Pierre Desgraupes

Maurice Clavel

Michel Lancelot

Kriss (Corinne Gorse)

Philippe DUPONT

1971

“MESSIEURS LES CENSEURS, BONSOIR!”

 

En cette fin d’année 1971, 70 % des foyers français sont équipés d’un récepteur de télévision, soit trois fois plus qu’à l’orée des années 60. A présent, "l'étrange lucarne" comme on la surnomme continue de progresser et de bouleverser le rythme des soirées ou des week ends de nos concitoyens.


Pourtant, l'espace télévisuel français de l'époque est plutôt assez réduit, du fait du monopole d'état de la Radio et de la Télévision regroupées au sein de l'ORTF.
Il n'y a que deux chaînes dont une seule "en couleur" (la Deuxième Chaîne depuis Octobre 1967), avant la naissance d'une Troisième qui verra le jour à la Saint-Sylvestre 1972. La Première  Chaîne (ancêtre de TF1) est diffusée alors en Noir et Blanc (et le sera jusqu'en 1976).


Les téléspectateurs français "frontaliers" peuvent capter plus de chaînes, à commencer par les Nordistes avec la télévision Belge Francophone (RTBF), puis ceux du Grand Est, avec Télé-Luxembourg, la Télé Suisse Romande ou les programmes Ouest-Allemands, tandis que les Provencaux peuvent regarder Télé-Monte Carlo, parfois la RAI ou encore la Télévision Espagnole dans le Sud-Ouest.


L'ORTF est alors dirigé par un grand commis de l'Etat, Jean-Jacques de Bresson, qui a été nommé après les évenements de 1968 marqués par une très longue grève (suivie d'une purge sans précédents des effectifs contestataires).


"La Radio et la Télévision d'Etat" sont la "Voix de la France" aimait à répéter le Pouvoir incarné  par le Président de la République du moment, Georges Pompidou. Et le garant de la bonne marche de ce "mastodonte" d'Etat était ni plus ni moins que le Ministre de l'information. On se souvient auparavant d'Alain Peyreffitte présentant lui-même la grille des Programmes au journal télévisé en 1964 !.


Pourtant, les "évenements de Mai" ont été suivis par une "Révolution de palais" au niveau de l'audio-visuel: en 1969, Georges Pompidou (paradoxalement aussi conservateur sur ce sujet qu'il était avant-gardiste pour l'Art moderne) nomme comme Premier Ministre: Jacques Chaban-Delmas, Maire de Bordeaux et jusqu' alors Président de l'Assemblée Nationale.

Ce dernier soucieux de "décrisper" la société française met en avant son audacieux projet politique "La Nouvelle Société" qui ne va pas tarder à hérisser le poil d'une partie de la Majorité, notamment celle appartenant à l'aile la plus conservatrice. En ce qui concerne ce que l'on n'appelle pas encore le "Paysage audio-visuel Français", il supprime purement et simplement le fameux "Ministère de l'Information". !

 

LA PARENTHESE ENCHANTEE

 

Un "vent de liberté" va aussitôt souffler dans les couloirs de l'ORTF durant toute la période du "Gouvernement Chaban" entre 1969 et 1972, constituant indéniablement une véritable "parenthèse enchantée" qui se refermera dès son départ....
L'année 1971 est marquée par la nomination des deux directeurs de chaîne: sur la Première, c'est Roland Dhordain qui devient le nouveau patron.


Venu de la radio, cet homme proche du Pouvoir est cependant un indéniable "grand patron de l'audiovisuel" et surtout un homme inspiré : on lui doit d'abord la création de France-Inter en 1963 qu'il a longtemps dirigée avec brio (mais également de France Culture et France Musique), prouvant un esprit très novateur au niveau de la grille des programmes, ayant fait disparaître les speakers obséquieux pour mettre en place et soutenir (malgré le persiflage de certains) une nouvelle génération d'animateurs: José Artur, Pierre Bouteiller, Jacques Chancel, Louis Bozon, Annick Beauchamp, Georges Lourier (injustement oublié aujourd'hui et qui fut pourtant très populaire en son temps), Jean Bardin ou encore Jo Dona.


Mais c'est aussi un découvreur de talents: il a recruté Gérard Klein ou encore Jean-Louis Foulquier qui ont débuté tous les deux au standard téléphonique de la station avant d'en devenir des animateurs incontournables.


Il est également à l'origine de la création de France Inter Paris (FIP) qui a démarré en janvier 1971 et dont il a confié la mise en route au binôme Jean Garretto et Pierre Codou qui crééront également la mythique émission des Week-ends: "L'Oreille en coin" en 1972.


La Première chaîne dont l'information est dirigée par Pierre Desgraupes, un "pionnier" de la télévision qui s'est naguère illustré avec son complice Pierre Dumayet dans l'émission litteraire "Lectures pour tous" et dans le légendaire magazine d'informations: "Cinq colonnes à la Une" avec également Pierre Lazareff et Igor Barrère.

 

DESGRAUPES OU LA FAROUCHE INDEPENDANCE

 

Pierre Desgraupes est un journaliste farouchement indépendant et insensible à toute pression du pouvoir, d'autant que celui-ci lâche un peu de lest en cette période. Il s'entoure de son complice, Joseph Pasteur (co-animateur de débats des "Dossiers de l'Ecran"sur la Deuxième Chaîne Couleur, en alternance avec Alain Jérôme) qui va présenter le "journal télévisé" du soir.


Les autres journaux du midi comme du week end sont présentés par une nouvelle génération de journalistes dont Jean Lanzi, Jean-Pierre Elkabbach, Philippe Gildas, François-Henri de Virieu qui ne tarderont pas à se faire un nom au cours des années suivantes... N'oublions pas Jean-Michel Desjeunes (également sur Europe N°1) à l'avenir très prometteur mais qui disparaitra prématurément à l'âge de 36 ans en 1979.


Ces tranches d'information ont pour nom "Information Première" et s'inspirent fortement du modèle américain, avec un présentateur unique au JT et de l'apport du téléprompteur qui évite de lire sans arrêt ses notes et de bafouiller.
La Première chaîne se veut d'essence populaire, généraliste mais qui propose autant d'émissions politiques que des divertissements.


Pierre Bellemarre, également animateur sur Europe N°1 présente "Entrez sans frapper" avec ses deux complices, les Frères Rouland tandis que Danièle Gilbert est la reine incontestée de "Midi-Première" avec son acolyte le très persifleur Jacques Martin.


Mireille, l'ex complice de Jean Nohain continue d'animer son "Petit conservatoire de la chanson" qui a révélé un grand nombre de futures vedettes tandis que Denise Glaser continue à sonder l'âme des chanteurs dans "Discorama". Pierre Tchernia qui participa à la création du "premier journal télévisé" en 1949 est devenue une des figures les plus populaires de la télévision française, il anime l'émission "l'ami public N°1" un programme destiné à la jeunesse avec la diffusion d'oeuvres de Walt Disney.


"Cinéastes de notre temps" produit par Samuel Labarthe et Jeannine Bazin est un magazine consacré aux grands réalisateurs du monde entier auquel participe Claude Nahon, plus connu sous le nom de Claude Jean-Philippe qui ne va pas tarder à présenter le "Ciné-Club" cette même année sur la Deuxième Chaîne.


C'est également la grande époque de Guy Lux qui officie aussi bien sur la Première chaîne que la Deuxième avec "Jeux sans frontières" et bien sûr "Intervilles" avec les concours de bras de fer, de planche à savon noir, de vachettes landaises, le tout rythmé par les colères de Léon Zitrone mais aussi  avec "Cadet Rousselle" où défilent non plus les vachettes mais toutes les vedettes de la chanson du moment....


