Philippe DUPONT.

 

4ème Episode

 

AUDIOVISUEL 72

 

 

 

En 1958, les récepteurs de télévision étaient présents dans seulement 8 % des foyers français pour finalement atteindre 80% quatorze ans plus tard. En cette année 1972, « l’étrange lucarne » s’est invitée dans le temps libre des français puisque plus de 70 % d’entre eux confient la regarder tous les jours.

Cinq ans après le lancement de la télévision en couleurs uniquement visible sur la 2ème chaîne de l’ORTF, les Français continuent à préférer le Noir et Blanc, n’étant que moins de 5 % à posséder un poste en couleurs, argumentant le fait que le prix d’achat reste très élevé et que seule une baisse significative pourrait favoriser son développement comme c’est le cas aux Etats-Unis (plus de 30% de foyers équipés) ou au Royaume-Uni (20 %°).

La France audiovisuelle (Radio et Télévision) vit alors à l’heure du Monopole d’Etat. Les deux chaînes de Télévision (1ère et 2ème Chaîne) et celles de la Radio (France Inter, France Culture, France Musique et la petite dernière FIP, née en 1971) qui sont les seules à pouvoir émettre en modulation de fréquences contrairement à ses rivales du secteur privé : les « Radios périphériques » qui émettent en Grandes Ondes  grâce à des émetteurs situé à l’Etranger : RTL, Europe N°1 ou Radio-Monte-Carlo….

Grande première : l’Office Nationale de la Radio-Télévision Française (ORTF) créé en 1964 (succédant à la RTF) se dote cette année-là d’un PDG en la personne d’Arthur Conte afin de pouvoir « recadrer » l’Office qui vient de connaitre trois années de « libéralisation » de l’information opérée sous le Gouvernement de Jacques Chaban-Delmas qui a dû démissionner, malgré un vote de confiance à l'Assemblée, en juillet…

Arthur Conte est un proche de Georges Pompidou, cet ancien de la SFIO est devenu député UDR des Pyrénées-Orientales en 1968. On se souvient de son accent rocailleux et de sa volonté d’apporter plus d’indépendance au cœur de l’audio-visuel public,  ce qui finira par exaspérer le pouvoir en place qui l’avait pourtant nommé et qui ne va pas tarder à le limoger en 1973….

Court mandat donc mais qui sera marqué toutefois par la naissance de la 3ème chaîne de télévision généraliste en couleurs et a vocation nationale et régionale (futur FR3 puis France 3)….

La nouvelle-née est dirigée par le journaliste Jean-Louis Guillaud, l’un des coproducteurs des « Grandes Batailles » (émission historique sur la Seconde guerre mondiale). Elle n’émet que trois heures par jour (en fin de journée) avec une audience modeste au départ (comme ce fut le cas notamment pour la deuxième chaîne, moins de 10 ans plus tôt).

La future vocation régionale qui annonce le FR3 de 1975 est donc pour l’instant embryonnaire, simplement appuyée par le renforcement de certaines « antennes » délocalisées dans les régions…

Toutefois, les actualités régionales diffusées sur la première chaîne sont plutôt suivies. C’est cette année-là qu’un journaliste débutant, fraîchement sorti de l’ESJ Lille, Jean-Pierre Pernaut effectue son premier reportage en Picardie concernant le sauvetage réussi d’un enfant tombé dans un puits….

                                                               

Jammot le plus long…

 

Dès le début de l’année 1972, une nouvelle émission-jeu produite par Armand Jammot, assisté d’Yvette Plailly,  voit le jour : il s’agit « Des Chiffres et des Lettres » qui fait suite à : « le mot le plus long » diffusé sur la même chaîne depuis 1965.

Il est alors animé par Patrice Laffont, ancien acteur et fils du célèbre éditeur Robert Laffont. Le présentateur sera aux manettes du jeu pendant 17 ans avant de vaquer à d’autres activités télévisuelles. Il sera épaulé par Max Favalelli, le célèbre journaliste et verbicruciste pour le «mot le plus long » et par Fabien Buhler pour « le compte est bon » une nouvelle rubrique consacrée au calcul mental et ses nombreuses combinaisons.…

A noter qu’un des multiples candidats, Bertrand Renard intègrera en 1975, l’équipe du jeu où…il officie toujours tandis qu’un autre, à l’époque Elève-Ingénieur, Laurent Broomhead fera ultérieurement une carrière à la télévision comme animateur…

Armand Jammot est alors omniprésent sur la Deuxième Chaîne où on lui doit notamment l'émission-débat cultissime « Les Dossiers de l’Ecran » lancée en 1967, ou encore « Aujourd’hui Madame » en 1970, deux émissions qui vont marquer l’histoire de la Télévision, avec leurs génériques emblématiques et qui connaitront une belle longévité : 24 ans pour les « Dossiers » présentés par Alain Jérôme et Joseph Pasteur et 12 ans pour « Aujourd’hui Madame » qui verra passer de nombreux animatrices et animateurs….

A l’époque, Armand Jammot, disparu en 1998, est certainement bien loin de penser que « Des chiffres et des Lettres » serait encore à l’Antenne en 2022 : certes diffusé à présent sur France 3 mais dont le producteur actuel n'est autre que… Patrice Laffont.

 

Le Grand Echiquier sur la Case Départ…

 

Une autre émission-culte va marquer toutes les mémoires de téléspectateurs  : celle du « Grand Echiquier que l’on doit à Jacques Chancel qui présentait auparavant « Grand Amphi » sur la 1ère chaîne et qui lance cette émission de variétés « haut de gamme » toujours sur la Première Chaîne avant de migrer vers la Deuxième, quelques mois après…

Jacques Chancel va donc imposer « Le Grand Echiquier » comme un rendez-vous incontournable à la télévision comme il a su le faire à la radio avec « Radioscopie » diffusée chaque fin d’après-midi sur France-Inter depuis 1968. L’émission qui dure plus de trois heures est consacrée à un invité prestigieux qui invite lui-même des amis sur le plateau, le premier sera Yves Montand, d’autres artistes, des chefs d’orchestre, des sportifs ou encore des acteurs se succéderont ainsi pendant les dix-sept ans que durera l’émission…

Des émissions naissent mais d’autres disparaissent aussi : sur la Première Chaîne, c’est la fin de deux d’entre elles : « Télé-Dimanche » grande émission de variétés dominicale, souvent animée par Roger Lanzac (qui est également le Monsieur Loyal de « la Piste aux Etoiles ») et qui avait révélé de nombreuses futures vedettes avec son « jeu de la chance » dont Mireille Matthieu en 1965 ou plus récemment Thierry le Luron, un jeune virtuose de 18 ans en 1970 qui va donner ses lettres de noblesse à l’imitation. Ce dernier va d’ailleurs devenir le présentateur du « Luron du Dimanche » à la rentrée 1972 , où sa précocité et sa déjà grande irrévérence vont impressionner (et souvent irriter le pouvoir)…

 « Les Coulisses de l’Exploit » un magazine de Jacques Goddet, directeur de l’Equipe et de Raymond Marcillac, ancien athlète et chef du service des sports (c’est lui notamment qui recrute Michel Drucker en 1964) est également supprimé, on se souvient de son générique « la marche des gueules noires ».

