LE CHOC DES TITANS
Editorial du 2 juin..
C’était leur 59ème rencontre sur les courts de Tennis, seize ans après la première. Et il aura fallu attendre 1h16 du matin pour connaitre le nom du vainqueur après plus de 4 heures de confrontation sur le court Central Philippe Chatrier : Rafael Nadal, le « roi » de Roland Garros qui a pris sa revanche de l’an dernier sur son éternel rival : Novak Djokovic au cours d’un quart de finale d’une intensité exceptionnelle…
Un match joué en « nocturne » comme pour les courses hippiques et diffusé sur un canal privé choisi par la Fédération Française de Tennis au détriment de France Télévisions habituée jusqu’à présent à l’exclusivité sans oublier la réticence des deux gladiateurs de l’arène peu favorables à ce créneau horaire décalé…
Au final, malgré sa défaite, une petite consolation à mentionner pour l’actuel N°1 mondial Djokovic : sur les 59 confrontations, il en a remporté 30, soit une de plus que son frère ennemi, actuellement classé 5ème à l’ATP ! Mais cette fois-ci dans la nuit fraîche du stade de la Porte d’Auteuil, l’Ogre des Balkans n’a pas résisté à l’offensive incessante du Taureau des Baléares pour finalement s’incliner en quatre sets….
Pourtant au départ, Djokovic était donné largement favori face à un Nadal affaibli par des douleurs récurrentes au pied qui le handicape depuis un certain nombre d’années. En effet, le Majorquin est atteint du syndrome de Muller-Weiss, une maladie dégénérative très rare qui provoque des douleurs chroniques du pied, en l’occurrence gauche pour « Rafa », qui l’a récemment éloigné des Courts, tout en déclarant que ce « Roland Garros » là pourrait être bien son dernier….
Malgré ce handicap et ses déclarations équivoques, il est clair que le « roi de la Terre battue » en route pour un 14ème titre sur la surface parisienne où il est adulé par ses nombreux fans, a pu se constituer un palmarès hors normes, seulement égalé par un rival malheureux du soir qui lui, aura vu son « mental d’acier » connaitre quelques faiblesses, peu encouragé par un public qui ne l’apprécie guère...
N’oublions pas non plus le troisième homme, le Maestro de Bâle : « Roger Federer », actuellement provisoirement « rangé » des raquettes mais qui est une partie intégrante de ce « trio infernal » qui aura insolemment conquis la quasi-intégralité des titres du Grand Chelem, autour de vingt titres pour chacun d’eux au cours des quinze dernières années.
Oups ! Quelques « intrus » qu’ils s’appellent Wavrinka, Del Potro ou Murray ont pu cependant leur chiper la vedette le temps d’un de ces tournois majeurs du circuit…….
Mais bon voilà, Nadal a 36 ans, Djokovic 35 et Federer presque 41 : il est clair que les « Dieux du Stade » ne sont pas éternels et que l’heure de la retraite pourrait sonner dans un avenir proche, ouvrant la voie à une toute une nouvelle génération de joueurs qui trépignent de pouvoir enfin tenir le haut de l’affiche : qu’ils s’appellent Medvedev, Tsitsipas, Ruud, Zverev ou encore Alcaraz, etc….
De façon un peu ironique, la mise à la retraite imminente de nos « valeurs sûres » Françaises : les Tsonga, Monfils, Simon et autres Gasquet pourrait servir d’électrochoc aux jeunes tricolores qui montent (pas seulement au filet) mais qui doivent reprendre l’habitude de revenir en « deuxième semaine » dans ce type de tournoi, gage pour espérer retrouver le haut du classement, comme ce fut naguère le cas pour leurs glorieux aînés même si aucun d’entre eux n’a réussi à remporter le moindre tournoi du Grand Chelem et ce, bien avant le « Trio Infernal » a contrario de leurs consœurs : les Françoise Durr, Mary Pierce, Amélie Mauresmo ou encore Marion Bartoli….
En attendant, le tournoi de « Roland Garros » a retrouvé des « couleurs » après la frustration des années COVID, retrouvant des gradins remplis comme naguère et la ferveur du public, malgré un contexte international difficile (la guerre en Ukraine, qui oblige les représentant(es) Russes du Tournoi à se transformer en « apatrides » le temps de la quinzaine) et la non moins incertaine actualité sociale et politique de l’après-présidentielle…
Et puis, un suspense de taille : le roi « Rafa » réussira-t ’il , malgré ses souffrances, à lever le « saladier » pour la 14ème fois, à l’instar de son club fétiche le « Real Madrid » où bien y’aura-t-il un outsider pour prendre sa relève ? Réponse ce dimanche, dans « l’arène » du Philippe Chatrier………
ENTRE DEUX TOURS AU QUART DE TOUR...