"Le Francophonissime" créé par l'infatigable Jacques Antoine (à qui l'on doit également: la Chasse aux trésors et "Fort Boyard") et son complice Jacques Solness est un jeu de connaissances sur fond de francophonie ambiante (avec la participation de la Suisse Romande, de la Wallonie, de Monaco, du Quebec et du Luxembourg) animé surtout par Georges de Caunes, épaulé par un professeur érudit du lycée Lakanal de Sceaux, Jacques Capelovici (alias "Maitre Capelo")...


Les programmes des deux chaînes sont présentés par des "Speakerines" , apparues dès le début de la télévision et dont certaines se feront un nom (les trois Jacqueline: Joubert, Huet ou Caurat ou bien sûr Catherine Langeais).


Evelyne Dhéliat fait partie de cette nouvelle génération, embauchée sur la Première Chaîne dès 1969, entamant une très longue carrière qui dure encore aujourd'hui pour "faire la pluie et le beau temps" sur TF1, héritière de cette même Première Chaîne !.
Depuis 1970, une nouvelle émission politique a vu le jour. Il s'agit de "A armes égales" produite par Jean Pierre Alessandri, Michel Bassi, André Campana et le jeune Alain Duhamel.

 

LES FRERES DUHAMEL

 

Ce dernier est alors agé de 31 ans, après avoir débuté comme Journaliste au "Monde" (et secondé son directeur Jacques Fauvet pour la rédaction d' "Une histoire du Parti Communiste"), le voilà propulsé dans l'univers de la radio-télévision qu'il ne va plus quitter (il est toujours éditorialiste politique sur BFM, aux côtés de son neveu, Benjamin...).


Frère de Patrice, également journaliste à l'ORTF, outre sa parfaite connaissance de l'histoire de la Ve République, l'homme est également un essayiste prolifique, un éditorialiste à la radio (Europe 1 et RTL) mais également enseignant à Sciences Po Paris et bien sûr éditorialiste dans de nombreux journaux nationaux et régionaux....

 

 

MESSIEURS LES CENSEURS: BONSOIR !

 

Mais le lundi 13 décembre 1971, il coprésente en direct avec André Campana une nouvelle édition de "A armes égales" qui depuis sa création oppose deux personnalités politiques sur des sujets de société qui sont donc arbitrés par deux journalistes...


Depuis la création de l'émission, on a pu assister à divers duels percutants: entre Georges Marchais et Jacques Chirac, Michel Debré contre François Mitterrand, Giscard contre Servan-Schreiber (VGE versus JJSS) ou encore Michel Rocard face à Edgar Faure...
Ce soir-là, les deux invités sont Jean Royer, Député d'Indre et Loire et Maire (Divers droite) de Tours face à Maurice Clavel, journaliste et philosophe. avec comme thème du débat: "Les Moeurs: la société française est-elle coupable ? "...


Jean Royer, instituteur de formation, surnommé "Père la pudeur" est souvent taxé de "conservateur et réactionnaire" par ses détracteurs après avoir notamment interdit la projection de films pornographiques dans sa commune.


Maurice Clavel, né en 1920 (comme Jean Royer), originaire de l'Hérault, est un ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure et agrégé de Philosophie. Issu d'une famille aux opinions conservatrices, son destin bascule lors de la Seconde Guerre Mondiale quand il s'engage rapidement dans la Résistance. Au sein des FFI, il dirige le Maquis d'Eure et Loir avec sa compagne la tragedienne Silvia Monfort. A la Libération, il acceuille le Général de Gaulle devant le parvis de la Cathédrale de Chartres.


Sa rencontre avec l'Homme du 18 juin est déterminante et va faire de Maurice Clavel un "Gaulliste convaincu"  pendant plus d'un quart de siècle jusqu'à la rupture au moment de "l'affaire Ben Barka" et confirmée pendant les évenements de Mai 1968 où il est solidaire des Manifestants et se rapproche inexorablement des cercles Maoistes tout en restant un fervent Catholique...


Tour à tour Dramaturge, Professeur de lycée puis Journaliste à "Combat" et surtout au "Nouvel Observateur", essayiste à succès, Maurice Clavel est une des figures les plus influentes du milieu intellectuel français des années 70, suscitant autant d'admiration que de controverses au vu de son parcours sinueux...


Ce soir-là, comme son invité, il a réalisé un petit film d'introduction au débat. Mais dès sa première prise de parole, l'intellectuel s'emporte: lors de l'avant-projection, il s'est aperçu que l'on avait effacé au montage un "mot", un "seul mot" mais suffisant pour lui pour être qualifié de "censure", intolérable selon lui dans un état de droit.


Ce sont les aléas du direct: il décide brusquement de quitter le plateau, proposant toutefois à son contradicteur Jean Royer de pouvoir le retrouver dans une autre circonstance pour débattre et clame "Messieurs les Censeurs, bonsoir" sous les applaudissements d'une foule largement conquise...


Le jeune Alain Duhamel, autant surpris que désappointé prendra la parole pour affirmer son étonnement et contester toute tentative de censure de la part de la production puis annonce de facto l'arrêt du débat. On saura par la suite, que le fameux mot "censuré" était sorti de la bouche du Président en exercice Georges Pompidou et qui concernait son sentiment ambigu envers la Résistance...

 

SPORTS DIMANCHE ET LES COULISSES DE L'EXPLOIT

 

Depuis le milieu des années 50, le sport est très présent à la Télévision française. En effet, "Sports Dimanche" alors diffusé sur l'unique chaîne de télévision a partir de 1955 à une époque ou le parc des téléviseurs reste confidentiel.


Raymond Marcillac prend la direction du Service des sports en 1959. Né en 1917, il fut avant-guerre un sportif de haut-niveau, sélectionné dans l'équipe de France d'Athlétisme. Durant la guerre, il devient combattant de la France Libre et restera par la suite un fervent militant Gaulliste (qui lui évitera probablement d'échapper à la "grande purge" de Mai 68) . Il devient journaliste à la Libération et intègre la Télévision en 1957 où il rejoint d'abord l'équipe du Journal télévisé.


Il est donc à la tête deux émissions sportives phares: "Sports dimanche" et "les coulisses de l'Exploit"(créee avec Jacques Goddet, patron du "Tour de France" qui sont toujours diffusées sur la Première chaîne en cette année 1971.


Raymond Marcillac s'entoure d'une équipe de journalistes dont l'ancien cycliste Robert Chapatte, Roger Couderc, François Janin, Thierry Roland et un certain Michel Drucker qui était venu le rencontrer "au culot"....


Mais 68 étant passé par là, la plupart des noms cités ont été licenciés mais beaucoup d'entre eux rejoindront assez rapidement les studios de télévision (beaucoup d'entre eux en 1975 sous le septennait Giscard qui a vu l'éclatement de l'ORTF), ayant rejoint entre temps la radio ou la presse écrite....


Raymond Marcillac est également producteur de "Télé-Dimanche" longtemps présenté par Roger Lanzac ("la Piste aux Etoiles" toujours diffusé en 1971) et qui fut la grande émission dominicale de variétés, révélant au passage de nombreuses vedettes, Raymond Marcillac pourtant jugé "indéboulonnable" sera licencié de l'ORTF en 1972, sous pretexte d'avoir introduit de la publicité clandestine à la télévision....Il ne reviendra jamais sur le petit écran mais terminera sa carrière au sein des radios libres ("Radio-Montmartre").