A la surprise générale, le Gaulliste Raymond Marcillac, qui avait été promu lors de la « Grande purge » de l’après-68 est également « licencié » de l’ORTF en cette année 1972 pour le motif de « publicité clandestine »…. On ne le reverra plus sur les plateaux télé, faisant toutefois de la Radio…

Si Jacques Chancel est le « chantre » de l’exigence culturelle avec son « grand échiquier » Marc Gilbert l’est également avec son émission littéraire « Italiques » , digne successeur de Pierre Dumayet (« Lectures pour tous ») et de Michel Polac (ce dernier producteur de « Post-Scriptum » « viré » en 1971) et prédécesseur de Bernard Pivot.

Mais la télévision n’est pas qu’un instrument culturel mais également de divertissement, à une époque où les émissions de variétés ne courent pas encore après l’audimat et ne sont pas non plus des « service après-vente » pour les artistes, plutôt en quête de téléspectateurs, toujours plus nombreux avec l’essor considérable de la télévision au début de ces années 70.

Les émissions de « variétés » occupent donc de nombreux créneaux sur la grille des programmes : Guy Lux accompagné de Sophie Darel présente , « Cadet Rousselle » où défilent toutes les grandes vedettes du moment sur la Première chaîne, tandis que sur la Deuxième, Maritie et Gilbert Carpentier lance leur nouvelle émission « Top à » , un concept original : une vedette invite ses proches et ses amis pour participer à des duos voire des trios afin de chanter, faire des sketches, etc….

Michel Drucker, toujours journaliste sportif, anime d’ailleurs « Sports en fête » mais également « Tempo » une autre émission de variétés…

Les étés télévisuels comme celui de 1972, verra également diffusés les « Intervilles » et autres « Jeux sans frontières » avec l’incontournable Guy Lux et sa complice Simone Garnier ou encore ses complices Roger Couderc et Léon Zitrone au caractère parfois colérique….

 

La Grande Duduche, prêtresse du créneau de Midi trente

 

Née en 1943 à Chamalières (Puy-de-Dôme), Danièle Gilbert, naguère étudiante en Allemand et montée à Paris pour « tenter sa chance » à la télévision est devenue la « vedette » de la Mi-journée, elle anime« Midi Première » en binôme avec le très irrévérencieux Jacques Martin. Ce dernier aime charrier son binôme et l’ appelle « la Grande Duduche » en référence au personnage imaginé par le dessinateur Cabu.

Originaire de la ville dont Valéry Giscard d’Estaing est maire avant d’être président, elle invite fréquemment celui-ci pour lui faire jouer quelques airs d’accordéon et affiche clairement son soutien au futur chef de l’Etat. Elle sera en haut de l’Affiche durant tout le septennat qui suivra avant de payer clairement ce soutien au président déchu : en janvier 1982, elle est « virée » de l’antenne et remplacée par… Anne Sinclair, proche du nouveau pouvoir…

 

Tac O Tac

 

Créée par Jean Frappat en 1969, cette émission hebdomadaire originale réunit à l’antenne des dessinateurs en vogue à l’époque (Gotlib, Alexis, Moebius, Mandryka, Bretecher ou Piem, etc…) qui collaborent entre eux ou s’affrontent sur des improvisations à partir d’un thème décidé au préalable…

 

Le Choc de l’Info

 

Le ministère de l’information avait été supprimé sous le gouvernement de Jacque Chaban-Delmas (1969-72) et une véritable volonté d’indépendance vis-à-vis d’un pouvoir qui pensait que la radio-télévision d’Etat était la « voix de la France ». On avait alors créé deux rédactions : « 24 heures sur la 2 » dirigée par Jacqueline Baudrier et « Information 1ère » dirigée par Pierre Desgraupes.

C’est dans ces deux rédactions jouissant d' une grande liberté de ton, pourtant un an après les « purges » de Mai 68 que fut révélée toute une génération de journalistes : Jean Lanzi, François de Closets, François-Henri de Virieu, Jean-Michel Desjeunes, Philippe Gildas, Jean-Michel Desjeunes, Pierre Lescure, Emmanuel de la Taille, Jean-Pierre Elkabbach (issu de France Inter) , Jean-Pierre Chapel, Bernard Langlois, etc….

Mais exit Chaban,  remplacé par Messmer (Compagnon de la Libération comme son prédécesseur mais plus en adéquation avec la vision de l’info vue par Georges Pompidou) qui rétablit le « ministère de l’Information » et y nomme Philippe Malaud, député (Gaulliste, version réac) de Saône et Loire.

Aussitôt, les deux rédactions sont dissoutes et au passage, sur la Première Chaine,  Pierre Desgraupes,  paye son « indépendance » et est « remercié ». Son bras droit, Joseph Pasteur qui présentait le « Journal de 20 heures » continuera quant à lui à coprésenter les « Dossiers de l’Ecran » avec Alain Jérôme.

Sur la Deuxième Chaîne, Jacqueline Baudrier, jugée beaucoup plus conciliante avec le pouvoir est maintenue et nommé Directrice de la Première Chaîne. Toutefois : « Vingt-quatre sur la deux » devient « INF 2 » tandis que « Information Première » se transforme en « Vingt-quatre heures sur la Une ».

 

L’Heure de Vérité (1ère version)

 

Dix ans avant l’émission-homonyme qui sera présentée par François-Henri de Virieu, Michel Péricard, également présentateur du JT et surtout coproducteur (avec Louis Bériot) de la fameuse émission écologiste avant l’heure : « la France Défigurée », propose ce nouveau rendez-vous politique sur la Deuxième Chaîne où il reçoit un invité….