Editorial du 15 juin
Avez-vous déjà passé un dimanche à tenir un bureau de vote ? Et qui plus est, un dimanche très ensoleillé où l’abstention a frôlé les 50% ? . Si la réponse est oui, vous avez pu vous consoler par la suite en procédant à un dépouillement plutôt rapide lié à ce faible taux de participation comme ce fut le cas la semaine dernière.
Sept semaines après la présidentielle qui avait connu un taux de participation flirtant avec les 70 %, cette élection destinée à designer les futurs Députés de la Nation ne semble guère susciter de l’intérêt chez une grande frange de la population, notamment celle des moins de 35 ans, qui a préféré bouder les urnes.
D’autres, déçus par les résultats (sans surprise) de l’élection précédente n’ont pas vu l’intérêt d’aller mettre un bulletin en faveur de candidats dont ils ignorent tout ou presque dont ils ne saisissent pas vraiment l’utilité voire, plus grave, la légitimité….
Pourtant, cette élection post-présidentielle revêt cette fois-ci un caractère plutôt inédit : généralement, dans l’histoire de la Vème République, le Président élu bénéficie d’un « état de grâce » tout en étant assuré d’obtenir une majorité confortable dans la foulée, ce qui lui permet de mener à bien son programme politique….
Paradoxalement, Emmanuel Macron, seul président à avoir été réélu hors cohabitation ne bénéficie d’aucun de ces deux facteurs : son élection est considérée par ses détracteurs comme un « vote par défaut » (face à l’extrême-droite) et non d’adhésion (comme ce fut le cas pour ses deux prédécesseurs, qui a contrario, n’ont pas réussi à faire un second mandat).
Et puis, un autre élément encore plus inédit s’est invité dans cette campagne, la « résurrection » de l'Union des Gauches orchestrée par le « troisième homme » de la Présidentielle, Jean-Luc Mélenchon qui a réussi une formidable « OPA » sur toutes les autres composantes d’une gauche jusqu’ici faiblarde et totalement divisée et qui a fini par s’imposer comme la principale force d’opposition au Macronisme et ses alliés en lançant l’offensive de la « Nupes » seule susceptible d’ébranler le pouvoir Jupitérien, du fait d’une irrésistible dynamique….
Le résultat de ce premier tour a été clair : la formation Présidentielle et ce « cartel des gauches » sont au coude à coude : 25 % chacun , ce qui ne représente toutefois que 12.5 % des inscrits au vu de l’abstention record !..Pas de quoi pavoiser...
En outre, les projections du second tour laisse l’avantage à la formation Macroniste, grâce à sa position « centriste » sur l’échiquier politique et à une meilleure répartition territoriale malgré le constat d’ un effritement notable de son électorat depuis 2017 (plus de 1 million de suffrages perdus) tandis que la NUPES peut paradoxalement espérer « booster » ses troupes au Parlement, passant de 60 à probablement plus de 180 députés tout en ayant un pourcentage de voix identique à celui de la précédente élection…
Curieusement, c’est le Rassemblement National, relégué au troisième rang malgré son score à la présidentielle, qui connait véritablement la plus forte progression et ce, malgré une projection de sièges bien moindre que celle de ces deux concurrents : entre 45 et 60 sièges, lui permettant toutefois de constituer un groupe influent alors qu'il n'en possédait pas auparavant et de pouvoir jubiler d’avoir « atomisé » son éphémère concurrent, « Reconquête » d’Eric Zemmour qui subit une cinglante défaite et laisse perplexe bon nombre d’observateurs et de supporters, quant à sa capacité à pouvoir rebondir….
Confirmation donc de l’instauration des trois fameux blocs : Gauche Radicale, Droite Radicale et « d’Extrême-Centre » (boutade pour désigner le parti passe partout présidentiel), laissant les anciens « poids lourds » de naguère jouer les seconds rôles : un PS, « absorbé » par la NUPES et une Droite « LR » qui va perdre près de la moitié de ses troupes tout en pouvant servir de « force d’appoint » au pouvoir en cas de majorité relative des troupes Macronistes, ce qui pourrait lui permettre, en lot de consolation, de retrouver des couleurs après sa contre-performance historique de la présidentielle mais tout cela reste dans le champ des hypothèses…
Il est peu probable qu’un « sursaut » démocratique se produise ce dimanche 19, second tour de l’élection susceptible de faire changer la donne : la probabilité que les troupes de Monsieur Mélenchon obtiennent une majorité absolue a peu de chances d’aboutir, empêchant de facto le leader des Insoumis de pouvoir rejoindre l’Hotel Matignon.
