TOUS LES MOIS DE JANVIER SE RESSEMBLENT OU PRESQUE….
Edito du 9 janvier...
Le début de l’année 2021 avait été marqué par la crise sanitaire tandis que celui de l’année 2022 est marqué par…la crise sanitaire. Eh, oui, on est parfois tenté de faire de la tautologie sans le savoir…
Bref, ce qui constitue l’An III de l’ère COVID ressemble à une Série Netflix à suspense dont on ignore quand on pourra voir le dernier épisode tant le scénario reste à travailler… Un peu un mix entre « Plus Belle la vie » et surtout « le Prisonnier », avec ses scènes d’espoir, de soulagement, de déceptions, la tentative d’évasion du « Village » par le héros principal, le N° 6 qui hurle « je ne suis pas un numéro, je suis un homme libre », sauf que le « village » vit à l’heure planétaire » dans la moindre parcelle, au micron près (je sais : elle était facile)….
Mais l’espoir fait vivre et l’année nouvelle sera riche en évènements de toute sorte, autant au niveau politique, avec l’élection présidentielle qui pointe son nez avec son suspense assuré qu’ au niveau environnemental que bien sûr sportif….
Donc l’année commence par un retour en arrière, les amateurs de « la vie d’avant » doivent se réaccoutumer un peu à la vie « d’après », celle où ils avaient (re)découvert entre autres le click and collect et le télétravail….
On assiste à une cascade d’annulation d’évènements : à commencer par les vœux des maires si appréciés par les administrés qui en profitent alors pour faire une razzia sur les petits fours et autres crémants délicieusement enivrants. « La galette des rois » donne un goût amer à la « fève du samedi soir » avalée sous le masque chirurgical…tandis que les foules des supporters de foot se déportent vers les pharmacies et les labos pour se faire tester….
Pourtant, chacun y va de ses vœux : CNEWS a promis de devenir une chaine de télé moins réac, l’hebdomadaire Valeurs actuelles a décidé ne plus faire que la moitié de ses manchettes sur Zemmour. Francis Lalanne, le SDF aux « bottes de sept lieues », lassé de tourner « J’irai dormir chez vous ce soir » s’est engagé à reprendre un logement (facile) et de sortir de sa crise d’adolescence (plus délicat).
Jean-Marie Bigard s'est engagé à n'employer qu'un langage raffiné et de ne carburer qu'à la Contrex même s'il avoue que la tâche risque d'être surhumaine..
La Gauche, encouragée par l’appel de bon nombre de ses intellectuels nostalgiques de Mai 81 est prête à refaire (en pensant le contraire) un « big bang » en matière d’unité pour éviter de réitérer l'adage: « que le meilleur perde »…
Nicolas Dupont-Aignan, l’éternel « recours » de la forêt de Sénart qui avait prédit cette crise sanitaire avant qu’elle ne se déclenche mais que personne n’avait écouté à l’époque a promis d’appliquer des jauges dans ses meetings : deux militants au lieu des trois habituels…
Emmanuel Macron a promis de mettre son franc-parler en sourdine. Du moins jusqu’à sa prochaine allocution de candidat-président face à une opposition qui fonctionne sans préchauffage… A la France insoumise, les députés ont accepté de mauvaise grâce de remettre une cravate à l’Assemblée nationale.
Marine le Pen a promis de ne pas taper dans le dos d’Éric Zemmour au bord des Falaises d’Etretat… Yannick Jadot s'est résolu de jeter à la poubelle son gel douche « Ushuaia»….