Depuis les années 60, Michel Péricard est à la fois Journaliste et Homme politique qui ne cache pas ses sympathies Gaullistes. Directeur de l’information de Radio-France par la suite, il deviendra maire de sa ville natale : Saint-Germain en Laye puis Député des Yvelines….

Le « virus » de la politique atteindra d’autres journalistes, à commencer par un autre présentateur du JT à l’époque : Jean-François Robinet (qui fera carrière en Seine et Marne)…

  • Tony Curtis et Roger Moore dans "Amicalement Vôtre".

  • Marthe Keller et Louis Velle "La Demoiselle d'Avignon".

  • Raymond Souplex "Bourrel". 1901-1972

 

La Loi des séries et le temps des feuilletons…

  

Depuis le début des années 60, les séries américaines ont envahi les écrans français, dont « Au nom de la Loi » interprété par Steve Mc Queen qui est devenu  un acteur très populaire dans l’Hexagone, sans oublier « Les incorruptibles » qui est d’ailleurs rediffusé en 1972 avec le non moins populaire Robert Stack (« Eliott Ness ») qui en outre, parle un français impeccable comme on peut le voir sur les plateaux de télévision.

On se souvient également de « Mannix » le détective interprété par Mike Connors, de la fin de la saga western du « Virginien », de « Mission impossible », de « l’Homme de fer » avec Raymond Burr mais surtout en fin d’année de la première diffusion en France d’une nouvelle série policière mettant en scène un Lieutenant de police Californien, un peu vouté et pas mal débraillé , fumant le cigarillo et roulant en 403 Peugeot décapotable !

Vous avez bien sûr reconnu le « Lieutenant Columbo » interprété par Peter Falk et qui va rentrer dans la légende des séries policière durant plusieurs décennies et qui a la particularité de nous révéler le nom du coupable dès le début de l’épisode…ensuite à l’ingénieux lieutenant de trouver le coupable…

  

Les cinq dernières minutes

 

Un as, ce lieutenant Columbo, un peu comme l’était l’Inspecteur puis Commissaire Bourrel, le héros de la série « Les Cinq dernières minutes » qui captivait les téléspectateurs depuis 1958, secondé par son fidèle Dupuy.

Un Bourrel interprété par le chansonnier et comédien Raymond Souplex dont personne n’a oublié la cultissime phrase qu’il prononçait au moment de trouver la clé de l’énigme. « Bon dieu, mais c’est bien sûr !» .

Oui, mais voilà : Raymond Souplex n’est plus : il s’est éteint à l’âge de 71 ans, laissant des millions de téléspectateurs inconsolables tant sa popularité était immense…. C’est bientôt, le Commissaire Cabrol, alias Jacques Debary et son fidèle Ménardeau (Marc Eyraud) qui prendront le relais, permettant de perpétuer l’esprit des « Cinq dernières Minutes »…

  

« Amicalement vôtre »

 

C’est l’histoire d’une série britannique glamour et remplie d’action, mettannt en scène deux héros aux origines bien différentes : un aristocrate britannique campé par Roger Moore et un homme d’Affaires américain issu des bas-fonds New Yorkais (Tony Curtis), vivant dans le luxe et amateurs d’aventures mouvementés, un peu partout en Europe (Royaume-Uni, Italie, France). 

Peu apprécié Outre-Atlantique, la série connait à contrario un énorme succès en France lors de sa diffusion en 1972. Son générique composé par John Barry et le doublage savoureux (dont celui Tony Curtis par Michel Roux) contribuent à la réussite d’une série qui ne connaitront pourtant qu’une seule saison de 24 épisodes, largement rediffusées depuis et avec toujours le même succès…

La Demoiselle d’Avignon

 

Ce feuilleton réalisé par Michel Wyn fut un immense succès populaire en cette fin d’année 1972. Ecrit par Frédérique Hebrard et son mari Louis Velle (qui joue l’un des rôles principaux), il raconte une histoire d’amour entre un diplomate Français et une princesse venue d’un pays imaginaire le Kurlande, (interprétée par la belle actrice Suisse Marthe Keller) qui vient en France pour s’imprégner des us et coutumes français en y exerçant plusieurs métiers tout en cachant son identité réelle.

 

Les Gens de Mogador

 

Autre feuilleton culte de cette année-là, une saga historique familiale réalisée par Robert Mazoyer qui comptera une seule saison de 13 épisodes qui met en scène Marie-José Nat, la belle actrice de « Elise et la vraie vie » et le célébrissime Jean-Claude Drouot, alias « Thierry de Janville » que l’on ne présente plus. Inspiré d’un roman d’Elisabeth Barbier, l’adaptation télévisée connait un grand succès, narrant le récit d’une famille du Sud de la France, entre le Second empire et le début de l’Occupation.

 

Les Rois Maudits

 

Le 21 décembre 1972 est diffusée sur la Deuxième Chaîne, une nouvelle série : « Les Rois Maudits » adaptés de l’œuvre de l’écrivain et académicien Maurice Druon par Marcel Jullian (futur patron d’Antenne 2)

Cette fresque historique est réalisée par Claude Barma, un des plus grands réalisateurs de l’histoire de la Télévision, à qui l’on devait déjà un mémorable « Cyrano de Bergerac » avec l’immense Daniel Sorano en 1960, le feuilleton cultissime « Belphégor » qui fit peur aux enfants en 1965 (et lors des rediffusions suivantes) et bien sûr les « Enquêtes du Commissaire Maigret » depuis 1967 avec Jean Richard….

Tourné dans les studios des Buttes-Chaumont, véritable « Théâtre filmé », les « Rois Maudits » va connaitre également un succès colossal, aidé par une distribution éblouissante : Jean Piat, Louis Seigner, Hélène Duc, Michel Beaune, Muriel Baptiste, Georges Marchal, Claude Giraud, Geneviève Casile, Henri Virlogeux ou encore André Luguet, etc….

Toute la série s'articule autour du conflit entre Mahaut d'Artois interprété par la magistrale Hélène Duc et son neveu Robert (Jean Piat, impeccable comme d’habitude, dans la plus pure tradition de la « Comédie Française ») , surnommé « Le baron écarlate », qui se disputent l'héritage des terres d'Artois avec en arrière fond la « malédiction des rois de France » subies par ces derniers, depuis que Philippe VI le Bel a décidé de brûler vif , « Jacques de Molay » Grand-Maître des Templiers, rival influent mais gênant qui profère depuis  son bûcher « Vous serez hantés jusqu’à la 13ème génération »…

 

ONDES DE CHOC...

