DEUXIEME EPISODE
LA DERNIERE SEANCE
Ce début des années 70 accentue l’inexorable déclin de la fréquentation des salles obscures, phénomène que l’on constate depuis la fin des années 50. La principale raison est bien sûr liée à l’intrusion des récepteurs de télévision au cœur des foyers français (mais également européens) comme le souligne le journal « Le Monde » du 25 octobre 1971 : alors qu’au début de la décennie précédente, on ne recensait que trois millions de téléspectateurs potentiels, ils sont à présent trente-trois millions cette année-là….
On le devine, c’est un véritable bouleversement dans la vie quotidienne des familles, comme ce fut le cas pour la radio, elle-même supplantée par « l’étrange lucarne » à la même époque. Le dimanche, le « téléspectateur moyen » peut regarder jusqu’à quatre films entre le début d’après-midi et la fin de la soirée, sans bouger de chez lui, alors qu’il n’y a encore que deux chaînes.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 1957, on comptait encore plus de 400 millions de spectateurs dans les salles tandis qu’en cette année 1971, ils ne sont plus que 170 millions à se rendre au cinéma…
Sans nul doute, cela annonce le déclin puis la disparition progressive des salles de cinéma, souvent unique et qui avaient fleuri dans la plupart des petites et moyennes villes de l’hexagone…mais également pour une ville comme Paris qui va voir disparaître les trois quarts de ses salles uniques dans les quinze prochaines années…
Pourtant, le cinéma ne connait pas encore l’âge d’or des multiplexes, puisqu’ils ne verront le jour que dans les années 90 mais le « septième art » explore déjà de nouvelles formes de projections grand public, à l’instar des « Drive-In » ces cinémas en plein air dont le concept est importé d’Outre-Atlantique et qui ont déjà des adeptes en France, notamment dans la Région Marseillaise et à Rungis.
C’est ainsi que n’importe quel spectateur pourra regarder n’importe quel film sans sortir de sa voiture….
A la télévision, les amoureux du « grand écran » se servent du « petit » pour pouvoir assurer sa pérennité, comme en témoignent l’initiative de deux anciens diplômés de l’Institut des Hautes Etudes Cinématographiques (IDHEC) : Pierre Tchernia, « pionnier de la télé et producteur-animateur de « Monsieur Cinéma » ou encore Claude Jean-Philippe qui inaugure le « Ciné-Club » sur la Seconde chaîne….
L’ADIEU A FERNANDEL
Le 26 février 1971, la France entière pleure la disparition de Fernand Contandin, alias « Fernandel » qui s’éteint en son domicile Parisien à l’âge de 67 ans, emporté par un cancer….
Quelques mois après son complice Bourvil dans « La Cuisine au Beurre », cet acteur et chanteur dont la popularité est restée intacte depuis l’avant-guerre est devenue une véritable « gloire nationale » à tel point que le Général de Gaulle avait fini par dire « que Fernandel était devenu plus célèbre que lui » dans le monde entier.
C’est vrai que ce « Minot » né dans la cité Phocéenne en 1903 avait acquis une notoriété qui dépassait les simples frontières de l’Hexagone. Après avoir écumé toutes les salles de spectacles de sa ville natale où il donnait dans le genre « comique troupier », le voilà qui « monte » à Paris à la fin des années 20.
Celui qui s’auto-surnomme « Gueule de cheval » ne va tarder à entamer une carrière cinématographe prometteuse : en 1931, il tourne son premier film : « Le blanc et le noir » de Robert Florey et Marc Allégret. Ce n’est certes qu’un rôle secondaire car le premier était tenu par le Grand Raimu.
Il n’achèvera pas son dernier film « Don Camillo et les Contestataires » réalisé par son vieux complice Christian-Jaque (avec lequel il tournera sept films, surtout dans les années 30) car le mal qui le ronge (d’ailleurs caché par son entourage) l’empêcheront de mener à terme ce dernier opus des « Don Camillo » …
Entre-temps, il affiche une filmographie impressionnante : plus de 120 films à son actif, devenant une tête d’affiche dès 1934 et surtout un des champions du Box-Office : attirant plus de 200 millions de spectateurs dans les salles entre 1945 et sa disparition !
Il aura des réalisateurs fétiches : Marcel Pagnol, Christian-Jaque, Henri Verneuil (qu’il fait débuter en 1951), Gilles Grangier ou encore Julien Duvivier…mais travaillera également avec Jean-Pierre Mocky, Luigi Comencini ou encore Henri Colpi (qui signera d’ailleurs son dernier film achevé : « Heureux qui comme Ulysse »).
