Le Havre et Sainte-Adresse

 

Zoom sur … Le Havre

 

Le Havre est situé dans la nouvelle région Normandie (réunification de la Haute et de la Basse Normandie, opérée en 2015) et fut le premier Port National d’ Etat créé de toutes pièces, dans un but autant militaire, politique que commercial voire politique...né en Février 1517 par la volonté de François 1er qui prit l’initiative de bâtir en cet endroit désert un établissement maritime… Le nom d’abord choisi fut celui de Franciscopolis ou Ville Françoise (en hommage au souverain) avant de prendre le nom de Havre de Grâce, du fait de la proximité d’une chapelle des environs portant ce nom pour devenir ultérieurement le Havre tout court….

Encore aujourd’hui, la Salamandre, emblème du roi de France François 1er orne toujours le blason du port maritime Normand…

Plus de 500 ans après, elle est devenue la commune la plus peuplée de la nouvelle région (intra-muros),  devançant largement les métropoles de Rouen et de Caen malgré une chute sensible de sa population depuis 1975 (elle atteignait alors 217 000 habitants). Son agglomération (236 000 Habitants) est cependant beaucoup moins importante que celle de sa « rivale » Rouen qui flirte avec les 500 000 habitants…

C’ est également la 15ème ville de France (avec 170 000 habitants) et la deuxième sous-préfecture la plus importante du pays (derrière Reims).  Siège d’un évêché depuis 1973 et d’une Université depuis 1984 qui compte plus de 8 000 étudiants.

Toujours 2ème port de l’Hexagone après Marseille mais 1 er pour les conteneurs, la ville de Seine-Maritime est depuis le 1er juin 2021, partie intégrante d’HAROPA qui concerne la fusion des trois grands ports : Paris, Rouen et donc le Havre formant ainsi le Grand Port fluvio-maritime de l’axe Seine.

Le Havre est également un port de plaisance en plein essor et qui se rappelle à notre bon vieux souvenir du Paquebot France qui a fait les « grandes heures de la Cité maritime dans les années 60-75….

Pour beaucoup, le Havre, c’est surtout une ville qui a connu les horreurs de la seconde guerre mondiale : elle fut en effet détruite à 82 %  (surtout le Centre-ville), subissant pas moins de 132 bombardements entre 1940 et 1944, faisant plus de 5 000 victimes (dont près de la moitié durant les bombardements alliés de 1944) ,  faisant d’elle la « plus grande ville détruite de France » avec 80 000 sans-abris et 12 500 habitations complètement détruites…

 

Au Havre blessé pour la France, mais vivant ! Et qui sera grand ! »

Général de Gaulle, de passage dans la ville, 7 octobre 1944.

 

 

La ville a été reconstruite sous la direction de l’architecte Belge Auguste Perret et de son disciple Jacques Tournant entre 1945 et 1954, notamment autour du port et du Centre-ville, sur près de 130 hectares de ville à reconstruire avec l’apport de plus de 10 000 logements.

Outre les nombreux appartements « témoin »,  Perret a édifié la très emblématique Eglise Saint-Joseph, le quartier de la Porte Océane et le nouvel hôtel de ville. Associant les architectes locaux à l’édification d’autres quartiers neufs de cette ville meurtrie, « ce vaste atelier d’architecture » se poursuivra jusqu’à l’orée des années 60.

La physionomie urbaine du Havre d’après-guerre, avec ses avenues géométriques et ses constructions « staliniennes » bien que confortables  et aérées ont pu faire « des dents » avec la réputation d'être "la Capitale du Béton armé" avant de s’intégrer définitivement au paysage local jusqu’à être inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco en 2005….

Les architectes sont décidément à l’honneur, car après Auguste Perret, c’est Oscar Niemeyer, le « père » de Brasilia qui réalisera le « Volcan » qui abrite aujourd'hui une médiathèque et la Scène Nationale du Havre. A noter que c’est en 1961 (sous l’égide du ministre André Malraux) que fut créée la Première Maison de la Culture au centre de la ville Haut-Normande…

Cette grande ville ouvrière connaitra une période de grande prospérité économique durant « les trente glorieuses » marquée par le dynamisme de ses chantiers navals, le développement de la Pétrochimie (autour de Port-Jérôme), l’industrie automobile ainsi que de l’agrandissement de son port (avec notamment la création du port  en « eaux profondes » d’ Antifer, situé plus au nord à St Jouin Bruneval, et pouvant accueillir les plus gros  navires pétroliers, jusqu’à 600 000 t) mais le « premier choc pétrolier » et la concurrence internationale vont marquer le « coup d’arrêt » de cette parenthèse enchantée.