 

« C’est beau, la France Inter »

Slogan de la station, 1972

 

La station publique est alors la première radio de France mais ne va pas tarder à être « supplantée » par ses concurrentes des radios périphériques : Europe N°1 et bien sûr RTL.

Pourtant, la station publique possède de nombreux atouts : elle émet en modulation de fréquences, ne subit le diktat publicitaire pour survivre et allie tradition et modernité : notamment au niveau Information.

Certains dénoncent le système ABC (Artur, Bouteiller, Chancel), les animateurs vedettes de la station, mais qui en possède d’autres et non des moindres : Gérard Sire, complice de Jean Yanne, fait les grandes heures de la station, Louis Bozon, Claude Dufresne mais également Jean Bardin, Jean Marie Houdoux.

Lucien Jeunesse est le très populaire animateur du « Jeu des Mille Francs » créé 14 ans plus tôt et que lui anime depuis 1965, entamant le jeu avec son célébrissime « Chers amis, bonjour » à tous les auditeurs de France inter et du public du jour. Comme chacun sait, l’émission existe toujours mais est passé à l’Euro, entre temps…

Autre émission qui existe toujours, d’ailleurs plus ancienne que la précédente, c’est bien sûr « Le Masque et la Plume » qui porte sur l’actualité du cinéma, des lettres et du théâtre et qui fut créée en 1955 par François-Régis Bastide et Michel Polac, mais ce dernier a quitté l’émission en 1970 laissant le premier la présenter et la produire jusqu’en 1982…. Au cours de ces années 70, on se souvient notamment des joutes verbales entre Jean-Louis Bory et Georges Charensol qui constituent les grandes heures de cette émission dominicale…

Daniel Hamelin, à l’origine sapeur-pompier à la Maison de la Radio reconverti en animateur fait partie de cette nouvelle génération qui s’installe sur la grille des programmes, lui en qualité de « matinalier » où il a eu la rude tâche de réveiller en fanfare les auditeurs et surtout de succéder au très populaire Georges Lourier, animateur vedette de France-Inter dans les années 60.

Daniel Hamelin sera ultérieurement le créateur de la première radio décentralisée de Radio-France : « Radio-Mayenne »,  qui fera de nombreux émules par la suite, constituant le réseau « France Bleu »….

Il n’est pas le seul « atypique » de la radio publique.: Gérard Klein et Jean-Louis Foulquier avaient commencé comme standardiste à la Station avant de plonger dans l’animation.

 Le premier va rapidement devenir le « plus jeune animateur de la station » occupant plusieurs cases dans la grille des programmes, mais le futur acteur de « l’Instit’ » aura vite la bougeotte et dès le début 1970,  tournera dans la plupart des radios (RTL, Europe 1, RMC) avant d’ailleurs de revenir à la Maison Ronde au milieu des années 80.

Quant au second, il fera l’essentiel de sa carrière sur France-Inter, devant le « Monsieur Chanson Française » promoteur du Printemps de Bourges et surtout créateur des « Francofolies de la Rochelle » (Il était Rétais d’origine). En 1972, il coanime les « nocturnes » de la station entre 1 et 5 heures du matin.

On assiste alors à l’émergence de nouveaux talents : Claude Villers,  ancien correspondant aux Etats-Unis et collaborateur de José Artur qui débute sa carrière d’animateur et qui lancera son émission « Pas de panique » en 1973, épaulé par ses copains Olivier Nanteau (futur créateur du « Mouv »,) et Patrice Blanc-Francard que l’on peut voir alors à la présentation de « Pop 2 » diffusé sur la deuxième chaîne.

Sans oublier Bernard Lenoir qui a également fait ses premières armes au « Pop Club » et qui va devenir le « Monsieur Rock » de France Inter pendant de nombreuses années. (         « Feedback » ; « les Inrockuptibles », etc).

C’est également la grande époque « Anne Gaillard », cette dernière anime « Inter-Femmes » où elle a succédé à Annick Beauchamp. L’animatrice traite avec application des sujets de société, comme elle le fera avec succès durant toute la décennie 70.  Mais son ton agressif pour ne pas dire féroce envers certains invités ne plait pas à tout le monde et lui provoque même certaines fortes inimitiés, le publicitaire Jacques Séguéla finira même par la traiter de « Hitler de France Inter », c’est dire….

 

L’Oreille en coin

 

L’Oreille en Coin évoque un binôme :  Jean Garreto et Pierre Codou, deux coproducteurs qui ne sont pas animateurs.  Depuis 1968, ils sont à l’antenne notamment avec « TSF… » qui devient donc « L’Oreille en coin » en 1971 et qui a pour dessein d’animer les vastes plages horaires du Week-end et d’éveiller la curiosité (déjà) grande des auditeurs de France-Inter et on peut dire que ce pari va être réussi…

En outre, « L’Oreille en coin » c’est aussi un générique inoubliable et indémodable que l’on doit au compositeur Alain Boublil, alias Jim Wild Carson, avec son solo de trompette.  L’émission est diffusée les samedi après-midi et le dimanche pratiquement toute la journée.

Elle opte pour un ton résolument culturel mais également pour le divertissement, révélant ou confirmant au passage un nombre impressionnant d’animateurs : qu’ils s’agissent des chansonniers Jean Amadou, Maurice Horgues, Jacques Mailhot, Pierre Saka, Patrick Burgel, les animatrices Agnès Gribe, Françoise Morasso, Claude Dominique ou bien sûr Kriss, une des premières voix de « Fip » créé en 1971, ainsi que des journalistes et animateurs : Daniel Mermet, Robert Arnaud, Gérard Sire ou encore François Jouffa qui a la particularité d’être animateur sur France-Inter le Week-end et…sur Europe N°1 la semaine !