 

LA DEUXIEME CHAINE EN VOIT DE TOUTES LES COULEURS

 

Née au moment de la création de l'ORTF en 1964, la Deuxième Chaîne a connu des débuts difficiles, souffrant notamment d'un déficit de notoriété et surtout d'attractivité , produisant des audiences confidentielles face à son aînée historique, la Première Chaîne....


Pourtant dès 1964, elle flirte avec le succès en proposant "La Caméra invisible" avec Pierre Tchernia et Pierre Bellemare, inspirée d'une émission américaine mais également le cultissime magazine "Dim Dam Dom" de Daisy de Galard, qui s'adresse à la gente féminine tout en abordant des sujets susceptibles d'interesser le sexe opposé mais qui disparait des écrans en cette année 1971.


Cependant, c'est en 1967 qu'elle "démarre vraiment cette Deuxième Chaîne balbutiante" en passant notamment à la Couleur en Octobre 1967 et en etoffant sa grille de programmes: c'est l'apparition notamment des "Dossiers de l'Ecran" proposés par Armand Jammot (qui produit déjà le "mot le plus long" auquel succèdera "des chiffres et des lettres", ndlr). La chaîne booste également son audience avec la retransmission des "JO d'Hiver" à Grenoble où triomphent Jean-Claude Killy et toute une génération de sportifs français...


En 1971, c'est un véritable pionnier de la Télévision qui prend la direction de la Deuxième Chaîne: Pierre Sabbagh. Né en 1918, d'abord comédien puis devient journaliste après la guerre.
Recruté à la RTF, il est à l'origine du premier journal télévisé en 1949, par la suite, outre sa carrière journalistique, il est producteur et animateur de jeux télévisés dont "l'homme du XXe siècle", sorte de "questions pour un champion" avant l'heure, du "Magazine des explorateurs"


Pierre Sabbagh est également le créateur et le réalisateur de "Au théâtre, ce soir" une émission devenue culte consacrée au théatre dit de "boulevard" mais qui aura eu le grand mérite d'interesser un large public populaire au théâtre et à la découverte d'auteurs comme Feydeau, Jacques Deval, Robert Thomas, André Roussin, etc.... "Au théâtre ce soir" créé en 1966 sera diffusée alternativement sur la Première et la Deuxième Chaîne.

 

GRAND AMPHI

 

La Deuxième chaîne affiche des ambitions culturelles et artistiques: en 1971, Jacques Chancel, ancien reporter de guerre en Indochine, puis journaliste de presse écrite, ayant acquis la célébrité avec "Radioscopie" sur France-Inter depuis 1968,  produit et anime à présent "Grand Amphi" qui annonce déjà "Le Grand Echiquier" (1972) qui s'imposera durant une quinzaine d'années comme la référence absolue en matière de "télévision de qualité", sorte de talk-show culturel avant l'heure et de rencontres mémorables entre grands artistes...


Le succès de l'émission va éclipser le fameux "Bienvenue" de Guy Béart (diffusé sur la Première Chaîne) qui avait pourtant ouvert la voie à cette télévision culturelle de qualité.
Dans un genre plus populaire, Guy Lux anime, rappelons-le,  avec Sophie Darel "Cadet Rousselle" où défilent les plus grandes vedettes du moment: Joe Dassin, Claude François, Mike Brant, Michel Delpech sans oublier bien sûr l'orchestre de Raymond Lefèvre.


L'originalité de l'émission réside dans son interactivité: en effet, les télespectateurs sont invités à voter pour la diffusion des chansons (comme cela sera également fait ulterieurement avec les séries télévisées).
Les feuilletons historiques rencontrent également un "grand succès", sur les deux chaînes, si la Première diffuse "Quentin Durward" d'après Walter Scott, la Deuxième propose "La Dame de Montsoreau" d'après Alexandre Dumas sans oublier "Arsène Lupin" qui triomphe avec Georges Descrières...


L'apparition de nouveaux programmes n'eclipsent pas pour autant les plus anciens qui sont toujours diffusés sur les  deux chaînes telle "la Séquence du Spectateur" de Claude Mionnet, présentée par la speakerine Catherine Langeais (épouse de Pierre Sabbagh), "Télé Dimanche" de Raymond Marcillac ou encore "Les Coulisses de l'Exploit" consacré au sport.


Si Pierre Desgraupes dirige l'info de la Première Chaîne, c'est Jacqueline Baudrier qui prend les rènes de la Deuxième dès 1969. Comme Roland Dhordain, elle vient de France Inter où elle a déjà dirigé la Rédaction et est également proche du pouvoir Gaulliste. C'est l'époque de "24 heures sur la Deux" animé par Léon Zitrone et Michel Pericard et qui intègre des futurs journalistes réputés: Jean-Pierre Chapel, Bernard Volker, Claude Brovelli ou Jean-François Robinet.


1971 est marquée par la création d'un "Ministère de l'Environnement" que son premier titulaire, Robert Poujade (Député-Maire de Dijon) ne tardera pas à surnommer lui-même "le Ministère de l'Impossible" tant l'intégration du concept "écologique" dans la sphère politique est un sujet épineux... Cela n'empêche pas la création de "La France Défigurée" produite et présentée par Louis Bériot et Michel Péricard (future Député-Maire de Saint-Germain en Laye), un excellent magazine sur la question environnementale.


On le voit, il soufflera un vent de "liberté" sur le Paysage audiovisuel de cette période de "Nouvelle Société" pronée par le Premier Ministre Gaulliste, Jacques Chaban-Delmas, épaulé notamment par son éminent conseiller Jacques Delors, pourtant Chrétien de Gauche.... Mais cette liberté reste toutefois relative, l'épisode de "A armes égales" (même s'il faut rester nuancé) le prouve mais également d'autres épisodes symboliques....

 

LE MASQUE ET L'ENCLUME

 

En effet, le producteur et animateur Michel Polac qui anime "Post-Scriptum", : une émission culturelle consacrée à la littérature sur fond de débat contradictoire en fera les frais. A la suite d'une émission consacrée à l'inceste au cours de laquelle sont invités l'écrivain Italien Alberto Moravia et le cinéaste Louis Malle (qui vient de signer "le souffle au coeur" qui traite du sujet), l'émission est purement et simplement supprimée. A cause du sujet ou plutot d'un excellent pretexte à se débarrasser d'un animateur contestataire ? :  la réponse a dû se trouver entre les deux..

A revoir les images d'archives de 1971, on est frappé de voir la ressemblance de "Post scriptum" avec ce que sera ultérieurement "Droit de Réponse", l'émission qu'animera Polac lors de l'arrivée de la Gauche au pouvoir en 1981: l'animateur à la chevelure rebelle et avec la pipe vissée au bec est entouré de nombreux invités assis comme on peut l'être dans un Café bondé et à l'ambiance enfumée, se lançant dans des joutes orales entre les représentants de l'ordre moral et les provocateurs nés et avec également le même réalisateur, Maurice Dugowson.

Co-créateur avec François-Régis Bastide du "Masque et la Plume" sur France-Inter mais qu'il a quitté en 1970, Michel Polac ne retrouvera donc pas le chemin des plateaux télévisés que dix ans plus tard, lors de l'arrivée de la Gauche au pouvoir. Il menera surtout une carrière de réalisateur durant cette "traversée du désert" decennale.