Mais au fait, y tient-il vraiment, le leader de la Gauche Radicale qui a d’ailleurs pris l’étonnante décision de ne pas se représenter dans sa circonscription Marseillaise, se privant de facto de se retrouver à la « tête » d’une forte Minorité « poil à gratter » au Palais-Bourbon, susceptible de mener la vie dure à un exécutif, en proie à une persistante impopularité quant à sa farouche volonté à mettre en oeuvre certaines mesures qui fâchent…
Ce second quinquennat d’Emmanuel Macron, quelque soit le résultat, risque de se transformer en un chemin semé d’embûches : avec une grogne sociale sous-jacente, l’incertitude économique, héritée de la crise Sanitaire et de la guerre en Ukraine qui ne va donc pas faciliter l’exercice du pouvoir mais qui laisse songeur sur l'alternative qu'est ce patchwork des forces de gauche habilement concocté par Monsieur Mélenchon, ressemblant à une sorte d’Usine à gaz électorale qui pourrait connaître rapidement les premiers signes d’implosion, au vu des nombreuses divergences idéologiques majeures qui opposent certains de ses acteurs sans oublier l’exposition d’un programme teinté de nombreuses mesures souvent démagogiques voire inapplicables tant au niveau national qu’européen…
Au cours de cet entre-deux-tours , l’ambiance prend une tournure légèrement anxiogène notamment pour l’Exécutif , comme en témoigne la mise en garde insolite d’Emmanuel Macron sur le Tarmac d’Orly avant de s’envoler vers une Europe Orientale chamboulée : « Au désordre international, ne rajoutons pas le désordre national » traduction : « moi ou le chaos, la « chienlit merci ».
Volonté de « dramatisation » afin d’effrayer des « électeurs passifs » qui seraient tentés de lui refuser une majorité claire pour lui préferer une aventure politiquen alternative sans lendemain ? Nul ne le sait vraiment, sinon Monsieur Mélenchon, goguenard à l’écoute du sermon présidentiel …
Fin du suspense dimanche soir à 20 heures pour découvrir quel sera le nouveau paysage parlementaire français. Ce dernier qui peut toujours être modifié par un changement d’avis de l’électeur dans la solitude de l’isoloir ou par le brusque retour vers les urnes de quelques abstentionnistes pris de remords. Mais comme on le sait, la politique n’est pas vraiment une science exacte.
LA VICTOIRE EN PERDANT....
Editorial du 23 juin
Ce dimanche 19 juin à 20 heures, Emmanuel Macron a compris qu’il n’aurait pas la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Ainsi deux jours plus tôt, son appel insolite sur le tarmac d’Orly pour exhorter les Français à lui donner une nouvelle légitimité afin d’ entamer un second quinquennat en toute quiétude sera resté lettre morte….
Toutefois, la coalition « Ensemble » regroupant les ex-marcheurs devenus « Renaissance », « agir », « horizons » et autres alliés est largement arrivée en tête avec 245 députés, loin devant la Nupes avec 131 sièges, lui offrant de facto une majorité « relative » certes bien éloignée du seuil de majorité absolue qui est de 289 sièges….
Une première sous l’histoire la Vème République ? En fait, non. Déjà en 1988, François Mitterrand alors fraîchement réélu Président de la République avait dû dissoudre l’Assemblée nationale sortie des urnes de 1986 et qui ne lui était pas favorable (1er gouvernement de Cohabitation) mais il ne lui manqua que 15 sièges pour décrocher la Majorité absolue…. Il nomma alors à Matignon, son meilleur ennemi : Michel Rocard…
Aujourd’hui, la donne est un peu différente : alors qu’à l’époque, on assistait à des duels traditionnels entre la Droite et la Gauche, avec un Front National seulement émergeant, on a pu découvrir dimanche dernier, la confirmation de trois blocs dans le pays : celui de cette nouvelle « Union de la Gauche Radicale, Ecologique et Socialiste », celui de la Droite Radicale et enfin celui du « Grand Centre droit-centre gauche » avec en arrière-fond une droite classique qui résiste tout en continuant inexorablement à se rétrécir…
C’est clair, à l’annonce des résultats, le Président de la République a dû être sonné par la sanction que lui a infligé l’électorat : plus de 100 députés Macronistes ont été envoyés au tapis, dont certains de ses proches et non des moindres : à commencer par le Président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand et le président du Groupe, Christophe Castaner ! Sans compter la défaite de certains ministres ou anciens membres du gouvernement, dont Amélie de Montchalin, Roxana Maracineanu , Jean Michel Blanquer ou encore Brigitte Bourguignon.