 

Multiplex

 

En 1972 est également créé le premier « Multiplex » Foot de l’histoire de la radio, en raison d’une demande croissante des auditeurs avides de connaitre les résultats des rencontres d’un sport très populaire, sorte de « nouvel opium du peuple »…

C’est le service des sports de France Inter qui est à l’origine de ce concept qui sera repris par la suite dans la plupart des radios concurrentes. On le doit à un grand journaliste sportif de la station, Jean-Paul Brouchon, chef du service des sports, dont le nom évoque surtout la glorieuse « épopée du Tour de France » qu’il couvrira pendant plus de 40 ans…étant en outre, le biographe de ses amis Raymond Poulidor ou Bernard Thèvenet..

 

Inter Actualités..

 

C’est la grande époque d’ « Inter-Actualités Magazine » que présente un jeune homme pressé de 30 ans : Yves Mourousi.  C’est là qu’il lance pour la première fois son fameux « Bonjour ! ». Il impose déjà un style « punchy » qu’il reprendra par la suite sur TF1, où il deviendra le « pape » du 13 heures.

La rédaction de France-Inter est composée d’une impressionnante pépinière de journalistes qui feront par la suite une belle carrière aussi bien sur les ondes qu’à la télévision tels Patrick Poivre d’Arvor, qui avait gagné l’année précédente le concours organisé par la station nommé « Envoyé spécial », Jean-Claude Bourret, Daniel Bilalian, Dominique Bromberger, Jean-Claude Turjman, Bernard Valette, Michel Polacco, Hervé Claude ou encore Jean-Claude Heberlé, etc…

Alain Bédouet, qui fera toute sa carrière à France-Inter, présente alors la revue de Presse, une « spécificité » de France-Inter qui sera reprise plus tard sur des radios concurrentes. Cet exercice de style, chef-d’œuvre de synthèse des opinions de la Presse Nationale et Presse quotidienne régionale a été créée en 1968, par un ancien localier du « Parisien Libéré » : Roger Gicquel qui est devenu par la suite, Grand Reporter, puis directeur de l’information de la station et enfin comme chacun sait, première « Grande Star de l’information » en devenant le présentateur du journal télévisé de TF1 pendant près de 6 ans entre 1975 et 1980.

 

LA FRANCE PERIPHERIQUES

 

EUROPE 1

« Radio-Barricades » en embuscade

 

Durant les évènements de 1968, Europe N°1 avait été surnommée « Radio-Barricades » car ses reporters (dont Gilles Schneider) avaient couvert les évènements du Quartier Latin avec une liberté de « ton » que ne pouvaient se permettre leurs collègues de la Maison de la Radio qui étaient « en grève illimitée » ou bien gentiment « censurés » pour les non-grévistes.

La station privée n’appartient pas encore à Jean-Luc Lagardère (qui en prendra le contrôle en 1974) est cependant tenue à 35 % par l’Etat Français.

L’information est dirigée par Maurice Siegel (qui sera d’ailleurs remercié par le pouvoir Giscardo-Chiraquien en 1974, pour cause de « persiflage »), imposant à sa rédaction un ton audacieux, pratiquant le reportage équipé du fameux Nagra.

 

Je Veux regarder les auditeurs en face…

 

Ce fut l’émission-phare de la Station de la rue François 1er entre le printemps 1968 et ce mois de septembre 1972, où il ne sera pas reconduit pour la rentrée 1972-73.

Elle était diffusée en soirée entre 20h30 et 22h30.  Elle s’appelait « Campus » et fut d’abord créée par François Jouffa mais c’est finalement Michel Lancelot qui la présentera pendant 4 ans, ce dernier étant préféré par le directeur des programmes de l’époque, Lucien Morisse (qui mettra fin à ses jours en 1970 à seulement 41 ans).

Après l’immense succès de « Salut les Copains » présenté par Daniel Filipacchi et Frank Ténot (plus de 5 millions d’auditeurs certains soirs entre 1960 et 1968, mais l’intrusion de la Télévision était encore émergente dans les foyers) et la fin de la période « Yé-Yé », il était nécessaire de trouver un nouveau « créneau » pour l’audience…

 

« L’émission se fait la tribune de tous les événements étudiants, un pot-pourri d’actualités, de petites interviews, de documents sonores comme des enregistrements du Printemps de Prague, et bien sûr de musique, venue d’Outre-Atlantique et d’Outre-Manche.

Un pot-pourri qui, après avoir été bâillonné pendant l’été, prend toute sa dimension au mois de septembre 1968 avec les émissions spéciales qui font sa réputation…

Une émission qui va connaitre des records d’ audience qui seront à des années-lumière de ce que connait à présent, ce qui est devenu Europe 1. Chaque soir, plus de 1, 5 million d’auditeurs sont « connectés » tandis que lors des « Spécial Campus » (sur la Drogue, l’Homosexualité, la Guerre du Vietnam) on peut atteindre les 7 millions d’auditeurs !  Une autre époque…

Michel Lancelot (1938-84) était auparavant journaliste à « France-Soir », « Minute » ! et « Combat ». Il s’est fait connaitre avec son ouvrage « Je veux regarder Dieu en face » sur le phénomène Hippie. Très cultivé, polyglotte, excellent interviewer, ami de Brassens et de Ferré (qui lui dédiera une chanson), il sera le « Pape » de la « Contre-Culture » qui met en lumière les différents mouvements « underground » de cette période post « soixante huitarde » tout en étant, selon certains biographes un personnage très complexe (certains l’accuseront d’être en fait, un anarchiste d’Extrême-droite ?) …

Il disparait brutalement, en 1984 (le même jour que Roger Couderc !) , à seulement 46 ans, victime d’une crise cardiaque en assistant à un match de foot au parc des Princes…

                                      

Le Barbier des Ondes

 

« Campus » était suivie par «la Nuit est à vous » présenté par Christian Barbier, l’interviewer et les confesseurs des vedettes. Né en 1939, de son vrai nom Christian Espitalier, il prend un pseudonyme qui prêtera à confusion avec celui de l’acteur Franco-Belge, devenu célèbre avec le feuilleton « l’Homme du Picardie » diffusé à la Télévision en 1968.

Pourtant, il officiera trente ans sur la station entre 1967 et 1998, avec par la suite « Barbier de nuit » puis « Club Kriter » en constante rivalité (amicale) avec José Artur et son mythique « Pop-Club » sur France-Inter.

 

Pierre Bellemarre

 

En 2018, peu de temps après sa disparition (à l’âge de 89 ans),  Europe 1 baptise un de ses studios situé dans son nouveau siège du XVème arrondissement : « Pierre Bellemare » . Cet hommage est des plus justifiés tant l’homme a marqué l’histoire de cette station, en plus de celle de la Télévision.