La cité Havraise subit de plein fouet le marasme économique des années 70-80, subissant la désindustrialisation brutale, le début de la Mondialisation et la concurrence avec les ports du Nord de l’Europe. Pourtant, elle va trouver un second souffle à l’orée des années 2000, avec le projet de Port 2000 ( port rapide en « eau profonde » composé de plusieurs terminaux, permettant d’accueillir les plus gros conteneurs), le développement du tourisme (partenariat avec Etretat) mais également le développement d’une activité tertiaire (scientifique, informatique et logistique)….sans oublier une grande opération de rénovation urbaine (sur les friches industrielles et les anciens docks, notamment).

Actuellement dirigée par Edouard Philippe, ancien Premier Ministre, réélu en 2020, le Havre a été pendant trois décennies, la « plus grande ville Communiste » de France dont le Maire fut André Duroméa (une promenade de bord de mer porte à présent son nom). En 1995, c’est Antoine Rufenacht, issu d’une grande famille d’armateurs Havrais qui fait basculer la ville à droite (c’était sa quatrième tentative) et lui apporte un incontestable « renouveau »… Il démissionne en 2010 pour céder la place à son dauphin Edouard Philippe….

A 200 kms de Paris et 90 de Rouen, Le Havre est à 2 heures de la Capitale aussi bien par le train (ligne de Saint-Lazare) que par l’Autoroute A13.  L’accès à la métropole à été facilité par la construction de deux ponts enjambant la Seine, non loin de son Estuaire : d’abord celui de Tancarville (1955-59), dont l’édification avait été décrétée par la Chambre de Commerce du Havre pour mettre fin au trafic surchargé des bacs d’une rive à l’autre du fleuve et bien sûr celui de Normandie (1995) qui permet une liaison à présent rapide entre Honfleur (Calvados) et la région Havraise….

Enclavée entre la mer et sa voisine du Havre, Sainte-Adresse est une banlieue cossue (surnommée le "Nice Havrais"), station Balnéaire agréable avec ses villas luxueuses et sa plage qui inspira les Peintres Impressionnistes (Monet, notamment) mais qui est également connue pour avoir été la « Capitale de la Belgique » entre 1914 et 1918, suite à l’invasion intégrale du « Plat Pays » par les Allemands. Pour éviter de se déclarer gouvernement en exil, l’état Belge loua des concessions à la France, le temps de l’occupation, occupant notamment le vaste bâtiment Fayel (qui existe toujours, sur une colline face à la mer et la plupart des villas et hôtels où furent installés les ministères… A noter que le roi Albert 1er ne vint jamais à Sainte-Adresse, étant en résidence à La Panne, non loin de la frontière franco-belge, amenant le Premier Ministre à faire de nombreuses navettes entre la cité normande et la station flamande….

Enfin, comme nous l’avons vu, Le Havre, ville martyrisée sous la seconde guerre mondiale a inspiré les architectes et vu naître de nombreuses célébrités, dont les peintres Raoul Dufy et Jean Dubuffet (également sculpteur), le compositeur Arthur Honegger, les écrivains Raymond Queneau et Bernardin de Saint-Pierre, le dernier président de la IVème république René Coty, le navigateur Paul Vatine, l’acteur Jean Bouise ou encore l’animateur Laurent Ruquier ou d’autres qui y ont eu de profondes attaches avec la ville : le Dramaturge Armand Salacrou qui publia sa pièce « Boulevard Durand » narrant l’histoire de Jules Durand, charbonnier et militant révolutionnaire, victime d’une grave erreur judiciaire, le Philosophe Jean-Paul Sartre qui enseigna au lycée de la ville ainsi que son condisciple de Normale Sup : Raymond Aron , le peintre Honfleurais Eugène Boudin, l’ancienne ministre Christine Lagarde, etc…….