"Droit de Réponse", rendez vous du Samedi soir sur TF1 (encore publique) connaitra rapidement un grand succès, malgré les nombreuses polémiques et dérapages qu'elle suscitera jusqu'à sa disparition lors de la "privatisation" de la Chaîne dont les nouveaux propriétaires trouveront un alibi "en béton" pour se débarrasser une fois de plus de l'animateur persifleur....

 

THIERRY LE FRONDEUR

 

Thierry Le Luron, révélé en 1970 dans le "Jeu de la Chance" avec Jacques Martin et malgré sa jeunesse (il n'a que 19 ans) n'en est pas moins un artiste "irréverencieux" et parmi ses nombreux dons artistiques, c'est surtout avec celui d'imitateur qu'il s'illustre avec Brio.


Il se spécialise notamment dans l'imitation du chef du gouvernement, Jacques Chaban-Delmas, produisant notamment un hilarant "Le ministère patraque" inspiré de la chanson du comique troupier Ouvrard "j'suis pas bien pourtant" et n'hésitant pas à oser une imitation de Chaban communiquant avec le Général de Gaulle, disparu en 1970 "Mon Général, ici Chaban, je vous reçois Cinq sur Cinq".


Cela suffira pour "l'interdire" d'antenne pendant plusieurs mois. On le sait l'imitateur surdoué mais féroce récidivera par la suite avec Giscard et bien sûr François Mitterrand...
Ainsi va la Télévision Française (d'Etat) de cette année 1971 où l'on peut à présent "zapper" grâce à l'apparition de la Télecommande. Une télévision qui durant cette "parenthèse enchantée" permettra une plus grande liberté d'expression même si en fait elle a curieusement toujours existée, étant parfois victime de "l'auto-censure" des journalistes ou des producteurs craignant des représailles mais n'empêchant la plupart des grands réalisateurs (Bluwal, Santelli ou Lorenzi) d'être "encartés" au Parti Communiste où à un Jean-Christophe Averty, virtuose de la technique de faire "grincer des dents" par trop d'inventivité.....

 


LE SAMEDI SOIR CHEZ BOUVARD

 

En janvier 1971, la Deuxième Chaîne couleur propose un talk show sur l'actualité culturelle dont le producteur et animateur n'est autre que Philippe Bouvard et durant les quatre ans que durera ce rendez vous du Samedi soir, une multitude d'invités qu'ils s'appellent Jacques Dutronc, Jacques Chazot, Poiret et Serrault, Salvador Dali et tant d'autres alors en vogue vont passer sous le grill des questions piquantes du futur animateur des "Grosses têtes".


Philippe Bouvard est un touche à tout enjoué et qui réussit à peu près tout ce qu'il entreprend. Né en 1929 à Coulommiers (Seine et Marne), il rate brillamment ses études et finit par se lancer dans le journalisme via la presse écrite, notamment à France-Soir, mais il est rapidement chroniqueur à la télévision ainsi qu'à la radio, notamment à Radio-Luxembourg avant de devenir plus tard un des piliers de RTL.


Ce boulimique de travail est également l'auteur d'une quarantaine de livres, directeur de théâtre, découvreur de nombreux talents grâce à son "Petit théâtre de Bouvard". Un esprit sarcastique mais brillant qui réussira à merveille dans cet exercice de talk show qui a permis à ce " Samedi soir" de devenir un rendez-vous incontournable de la deuxième partie de soirée et dont le tournage se déroulait chez Maxim's.

 


LA MAISON DES JEUNES

 

Les émissions pour la jeunesse sont apparues dès le début des années 60, avec notamment la "Séquence du Jeune Téléspectateur" réplique juvénile de la "Séquence du spectateur". Le monde du cirque avec l'émission "1,2,3 en piste" produite par Jean Richard (qui triomphe alors  dans "Les Enquêtes du Commissaire Maigret" ) et animé par Marcel Fort et Jacqueline Monsigny, avec en vedette le trio des Bario, des clowns qui est alors très en vogue.


Tout comme les émissions de Gilbert Richard qui produit "Loto-Tirelire" et "Flon-Flon" enchantant les jeunes télespectateurs qui regardent ces programmes le jeudi après-midi (avant le transfert vers le Mercredi, en 1972).


Curieusement, deux habitants du Sud-Essonne sont des créateurs d'émissions pour la jeunesse: Claude Laydu, résidant à Morigny-Champigny et créateur de "Bonne nuit les Petits" et qui anime à présent le jeu "Mon papa et moi" (ancêtre des émissions"in ze boite" sur Gulli) ou Jean Briel, dit Jean Tourane, Maire du Val Saint Germain et créateur du canard "Saturnin".


Mais, de nouveaux héros sont apparus comme "Oum le Dauphin" dont le générique est chantée par Michel Legrand, ou l'ours "Colargol". Ce sont également les débuts de "Fifi Brindacier" et de "A vous l'antenne" une émission animée par des jeunes...


Claude Cobast anime, en compagnie de Pierre Tchernia "Un enfant parmi tant d'autres " qui avait la particularité de faire découvrir au jeunes téléspectateurs français, la vie quotidienne d'autres enfants du monde entier....

 

LA RADIO ENCORE ET TOUJOURS

 

Si le "petit écran" s'est imposé dans les foyers français, il n'a pas pour autant complètement détrôné sa rivale: la radio en cette année 1971. Une radio qui continue à être écoutée dans les foyers dont beaucoup sont équipés de transistors mais également dans les voitures avec l'essor notable des auto-radios qui permettent aux automobilistes "d'avoir de la compagnie" lors de longs trajets ou dans les embouteillages qui sont devenus de plus en plus fréquents autour et à l'intérieur des grandes Métropoles....

 

FIP 514

 

En ce début d'année 1971, la France grelotte. En effet, depuis la mi-décembre, une vague de froid sans précédent a submergé la France, constituée d'épisodes neigeux aussi exceptionnels que très longs puisqu'ils ne prendront fin qu'à la mi-janvier.


La vallée du Rhône, entre Montélimar et Orange, d'habitude surnommée la "route des vacances" grâce au passage de "L'autoroute du Sud" est particulièrement touchée. Au coeur du département de la Drôme, il est tombé pas moins de 1 mètre 50 de neige cumulée en 3 jours, paralysant complètement le trafic sur cette autoroute A7 qui voit plus de 6 000 automobilistes bloqués, contraints d'abandonner leurs véhicules pour se réfugier dans des salles municipales tandis qu'une grande partie de la campagne Dromoise est complètement coupée du monde, seulement ravitaillée par quelques hélicoptères....


Au nord de la Loire, notamment en Ile de France, la situation est heureusement moins dramatique même si la rigueur hivernale s'est invitée dans le décor quotidien. A Paris qui se vide de ses habitants pour alimenter sa périphérie de façon conséquente, c'est surtout la thrombose automobile qui prédomine (en attendant la fin de l'interminable chantier du périphérique prévu pour 1973).


C'est alors que Roland Dhordain qui dirige encore France-Inter décide de créer un programme en ondes moyennes afin de distraire les "automobilistes pris dans les bouchons" grâce à des messages d'infos routières en temps réel accompagnée d'une originale programmation musicale (n'oublions pas que la Maison de la Radio possède une discothèque incomparable), elle emettra en journée entre 7 heures et 21heures avec l'insertion de "flashes infos" issus de la station-mère : France Inter.


Il confie la mise en place du projet à deux producteurs de la Station: Jean Garreto et Pierre Codou, qui sont à la tête de "TSF 71" vaste plage de programmes divertissants du week-end sur la radio nationale (et qui deviendra donc, rappelons-le, "L'Oreille en coin"). Les deux compères surnomme la "petite dernière": "France Inter Paris" (FIP) et elle voit donc le jour le 5 janvier 1971.