Une histoire qui avait commencé dès l’origine de cette radio fondée par Louis Merlin en 1955, qui lui propose alors d’animer « Vous êtes formidable »…

En 1972, il présente une série de jeux sur la station avec la complicité de Jacques Antoine (le futur créateur, entre autres, de « Fort Boyard » et de la Course aux trésors à la Télé) comme il continue à le faire à la télévision avec « Entrez sans frapper » avec les Frères Roulland….

Il deviendra également un conteur extraordinaire sur cette même station avec ses « Histoires extraordinaires » qui constitue une des marques de fabrique d’Europe N*1, comme le fait actuellement son lointain descendant, Christophe Hondelatte…

 

Pierre Bonte ou la fête des Maires

 

Cela fait 13 ans en 1972 que Pierre Bonte anime « Bonjour Monsieur le Maire » (qu’il cessera de présenter en 1974), se faisant le chantre de cette France de moins en moins rurale mais qu’il fait re(dé)couvrir avec passion auprès de ses auditeurs.

 Le futur co-animateur du « Petit Rapporteur » rencontrera au total plus de 4 000 maires et finira par connaitre chaque coin de France dans les moindres recoins…

 

Les Grandes Voix d’Europe 1

 

Europe N°1,  c’est aussi des animatrices et animateurs ou des journalistes qui vont constituer ce que l’on appellera les « Grandes voix de la station » parfois pendant plusieurs décennies.

En 1972, Julie est recrutée par la station. De son vrai nom, Chantal Séloron, Elle deviendra la « meneuse de jeu » de nombreuses émissions jusqu’en… 2021, date à laquelle, elle tire sa révérence après un-demi-siècle passé sur les ondes de la station appartenant depuis 1974 au Groupe Lagardère mais qui vient de tomber sous l’escarcelle « Bolloré », ce que n’accepte pas un grand nombre de salariés de la station qui préfèrent aller voir ailleurs.

Julie Leclerc est la femme du journaliste Gérard Leclerc qu’elle a rencontré à Europe 1 mais également la Belle-sœur de Julien Clerc (demi-frère de son mari). En 1972, elle fera sa première émission avec Xavier Gélin et effectuera son ultime passage l’an dernier avec Nicolas Canteloup….

Autre « meneuse de jeu », Maryse Matuchet, dite « Maryse » ex-épouse du journaliste Jean-Michel Leulliot avant d’épouser un autre journaliste, Philippe Gildas, rencontré également à Europe 1. Parmi ses contemporains des années 70 , on n’oublie pas Jean-Loup Lafont, à l’origine journaliste reconverti en animateur, aujourd’hui disparu et qui animait alors le « Hit-Parade » puis l’émission « Mozik ».

Guy Lux est également présent les week ends de la station tout comme le célèbre accordéoniste André Verchuren ou encore Harold Kay, co-animateur de jeu avec Bellemare et les frères Roulland est également très populaire en animant les Podiums d’Eté de la Station…

Hubert Wayaffe, dit « Hubert » fera une longue carrière dans la station à partir des années 60 (épousant au passage la fille du patron, Sylvain Floirat), il fut un des premiers disc-jockeys français, animateur éclectique, il animera les « Musicoramas » de la station et les émissions de nuit….

Germaine Soleil, alias « Madame Soleil » eh, oui c’était son vrai nom est « l’astrologue de la station » et anime une émission sur le sujet depuis 1970, « révélé » par un de ses clients qui n’est autre que .Lucien Morisse qui fréquentait son « salon d’astrologie » et qui la pousse à se lancer dans l’animation. Elle restera plus de vingt-trois ans à l’antenne….

Robert Willar est également indissociable de l’histoire d’Europe 1 où il est rentré dès 1956 et où il officiera plus de trois décennies. Meneur de jeu, il collaborera aussi bien avec Francis Blanche que Coluche, au début des années 80… 

 

L’info, la marque de fabrique de la Station.

 

Mais Europe N°1 c’est également une station où l’information prime : de nombreux journalistes y officient : André Arnaud présente « Europe Midi » mais également « Europe Soir »,  Georges Leroy anime surtout les soirées. Un certain Bernard Pivot, issu du «Figaro littéraire » y fait ses premières chroniques tout comme Jean-François Kahn, ancien de l’Express où il s’était rendu célèbre en couvrant l’Affaire Ben Barka avec Jacques Derogy.

Jacques Paoli est un des journalistes les plus populaires de la station, qui après avoir longtemps animé Europe Midi, anime depuis 1971 : « Carré bleu » l’émission d’info et de divertissement des après-midi en semaine…

Le journaliste est admiré dans la profession pour sa capacité à improviser et ce, sans notes (comme a pu le faire également Yves Mourousi) autant à l’aise dans le traitement de l’information comme dans l’animation de sujets plus légers. Son fils Stéphane, né en 1948, a fait ses débuts dans la même station en 1969, avant d’y faire une belle carrière qu’il poursuivra ultérieurement avec le même brio, sur les ondes de France-Inter…

Albert Simon, reconnaissable avec sa voix cassée fait la « plus et le beau temps » et rend populaire la Météo, bien que n’étant pas Prévisionniste.

Robert Chapatte, victime des « Purges » de 1968 à la Télévision a trouvé refuge au service des Sports (à l’instar de son complice Thierry Roland sur France Inter)… Eugène Saccomano est alors la « voix du Foot » avec sa truculence et sa connaissance pointue de ce sport populaire…

Jean-Pierre Joulin, Ivan Levai, Claude Guillaumin, Gérard Carreyrou, jean Gorini ou Christiane Collange font partie de cette nouvelle génération de journalistes qui impose un « ton » résolument impertinent et novateur à la station, toujours sous la houlette de Maurice Siégel…

 

 

RTL

 

 

Par rapport à la grille des programmes de 1971, la rentrée 1972 ne connait pas de bouleversements profonds, sinon l’arrivée des journalistes Etienne Mougeotte et Philippe Gildas, issus de la Télévision dans la tranche d’information « RTL Matin ».

La station de la Rue Bayard est alors en concurrence directe avec Europe N°1 qui va se poursuivre durant toute la décennie 70, quand les deux stations périphériques vont s’affronter pour obtenir le titre envié de « première radio » de France, détenue jusqu’à présent par la radio nationale, France Inter…

RTL, la radio du « Grand-Duché » vit de la publicité tout comme sa concurrente (a contrario du service public qui bénéficie de la fameuse redevance radio-télévision), voyant ses programmes entrecoupées de « réclames ».