Fernandel est indissociable du rôle de Don Camillo, ce prêtre Italien qui dialogue avec le Christ et qui s’oppose au Maire Communiste de son village, Peppone (interprété par Gino Cervi). Il réalisera également plusieurs films et accumulera de nombreux succès comme chanteur, notamment avec ses tubes « Félicie, aussi » ou « Ignace » ….
Il fut enfin producteur, fondant la « GaFer » avec son ami Jean Gabin, les deux compères finançant leurs films respectifs ou en commun : « l’âge ingrat » ; « la Cuisine au beurre » ; « la Horse » ou encore « Heureux qui comme Ulysse » ….
VIVA VILAR
Le monde du théâtre perd un de ses plus illustres représentants : Jean Vilar qui disparait à l’âge de 59 ans. Celui qui fut le dirigeant de la glorieuse épopée du TNP entre 1951 et 1963 et le créateur du Festival d’Avignon de sa création en 1947 jusqu’à sa mort.
Au cours de la période agitée de 1968, il fut néanmoins la cible de la frange la plus radicale du monde du spectacle (dont les « enragés » de l’Odéon) qui le traita de fasciste, ce qui l’affecta énormément.
Jean Vilar sera le metteur en scène de nombreuses pièces de théâtre (Molière, Brecht, Strindberg, Pirandello) mais n’oublions pas de mentionner qu’il fut également un acteur de cinéma, depuis « Les Portes de la nuit » de Marcel Carné en 1946 jusqu’à « Le Petit Matin » de Jean-Gabriel Albicocco qui sortira cette année 1971.
Ce Sétois d’origine a été inhumé au cimetière marin de sa ville natale.
IL FAUT HONORER LE SOLDAT MURPHY
Audie Murphy, disparait dans un accident d’avion à l’âge de 46 ans. Cet acteur Hollywoodien avait tourné dans une quarantaine de films, notamment des Western et des comédies mais il est surtout connu pour avoir été le soldat le plus décoré de la Seconde Guerre Mondiale !
BOX OFFICE
Le plus gros succès cinématographique dans les salles obscures en 1971 est indéniablement un…dessin animé Made in USA : « Les Aristochats » réalisé par les studios Disney et dont la chanson du générique dans la version française est interprétée par Maurice Chevallier. Il totalise plus de 12 millions d’entrées devançant « Les Bidasses en folie » premier long-métrage français de Claude Zidi avec « les Charlots » en vedette qui en comptabilise 8 millions !...
Le succès de cette comédie laborieuse peut surprendre, ce qui n’est pas le cas de « La Folie des Grandeurs » réalisé par Gérard Oury. L’auteur comblé du « Corniaud » et de « la Grande Vadrouille » réunit Louis de Funès et Yves Montand dans cette adaptation très libre et surtout hilarante de « Ruy Blas »de Victor Hugo.
A l’origine, Gérard Oury voulait réunir de nouveau le tandem « en or » De Funès-Bourvil mais ce dernier est mort au moment du bouclage du projet. C’est Simone Signoret qui souffle alors au « maitre de la comédie » le nom de son mari, Yves Montand pour reprendre le rôle…
Gérard Oury se laisse convaincre même si Montand, acteur emblématique du cinéma politique incarné par Costa-Gavras (Z, L’Aveu) n’a jamais été rangé dans la catégorie « comique » et le duo formé avec de Funès pouvait paraître des plus improbables et pourtant cela va fonctionner faisant même du film un succès non seulement critique mais également public et dont les scènes bientôt « culte » vont attirer plus de 6 millions de spectateurs dans les salles obscures….
C’est aussi l’âge d’or des deux « grandes vedettes » amis et rivaux en même temps : Jean-Paul Belmondo et Alain Delon. Le premier est la vedette du dernier Verneuil : « Le Casse » interprété également par Omar Sharif tandis que le second apparait dans « La Veuve Couderc » réalisé par Pierre Granier-Deferre où il donne la réplique à Simone Signoret. Avec le même réalisateur, cette dernière sera également l’inoubliable épouse délaissée de Jean Gabin dans « Le Chat », deux long-métrages inspirés de l’œuvre de Georges Simenon.
Claude Sautet est devenu depuis « Les Choses de la Vie » en 1969, l’indéniable « chef de file » du « Cinéma Français de qualité » avec un scénario toujours solide, « une ambiance » des « familles d’acteurs », il réunit à nouveau le duo composé de Romy Schneider et de Michel Piccoli dans « Max et les Ferrailleurs » et le succès sera au rendez-vous…
André Cayatte, ancien avocat devenu réalisateur dirige Annie Girardot, en passe de devenir l’actrice N°1 du cinéma Français, dans « Mourir d’aimer » très largement inspirer de l’Affaire Russier qui défraya la chronique judiciaire deux ans plus tôt, relatant les amours interdites entre une professeur de lettres et l’un de ses élèves mineurs. Incarcéré, l’enseignante finira par se donner la mort….