Les utilisateurs de Forums sur la Toile ont promis de ne plus faire de fautes d’orthographe et d’éviter d’énoncer des contre-vérités même si la tâche s’avère compliquée Les Anti-Vax ont promis de moins emmerder les autres et de faire des manifs en respectant les gestes barrières (des CRS)…
Richard Boutry, ex-présentateur du « Soir 3 » (comme il aime à le rappeler lui-même) car plus personne ne s’en souvient) a promis de ne pas publier son « Complotisme pour les nuls », c’est un peu son serment « d’Epicure » adoubé par l’avocat Fabrice Di Vizio…
La SNCF a promis « un mois sans grève », le PSG de gagner enfin une coupe d’Europe, Michel Drucker de prendre sa retraite, les juges de ne pas mettre de nouveau en examen Nicolas Sarkozy, etc, etc, etc...
On voit que les listes de vœux peuvent être très longues, mais après tout c'est bien le charme de ces années nouvelles, des grandes résolutions que l’on prend dès lors que les moments demeurent plus incertains que jamais.
A titre personnel, je vous souhaite une bonne et heureuse année dans l’attente des soixantièmes rugissants qui me guettent, je m’engage à moins lever le coude , ce qui peut paraitre curieux, quand on est né l’année des « Accords d’Evian »…
« Allez « à la vôtre ! La sortie du tunnel est toute proche ! »…
LE PARCOURS DU COMBATTANT
Editorial du 28 janvier.
Dans le milieu du journalisme, on appelle ça un « marronnier » des campagnes présidentielles : je veux parler de la « pêche aux signatures » des candidat(es) à la magistrature suprême et il est clair que mordre à l’hameçon n’est pas toujours une partie de plaisir…
En effet, tous les cinq ans, à l’approche du très convoité scrutin , une angoisse palpable et obsédante hante les esprits de certains candidats : arriveront-ils ou non à obtenir les « 500 » signatures fermes (oui, car il faut en recueillir au moins 700 parrainages ou d’intentions pour espérer parvenir à ses fins), véritable sésame indispensable pour espérer concourir le temps d’une campagne dans la « cour des grands »….
Cependant, certains candidats pestent de plus en plus contre ce mode de sélection qu’ils jugent « dépassé », souvent « injuste » voire anti-démocratique (surtout s’ils éprouvent quelques difficultés à arracher la précieuse signature auprès d’élus de plus en plus récalcitrants)….
Mais au fait pourquoi ce système de signatures et depuis quand a-t-il été instauré ? Il faut remonter à 1962, date de l’instauration de l’élection du président de la République au suffrage universel, largement approuvé par referendum (62 % des suffrages) et sa mise en application lors de la présidentielle de 1965...…
A l’origine, 100 signatures étaient requises pour se qualifier à la présidentielle. On estimait alors que cela constituait un excellent filtre pour éviter des candidatures trop nombreuses ou risquant d’être fantaisistes…
Lors de cette première élection présidentielle, outre le Général de Gaulle, « sortant » promis à une réélection au premier tour, on vit la « résurrection » politique de François Mitterrand à la tête d’une « opposition » incertaine en quête de reconquête du pouvoir (il lui faudra beaucoup de patience pour y parvenir) mais également la révélation de « nouveaux candidats » dont le Centriste Jean Lecanuet ou encore l’avocat Nationaliste Jean-Louis Vignancour, épaulé dans sa campagne par un certain Jean-Marie Le Pen qui lui-même se lancera dans la bataille, bandeau à l’œil, en 1974….
Mais on vit également quelques candidats de la « star Ac’ » politique avant l’heure, porteurs d’une candidature de témoignage, à l’instar d’un Marcel Barbu (qui déposa ses 100 signatures auprès du Conseil Constitutionnel, une demi-heure avant la clôture !) ou de l’industriel Louis Ducatel mais dont l’aventure devait s’avérer sans véritable lendemain….
Les élections suivantes, favorisèrent les grands partis (l’UDR, le futur PS, un parti communiste puissant) permirent cependant à des formations plus petites comme le PSU de révéler Michel Rocard, futur Premier Ministre, de faire connaître la question écologiste avec René Dumont ou d’avoir la première femme candidate : Arlette Laguiller tout en continuant à perpétuer des candidatures de « témoignage»...