Elle se veut une radio populaire (voire racoleuse pour ses détracteurs) avec ses jeux et ses programmes bon enfant mais l'information y joue un rôle important et qui su attirer les grandes voix du journalisme de l'époque, souvent issus de la Presse écrite, à l'instar de Jean Ferniot ou de Roger Priouret, tous deux issus de "L'Express" le newsmagazine Français N°1 en 1971, toujours dirigé par Jean-Jacques Servan-Schreiber et Françoise Giroud.

Le très redouté Philippe Alexandre, issu de "Combat" et de "Jours de France" apporte chaque matin une analyse autant acerbe que pointue sur la vie politique " et qui attire des auditeurs de plus en plus nombreux..

Alain Krauss, Jean-Pierre Farkas, Gilbert Kahn, Jean Carlier, Pierre Dumayet et Julien Besançon présentent les différents journaux de la semaine et du Week-end.
Jean Breton est alors le "Monsieur Météo" de RTL où il fera "la pluie et le beau temps" entre 1963 et 2000 ! C'est aussi l'époque où le "Tiercé" est en vogue sur les stations de radio (y compris à France-Inter avec André Théron) et c'est Maurice Bernardet qui couvre l'actualité hippique.


Mais bien sûr, c'est bien sûr, son vaste éventail d'animateurs qui va faire le succès de RTL. : A commencer par Ménie Grégoire. Cette ancienne journaliste (à "Elle") a intégré la Station en 1967 et y restera quatorze années.

Avant de faire de la Radio, elle a déjà acquis la célébrité en étant une militant active de la "condition féminine", ayant travaillé avec de nombreuses associations, fait de nombreuses conférences à travers le monde et surtout écrit "le Métier de femme" en 1964 qui connait un grand succès et où elle s'oppose au combat jugé trop théorique de Simone de Beauvoir pour opter pour une approche plus pragmatique de la "cause des femmes".

Elle animera une émission sobrement appelé "Allo Ménie" diffusée les débuts d'après-midi où elle réussira à vulgariser les domaines . L'émission est alors écoutée à 90 % par des femmes connait un succès considérable.

De la même génération que Ménie Grégoire, Maurice Favières est à l'époque l'animateur des "Matinales" constituées essentiellement de jeux avec toutefois une page d'informations conséquente.


C'est alors un des animateurs les plus emblématiques de la station où il a pratiquement fait l'intégralité de sa carrière. Il correspond parfaitement, et ce n'est pas péjoratif, à l'image de ce que doit être un animateur de radio périphérique : un "meneur de jeu" toujours souriant (même si on le voit pas) et qui sait meubler l'antenne entre deux "réclames" (on ne parle pas encore de pub à l'époque).


Il s'illustre aussi dans le radioguidage (qui comprend autant d'informations routières que de plages musicales en guise d'accompagnement, sorte de mélange entre le PC de Rosny sous-bois et Fip), devenant même le "chef d'orchestre" pour les auditeurs lors des "grandes migrations autoroutières".....


En 1976, Maurice Favières présentera le jeu culturel "les Jeux de 20 heures" sur FR3 qui va accroître sa déjà grande notoriété. Car dès cette époque, les animateurs radio font souvent de la télé, y compris sur le service public (Jacques Chancel, José Artur, Pierre Bouteiller, Louis Bozon, Annick Beauchamp)..

 

Les Routiers sont sympa

 

Max Meynier débarque rue Bayard en Mai 1972 pour animer « Les Routiers sont sympa ». Diffusée entre 20h30 et 24h, l’émission dédiée aux « Professionnels de la route » connaitra un grand succès, attirant chaque soir plus de 800 000 auditeurs. D’abord diffusée dans les studios parisiens, elle déménage ensuite dans un studio aménagé sur les toits d’un entrepôt situé dans le 18ème arrondissement, aux portes du Périphérique, devenant le lieu de rencontre des routiers et un « lieu d’embarquement » pour les auto-stoppeurs.

L’émission durera 11 ans (jusqu’en 1983), devenant un peu plus tard « Fréquence Max » avant de quitter RTL en 1994. Parallèlement, le chaleureux animateur fera également de la télévision, en animant notamment le « Juste prix » sur TF1 mais également les « Chiffres et les Lettres » sur Antenne 2..

Philippe Bouvard qui anime "RTL non-stop" avec Evelyne Pagès (avant de connaitre plus tard la gloire avec "les Grosses Têtes" en 1977) est également animateur sur la Deuxième chaine avec son émission, la très impertinente : « Samedi soir »…


Thierry le Luron qui n'a alors que 19 ans, a été révélé lors du "jeu de la Chance" à la Télévision, commente dès lors l'actualité politique de la station, comme le fera bien plus tard Laurent Gerra sur cette même antenne....


François Simon-Bessy est le fils biologique du Comédien René Simon (qui dirige le "Cours Simon" qui a formé une multitude d'apprenti-comédiens et a été adopté par le critique Maurice Bessy mais lui a choisi comme pseudonyme : "Fabrice" .


Après un court passage à Europe N°1, il entre sur RTL dont il va devenir un des animateurs vedettes. Ce jeune homme gouailleur va remplacer le non moins gouailleur Guy Lux pour animer le jeu: "la Case Trésor" le matin puis d'autres jeux en début d'après-midi en compagnie de Sophie Garel (à ne pas confondre avec Sophie Darel), une jeune Pied-Noir qui a débuté à Télé-Oran en 1960, ex-compagne de Jean Yanne, qui accompagnera également Fabrice sur RTL Télévision avant de rejoindre l'équipe de Laurent Ruquier et va finir par retrouver son vieux complice Fabrice aux "Grosses têtes" (version Ruquier).


Anne-Marie Peysson, ancienne speakerine à l'ORTF et co-animatrice avec Guy Lux pour "le Palmarès des chansons", rentre dans la station de la Rue Bayard après avoir été licenciée après les évènements de Mai 68 et où elle devenue une animatrice vedette en étant la présentatrice des émissions du matin en semaine et également du populaire "Stop ou encore "diffusé le Week-end.