Simultanément, FIP va avoir de nombreuses petites soeurs jumelles à travers l'Hexagone: FIM (à Marseille), FIB (à Bordeaux), FIL (à Lyon et en Lorraine à Nancy), FILA (à Nantes), FIS (à Strasbourg) qui auront chacune leur autonomie en matière d'infos routières mais qui diffuseront le programme musical de Paris....

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L'originalité de FIP sera composée uniquement de voix féminines, celles que l'on ne pas tarder à surnommer les "Fipettes" qui ne tardent pas à s'illustrer de leurs voix suaves et enjouées avec des commentaires hilarants "On vous avait prévenus, il fallait éviter de passer par la Porte Maillot, maintenant c'est bien fait vous êtes à l'arrêt.."


La plus illustre d'entre elles sera Corinne Gorse. Cette jolie animatrice de 23 ans, actrice à l'occasion, a fait ses premières armes dans les stations "décentralisées de vacances" de France Inter. Elle est également la fille de Georges Gorse, ancien Ministre de l'information et futur Maire de Boulogne-Billlancourt (il va remporter l'élection municipale de mars 1971).


Cette filiation ne sera jamais mise en avant car l'animatrice a pris le pseudonyme de "Kriss", ultérieuement appelée "Kriss Graffiti" et se fera rapidement un "nom" dans l'univers radiophonique, aussi bien à FIP que plus tard à France-Inter, où elle deviendra une des "grandes voix" de la Station jusqu'à sa disparition en 2009.

 

LA MAISON RONDE VERSUS LES PERIPHERIQUES

 

A Contrario de la Télévision, la radio d'Etat est soumis à une forte concurrence des radios privées, celles que l'on surnomme alors "les radios périphériques". Des stations qui s'appellent RTL, émanation de Radio-Luxembourg qui possède des studios aussi bien à Paris qu'au Grand-Duché


Sa rivale, Europe N°1, crée en 1955. Société de droit privé, captées en Grandes ondes avec son emetteur dans la Sarre, elles vivent de la publicité (alors que France-Inter et ses soeurs France-Culture et France Musique, en Modulation de Fréquence et emettant 24 heures sur 24 vivent de la Redevance).

N'oublions une troisième radio, RMC, la station monégasque qui a surtout une large audience très au sud de la Loire vit également de la publicité.


En 1971, France Inter qui va bientôt bientôt être dirigé par Pierre Wiehn est encore leader de ce que l'on appelle à présent "L'Audimat" du fait de sa couverture nationale, bénéficiant de l'auto-promotion de ces programmes via les canaux de la télévision et de la notoriété de ses animateurs: on parle d'un système "ABC" c'est à dire Artur (José), Bouteiller (Pierre) et Chancel (Jacques), de la qualité de ses émissions et de ses dramatiques diffusées dont "les Maitres du Mystère" qui captivent chaque semaine plusieurs millions d'auditeurs, à une époque où encore 30 % des foyers ne sont pas encore équipés de récepteur de télévision.


La rédaction de France Inter est une surtout une pépinière de futures vedettes du journalisme télévisé. A 29 ans, Yves Mourousi est déjà "une star" de la station, présentant le très écouté journal de 13 heures (en alternance avec Jean-Claude Turjman) et il imprime déjà sa marque de fabrique, faite d'aisance à improviser tout en maîtrisant finalement son sujet et où il lance déjà son fameux "Bonjour" qui efface d'un coup le pompeux "chers auditeurs, bonjour".


En cette année 1971, Pierre Wiehn  promu Directeur d'antenne,  a justement lancé une nouvelle émission-concours appelé "Envoyé Spécial" qui permet à un journaliste fraîchement diplômé d'effectuer des reportages payés par la station et de tenter de gagner cette épreuve pour ensuite 'intégrer la rédaction. Le premier lauréat s'appelle Patrick Poivre d'Arvor, il a 24 ans....


Jean-Claude Bourret, 30 ans a fait ses premières armes sur "les barricades" de mai 1968 mais comme reporter pour cette radio nationale alors majoritairement composée de grévistes! .
Il a donc intégré la Maison de la Radio en même temps qu'un ancien journaliste du "Parisien Libéré", qui présente d'abord les flashes de la nuit, il s'appelle Roger Gicquel et il s'illustre également en lançant la "Revue de Presse" (beaucoup copiée depuis par ses concurrents et qui continue à être diffusée actuellement avec son lointain héritier, Claude Askolovitch).


Thierry Roland, "viré" de la télé en 1968, officie au service des sports avec son ami, Jacques Vendroux et les deux complices fondus de Football créent d'ailleurs le "Variety Club" en 1971. L'année suivante, leur illustre collègue Jean-Paul Brouchon, "la voix du Tour de France" crééra le premier Multiplex (qui a fait de nombreux émules depuis).


Louis Bozon et Gérard Sire sont devenus les incontournables de la station. La redoutable Anne Gaillard a remplacé Annick Beauchamp pour diriger "Inter-Femmes" qui connait un grand succès d'audience. Néanmoins, la féroce animatrice  est celle que ses pires ennemis appellent "La Hitler de France Inter"  car elle fait souvent passer de "très mauvais quarts d'heure à ses invités" 

Daniel Hamelin fait également partie à l'époque de ces "grandes voix de France Inter" en réveillant les auditeurs dès 5 heures en semaine. Dix ans plus tard, il deviendra un des pionniers des "stations délocalisées" (futures France Bleue) en créant notamment "Radio-France Mayenne" qui sera d'ailleurs un franc succès.

Dans les coulisses de la station, de futures vedettes de l'antenne ne vont pas tarder à faire parler d'elles: Claude Villers, ancien correspondant aux Etats-Unis présente désormais sa première émission, un an avant "Pas de panique" qui va le rendre célèbre, son copain Patrice Blanc-Francard (qui anime déjà : "Pop 2" sur la deuxième chaîne et qui bien plus tard dirigera le Mouv', créé par Olivier Nanteau), Bernard Lenoir qui officie auprès de José Artur ou encore Jean-Louis Foulquier.


Mais le leadership de France Inter ne va pas tarder à s'effriTer peu a peu au profit des "stations périphériques" notamment de la part de RTL.

Jugée "racoleuse" et "radio des concierges" par ses détracteurs, la station de la rue Bayard ne va jamais cesser de faire croître son audience. Il y aura désormais plusieurs familles d'auditeurs, celle de "France Inter ", "d'Europe N°1" et enfin celle "de RTL". Les deux dernières sont d'emblée de "grandes rivales" et leur affrontement va trouver son apogée au cours de la décénnie 70 avec une volonté de féroce de leadership.

 

LE JARDIN DU LUXEMBOURG

 

Radio-Luxembourg est donc devenue RTL en 1966. Elle est présidée par Jean Prouvost et son directeur est Jean Farran. C'est une radio qui s'adresse à une public populaire, généralement interessé par les jeux notamment ceux qui vous permettent de pouvoir gagner de l'argent mais pas uniquement.


Elle s'adresse à également à cette large classe moyenne qui s'est développée en France depuis le début des "Trente glorieuses" composée d'employés, de professions intermédiaires et de Cadres, qu'ils soient issus du "baby boom" ou de tranches d'âge plus agée.

 

L'information joue un rôle important et la station de la Rue Bayard a su attirer les grandes voix du journalisme de l'époque, souvent issus de la Presse écrite, à l'instar de Jean Ferniot ou de Roger Priouret, tous deux issus de "L'Express" le newsmagazine Français N°1 en 1971, toujours dirigé par Jean-Jacques Servan-Schreiber et Françoise Giroud.