Les deux « sex-symbols », Brigitte Bardot et Claudia Cardinale, sont réunis sur le plateau des « Pétroleuses » un western « décalé » franco-hispano-italien réalisé par le « vétéran » Christian-Jaque.
Rien à voir avec « Il était une fois la Révolution » qui sera le dernier Western tourné par le « Maestro » Sergio Leone et interprété par Rod Steiger, James Coburn et Romolo Valli, accompagné bien sûr d’une musique inoubliable d’Ennio Morricone….
Son compatriote Luchino Visconti, autre maître incontesté du 7ème art réalise « Mort à Venise » avec Dirk Bogarde et Silvana Mangano, inspiré d’une nouvelle de Thomas Mann qui narre l’histoire d’un vieux compositeur au soir de sa vie qui est fasciné par un jeune homme androgyne, au cœur d’une Venise menacée par une épidémie de Choléra.
LOVE STORY
« Elle aimait Mozart, Bach, les Beatles et moi » est une des phrases culte du film « Love Story » réalisé par Arthur Hiller et réunissant Ryan O’Neal et Ali Mc Graw. Le scénario est écrit par Erich Segal qui le transformera en UN livre qui deviendra un « Best-Seller » avant même la sortie d’un film qui cartonne également au Box-Office racontant l’histoire d’amour rendue compliquée entre deux jeunes gens d’origine sociale différente et marquée par une tragédie personnelle. La musique du film est signée par le compositeur français Francis Lai….
« Harold et Maude » réalisé par Hal Ashby est l’histoire d’un jeune homme aux tendances suicidaires (Burt Cort) qui fait la rencontre d’une vieille dame pleine de vitalité de 79 ans (Ruth Gordon) et qui entretiendront une étrange histoire d’amour. Le film incompris au départ fait scandale avant de trouver peu à peu son public…
LE MONDE SELON KUBRICK
Stanley Kubrick adapte à l’écran le roman en partie autobiographique d’Anthony Burgess : « Orange Mécanique » avec dans le rôle principal, Malcom Mc Dowell, révélé en 1969 dans « If » de Lindsay Anderson.
Ce film d’anticipation assez inquiétant et plutôt violent montre l’itinéraire d’un jeune délinquant : chef d’un petit gang urbain qui sème la terreur dans les rues, puis son arrestation, le rude traitement qu’il subit pour sa « rééducation » et une fois « guéri » sa confrontation avec ses anciennes victimes… L’originalité du roman comme celle du film réside dans l’utilisation d’un langue imaginaire, employé par le personnage principal : un mélange de russe, d’anglais et d’autres langues européennes….
A Hollywood, c’est le film « Patton », retraçant l’épopée du Général Américain, libérateur de l’Europe, réalisé en 1970 par Franklin Schaffner et interprété par George C. Scott qui récoltent 7 oscars, dont celui du meilleur film, meilleur réalisateur et du meilleur acteur….
Au festival de Cannes, la palme d’Or est attribuée au « Messager » de Joseph Losey, avec Alan Bates et Julie Christie, critique acide sur une aristocratie anglaise, sur fond de manipulation des êtres tandis que « Johnny s’en va-t’en guerre » de Donald Trumbo (adapté de son roman éponyme paru en 1939) obtient un prix spécial du Jury qui voit dans cette œuvre forte et dérangeante un violent réquisitoire sur l’absurdité des Guerres….
William Friedkin connait son premier grand succès en tournant « French Connection » (qui obtiendra l’Oscar du Meilleur film en 1972), relatant l’histoire du puissant trafic d’héroïne entre la France et les Etats-Unis, avec une distribution internationale : Gene Hackman, Roy Scheider, Fernando Rey et Marcel Bozzuffi.
La drogue qui est également au cœur de « Panique à Needle Park » réalisé par Jerry Schatzberg et interprété par Al Pacino qui endosse le rôle d’un héroïnomane qui vit une belle histoire au cœur d’un New York sur fond de pénurie de trafic par suite d’un « important coup de filet » de la police…Son histoire d’amour finira tragiquement dans « l’enfer de la drogue ».
LE MANS
Steve Mc Queen, fondu de sport automobile a décidé de louer la piste du célèbre circuit automobile de la Sarthe pour y tourner les séquences du film « Le Mans » dont il partagera la vedette avec Elga Andersen (binôme de Pierre Vaneck dans la série française « Aux frontières du Possible » ancêtre d’X-Files, diffusée cette même année sur la Deuxième Chaîne de l’ORTF).
