Plus de 9 Français sur 10 (94%) âgés de plus de 12 ans possèdent aujourd'hui un téléphone mobile et 84% sont équipés d'un smartphone.
A présent, près de 83 % des ménages français sont équipés d’un ordinateur et 92 % d’entre eux sont connectés à Internet.
Trente après les balbutiements de celle que l’on a surnommée « la Révolution Numérique ou Digitale ») est donc ancrée plus que jamais dans la vie quotidienne de la plupart de nos concitoyens….
Ces derniers sont pris dans ce tourbillon technologique provoqué par l’informatique, le développement du réseau internet et à présent de l’Intelligence artificielle qui a fini par rendre « addict » des personnes qui avaient allègrement vécu auparavant sans ces « outils » autant utiles que chronophages….
Pourtant, dans ce monde « virtuel » en plein essor, sévit un curieux phénomène qui touche une frange non négligeable de nos contemporains : c’est ce que l’on appelle « l’illectronisme » …
« Illectronisme, Qué z’aco ? » serait-on tenté d’en comprendre la signification, pensant qu’il s’agit d’une question de « Super banco » (1 000 euros) qui pourrait être posée au cours de l’enregistrement du plus ancien jeu radiophonique de France et qui risquerait de laisser les candidats sur le carreau, à moins qu’ils ne soient des sociologues branchés, adeptes de néologismes high tech….
En fait, l’illectronisme, ou plus simplement l’illettrisme électronique ne concerne rien d’autre que la difficulté voire l’incapacité rencontrée par certaines personnes à utiliser les appareils numériques et les outils informatiques divers et variés qui ont bouleversé notre quotidien moins de vingt ans…
En France, il toucherait réellement près de 15 % des individus de 15 Ans ou plus résidant en France, même si ce chiffre diminue assez rapidement au fil du temps. Un pourcentage qui parait conséquent, même s’il n’est pas le plus élevé d’Europe : en effet, notre voisin, l’Italie en compte pratiquement deux fois plus, tandis qu’au Nord de l’Europe, on constate a contrario le moins de personnes « non connectées » (inférieurs à 10 %).
Parmi ces « exclus », on en trouve un grand nombre qui n’ont pas utilisé Internet depuis plusieurs mois ou encore d’autres qui l’utilisent avec une grande difficulté car ils ne possèdent pas le minimum requis de connaissances de base.
Il est clair que « l’illectronisme » s’accroit en fonction de l’âge des utilisateurs potentiels mais également en fonction de leur catégorie sociale (parmi les plus modestes). On constate également qu’un tiers des utilisateurs de la toile qui surfent quotidiennement ont toutefois des compétences numériques limitées, comme en matière de recherche d’information, l’utilisation de logiciels ou encore dans la résolution de problèmes en ligne tout en sachant pourtant communiquer par internet…
Lors de la crise sanitaire, on a également pu constater que « l’illectronisme » avait diminué de façon notable, probablement lié au confinement imposé qui aura permis à quelques exclus d’hier de pouvoir mieux apprivoiser un outil qui jusqu’alors les effrayaient….
Il est important de découvrir que près de 60 % des plus de 75 ans sont touchés par ce phénomène d’illectronisme a contrario des moins de 25 ans qui ne représentent que 2 %.
Ces derniers étant nés « avec » la Révolution Numérique, sont « connectés » de facto, alors que leurs aînés ne l’ont découvert qu’à un âge déjà mur et l’ont accepté de façon coercitive car devenu incontournable dans la vie quotidienne…
Certains rétorqueront que désormais, cette « querelle des anciens contre les modernes » n’est plus forcément d’actualité, le critère d’âge n’étant pas le seul facteur d’exclusion car l’illectronisme serait également lié au diplôme et à la profession des principaux concernés : en effet, plus de la moitié des anciens ouvriers, commerçants et agriculteurs en constituerait la plus forte proportion contre seulement 10 % des cadres retraités.
Il est cependant loin le temps, c’était en 1996, lors d’une émission animée par Jean-Luc Delarue quand l’acteur Thierry Lhermitte, connu pour être un « fondu » des nouvelles technologies présentait les avantages d’Internet (bien moins performant qu’aujourd’hui) face à ses interlocuteurs autant intrigués que goguenards sur ce qui leur paraissait à l’époque une douce utopie voire un « truc étrange pas fait pour eux ».
A présent, c’est encore le cas pour tous ces « errants » invisibles, tels des voyageurs sans bagages qui restent sur le quai et regarder passer le train du progrès avec un regard perdu…