Le très redouté Philippe Alexandre, issu de "Combat" et de "Jours de France" apporte chaque matin une analyse autant acerbe que pointue sur la vie politique. Paul-Jacques Truffaut, éditorialiste à Ouest-France assure la "Revue de Presse".


La station attire non seulement des journalistes mais également des écrivains: dont Maurice Clavel (eh, oui, le futur "sage" de Vézelay qui est chargé de la "rubrique télé", "messieurs les téléspectateurs, bonsoir!"), Guy des Cars ("méchamment surnommé: Guy des Gares), Rémo Forlani, "le monsieur Cinéma" de la station ou encore Gilbert Cesbron apportent leur concours dans plusieurs émissions....


Alain Krauss, Jean-Pierre Farkas, Gilbert Kahn, Jean Carlier, Pierre Dumayet et Julien Besançon présentent les différents journaux de la semaine et du Week-end.
Jean Breton est alors le "Monsieur Météo" de RTL où il fera "la pluie et le beau temps" entre 1963 et 2000!. C'est aussi l'époque où le "Tiercé" est en vogue sur les stations de radio (y compris à France-Inter avec André Théron) et c'est Maurice Bernardet qui couvre l'actualité hippique.


Mais bien sûr, c'est bien sûr, son vaste éventail d'animateurs qui va faire le succès de RTL. : A commencer par Ménie Grégoire. Cette ancienne journaliste (à "Elle") a intégré la Station en 1967 et y restera quatorze années.


Avant de faire de la Radio, elle a déjà acquis la célébrité en étant une militant active de la "condition féminine", ayant travaillé avec de nombreuses associations, fait de nombreuses conférences à travers le monde et surtout écrit "le Métier de femme" en 1964 qui connait un grand succès et où elle s'oppose au combat jugé trop théorique de Simone de Beauvoir pour opter pour une approche plus pragmatique de la "cause des femmes".


Elle animera une émission sobrement appelé "Allo Ménie" diffusée les débuts d'après midi où elle réussira a vulgariser les domaines encore méconnus de la psychanalyse ainsi que libérer "la parole" au niveau de ce qui reste encore un "sujet tabou" en 1971: la sexualité. L'émission écoutée à 90 % de femmes connait un succès considérable.


De la même génération que Ménie Grégoire, Maurice Favières est à l'époque l'animateur des "Matinales" constituées essentiellement de jeux avec toutefois une page d'informations conséquente.


C'est alors un des animateurs les plus emblématiques de la station où il a pratiquement fait l'intégralité de sa carrière. Il correspond parfaitement, et ce n'est pas péjoratif, à l'image de ce que doit être un animateur de radio périphérique : un "meneur de jeu" toujours souriant (même si on le voit pas) et qui sait meubler l'antenne entre deux "réclames" (on ne parle pas encore de pub à l'époque).


Il s'illustre aussi dans le radioguidage (qui comprend autant d'informations routières que de plages musicales en guise d'accompagnement, sorte de mélange entre le PC de Rosny sous Bois et Fip), devenant même le "chef d'orchestre" pour les auditeurs lors des "grandes migrations autoroutières". le chaleureux Max Meynier, futur animateur des "Routiers sont sympas" ainsi que Gérard Klein, transfuge de France-Inter animeront également ce créneau....


En 1976, Maurice Favières présentera le jeu culturel "les Jeux de 20 heures" sur FR3 qui va accroître sa déjà grande notoriété. Car dès cette époque, les animateurs radio font souvent de la télé, y compris sur le service public (Jacques Chancel, José Artur, Pierre Bouteiller, Louis Bozon, Annick Beauchamp), en ce qui concerne le privé: sur RTL, Philippe Bouvard qui anime "RTL non stop" avec Evelyne Pagès (avant de connaitre plus tard la gloire avec "les Grosses Têtes" en 1977) est également animateur sur la Deuxième chaine, comme nous l'avons mentionné plus haut...


Thierry le Luron qui n'a alors que 19 ans, a été révélé lors du "jeu de la Chance" à la Télévision, commente dès lors l'actualité politique de matinale de la station, comme le fera bien plus tard Laurent Gerra sur cette même antenne....


François Simon-Bessy est le fils biologique du Comédien René Simon (qui dirige le "Cours Simon" qui a formé une multitude d'apprenti-comédiens et a été adopté par le critique Maurice Bessy mais lui a choisi comme pseudonyme : "Fabrice" .


Après un court passage à Europe N°1, il entre sur RTL dont il va devenir un des animateurs vedettes. Ce jeune homme gouailleur va remplacer le non moins gouailleur Guy Lux pour animer le jeu: "la Case Trésor" le matin puis d'autres jeux en début d'après midi en compagnie de Sophie Garel (à ne pas confondre avec Sophie Darel), une jeune Pied-Noir qui a débuté à Télé-Oran en 1960, ex-compagne de Jean Yanne, qui accompagnera également Fabrice sur RTL Télévision avant de rejoindre l'équipe de Laurent Ruquier et va finir par retrouver son vieux complice Fabrice aux "Grosses têtes" (version Ruquier).


Anne-Marie Peysson, ancienne speakerine à l'ORTF et co-animatrice avec Guy Lux pour "le Palmarès des chansons", rentre dans la station de la Rue Bayard après avoir été licenciée après les évenements de Mai 68 et où elle devenue une animatrice vedette en étant la présentatrice des émissions du matin en semaine et également du populaire "Stop ou encore "diffusé le Week-end.

Jacques Serizier, chanteur, poete et comédien anime les "Matinales" du Week-End. Aujourd'hui tombé dans l'oubli, il jouit pourtant à l'époque d'une grande popularité, issu de la grande tradition du cabaret qui a été souvent la rampe de lancement de nombreux artistes.


Pierre Hiegel est le "critique musical" de la Station. Beau-frère de Pierre Bellemarre et père de la comédienne Catherine Hiégel. Egalement directeur artistique, il anime alors "le grand orchestre de RTL" inaugurant un long cycle de diffusion de "musique classique" sur cette radio populaire qui sera perpétué avec brio par l'excellent Alain Duault, avant de disparaitre en 2011..
Les émissions consacréés à la musique sont très présentes à l'antenne, Jean Farran cherchant à fidéliser un public jeune. Jean-Bernard Hebey est le "Monsieur Pop Music" de RTL où il a animé notamment "Poste Restante" puis à présent "Pop". Auparavant, c'était Mike Pasternak, alias "Président Rosko", un Américain Francophile qui avait ses classes à "Radio Caroline" station radio britannique pirate située "off shore" et qui devint un véritable "ovni" radiophonique sur cette station entre 1966 et 1968.


A présent, plusieurs autres animateurs "Luxembourgeois" qui travaillent depuis les studios de la Villa Louvigny, au Grand-Duché font partie de cette nouvelle armada "d'animateurs musicaux", citons notamment Chris Baldo, Bernard Schu et un petit nouveau Georges Lang qui avait ses classes auparavant sur FIL (France Inter Lorraine).


Ce dernier est toujours présent à l'antenne de RTL, grand spécialiste de la musique rock anglo saxonne de la Période années 60/80, il a même installé chez lui son propre "studio" mais doit cependant faire la navette entre le Grand Duché et Paris depuis que l'ensemble des effectifs de RTL ont été transférés vers la Capitale Française avec en outre, le déménagement de la Rue Bayard vers Neuilly sur Seine....Bernard Schu, compagnon de route de Georges Lang connaitra lui un tout autre destin: "happé" par les paradis artificiels, il disparaitra prématurement en 1991 à l'âge de 44 ans.