L’acteur de « Bullitt » sera au volant d’une Porsche 907, toutefois doublé dans les scènes de courses par son ami le pilote Suisse Joseph Siffert (qui perdra la vie sur le circuit de Brand Hatch, en octobre de la même année).
Malgré l’immense popularité de l’acteur (notamment en France), ce film souffre de l’absence d’un véritable scénario, ressemblant plus à une retransmission sportive et subira un lourd échec commercial aux USA… Pour l’anecdote, parmi les nombreux figurants du film se trouve un lycéen de 17 ans originaire de la région et qui est déjà passionné de sport automobile, il s’appelle François Fillon…
LES PREMIERES ARMES
Il avait connu une consécration internationale avec les films de Sergio Leone, le voici à présent devenu « l’Inspecteur Harry » dont plusieurs opus seront tournés, Clint Eastwood réalise également son premier long métrage: « Un Frisson dans la nuit » un thriller glaçant mais ambitieux dont il sera en outre, l’interprète principal et qui le classe d’emblée dans la liste des grands cinéastes américains comme le prouveront par la suite ses nombreuses réussites artistiques.
Steven Spielberg, 24 ans, tourne ce qui est d’abord un téléfilm intitulé « Duel » et qui sera ensuite projeté dans les salles obscures où il connaitra un grand succès public. Il s’agit d’un Thriller haletant, situé au cœur de « nulle part » aux USA où un automobiliste lambda interprété par Dennis Weaver est pourchassé par un conducteur de camion meurtrier dont on ne connaitre jamais l’identité… Naissance d’un cinéaste majeur du XXe siècle…
LA TOURNEE DES PAGES
Il s’appelle Ricardo Eliécer Neftali Reyes-Basoalto mais il est surtout connu par son nom de plume : Pablo Neruda. Considéré comme un des maîtres de la Poésie Chilienne, il est né en 1904 dans une famille modeste, il entreprend cependant des études secondaires puis supérieures, se destinant dans un premier temps à devenir...professeur de Français.
Mais il opte finalement pour une carrière diplomatique devenant Consul dans plusieurs pays asiatiques puis en Espagne où il se lie d’amitié avec le grand poète Federico Garcia Lorca.
Après la Seconde guerre mondiale, il adhère au Parti Communiste, devient Député et s’oppose à la dérive droitière du président Chilien, ce qui l’amène à s’exiler notamment dans plusieurs pays de l’Est et en Italie… Il revient dans son pays natal et reprend son combat politique, soutient Salvador Allende qui finit par être élu Président du pays en 1970, tandis que Neruda est nommé Ambassadeur du Chili à Paris.
Mais en septembre 1971, il reçoit le Prix Nobel de littérature pour l’ensemble de son œuvre poétique.
Atteint d’un cancer de la prostate, il retourne au Chili et meurt le 23 septembre 1973, douze jours après le Coup d’Etat de Pinochet. Dès lors, les raisons réelles de son décès seront remises en question, beaucoup penseront à une mort par empoisonnement sans que cela ne puisse être officiellement prouvé.
A Paris, Jacques Laurent est lauréat du Prix Goncourt pour « Les Bêtises ». Connu naguère sous le pseudonyme de Cecil-Saint-Laurent, auteur de « Caroline Chérie » qui le rendra riche et célèbre avant de connaitre par la suite des problèmes importants avec le fisc.
En cette automne 1971, malgré sa sélection dans le dernier « carré » de personnes croient en ses chances de décrocher le plus prestigieux des Prix littéraires français, surtout lorsqu’il confie au « Figaro » quinze jours avant son attribution, sa méfiance et son aversion pour ce genre de récompense ! De quoi désespérer son éditeur Grasset…
Et pourtant, à la surprise générale, il l’emporte face au jeune Didier Decoin (qui l’obtiendra six ans après et qui est actuellement Président du même Jury Goncourt !), d’autant que Jacques Laurent compte beaucoup d’adversaires y compris parmi le Jury.
Son passé royaliste d’avant-guerre, son anticommunisme puis son antigaullisme viscéral sans oublier ses sympathies pour l’OAS l’ont classé parmi les écrivains « de droite » voire d’Extrême-droite. Il est également affilié au mouvement des « Hussards » à l’instar d’un Blondin ou d’un Nimier mais dont le talent littéraire a toujours été reconnu par leurs adversaires issus de la Gauche très dominante à l’époque…
Jacques Laurent obtiendra par la suite d’autres récompenses prestigieuses dont le Grand Prix de l’Académie Française et sera même élu sous la Coupole avant de se donner la mort à l’aube du XXIème siècle….
