NAPOLEON SOLO (Edito du 5 mai).
« C’est une ile perdue au milieu de l’Océan, un jardin merveilleux, un spectacle permanent » chantait naguère la « Compagnie Créole » à propos de sa chère Caraïbe mais ici, il s’agit plutôt d’une autre ile perdue située au sud de l’Atlantique qui porte le nom de Saint Hélène…
C’est là-même que Napoléon Bonaparte, ex-Empereur des Français et Aspirant-Maître de l’Europe s’est éteint, il y a tout juste deux siècles, cinquante et un ans après avoir poussé ses premiers hurlements sur une autre ile, cette fois-ci située en Méditerranée : la Corse….
Autant dire que cette « commémoration » fait grincer beaucoup de dents dans le Landerneau médiatique. Certains esprits intransigeants s’offusquent de voir un hommage rendu à un despote pas toujours éclairé et plutôt mégalomane tandis que d’autres y devinent au contraire une marque de reconnaissance pour un personnage historique qui aura laissé une empreinte indélébile dans notre récit national….
Déjà, lors du bicentenaire de sa naissance en 1969, la commémoration déjà « ultra-médiatique » de l’évènement avait suscité autant de polémiques qu’aujourd’hui, certains se risquant même alors à faire un parallèle hasardeux entre la « résurrection » de ce personnage historique et le départ d’un autre « géant » qui venait juste de quitter le pouvoir après un référendum perdu….
La France « sous cloche » de 2021 n’hésite pas à « déboulonner ses « statues » (ou « vaches sacrées ») qui naguère occupaient les premières loges de l’histoire de France : pour exemple, un Jules Ferry, père de l’Ecole obligatoire désormais pointé du doigt comme colonialiste sanguinaire en Indochine.
Sans oublier un Colbert considéré d’abord comme un Grand commis de l’Etat pour finalement être accusé d'avoir été un infâme marchand d’esclaves sans oublier dans une période plus contemporaine, la dégradation nationale d’un Maréchal Pétain, d’abord considéré comme « le Héros de Verdun », « sauveur de la France » et couverts d’honneurs avant de terminer son existence également en exil sur une île, celle d’Yeu pour avoir été le « promoteur » d’un « Etat Français », porteur de pages très sombres et honteuses de la Seconde Guerre Mondiale…
Pour l’observateur d’aujourd’hui, Napoléon continue à faire le « Buzz » justement parce qu’il est à lui seul un sujet de curiosité qui semble intarissable : on le sait, les publications le concernant sont considérables, on en recense à ce jour plus de 80 000 depuis sa disparition, un chiffre qui devrait encore gonfler avec ce « Bicentenaire »et qui peut d’emblée s’avérer comme une « excellent opération marketing » et ce, malgré les critiques et les polémiques qui jaillissent de partout….
« Le roman de Napoléon est tellement bien fait qu’il ne cesse de fasciner », estime l’universitaire Avignonnaise, Natalie Petiteau qui a comme elle le confiait au journal « Le Monde » a tenté d’apporter un éclairage nouveau sur ce personnage dont on croit tout savoir dans cet océan de biographies saturées.
Né dans une famille de la petite Noblesse dans une Corse devenue Française, un an plus tôt, le petit Napoleone arrive sur le Continent à l’âge de 9 ans pour y apprendre le métier des armes à l’Ecole de Brienne (Aube), l’enfant déraciné d’Ajaccio, frêle et timide, vit ses premières années dans un relatif anonymat avant de forcer le destin et de devenir un chef de guerre redouté, prenant du "galon" de façon éclair en devenant Général, Consul puis Empereur.
Aux succès militaires incontestables (quoique parfois enjolivés pour la postérité) rencontrés à Eylau, Wagram, Marengo ou Austerlitz face aux ennemis héréditaires Autrichiens ou Anglais (qui finiront par avoir le dernier mot à Waterloo), Napoléon apparait aujourd’hui en outre, comme un « réformateur » des institutions avant l’heure : on lui doit la création du Code civil, des lycées ou des préfets mais également de la Banque de France et du Franc-Germinal, véritable facteur du développement économique du Pays…
Mais son appétit de pouvoir très autoritaire , son népotisme arrogant et sa fièvre hégémonique ont fini par avoir raison de son insolente réussite : la formation de coalitions étrangères et ses erreurs stratégiques (l’invasion Espagnole et surtout la Retraite de Russie) ont réussi à l’abattre comme un vulgaire château de cartes….