Jacques Serizier, chanteur, poète et comédien anime les "Matinales" du Week-End. Aujourd'hui tombé dans l'oubli, il jouit pourtant à l'époque d'une grande popularité, issu de la grande tradition du cabaret qui a été souvent la rampe de lancement de nombreux artistes.


Pierre Hiegel est le "critique musical" de la Station. Beau-frère de Pierre Bellemarre et père de la comédienne Catherine Hiégel. Egalement directeur artistique, il anime alors "le grand orchestre de RTL" inaugurant un long cycle de diffusion de "musique classique" sur cette radio populaire qui sera perpétué avec brio par l'excellent Alain Duault, avant de disparaitre en 2011.
Les émissions consacrées à la musique sont très présentes à l'antenne, Jean Farran cherchant à fidéliser un public jeune. Jean-Bernard Hebey est le "Monsieur Pop Music" de RTL où il a animé notamment "Poste Restante" puis à présent "Pop". Auparavant, c'était Mike Pasternak, alias "Président Rosko", un Américain Francophile qui avait ses classes à "Radio Caroline" station radio britannique pirate située "offshore" et qui devint un véritable "ovni" radiophonique sur cette station entre 1966 et 1968.


A présent, plusieurs autres animateurs "Luxembourgeois" qui travaillent depuis les studios de la Villa Louvigny, au Grand-Duché font partie de cette nouvelle armada "d'animateurs musicaux", citons notamment Chris Baldo, Bernard Schu et un petit nouveau Georges Lang qui avait ses classes auparavant sur FIL (France Inter Lorraine).


Ce dernier est toujours présent à l'antenne de RTL, grand spécialiste de la musique rock Anglo saxonne de la Période années 60/80, il a même installé chez lui son propre "studio" mais doit cependant faire la navette entre le Grand-Duché et Paris depuis que l'ensemble des effectifs de RTL ont été transférés vers la Capitale Française avec en outre, le déménagement de la Rue Bayard vers Neuilly sur Seine....

Bernard Schu, compagnon de route de Georges Lang connaitra lui un tout autre destin: "happé" par les paradis artificiels, il disparaitra prématurément en 1991 à l'âge de 44 ans.

 

 

RMC

 

A l'époque, la Radio de la Principauté est surtout écoutée dans toute la moitié sud de la France, notamment dans ce qui deviendra un peu plus tard la région PACA mais qui ne peut rivaliser en termes d'audience avec ses concurrentes du "Nord" que sont les deux autres radio périphériques: RTL et Europe N°1.


Cependant, la station née en 1943, en pleine Occupation Allemande a considérablement élargi son audience depuis qu'elle a inauguré son nouvel émetteur au Col de la Madone, situé à 1000 mètres d'altitude à Peille, une commune située dans le département frontalier des Alpes-Maritimes, lui permettant d'émettre en grandes ondes dans un axe Bordeaux-Nice.


En 1972, la station "Sudiste" est une "radio périphérique" que le sont également Europe N°1 et RTL, proposant également des émissions largement dominées par les jeux,  la variété musicale mais qui privilégie également l'Information.


José Sacré, d'origine Belge mais résident Monégasque réveille les auditeurs chaque matin. Il fera d'ailleurs une grande partie de sa carrière sur la station de la Principauté…

Radio-Monte Carlo permet également l'éclosion des animateurs, révélant entre autres Julien Lepers, également compositeur et surtout Jean-Pierre Foucault qui a gagné en 1966 le "Concours des apprenti-animateurs" et qui occupe cinq ans plus tard, la tranche matinale 10-12 heures.


Sa relation avec la station est plutôt insolite: le jeune Marseillais, malgré sa victoire au "concours" est viré six mois après, pour revenir quelques temps après, puis "poursuit sa carrière" vers les cieux télévisuels (Antenne 2 puis TF1) mais revient comme directeur des Programmes, avant d'être de nouveau "remercié" en 1998.


Le chanteur Frédéric Gérard, alors en vogue et depuis, tombé dans l'oubli anime la "matinale" entre 7 heures et 9 heures.
Les soirées sont animées par Franck Lipsik, Christian Alexandre et Hugues Panassié (émission sur le Jazz). A l'instar de RTL et Europe 1, les émissions en journée sont souvent un "mix" entre l'information et le divertissement. Pierre Lescure, futur Patron de Canal Plus, en compagnie de Claude Ruben (ancien de France Inter) et l'écrivain Edmonde Charles-Roux (qui vient d'épouser le maire de Marseille, Gaston Defferre), Jean Sas animent les émissions de l'Après-midi tout comme les soirées le sont avec Hélène Vida et Jean Michel Royer...

Ce dernier sera une figure marquante du journalisme de cette époque. Rentré trois ans plus tôt dans la Station, il s'est rendu célèbre en apostrophant lors d'une conférence de presse en 1969, le Président Georges Pompidou à propos de son sentiment sur "l'Affaire Russier": on se souvient du long silence du chef de l'Etat, mélange de gêne et d'émotion mais qui finira par citer quelques vers du poème de Paul Eluard: "Comprenne qui pourra".


Homme de presse écrite, il participera à la création de l'Hebdomadaire "Le Point" en cette même année 1972 et sera éditorialiste dans plusieurs quotidiens de la "PQR" (Presse Quotidienne Régionale, dont « Le Progrès de Lyon » pendant plus de 25 ans).

A la télévision, il produira de savoureuses émissions sur "le Pastiche littéraire" dans les années 80.
Jean-Louis Burgat (co-créateur et premier animateur de "Sept sur Sept" sur TF1), Olivier Mazerolle, transfuge d'Europe 1, Paul Nahon (co-créateur avec Bernard Benyamin d' "Envoyé Spécial" sur France 2), Elie Vannier ou le truculent Yvan Audouard (chroniqueur au "Canard Enchaîné" constituent cette équipe de journalistes de la Station, véritable "rampe de lancement" à d'autres aventures médiatiques....

 

 

  • Fabrice, animateur vedette de RTL.

  • Pierre Bonte à l'écoute des Maires (Europe N°1)

  • Claude Villers: "Made in France Inter"..

Pour relire les épisodes précédents.

7. Août, 2022

PROLOGUE

AVOIR 10 ANS EN 1972...

7. Août, 2022

PREMIER EPISODE

MUSIQUES....

7. Août, 2022

DEUXIEME EPISODE

CINEMASCOPE 1972

7. Août, 2022

TROISIEME EPISODE

1972 A LA UNE