L’autre prix prestigieux de la rentrée : Théophraste Renaudot est attribué à Pierre-Jean Remy, de son vrai nom Jean-Pierre Angrémy pour son roman « Le sac du palais d’été ». L’auteur présente la particularité d’être également Diplomate comme le fut Pablo Neruda ainsi qu’administrateur civil. Il sera également élu à l’Académie Française avant de disparaître en 2010.
Parmi les Essais ou romans marquants qui sortent en 1971 : citons le « Cri de la Chouette » d’Hervé Bazin qui est le troisième et ultime volet de sa trilogie très autobiographique : après « Vipère au poing » et « La mort du Petit cheval » qui narrent les relations très conflictuelles entre un fils rebelle et sa mère tyrannique et manipulatrice, Folcoche.
« La mort heureuse » ouvrage inédit d’Albert Camus est publié chez Gallimard. Ecrit en 1938 mais inachevé par l’auteur qui en reprend pourtant la trame dans son roman suivant « L’Etranger » qui annonce la gloire littéraire de l’enfant pauvre d’Algérie, futur Prix Nobel 1957.
« La guerre à neuf ans » est un roman autobiographique de Pascal Jardin. L’auteur, né en 1934 y décrit avec ses yeux d’enfant autant candide que lucide cette période trouble de l’Occupation qu’il passe à Vichy car son père Jean n’est autre que le directeur de cabinet de Pierre Laval (il lui consacrera un deuxième livre « Le Nain jaune » en 1979).
Également scénariste et dialoguiste de renom, on lui doit notamment les scénarii des films sortis cette année 1971 : « Le Chat » et de « la Veuve Couderc » dont nous avons parlé plus haut ainsi que « Doucement les Basses ! » de Jacques Deray, avec Alain Delon dans un rôle comique à contre-emploi… Pascal Jardin a été emporté par un cancer en 1980, il n’avait que 46 ans. Il était le père de l’écrivain Alexandre Jardin.
« VENDREDI OU LA VIE SAUVAGE »
Après avoir reçu le Prix Goncourt pour le « Roi des Aulnes » en 1970, Michel Tournier décide d’adapter pour la jeunesse son roman « Robinson ou les limbes du Pacifique » qui avait d’ailleurs obtenu le Grand Prix de l’Académie Française en 1967.
L’ouvrage est bien sûr une adaptation très libre du roman de Daniel Defoe mais qui est surtout focalisé sur la relation entre le naufragé et le sauvage Robinson…
"FLASH OU LE GRAND VOYAGE"
Charles Duchossois (1940-1991) publie en cette année 1971, un ouvrage choc : « Flash ou le grand voyage » qui connaitra un grand succès de librairie. Entre mai 1968 et la fin de la période hippie, l’auteur y narre son passé de bourlingueur, appartenant à cette génération issue de l’après-guerre, période de prospérité économique mais qui cherche à fuir la société bourgeoise et son conformisme étouffant.
Des lors, il fait la route comme un digne héritier de Jack Kerouac et d’Arthur Rimbaud, en parcourant la Turquie, le Liban, l’Irak puis l’Inde (comme le fit le propre cousin de l’auteur de ces lignes, ndlr), vivant de trafics d’armes aussi dangereux que douteux, participant à la récolte du Hachisch, dirigeant des établissements glauques mais avec comme finalité finir son « trip » sur les chemins de Katmandou.
Dans la Capitale d’un Népal dans lequel les jeunes occidentaux prendront le plus souvent un « aller sans retour », l’expérience de l’Opium et du hachisch, véritable passeport pour une mort certaine, incite l’auteur à se noyer dans les « paradis artificiels », d’éprouver la sensation de « planer » ainsi que l’excitation de la première piqûre, qui en annoncera bien d’autres, plus destructrices les unes que les autres….
Sauvé de justesse de l’enfer de la drogue, il profitera de sa courte rédemption pour coucher par écrit son « voyage au bout des ténèbres », témoignage fort mais glaçant…
La même année « L’Herbe bleue » sort aux USA, l’ouvrage est d’abord attribué à une adolescente de 15 ans, tombée dans le piège de la drogue qui la conduira vers une mort certaine. Sorti en France en 1972, ce « journal intime » est en fait attribué à la romancière Béatrice Sparks, une écrivaine quinquagénaire proche de l’église Mormone et qui sera d’ailleurs sujette à de nombreuses controverses. Malgré cela, l’ouvrage sera beaucoup étudié par les élèves des collège et lycées français dans les années 70-80.