Pourtant Napoléon a été une source d’intérêt du fait qu’il fut de facto une synthèse entre « la Révolution Française » et de ses principes novateurs dont il s’était nourri et « la République » dont il a porté les fondamentaux (et peut être sa doctrine : le Bonapartisme …) sur les fonts baptismaux…
En définitive, détracteurs ou admirateurs, nous avons tous quelque chose de Napoléon, nous les « Grognards » du XXI ème siècle, une fois pessimistes sur la morne plaine de Waterloo , une autre fois devenus guillerets sous le soleil d’Austerlitz…
L'Important, c'était la rose (Edito du 10 mai)
Il y a très exactement quarante ans: ce dimanche 10 mai 1981 représenta pour le « Peuple de Gauche » celui du « Grand soir ou jamais ». En effet, ce deuxième tour de l’élection présidentielle qui opposait le président sortant « libéral » Valéry Giscard d’Estaing à son challenger « socialiste » François Mitterrand (dont c’était la troisième tentative après les échecs de 1965 et 1974) était bien celui qui devait permettre à la « Gauche » de sortir d’une cure d’opposition vieille de 23 ans……
Cela devrait être en outre l’aboutissement d’un travail titanesque commencé dix ans plus tôt à Epinay-Sur-Seine par un François Mitterrand qui s’était alors emparé d’un parti socialiste balbutiant, héritier d’une SFIO agonisante pour en faire ensuite la « principale composante » des « forces de gauche », avec sa "Rose au poing"....
Il avait détrôné au passage un Parti Communiste alors dominateur tout en pactisant avec lui ainsi qu’avec les Radicaux-Socialistes pour constituer une « Union de la gauche » prompte à faire vaciller l’insolente coalition Centro-Libéralo-Gaulliste qui pensait avoir signé un « bail à vie » avec le pouvoir suprême…
Cependant, quelques semaines précédant ce deuxième tour, le « vent » avait commencé à tourner pour le président sortant Giscard d’Estaing, longtemps promis à une réélection mais qui perdait chaque jour du terrain, miné par une forme d’usure du pouvoir et surtout par le « lâchage » d’une partie de ses alliés de la famille gaulliste…
Alors que la fébrilité gagnait le camp de la Majorité, celui de l’Opposition était animé par le ressenti d’une victoire de plus en plus probable, malgré un soupçon de crainte « de perdre sur le fil » comme c’est souvent le cas pour les éternels finalistes qui desespèrent de pouvoir enfin décrocher le trophée suprême…
Mais la « Force Tranquille » incarnée durant la Campagne par un François Mitterrand, devenu de plus en plus confiant et serein plaidait en sa faveur. Le message subliminal « Demain l’espérance et la force du changement » commençait à enivrer les esprits demandeurs de ce qui n’était jusqu’alors qu’un vœu pieu : la voie vers l’alternance politique…
A vingt heures pétantes, chacun retint son souffle ou bien se croisa les doigts, suffocant parfois du fait de ce suspense insoutenable aggravé par l’apparition d’un crâne chauve qui pouvait être aussi bien celui du sieur de Chamalières que de celui de Château-Chinon……
On connait la suite, François Mitterrand fut élu avec 51.7 % des suffrages exprimés et l’annonce de son élection coupa de facto la France en deux : la première qui allait faire la fête durant toute la nuit pour célébrer cet évènement historique tandis que l'autre allait faire… la gueule, proprement tétanisée par cette défaite inimaginable et qui prédisait d’emblée une France au « bord du chaos » ….
Sur la route qui le transportait de Château-Chinon à l’Elysée, François Mitterrand, fraichement élu, n’imaginait certes pas qu’il resterait quatorze longues années au pouvoir, bien plus que son vieil adversaire De Gaulle mais lorsqu’on lui demanda ultérieurement à partir de quel moment il avait eu conscience de revêtir les « habits de président », il répondit « Dès l’instant que je fus élu » ….