 

UNE CERTAINE IDEE D'EUROPE

 

En 1971, Europe N°1 fête ses 16 ans d'existence puisqu'elle a été créée en janvier 1955 par Charles Michelson et Louis Merlin, mais à la demande de l'Etat Français (qui en profite pour prendre une participation au hauteur de 35 % du capital), l'homme d'affaires Sylvain Floirat va vite reprendre les rênes de la station qui a connu des déboires financiers lors de son lancement.


A la tête des programmes, il place Lucien Morisse responsable de la programmation musicale (avant de devenir celui des programmes) dont beaucoup s'accordent à reconnaitre le rôle majeur qu'il joua dans le succès de la station de la Rue François 1er. Ex-mari de Dalida, dont il sera le Pygmalion, cet esprit aussi inventif que tourmenté connaitra le même destin tragique que son ex-muse, en se donnant la mort en septembre 1970 à seulement 41 ans...


A l'information, c'est Maurice Siegel qui est aux manettes depuis la création de la station et qui le restera jusqu'à son éviction en 1974 car son indépendance d'esprit et son ton très "persifleur" insupportait le nouveau pouvoir, dont le Premier Ministre Jacques Chirac.


Quand on pense à Europe N°1 dans les années 60, on pense bien sûr au succès phénoménal de "Salut les Copains" (SLC), animé par le tandem Daniel Filipacchi et Franck Ténot (ce dernier animant également "pour ceux qui aiment le Jazz", à l'acteur Maurice Biraud devenu un animateur incontournable de la jeune station, à l'hilarant feuilleton "Signé Furax" signé Francis Blanche et Pierre Dac (ce dernier produisant ensuite avec Louis Rognoni, le non moins hilarant "Bons baisers de partout" sur France Inter en cette année 71).


Au niveau information, on se rappelle qu'Europe N°1 fut surnommée en mai 1968 "Radio Barricades", soupçonnée de montrer un soutien appuyé au mouvement de contestation d'alors....


En 1971, la "petite dernière" connait son apogée. Les "matinales" en semaine sont animées par Robert Willar, entré pratiquement à la création d'Europe 1 en 1956 et qui y fera l'essentiel de sa carrière.


Georges Leroy commente "l'actualité politique", Jean-François Kahn, ancien de "L'Express" (où il a connu la célébrité en couvrant "l'affaire Ben Barka" avec Jacques Derogy en 1966) tient également une rubrique tout comme le journaliste du "Figaro Littéraire" un certain Bernard Pivot....


Pierre Bonte anime alors "Bonjour, Monsieur le Maire" depuis 1959. Le futur compagnon de route de Jacques Martin dans le "Petit Rapporteur" va arpenter pendant 15 ans, tous les recoins de notre Hexagone, à la rencontre de ces maires ruraux, réprésentant d'un terroir que l'on appelle pas encore "la France des territoires".


Le succès d'Europe 1 réside dans sa capacité à présenter des programmes autant populaires que plus pointus: Pierre Bellemarre est un meneur de jeux hors pair (mais également un "conteur" d'histoires) à l'heure du Déjeuner tout comme Maryse, ex-épouse du journaliste sportif Jean Michel Leulliot qui effectuera toute sa carrière sur la station (en tombant au passage dans les bras d'un autre journaliste, Philippe Gildas) est meneuse de jeu de la tranche (10 heures-Midi).

C'est l'époque (quoique toujours pratiquée aujourd'hui avec Jade sur RTL) des "meneuses de jeu" qui n'ont qu'un prénom, outre Maryse, on entendra bientôt Julie (Leclerc) qui arrivera sur la station en 1972 et qui s'y trouve toujours mais également Viviane qui anime alors les émissions du matin mais qui récupera son nom ultérieurement à la télévision, redevenant Viviane Blassel, spécialisée dans la Mode.


C'est l'émission "Carré Bleu" qui alimente les après-midi de la station en semaine est animée par Jacques Paoli, François Jouffa et Germaine Soleil...
"Madame Soleil" comme on l'a surnomme bien que ce soit son vrai nom est "l'Astrologue de la station" et elle le restera de nombreuses années, devenant même une "véritable institution" en témoigne Georges Pompidou qui lors d'une conférence de presse sur l'avenir de la France rétorquera "je ne suis pas Madame Soleil".


Elle déchiffre les horoscopes comme Albert Simon, le "météorologue" vedette de la station annonce les "couleurs du temps", ce dernier est reconnaissable entre tous du fait de sa voix chevrotante.


N'étant pas un "véritable prévisionniste" (contrairement aux "détachés" de Météo-France que l'on entend de nos jours sur Radio-France: Elodie Callac ou Jean-Michel Golinski), il se définira plutôt comme un "poète de la météorologie" à une époque où les moyens techniques de fiabilité des prévisions étaient beaucoup moins sophistiquées qu'aujourd'hui....


François Jouffa est "tombé très jeune" dans la marmite radiophonique, il n'a que 20 ans quand il devient animateur à Europe N°1. Passionné de musique, surtout du Rock, il participe à la mythique émission "Salut les Copains" et tient une chronique dans le journal d'André Arnaud.
En 1968, il est à l'origine de la création de la mythique émission "Campus" qui s'adresse surtout à un public jeune et qui est diffusée le soir mais très rapidement Lucien Morisse lui préfère Michel Lancelot pour en prendre les renes.


"Enfant" d'Europe 1, François Jouffa a la particularité d'être simultanément animateur sur France-Inter! . Sur la radio nationale, il s'illustre surtout dans ce qui deviendra "l'Oreille en coin" ainsi que dans la production d'émissions sur le Rock.


Auteur de très nombreux ouvrages, réalisateur, il fera également de la télévision (co-présentant "Droit de réponse" avec Michel Polac, à ses débuts), dirigera FIP et ses petites soeurs régionales avant de finir sa carrière sur Europe 1.


Jacques Paoli, indéniablement une des "Grandes voix d'Europe 1" mais également un des plus grands journalistes de sa génération, longtemps animateur du journal "Europe Midi" qui est très écouté et qui sera repris par André Arnaud, méridional chaleureux comme lui. Avec "Carré bleu" il occupe un genre alors nouveau en radio mélant infos, faits de sociétés et variétés. Il sera également présent sur les ondes de RTL puis de RMC.


Il est également le père de Stéphane Paoli, journaliste exigeant et pointu comme lui qui fait d'ailleurs ses "classes" sur Europe 1 avant de migrer sur France-Inter dont il deviendra "une des grandes voix"....


Maurice Siegel avait su constituer un véritable "vivier" de talents journalistiques, qu'ils s'appellent Jean Gorini, Georges Leroy, Claude Guillaumin (plus tard sur France-Inter), Ivan Levai (idem), Albert Ducroq, l'incontournable "Monsieur Sciences" de la station (journaliste vulgarisateur mais également scientifique de formation, ndlr), Julien Besançon, Michel Anfrol, Robert Chapatte ou Roger Couderc (après leur éviction de la Télé en mai 1968), Gilles Schneider, Olivier Mazerolle et tant d'autres....


Les soirées d'Europe N°1 sont animées en semaine par Michel Lancelot et Christian Barbier. A l'antenne depuis 1968, Michel Lancelot avec "Campus" attire à cette époque plus d'un million et demi d'auditeurs chaque soir et lors des "Campus Spécial" plus de sept millions et demi ! De quoi faire palir d'envie la Station qui peine à présent à fidéliser ses auditeurs.