Les 500 signatures seront imposées en 1976, afin de limiter un nombre croissant de candidatures mais sans vraiment de résultat puisqu’on atteindra le chiffre de 16 pour la fameuse élection présidentielle de 2002.
En 2016, nouvelle modification imposée par François Hollande, les parrainages des élus sont rendus publics, entrainant la montée d’une réticence de la part de certains élus de voir leur « paraphe » dévoilé au grand jour…
Aujourd’hui, sur les 45 000 élus concernés (pas uniquement les maires, mais également des présidents de communauté de communes, conseillers régionaux, etc…), seulement un tiers d’entre eux consentent à se prêter à l’exercice, les autres craignant des représailles de leurs états-majors politiques ou des reproches d’administrés (surtout lorsqu’ils sont étiquetés non inscrits)…
D’où le « parcours du combattant » de certains candidats, souvent à la tête de « petites formations politiques » ou manquant de réseaux ou de notoriété, à l’instar d’un Nicolas Dupont-Aignan (dont c’est la 3ème tentative , d’un Florian Philippot ou encore d’un François Asselineau qui doivent prospecter dans le « dur » pour espérer pouvoir se qualifier…
Souvent, cela constitue un « travail de longue haleine » et ce, également pour une Marine Le Pen qui rencontre à chaque fois des difficultés ou encore Jean-Luc Mélenchon qui tentera probablement son ultime combat présidentiel…
D’autres, à l’instar du néo-candidat Eric Zemmour qui malgré des sondages flatteurs et une notoriété engrangée depuis des années dans une autre vie avoue également « peiner » à pouvoir rassembler les fameux paraphes, déjà du fait qu’il ne possède aucun socle électoral (c’était également le cas d’Emmanuel Macron en 2017), ni de réseaux solides et apparaissant comme un personnage « sulfureux », l’amenant, malgré une surmédiatisation appuyée, à accomplir plutôt un véritable « parcours du combattu »….
A contrario, Anne Hidalgo, représentante d’un parti socialiste dont l’audience est en chute libre (créditée de 3 % seulement, cinq ans après avoir quitté le pouvoir) peut se targuer de recueillir plus de 3 000 signatures ou encore Fabien Roussel, leader d’un PC qui n’est plus que l’ombre de lui-même mais qui sait s’attirer encore les faveurs de ses élus dont le nombre reste encore important à travers le territoire français…
Comme dans certaines compétitions sportives, les « plus gros » assèchent le vivier de voix (de plus en restreint) aux dépens des plus petits, à l’exception par exemple de Lutte Ouvrière, pourtant plus proche du groupuscule que la mégastructure qui arrive toujours à ses fins depuis 1974, pratiquant probablement une relation « continue » voire de « fidélisation » avec les élus de terrains…
Petits ou grands, tous reconnaissent que ce mode de sélection commence à être dépassé, certains proposant même une réforme en profondeur. On se souvient de la supplique d’un Eric Zemmour à l’adresse du nouveau président de l’Association des maires de France pour revenir à l’anonymat des parrainages mais une modification n’est plus possible à moins de trois mois du premier tour…
D’autres pistes de réflexion ont déjà été élaborées, à commencer l’instauration de collecte de parrainages obtenus par un collectif plus représentatif de citoyens, s’élevant à environ 150 000 ou encore d’un collège électoral qui voterait à bulletin secret pour designer les futurs candidats…
En outre , une autre proposition serait de relever le seuil des parrainages (plusieurs propositions de loi ont avancé le seuil de 1 000 signatures) avec toujours une clause de confidentialité….
Dans l’attente, la course aux signatures se poursuit frénétiquement avant d’atteindre la date fatidique du 4 mars, jour de clôture des parrainages avec son lot d’incertitudes voire d’angoisses pour les candidats sur « le fil du rasoir » qui parfois peuvent voir leur rêve s’effondrer pour quelques voix manquantes ou pire entendre sonner le glas de leurs ambitions politiques….