Essentiellement focalisé sur sa rivalité avec une NUPES qui ne cessait de grimper dans les sondages, le Président de la République n’a pas vu venir voire totalement sous-estimé (mais les instituts de sondages, non plus) l’irrésistible ascension du Rassemblement National qui revient en force avec 89 élus qui siègeront sur les bancs du Palais-Bourbon : ce qui étonne, dès lors que l’on connaissait jusqu’à présent la difficulté du Parti Lepéniste à réussir avec le suffrage universel.
Marine Le Pen elle-même a été agréablement surprise par ce vote providentiel, elle qui n’en demandait pas tant, s’étant fixé des objectifs modestes mais raisonnables, bien loin de l’optimisme forcené d’un Jean Luc Mélenchon durant la campagne….
« Macron est défait, nous avons gagné ce soir » a pourtant clamé ce dernier avec un triomphalisme affiché… Ah bon ? S’il est vrai qu’Emmanuel Macron n’a pas réussi son pari et se doit d’endosser la responsabilité de l’échec de la Majorité sortante, on ne peut pas dire que le leader de la Nupes ait réussi le sien : le « raz de marée » qu’il escomptait ne s’est pas produit et sa volonté de devenir Premier Ministre s’est évanoui à jamais…
Sa géniale « OPA » sur des « Gauches » jugées irréconciliables n’a cependant pas fait « pschitt » pour autant : le leader de la France Insoumise va envoyer au Palais Bourbon un nombre de néodéputés (dont certains au profil atypique issus des couches populaires) cinq plus important qu’en 2017. « À 17, ils faisaient déjà beaucoup de bruit, alors à plus de 70, je ne vous dis pas! « Beau chahut en perspective pour ruer dans les brancards d’une majorité affaiblie, ont claironné certains nouveaux élus sans-cravates ».
Oui, mais voilà, dès le lendemain, le même Jean-Luc Mélenchon est redescendu de plusieurs étages : il a fini par reconnaitre que son résultat était finalement décevant, regrettant probablement de ne pas s’être représenté à la députation, risquant de se retrouver prématurément à la retraite à seulement… 71 ans…
Mais plus sérieusement, c’est plutôt l’hétérogénéité de la Nupes qui a commencé a traverser son esprit en perpétuelle ébullition : des voix dissonantes provenant de ses propres « alliés » se sont fait entendre dès lors que le « Lider Maximo » n’a pas jugé bon de les concerter pour la formation d’un « Groupe Unique » à l’Assemblée, dans le dessein de « contrer » un Rassemblement National, numériquement supérieur à la France Insoumise… et qui pourra de facto revendiquer la présidence de la très convoitée « Commission des Finances » qui revient généralement au « leader » de l’Opposition.. Malgré ce « danger » (qui d’ailleurs ne plait pas non plus à l’exécutif ni à la Droite), chaque composante de la NUPES préfère garder son « autonomie »…
On l’a compris : face à une Majorité sortante devenue relative, donc en incapacité à faire adopter ses réformes sans appui d’autrui et une opposition morcelée en plusieurs blocs laisse entrevoir un risque de blocage permanent quant au bon fonctionnement des institutions…
Comme c’est d’usage, la Première Ministre Elisabeth Borne a présenté sa démission au chef de l’Etat…qui l’a refusé. Emmanuel Macron n’a pas évincé sa Première Ministre, pourtant « fusible idéal » préférant la laisser continuer à « gérer les affaires courantes » pour éviter d’en rajouter à la complexité du moment….