Quarante ans ont passé et bien sûr beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, avec la rudesse de l’exercice du pouvoir dont la Gauche porteuse d’espérance fit les frais par la suite, amenant amertume et désillusion dans l’esprit de son électorat, connaissant parfois quelques rémissions comme en 2012 avant de subir aujourd’hui les aléas d’une famille bien plus éparpillée que recomposée, minée par ses divisions internes comme avant Epinay, il y a cinquante ans…
La célébration de ce 10 mai a été fêtée comme il se doit par quelques nostalgiques de cette « période bénie » dont l’ancien Président François Hollande tandis que d’autres ont préféré bouder l’évènement, à l’instar d’un Olivier Faure, lointain successeur de François Mitterrand, en quête d’une improbable et laborieuse reconquête du pouvoir avec un logiciel politique différent, à la manière d’un « Epinay 2.0 »……
"A la Saint-Yves, le beau temps arrive
(Edito du 19 mai)
Beaucoup de nos concitoyens attendaient ce 19 mai comme le “Jour J”. La veille, certains d’entre eux, parfois épris de piété avaient allumé un cierge et implorer le “tout puissant” de nous délivrer du mal qui nous rongeait depuis le printemps 2020....
D’autres plus sensibles à la perspective d’un souffle nouveau après des mois d’hibernation, se gavaient d’infos en continu en croisant les doigts de telle sorte que ce jour “nouveau” ne leur fasse pas "faux bond", à l’instar d’un auditeur de la “BBC” en juin 44 à l’affût de l'écoute des fameux vers de Verlaine : “les sanglots longs” qui annonçaient le débarquement en Normandie, point de départ de la libération de la France et de l’Europe....
Dans les deux cas de figure, leurs vœux ont été exaucés : les cafés et restaurants ont rouvert leurs terrasses, les cinémas ont dépoussiéré les écrans noirs de nos nuits blanches, les galeries marchandes ont pu raviver la flammèche du consumérisme contrarié tandis que les musées et les autres lieux culturels ont pu retrouver leurs fidèles badauds férus de culture qui se contentaient jusqu’alors de visites virtuelles….
Passée la fin du couvre-feu nocturne, les inconditionnels du “petit noir” ont pu enfin redéguster leur incontournable élixir en se frottant les coudes sur une table de bistro qui, la veille encore était stockée au fond du café, là ou en temps normal, on essuie les verres.
Un grand jour synonyme pour beaucoup de “presque retour à la normale” après les précédents espoirs déçus et les chiffres encourageants de la campagne de vaccination qui bat son plein.... Mais soyons réalistes, comme on disait un autre certain mois de Mai, ne demandons pas l’impossible : pour user d’une métaphore digne d’un Compagnon du “Minorange”: si le bout du tunnel laisse percevoir quelques filets de lumière, la route est encore longue avant de pouvoir reflirter avec la “vie d’avant”...
Effectivement, cette vie “entre” que nous entamons ne signifie certainement pas “bas les masques”, ou “au diable les gestes barrières” mais plutôt “jauge”, "couvre-feu qui ne s'approche pas encore de la permission de minuit". “toujours pas d’accolades” ou “de serrage de louche”, “pas de foule en délire ” ni de “se trémousser sur l’air des “Sardines” du troubadour Patrick Sébastien..mais plutôt de la persistance d'un "onzième commandement": "tu ne te relâcheras pas trop".
Mais bon, ne doutons pas que ce premier jour porteur d’un “souffle de renouveau”, après cette étrange et parfois tragique année écoulée, reboostera le moral des troupes et sera suivi par de nombreux autres....
En attendant, malgré une météo capricieuse qui s'ingénie à mouiller nos têtes impatientes et ravit nos gastéropodes, trinquons toujours en distanciel à cette amorce d’un plaisir timidement retrouvé....
LA NOSTALGIE, CAMARADE...
Editorial du 27 mai
N’hésitons pas à le rappeler : la France a affronté plusieurs fois la Biélorussie...mais essentiellement sur les terrains de Football. La dernière fois, c’était lors des qualifications pour le Mondial 2018 lorsque les futurs Champions que nous allions devenir avaient battu leur adversaire 2-1....
Aujourd’hui,
l’affrontement se fait plutôt par voie diplomatique depuis que ce petit pays européen sans façade maritime a décidé de s’illustrer sur le terrain des airs, en procédant au détournement d'un avion
de Ryanair effectuant la liaison Athènes-Vilnius, provoquant aussitôt un "tollé" général au sein de l'Europe et de la Communauté internationale et donnant des sueurs froides au voisin Lithuanien, certes protégé
par l'OTAN mais encore traumatisé par son passé de pays annexé par l'URSS et ses satellites .....
Les raisons de ce qui est jugé comme un "acte de piraterie" ont rapidement été identifiées: c'est la présence à bord de l'opposant en exil, Roman Protassevitch, 26 ans seulement mais considéré comme l'ennemi n°1 du régime Bielorusse dirigé avec une main de fer depuis 27 ans par Alexandre Loukachenko.