Comme nous l'avons vu, "Campus" qui traite des grands sujets de société (l'homosexualité, la drogue, la guerre, etc...) avait d'abord été présentée par François Jouffa puis récupérée peu de temps après par cet ancien journaliste de presse écrite (à "Combat", "France Soir" mais aussi "Minute"...), devenu une figure intellectuelle marquante de cette époque, auteur à succès de "Je veux voir Dieu en Face" sur le phénomène hippie.


Michel Lancelot, "apôtre de la Contre-Culture", polyglotte, cultivé, amateur de Rock comme de musique classique, a également fréquenté les studios de télévision, notamment chez Guy Béart avec "Bienvenue" sur la Première Chaîne.


Il sera également présentateur de "A bout portant" où il interviewe entre autres Serge Gainsbourg. Il publiera également "Campus" un ouvrage relatant les grands moments de cette émission qui prendra cependant fin en 1972. Il disparait prématurément en 1984...

Christian Barbier anime "Barbier de nuit", un talk show noturne, l'équivalent du "Pop club" de José Artur et qui est diffusé juste après "Campus" à 22h30. Il "confessera" de nombreuses vedettes de la chanson ou du cinéma durant les trente années qu'il restera à l'antenne. Il sera également présentateur d'émissions de variétés à la télévision dans ces mêmes années 70.

Il reste donc une des "grandes voix " d'Europe 1 avec toutefois une notoriété contrariée du fait qu'il est l'homonyme du comédien Belge Christian Barbier ("Corsaires et Flibustiers", "l'Armée des Ombres" et bien sûr "L'Homme du Picardie" et avec lequel il sera souvent confondu (y compris lors du décès de l'acteur...)
En 1971, Patrick Topaloff qui "cartonne" avec sa chanson aussi entrainante qu'inepte: "J'ai bien mangé, j'ai bien vu" est également animateur des soirées de la station le week end.....

 

DIS T'AS ENTENDU MONTE-CARLO ?

 

A l'époque, la Radio de la Principauté est surtout écoutée dans toute la moitié sud de la France, notamment dans ce qui deviendra un peu plus tard la région PACA mais qui ne peut rivaliser en terme d'audience avec ses concurrentes du "Nord" que sont les deux autres radio périphériques: RTL et Europe N°1.


Cependant, la station née en 1943, en pleine Occupation Allemande a considérablement élargi son audience depuis qu'elle à inauguré son nouvel emetteur au Col de la Madone, situé à 1000 mètres d'altitude à Peille, une commune située dans le département frontalier des Alpes-Maritimes, lui permettant d'emettre en grandes ondes dans un axe Bordeaux-Nice.


En 1971, la station "Sudiste" est une "radio périphérique" que le sont également Europe N°1 et RTL, proposant également des émissions largement dominées par les jeux,  la variété musicale mais qui prévilégie également l'Information.


José Sacré, d'origine Belge mais résident Monégasque réveille les auditeurs chaque matin. Il fera d'ailleurs une grande partie de sa carrière sur cette station.
Radio-Monte Carlo permet également l'éclosion des animateurs, révelant entre autres Julien Lepers, également compositeur et surtout Jean-Pierre Foucault qui a gagné en 1966 le "Concours des apprenti-animateurs" et qui occupe cinq ans plus tard, la tranche matinale 10-12 heures.


Sa relation avec la station est plutôt insolite: le jeune Marseillais, malgré sa victoire au "concours" est viré six mois après, pour revenir quelques temps après, puis "poursuit sa carrière" vers les cieux télévisuels (Antenne 2 puis TF1) mais revient comme directeur des Programmes, avant d'être de nouveau "remercié" en 1998.


Le chanteur Frédéric Gérard, alors en vogue et depuis, tombé dans l'oubli anime la "matinale" entre 7 heures et 9 heures.
Les soirées sont animées par Franck Lipsik, Christian Alexandre et Hugues Panassié (émission sur le Jazz). A l'instar de RTL et Europe 1, les émissions en journée sont souvent un "mix" entre l'information et le divertissement. Pierre Lescure, futur Patron de Canal Plus, en compagnie de Claude Ruben (ancien de France Inter) et l'écrivain Edmonde Charles-Roux (qui vient d'épouser le maire de Marseille, Gaston Defferre), Jean Sas animent les émissions de l'Après-midi tout comme les soirées le sont avec Hélène Vida et Jean Michel Royer...


Ce dernier sera une figure marquante du journalisme de cette époque. Rentré trois ans plus tôt dans la Station, il s'est rendu célèbre en apostrophant lors d'une conférence de presse en 1969, le Président Georges Pompidou à propos de son sentiment sur "l'Affaire Russier": on se souvient du long silence du chef de l'Etat, mélange de gêne et d'émotion mais qui finira par citer quelques vers du poème de Paul Eluard: "Comprenne qui pourra".


Homme de presse écrite, il participera à la création de l'Hebdomadaire "Le Point" en 1972 et sera éditorialiste dans plusieurs quotidiens de la "PQR" (Presse Quotidienne Régionale). A la télévision, il produira de savoureuses émissions sur "le Pastiche littéraire" dans les années 80.
Jean-Louis Burgat (co-créateur et premier animateur de "Sept sur Sept" sur TF1), Olivier Mazerolle, transfurge d'Europe 1, Paul Nahon (co-créateur avec Bernard Benyamin d' "Envoyé Spécial" sur France 2), Elie Vannier ou le truculent Yvan Audouard (chroniqueur au "Canard Enchaîné" constituent cette équipe de journalistes de la Station, véritable "rampe de lancement" à d'autres aventures médiatiques....

 

EPILOGUE

 

Cette année 1971 nous parait à présent bien éloignée du paysage audiovisuel français d'aujourd'hui: le "monopole d'Etat" de la Radio-Télévision a "éclaté en 1981 avec la libéralisation des "ondes", marquant la genèse des "Radios libres" (quelques tentatives avaient pourtant été tentées dans le milieu des années 70 mais furent réprimées), les deux seules chaînes françaises ont fini par se multiplier par centaines.


Une "liberté de ton" s'est instaurée durant la période de gouvernement Chaban-Delmas (1969-72) avec cependant une discrète mainmise du pouvoir comme en témoigne le "coup de gueule" de Maurice Clavel à "Armes Egales"...


Les radios privées ne se sont plus appelées "périphériques", elles ont pu récuperer des fréquences FM, jusqu'àlors dévolues à l'ORTF et à l'espace militaire...
On a pu y voir l'émergence de toute une nouvelle génération d'animateurs et de journalistes, dont certains sont toujours à l'Antenne, grâce notamment aux chaînes de la TNT, du Cable, des centaines de "Radios" qui inondent notre sphère médiatique...


En 1971, la jeunesse avait tendance à bouder "la télé de papa" et préférait avoir l'oreille collée au transistor pour écouter un "son de cloche" différent sur Europe 1 ou France-Inter.
On continuait alors à profiter des bienfaits de la "société de consommation" en s'équipant de biens d'équipements vendus dans les hypermarchés qui se développaient également de plus en plus: d'abord la télévision, bientôt les magnétoscopes afin de ne plus "rater" le film du "Dimanche soir" lorsque l'on était bloqué sur les "routes du retour" en fin de Week-end.

On allait devenir fainéant en se servant allègrement de la télecommande tout juste commercialisée..C'était la genèse du progrès technologique, cependant à des "années lumière" de ce que sera bien plus tard la "Révolution numérique"....