Des observateurs se sont offusqués de ce choix, en outre renforcé par le discours « décalé » d’une Première Ministre, jugée trop technocrate, bien peu charismatique et surtout peu familière des acrobaties « politiques », ce qui constitue un handicap majeur en ce moment de crise…
Il est très probable que la nouvelle députée du Calvados, qui a quand même eu le courage d’affronter le suffrage universel ne restera pas forcément très longtemps en poste, détenant le record du « plus court mandat à Matignon » comme l’avait vécu naguère Edith Cresson. Malédiction des « Dames » en quelque sorte, même si l’élection d’Aurore Bergé à la présidence du Groupe ou l’éventuelle accession au « Perchoir » de Yael Braun-Pivet peuvent contrarier cet état de fait…
La Droite n’est pas sortie non plus indemne de ce scrutin, perdant au passage plus de la moitié de ces députés de 2017, à présent devancée par le Front National mais elle résiste quand même après le désastre de la présidentielle .Avec ses 65 députés, peut-elle servir de « force d’appoint » à un pouvoir devenu minoritaire afin de pouvoir faire passer certaines réformes en cours qui fâchent ?
Rien n’est moins sûr : Christian Jacob a plutôt opté pour une aptitude bravache : rester dans l’opposition quoiqu’il en coûte mais dans un esprit constructif, espérant ainsi d’éviter l’implosion d’un parti déjà mal en point et surtout d’être siphonné par l’ogre Macronien dans une France paradoxalement de plus en plus à droite…
Les « fractures » françaises sont apparues plus visibles que jamais lors de ce scrutin en outre plombé par un abstentionniste toujours plus fort au fil des scrutins.
Emmanuel Macron, élu triomphalement en 2017, porté par une « volonté » de dégagisme d’un appareil politique jugé obsolète est conscient que sa réélection a été due à un rejet de Madame Le Pen mais que paradoxalement lui-même subit un rejet de sa personne chez une grande partie de l’opinion, subissant par effet de boomerang, une autre forme de volonté de « dégagisme » car incarnant aux yeux de certains une « France qui va bien » opposée à une « France qui va mal » tout en étant accusé abusivement de tous les maux de la terre par des adversaires parfois très fielleux et ne faisant pas dans la nuance…
Dans l’immédiat, l’idée principale est donc de sortir de ce qui pourrait devenir « une quadrature du cercle » : celle d’une France ingouvernable. Ce scrutin inédit aura au moins permis d’afficher une image plus représentative de l’échiquier politique français, bien plus qu’en 2017.
Alors, le chef de l’Etat pour sortir de ce pétrin peut échafauder plusieurs scenarii:
Lors de son allocution télévisée d’hier soir, Emmanuel Macron a exclu l’idée d’une dissolution d’une Assemblée nationale à peine élue, action qui serait autant incohérente que suicidaire… tout en écartant également l’idée d’une « Union Nationale » que rejetteraient ces adversaires politiques, peu friands de la chose.
Son vœu s’orientait plutôt sur une majorité de « consensus » de « bonne volonté » jugée plus réaliste car permettant de rendre possible l’adoption de certaines réformes délicates, au « cas » par « cas »…
Une première sous une Vème république conçue pour avoir des majorités claires et qui là se retrouve dans la situation analogue de l’ensemble de nos voisins, adeptes de la proportionnelle et de la culture de coalition, à l’instar de l’Allemagne, de l’Italie, de l’Espagne, de la Belgique, etc…
Comme personne n’a vraiment gagné cette élection, tentons de gagner pour la France, pourrait penser un Emmanuel Macron qui de toute façon ne se représentera pas, et qui ne veut pas voir "mort-né" son deuxième quinquennat. Ses rencontres avec les différents chefs des partis politiques pour tenter de trouver une solution ont donné des résultats mitigés…
Les coalitions en France ? Aussitôt, la France Insoumise a rejeté avec virulence cette hypothèse : « Nous ne sommes pas du même monde » selon Jean-Luc Mélenchon , un peu moins suivi dans l’intransigeance par le reste de l’appareil politique qui peut craindre toutefois que « coalition ne soit synonyme de compromission » sans toutefois fermer complètement les portes : on l’a compris, la route est encore longue…bien qu’au Rassemblement national ou à droite, on prône le « pragmatisme » voire « l’opposition constructive ».. Pour l’instant, des mots…
Dans l’attente, la France politique tente de se réinventer et de faire cohabiter les « sans-cravate » de la France Insoumise qui aimeraient bien renverser la table, un Rassemblement national qui essaie de ne plus faire peur, une droite qui rêve de redevenir un pilier ou un « faiseur de rois » tandis qu’une Majorité relative supervisée par un Emmanuel Macron qui a toujours eu l’habitude d’être le maitre des horloges et qui en même temps navigue sans véritable boussole pour retrouver un cap….