un adepte de la Réflexologie plantaire, traduction : l’art du massage des pieds dont les vertus de bienfait après une journée de labeur ne sont plus à faire, sauf quand vous les accomplissez sur vos…collaboratrices…
Vous devinez la suite : des « séances de délassement » après une réunion stressante, on peut craindre le pire, la longue dérive vers un droit de cuissage qui ne veut pas dire son nom….. On devine le frémissement des arbres de la forêt de Sénart toute proche face à ces glissements progressifs vers le bon plaisir de ce Tron là….
Un long cheminement judiciaire complexe et aux multiples rebondissements vient peut-être de se refermer…mais on le sait, en politique, on n’est jamais vraiment mort : le massage n’est peut-être plus valide mais un retour sur un « meilleur pied » est toujours possible….
VIENS A LA MAISON, Y'A LE PRINTEMPS QUI DECHANTE
Editorial du 26 Février
C’est la première saison de l’année: elle est située entre l’hiver et l’été, agrémentée par des jours qui rallongent, des températures clémentes et le plaisir de découvrir une végétation renaissante. Vous l’avez compris, je fais allusion au printemps, cette période synonyme de renouveau et d’espoir….
Mais depuis un an, la symbolique du printemps a pris une toute autre signification, depuis qu’un maudit virus s’est invité aux quatre coins de la planète. En effet, à l’époque, la France qui se remettait alors très lentement de sa précédente année de turbulences sociales déplorait son premier mort de ce mal inconnu, un enseignant de l’Oise, « contaminé » lors d’un rassemblement évangélique en Alsace. Vous connaissez la suite…. Depuis lors, la vie n’a plus été comme avant, avec l’apparition de situations que l’on pensait révolue : « pandémie », « confinement », « couvre-feu », « vie sous cloche », « économie sous perfusion » etc.….
Une première « bougie » soufflée » dans la douleur car la première victime a été suivie depuis par plus de 85 000 autres, dont beaucoup d’anciens qui ne pourront plus jamais ajouter à leur « compteur personnel » un printemps supplémentaire…
Pourtant, la vie continue, même si elle n’est plus pareille qu’avant : une partie de la France « télétravaille », la majorité n’est pas prête à remettre sa serviette autour du cou au restaurant, à s’endormir sur un fauteuil de salles obscures ou à piquer une « tête à la piscine » avec en prime une "permission de minuit" avancée (pour l'instant) à 18 heures pétantes...
Les français qui, pour l’instant ont échappé à un troisième confinement, à contrario de leurs voisins immédiats continuent cependant à voir « l’épée de Damoclès » leur chatouiller les narines, certaines zones sont partiellement confinés d’un bout de la France opposé à un autre (de Dunkerque à Nice, si vous préférez), tandis qu’une vingtaine de départements commencent à reprendre des « couleurs » dans le sens inquiétant du terme, dont ceux d’Ile de France, des Hauts de France et de Paca….
Les différents vaccins sortis des labos en un temps record (sauf en France, comme on le sait) ont commencé à être injectés auprès d’une population âgée et vulnérable mais la « route est encore longue » jusqu’à l’été pour que bon nombre d’entre nous soient piqués par la seringue salvatrice….Ce ne sera pas le « Sacre du Printemps » de Stravinski, mais plutôt « les quatre saisons de Vivaldi » que l’on écoutera en sirotant une tisane pour se réconforter…tout en écoutant le « message d’espoir » de Jean Castex, Premier ministre toujours sur le front, qui nous confirme « nous commençons malgré les difficultés à voir le bout du tunnel ».
Méthode Coué où incitation à la résistance face à la difficulté du moment, la réponse est certainement entre les deux, assaisonné avec un zeste de résignation : les Français comme les autres espèrent effectivement voir le bout du tunnel, en creusant avec leurs mains : l’effort finit toujours par être récompensé, c’est bien connu….
Le « monde d’après », quand tout sera enfin terminé (à court ou moyen terme, comme aiment à préciser, les prévisionnistes) est espéré comme « un renouveau » à contrario de certains Printemps qui ont mal tourné : comme celui de Prague quand les dirigeants Tchécoslovaques menés par Dubcek espéraient voir émerger un « Socialisme à visage humain » qui fut laminé par la violente riposte des chars Soviétiques ou plus récemment « le Printemps arabe » issu de la colère issue de la rue défiant des « despotes pas vraiment éclairés » pour finalement retourner à la case départ mais en pire….
Mais dans l’histoire, certains printemps sont porteurs d’espoir, comme celui de la libération de l’Europe en 1944 ou encore la chute de régime autoritaire au Portugal, trente ans après pour ne citer que quelques exemples symboliques…
Alors entre deux confinements et un couvre-feu, on peut toujours chanter comme Mouloudji : « Y’a plus d’jeunesse, y’a plus d’saison », y’a plus d’printemps, tout fout le camp » contrebalancés par Hugues Auffray avec « les filles sont jolies, dès que le printemps est là, mais les serments s’oublient », nous finirons bien par faire nos adieux à cette « saison en enfer » et tomber les masques……