Ce dernier est un ancien agriculteur de 67 ans qui a été propulsé à la tête du pays par la voie des urnes en 1994, se retrouvant constamment réélu depuis mais comme on peut
l'être dans des régimes autoritaires: c'est a dire par l'apport de fraudes massives et de l'utilisation de moyens répressifs souvent sanglants dans le dessein d' étouffer toute opposition (dont les leaders se sont exilés pour
la plupart dans les pays voisins).
En aucune façon , celui que l'on surnomme le "Despote de Belarus" n'a été, à l'instar d'un Lech Walesa ou d'un Vaclav Havel, un "opposant" au régime
soviétique, bien au contraire: il en fut même un serviteur "zélé" du temps de sa splendeur et devint suffisament opportuniste au moment de sa chute pour en dénoncer "certaines dérives" , jouant les "incorruptibles"
pour mieux assoir son autorité par la suite à la tête de ce nouvel état....
Ainsi la méconnue Biélorussie ou Belarus est un cas à part en Europe trainant la réputation
peu flatteuse d'être la "seule dictature" du vieux Continent. Aujourd'hui, ce pays dont le niveau de vie se situe largement au dessus de celui des anciennes républiques soviétiques a maintenu un régime "d'état-providence"
en outre très centralisé mais il fait surtout figure de "lanterne rouge" au niveau des libertés individuelles et des "droits de l'homme", ainsi que de la non abolition de la "peine de mort" , lui fermant de façon redibitoire les
"portes" de "L'Europe" ....
Depuis que sa dernière réélection en 2020 a entrainé de nombreuses contestations auxquelles succédèrent une série de répressions sanglantes, ce "débordement de vase trop plein" a fini par reveiller les consciences les plus engourdies par la terreur et instaurer le doute quant à la pérennité de ce "régime dictorial" de plus en plus montré du doigt au niveau international et s'attirant les foudres du voisin géant russe, qui pense pis que pendre de cet "allié" certes russophile mais plutôt encombrant....
Mais avec une opposition qui reste "sous cloche", ce que l'on a longtemps appelé chez nous "le Quatrième pouvoir", à savoir la Presse et les journalistes, le nouveau cheval de bataille de Monsieur Loukachenko, resté un "communiste convaincu qu'il faut revenir aux fondamentaux" a décidé de réduire au silence ces "scribouillards énnemis déclarés du régime" qu'il n'hésite pas à qualifier de "terroriste" donc passible de la peine de mort...
C'est le pretexte fallacieux qu'a donc pris le dirigeant Belarus pour intercepter l'avion qui transportait celui qui est accusé d'être le "coordinateur " de tous les mouvements de contestations, intentant (sic) à la sécurité de l'Etat...
L'habileté du dirigeant Bielorusse a été de l'intercepter sur l'espace aérien national puis de le faire atterir à Minsk, la Capitale du Pays, dénonçant au passage
la "tentative d'ingérence" des puissances occidentales.
La France a bien sûr condamné cet acte de "piratage" concernant un avion d'un pays de l'Union européenne et a aussitôt annoncé à l'instar des autres
puissances occidentale la mise en place de sanctions....
Certains esprits goguenards ont rétorqué que notre Pays était mal placé pour donner des leçons alors qu'il fit le même
type de détournement avec l'avion qui comportait l'ensemble de la direction du FLN en 1956 en route pour le Caire, en pleine guerre d'Algérie !
Trève de plaisanterie, le contexte est ici totalement différent: certains observateurs ont vu ici une complicité implicite de la Russie et la certitude qu'au delà des protestations, d'un blocus quelconque et de l'inquiétude réèlle sur le sort reservé à l'opposant Protassevitch, l'Europe et même les Etats-Unis donneront finalement à la Belarus le sentiment d'avoir agi avec un risque "d'impunité" quoiqu'il arrive.
Mais le russophile Loukachenko, malgré ses "certitudes ancrées sur son bon droit et sa capacité à sauver son pays de toute force ennemie" va continuer à vivre avec "l'épée de Damoclès"au dessus de sa tête, loin d'être à l'abri d'un lâchage de la part du Kremlin, d'un inattendu tour de vis plus sévère de l'occident et d'avoir eu les oreilles qui ont bourdonné lorsqu'il a entendu certains militaires hauts gradés s'émouvoir que l'on puisse tirer sur le peuple souverain"....A suivre...